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Stèle Roger BELLIEN – Besson

13 avril 2023
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La stèle de La Vivère, à Besson, a été érigée à la mémoire de Roger BELLIEN, combattant du maquis Danièle Casanova qui est tombé sous les balles des miliciens et des GMR le 18 juillet 1944 dans l’attaque qui fut également fatale à son camarade Marc Bonnot. Cette action de répression de la Résistance fit également un blessé grave et sept combattants furent faits prisonniers. Dans les jours qui suivirent il y a eu six arrestations, quatre victimes figurent parmi les fusillés de Saint-Yorre, seul un, André Bonnet, est revenu de déportation. (cf. Et les bourbonnais se levèrent – André SEREZAT – 1985)

Camp Casanova : la nouvelle donne

Après les avancées de la Campagne d’Italie, avec le débarquement allié en Normandie bientôt conforté par celui de Provence, l’activité de la Résistance se démultiplie et sort de l’ombre face à un ennemi contraint au repli et d’autant plus féroce dans ses représailles…

Marc BONNOT, ouvrier coiffeur à Souvigny avait à peine 20 ans quand il a rejoint le maquis Danièle CASANOVA le 6 juin 1944 en forêt de Moladier avec d’autres garçons de Souvigny, André QUENISSET, Henri DAUBINET, Roger DAUPHIN, et René AUBER.

Une activité de guérilla.
C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenu et ravitaillé par les paysans des fermes des environs. L’embuscade du Rocher Noir à Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’embuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel avait neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération.

Le périple du 14 juillet
Le 14 juillet, Lucien Depresle reste au camp à la ferme de Renaudière avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant que les autres sont partis sous les ordres de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.

Une mission écourtée…
Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir…  » Sapin  » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.

Une première attaque
Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué, à la tombée de la nuit. Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives. Georges AUREMBOUT fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp.

Une évacuation risquée, une errance de cache en cache.
Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
Le répit sera de courte durée !

Des représailles
Le 16 juillet, neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO, deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).

La traque se poursuit
La nuit suivante, au petit matin du 18, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route où passe le convoi des GMR et de la milice qui se dirige vers Noyant pour y attaquer le groupe Villechenon qui est cantonnés à la ferme de Villars depuis plusieurs semaines.
Pas plus que ses camarades à ce moment-là, Lucien Depresle ne pouvait penser que les mêmes assaillants allaient revenir pour les attaquer à la mi-journée.
Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…Un repli mortel
A moins d’un contre dix, le déséquilibre des forces était tel, qu’il imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri.
Le groupe se sépare ; AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture.

Premières victimes
Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.
A l’est des bois, en direction de Besson, Roger BELLIEN, caché derrière un buissons d’épines aperçois un groupe de miliciens et de GMR à quelques dizaines de mètres sur le chemin près de la ferme. Sa mitraillette s’enraye, et c’est suffisant pour qu’il soit repéré. Il a été abattu là à l’orée du bois en contrebas de la ferme de la Vivère.

L’abri en terre d’accueil
Le groupe de Lucien Depresle était parti vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; mais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abattant sur le champ d’avoine, les moissonneurs s’en vont et, vers 17 heures, les forces de Vichy repartent. Les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…

Le bénéfice de la connaissance du terrain !
Au risque de s’aventurer à travers champs ou dans les bois, les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé la plupart des résistants dans leur repli ; leurs mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres !
Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans la paille.

Stèle Marc BONNOT – Cressanges

13 avril 2023
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Le périple du 14 juillet n’était pas passé inaperçu des allemands et de la police de Pétain. Après un accrochage le 15 juillet qui fit deux morts côté allemand, l’étau se resserre sur les maquisards. Avec l’attaque du 16 juillet ils doivent se replier par les bois en regagnant le château de Bost. Neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO et deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).Deux jours plus tard, le 18 juillet la Milice et les GMR encerclent les maquisards repliés dans les bois de Besson. Les maquisards échappent à l’encerclement en décrochant en petits groupes ; deux morts sont à déplorer, Roger BELLIEN à la Vivère (Besson) et Marc BONNOT au Parc (Cressanges). Roger MAGNIERES gravement blessé par les miliciens sera conduit pour être amputé à l‘hôpital de Moulins par des GMR.Après quelques jours d’errance les combattants de Casanova se reforment à Meillers pour poursuivre l’action jusqu’à la libération de Moulins à laquelle ils participent activement.

Marc BONNOT, ouvrier coiffeur à Souvigny où il est né avait à peine 20 ans quand il a rejoint le maquis Danièle CASANOVA le 6 juin 1944 en forêt de Moladier. C’était un grand mérite que de s’engager de la sorte pour un jeune qui, né en 1924, ne risquait guère d’être inquiété par le STO, sauf à manifester ouvertement son opposition au régime de Pétain.

Marc BONNOT a répondu à l’appel des dirigeants FTP avec d’autres garçons de Souvigny ; André QUENISSET, Henri DAUBINET, Roger DAUPHIN, et René AUBER parmi d’autres étaient à l’installation du Camp Danièle CASANOVA.

Après s’être déplacé dans les bois qui entourent le château du Prince Xavier de Bourbon-Parme, à Botz sur la commune de Besson (un soutien sincère de la Résistance), le maquis déménagera quelques kilomètres plus au sud dans la vallée du Douzenan au lieu-dit Renaudière sur la commune de Meillard.

C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenus et ravitaillé par les paysans des environs. L’embuscade de Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’emuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération. Le périple du 14 juillet avait soulevé l’enthousiasme dans le contact population-maquisards.

Mais l’ennemi et la police de Pétain vont passer à l’attaque après l’escarmouche du carrefour de Lafeline où un soldat allemand avait été abattu.

Cerné par l’armée allemande, les troupes du maquis doivent se replier à travers la campagne en direction du château de Botz. Et c’est là que l’encerclement par des GMR et des miliciens qui reviennent de l’attaque de la ferme de Villars à Noyant le matin même va être fatal à deux combattants du maquis. Le repli se fait par petits groupes. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri. Le groupe se sépare. AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture. Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.

A l’opposé, en direction de Besson Roger BELLIEN était abattu près de la ferme de la Vivère.

Notes à partir de la prise de parole à l’inauguration de la plaque « Marc BONNOT » à Souvigny


Camp Casanova : la nouvelle donne

Après les avancées de la Campagne d’Italie, avec le débarquement allié en Normandie bientôt conforté par celui de Provence, l’activité de la Résistance se démultiplie et sort de l’ombre face à un ennemi contraint au repli et d’autant plus féroce dans ses représailles…

Une activité de guérilla.
C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenu et ravitaillé par les paysans des fermes des environs. L’embuscade du Rocher Noir à Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’embuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel avait neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération.

Le périple du 14 juillet
Le 14 juillet, Lucien Depresle reste au camp à la ferme de Renaudière avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant que les autres sont partis sous les ordres de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.

Une mission écourtée…
Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir…  » Sapin  » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.

Une première attaque
Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué, à la tombée de la nuit. Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives. Georges AUREMBOUT fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp.

Une évacuation risquée, une errance de cache en cache.
Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
Le répit sera de courte durée !

Des représailles
Le 16 juillet, neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO, deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).

La traque se poursuit
La nuit suivante, au petit matin du 18, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route où passe le convoi des GMR et de la milice qui se dirige vers Noyant pour y attaquer le groupe Villechenon qui est cantonnés à la ferme de Villars depuis plusieurs semaines.
Pas plus que ses camarades à ce moment-là, Lucien Depresle ne pouvait penser que les mêmes assaillants allaient revenir pour les attaquer à la mi-journée.
Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…Un repli mortel
A moins d’un contre dix, le déséquilibre des forces était tel, qu’il imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri.
Le groupe se sépare ; AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture.

Premières victimes
Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.
A l’est des bois, en direction de Besson, Roger BELLIEN, caché derrière un buissons d’épines aperçois un groupe de miliciens et de GMR à quelques dizaines de mètres sur le chemin près de la ferme. Sa mitraillette s’enraye, et c’est suffisant pour qu’il soit repéré. Il a été abattu là à l’orée du bois en contrebas de la ferme de la Vivère.

L’abri en terre d’accueil
Le groupe de Lucien Depresle était parti vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; mais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abattant sur le champ d’avoine, les moissonneurs s’en vont et, vers 17 heures, les forces de Vichy repartent. Les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…

Le bénéfice de la connaissance du terrain !
Au risque de s’aventurer à travers champs ou dans les bois, les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé la plupart des résistants dans leur repli ; leurs mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres !
Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans la paille.

Monument Camp Casanova – Besson

13 avril 2023
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La Stèle de Moladier est érigée en hommage aux Résistants du maquis Danièle CASANOVA rassemblés à la ferme de Moladier le 6 juin 1944.
14ème halte sur l’itinéraire de la Résistance dans le Bocage Bourbonnais, le monument du Rond-Point de Moladier marque aussi les avancées dans la connaissance de l’histoire de ce maquis et des Résistants qui s’y engagèrent… En témoignent les informations sur le parcours d’André FERNAND.

Du projet de monument…

… à sa réalisation !

Un maquis mobile

Pour des raisons de sécurité comme pour les besoins de l’action, le camp Danièle Casanova passe d’un lieu à un autre pendant que des petits groupes de combattants vont réaliser leurs actions, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres.

Une cible pour la répression

A deux reprises, le camp va être attaqué les 16 et 18 juillet 1944. A Renaudière, après qu’une escarmouche avec des soldats allemands en reconnaissance ait signalé la présence du maquis l’encerclement oblige au repli sur le secteur de Besson. Puis dans le secteur du château de Bost après ce premier repli, la seconde attaque fera deux morts, Roger Bellien et Marc Bonnot, et un blessé, Roger Magnière, sans compter les prisonniers des rafles qui ont suivi. Quelques jours après la dispersion la plupart des maquisards se retrouveront vers Meillers ; ils se reformeront alors en unité de combat pour harceler les unités allemandes qui se repliaient vers le nord-est et participer ensuite à la libération de Moulins.

Jean AMEURLAIN (Jean-Louis), un des fondateurs du maquis…

Instituteur à Cressanges avec son épouse -après l ‘Ecole Normale de Moulins-, il établit les contacts avec les familles paysannes déjà engagées dans la Résistance.

Insoumis aux Chantiers de Jeunesse et réfractaire au STO, Jean Louis Ameurlain entre dans la clandestinité. Après avoir échappé à la police de Pétain, il gagne la région de Saint-Etienne où il fait partie des responsables FTPF de Loire et Haute-Loire. Après un passage en Ardèche il regagne l’Auvergne avec la responsabilité des FTP et de l’Inter-Région Loire, Haute-Loire, Puy de Dôme, Cantal et Allier. Suite à l’arrestation de trois autres responsables en gare de Clermont-Ferrand il se retrouve isolé et regagne l’Allier où il sait pouvoir renouer des contacts avec le Front National et les FTPF. C ‘est alors qu’il participe à la création du Camp Danièle Casanova en juin 1944 en forêt de Moladier avec le chef de Compagnie FTP Lamarque et l’aide précieuse de Jean-Marie Livernais, fin connaisseur de la région. C’est aussi lui qui sera à l’initiative de l’embuscade de Châtillon tendue le 25 juin 1944 à un convoi allemand qui fera sept victimes côté allemand et trois véhicules détruits, sans perte ni blessé du côté des maquisards. C’est également sous son commandement que les troupes du maquis vont parcourir les villages du secteur dans leur fameux « périple du 14 juillet » qui aura le mérite de mobiliser une population proche de sa délivrance ; mais qui aura aussi l’inconvénient d’alerter la police de Pétain et les allemands qui allaient attaquer le surlendemain.

La guérilla

Les maquisards sont passés ma ît r e s e n ma ti è r e d e harcèlement dans une tactique de guérilla qui privilégie les engagements de courte durée pour des petits groupes très mobiles. C’est ainsi que le camp Danièle Casanova compte à son actif de nombreux sabotages (pylônes et transformateurs électriques, voies ferrées ) , des embuscades, des accrochages avec prisonniers et récupération d’armes.

Le camp Danielle Casanova, de ses prémices en 1943…

Des informations conservées dans les archives du Ministère des Armées (GR 19 P), croisées avec les témoignages des acteurs, nous permettent d’enrichir l’image de ce que fut la Résistance sur nos terres bourbonnaises, à la fois précoce, diverse dans ses origines et multiforme dans une gradation depuis des actions de propagande des tout débuts jusqu’à l’intensification de la lutte armée jusqu’aux combats de la Libération. Le cas du Camp Danielle Casanova illustre bien la détermination des Résistants engagés sous la bannière des FTPF qui, dans une longue litanie d’actions que beaucoup considèreront bien modestes, font vivre l’esprit de Résistance dans son ancrage populaire.

Emplacement prévu pour l’installation du monument marquant la création du Camp Casanova, le 6 juin 1944…

Témoignage de Jean-Marie LIVERNAIS, lieutenant F.T.P.

Début juin 1944, l’organisation militaire du Front National pour la libération de la France avait, dans la région de Besson, de nombreux FTP sédentaires.

Voilà comment cela s’est passé :

Le 6 juin, lorsque fut connu le débarquement allié, un nommé LOGIS, responsable militaire de ces groupes sédentaires, n’a rien trouvé de mieux que de dire : « tout le monde au maquis !».

On se retrouve dans la forêt, autour de la ferme de Moladier, avec 185 « pipes » d’un coup. Mais cet innocent-là n’avait pas prévu que, au bout de 6 heures, tout ce monde-là, ça a faim ; et il n’y avait pas d’armes pour tout le monde.

Il n’y avait rien de prévu. Jean AMEURLAIN et moi nous trouvions là. Il a dit : « tu dois connaître tout le coin comme ta poche, la forêt et tous les recoins, j’ai besoin de toi. Je te réquisitionne. »

La première des choses qu’on a faites a été de dire aux gars : « tous ceux qui ne sont pas grillés, vous rentrez chez vous ! ». Mais il en est resté près de 80.

Pour le ravitaillement, on a alerté GUITTON, le père CHALMIN, tous les gars du coin.

Par la suite, ces maquisards restants furent répartis dans la région, dans les forêts avoisinantes, installés sous des toiles de tente.

Jean AMEURLAIN ayant pris contact avec le prince de BOURBON PARME, les maquisards sont regroupés à Bost.

Ils vont y rester quelques jours pour s’organiser avant de repartir pour les bois de Chapillière, à Meillard.

Pendant ce temps, avec Jean AMEURLAIN, on s’était rendu à Messarges, à Grosbois. On recherchait des lieux où le maquis pourrait trouver refuge en cas d’attaque. Pour ma part, j’étais chargé de prendre des contacts auprès des paysans.

Ces responsables paysans devaient, après avoir reçu le mot d’ordre donné la veille, prévoir le ravitaillement. J’avais contacté les responsables : MALTER, au Gouet de Bagnolet, ainsi qu’à Meillers, je ne me souviens plus du nom du contact. A la libération du département, le maquis Danielle CASANOVA était installé à Meillers.

Je suis revenu au camp, à Meillard et, vers le 15 juin, j’ai été rappelé à Montluçon.

Le maquis demeure à Meillard jusqu’au 16 juillet. Ils se font attaquer mais je ne sais pas ce qui s’est passé, plutôt que se déplacer, soit sur Bagnolet, soit sur Messarges, soit sur Grosbois, ils sont revenus se planquer à Bost et le 18, ils sont de nouveau attaqués par la police de Vichy (G.M.R. et milice).

Pendant cette première période, s’organisent le camp de base et l’organisation du maquis ainsi que la surveillance des routes R9 et de la 125.

Le 18 juin, sous la conduite d’AMEURLAIN, un groupe de maquisards attaque un convoi allemand sur la route de Châtillon à Souvigny, avec succès, aucune perte n’est à déplorer du côté français.

Témoignage de Lucien DEPRESLE, Lieutenant FTP

« Le 10 juillet, je quitte Saint Plaisir pour rentrer au maquis Danielle CASANOVA qui a établi son camp dans les bois de Renaudière, sur la commune de Meillard.

Lorsque je suis arrivé au camp, le 13 juillet 1944, il était commandé par Roger DAUPHIN, dit « Rigal », Chef de camp Henri VENIAT, dit « Jean », Commissaire aux effectifs, Charles LEGER, dit « La Pipe », Commissaire technique, et FRIEDLER, dit « Lamarque », Commissaire militaire.

« Le 14 juillet, je reste au camp assurer la garde avec une vingtaine de camarades pendant que les autres partent pour un périple à travers la région, Treban, Cressanges, Souvigny, Besson, Meillard, afin de montrer la présence des maquisards aux abords de Moulins. Le soir, ils regagnent notre camp. C’est là que nous étions cantonnés, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, lors de l’attaque de l’armée allemande stationnée à Saint-Pourçain-sur-Sioule.

« Devant la supériorité numérique de l’ennemi (hommes et matériel) nous devons nous disperser. Nous décrochons. Je suis avec un groupe d’au moins 40 camarades. Ceux-ci veulent remonter vers les Champs. Je leur dis « il ne faut pas aller par-là ». Avec ma connaissance du terrain, je les entraîne par les bois. Nous traversons la route Treban Saint-Pourçain-sur-Sioule, au-dessus du château d’eau, entre le Latais et Ménilchamp. Ce groupe va se cacher à 2 kilomètres, dans les bois de Peuron, à 400 mètres de la route Bresnay Saint-Pourçain-sur-Sioule, pendant la journée du 16.

« Dans la nuit du 16 au 17 juillet, nos camarades Georges et Louis AUREMBOUT, qui connaissent cette région, prennent la direction du groupe et nous partons par les champs et les petits chemins à Bost, sur la commune de Besson. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons beaucoup marché et nous avons le ventre vide. »

Pendant la journée du 16 juillet, les Allemands ont arrêté Emilien DENIS, Alexandre MORET, Albert BATISSE et Louis DETERNES. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire.

André TAUVERON et Louis BARDON seront envoyés en Allemagne, au titre du S.T.O.

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d’être parmi les 300 qui furent libérés lors de l’évacuation de la prison par les Allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchenwald.

André FERNAND, malade et alité chez Emilien DENIS à la Renaudière, est également arrêté et depuis, porté disparu.

« Le 18 juillet, vers une heure du matin, un fort convoi de camions passe, menant grand bruit, sur la route Besson Cressanges, ce n’est donc pas pour nous ! Vers 11 heures, les camions reviennent. Ce sont les G.M.R. et les miliciens. Ils nous encerclent : bataille, décrochage à nouveau, dispersion. Au cours du décrochage nous avons eu deux tués : Marc BONNOT et Roger BELIEN. Un maquisard, CUISSINAT, fut blessé au pied par une chevrotine. Il fut caché et soigné chez CHALMIN au village de Cressanges. Un autre, Roger MAGNIERE, fut blessé grièvement par des miliciens qui l’abandonnent dans un fossé pour qu’il crève (déclaration de Roger MAGNIERE après son rétablissement). Les G.M.R. le trouveront dans le fossé et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il sera soigné et amputé d’une jambe.

Retombées de la répression par les miliciens et les G.M.R.

le 18 juillet 1944, Robert RONDET, réfractaire au S.T.O., échappe à l’arrestation par la milice.

Suite à l’attaque du camp Danielle CASANOVA, les miliciens et G.M.R. prennent la relève des Allemands et vont attaquer le maquis CASANOVA réfugié à Bost, à Besson.

Le matin, les forces de police de PETAIN avaient encerclé et attaqué la ferme de Villars à Meillers. Dans cette ferme avait séjourné le maquis VILLECHENON.

Seuls, trois maquisards qui y étaient encore, ont pu s’échapper. Il s’agissait de GOMEZ, BETRET et VILLATTE.

Mais les miliciens et G.M.R. arrêtent Joseph LAFAY et son frère Jean, (cultivateurs à Villars), MARCUS Jean (mineur), ZUNINO Antonio (bûcheron) et RONDET René (cafetier). Ils sont conduits à Besson, mis face au mur de l’église. Ils furent rejoints par 6 ou 7 jeunes : Marcel VIRLOGEUX, Jean Marie AUCLAIR de Besson, Jean GALLAND, Henri DAUBINET et René AUBERT de Souvigny, François BALHA de Noyant.

Selon Jean VILLATTE, les G.M.R. ont laissé s’échapper le groupe de maquisards alors qu’ils auraient pu facilement les abattre dans leur fuite et en arrêtant leurs recherches à une vingtaine de mètres du fossé où ils s’étaient cachés.

D’après les propos de René RONDET, le soir même, le commandant du G.M.R. s’oppose fermement aux miliciens qui voulaient exécuter les prisonniers, debout devant le mur de l’église et évite ainsi un bain de sang.

Le soir, ils sont amenés, à Vichy, par les miliciens, pour interrogatoire, puis à Bellerive sur Allier, au château des Brosses, lieu d’internement placé sous l’autorité de la milice.

« Dans les derniers jours de juillet 1944, notre petit groupe séjournait aux Cailles de Chemilly, dans une maison abandonnée, couchant sur la paille. QUENISSET et VENIAT sont venus nous dire de partir car les BERTHON (Jules et son fils Albert) exploitants le domaine des Bruyères et les deux maquisards qui étaient chez eux avaient été arrêtés. Parmi ces maquisards se trouvait le responsable qui nous ravitaillait et qui tentait de réunir à nouveau les groupes, comme nous étions avant les attaques des Allemands, des G.M.R. et des miliciens.

« Le responsable n’a pas parlé car les groupes dont il s’occupait ne furent pas inquiétés. Les BERTHON et les deux maquisards furent massacrés, le 7 août, avec 7 autres hommes, dont plusieurs faisaient partie du camp CASANOVA, au champ de tir de Saint-Yorre.

« Nous revenons à notre point de départ, dans les bois des Champs, à Meillard, ce qui nous permet de trouver à manger, ce qui est important, pouvoir se nourrir.

« Vers le 15 août, nous sommes un groupe d’une dizaine de maquisards. Nous avons récupéré une voiture, à Soupaize. Nos chefs, SAPIN et BURLOT, ont réquisitionné un camion à la fabrique de bière « la Meuse » (à Moulins).

Après le 15 août, la direction du maquis est donnée à WATTEAU, dit « Lionel », comme chef de camp.

Le responsable militaire est : BERTHELOT Etienne, dit « Hérisson »,

Responsable technique : RAMOS Emmanuel, dit « Fabre »,

Commissaire aux effectifs : moi-même, dit « Balard ».

« Nous avons commencé de rouler sur les routes du coin, Souvigny, Coulandon, etc. Nous nous approchons de Moulins. Puis, un jour, nous avons raflé la garde allemande du pont de Moulins pour montrer notre présence aux abords de Moulins et récupérer les armes.

« Petit Pierre » sort le fusil, mitraille et dirige le feu sur la guérite. Deux des assaillants jettent leurs grenades mais elles rebondissent sur le rebord de la fenêtre et ils ont le temps de se cacher derrière le mur pour se protéger. Les 8 Allemands sortent, les mains en l’air. Faits prisonniers, nous les amenons à la carrière de Meillers. Le lendemain, nous les conduirons à Saint Hilaire où ils rejoindront d’autres prisonniers.

« L’opération nous a permis de récolter des armes et des munitions.

« Un autre jour, nous nous sommes engagés sur la passerelle qui est entre Bagneux et Villeneuve. Elle remplace le pont qui a sauté lors de la débâcle. Elle a la largeur du camion. Nous sommes une vingtaine de gars dans le camion, précédés par la voiture du commandant SAPIN, dans laquelle il a pris place avec trois maquisards. Sur la plage, des gens qui se baignent nous font de grands signes. Il ne faut pas aller plus loin car nous allons tomber dans la gueule du loup. En effet, un fort contingent de soldats allemands (estimé à 800) se trouve bloqué à la gare de Villeneuve. Arrivés à l’autre extrémité, nous faisons demi-tour. Revenus sur la 9, nous attaquons et réquisitionnons un car et un chargement de Gasoil et nous rentrons à Meillers, au château des Salles.

« Le 26 août, une colonne forte d’environ 2 000 soldats allemands, précédée et suivie par 300 miliciens accompagnés de leurs familles, se replie de Bourganeuf sur Montluçon. Elle est attaquée, à Estivareilles, par les maquisards et modifie son itinéraire. Les forces allemandes qu’elle doit rejoindre, à Montluçon, ont évacué la ville depuis plusieurs jours pour se replier sur Moulins. La colonne se dirige vers Huriel, Audes, Vallon, Le Brethon. Elle passe la nuit à la Croix Cornat, commune de Saint-Caprais. Elle atteint Ygrande vers 8 Heures 30. Elle y stationne, se restaure puis poursuit sa route vers Moulins en passant par Bourbon l’Archambault où elle fait deux victimes, COPET et MARCHAND puis Saint-Menoux.

« A l’entrée de la forêt de Bagnolet, sur la commune de Marigny, notre groupe allume la colonne (c’est-à-dire que nous tirons quelques coups de feu pour tenir les soldats en alerte). Les soldats ripostent et nous arrosent de balles. Ils ne manquent pas de munitions. Ils tirent depuis les camions qui continuent à rouler. Leur tir, un peu haut, permet à notre groupe de se replier. Notre groupe n’a pas eu de blessé ce jour-là.

« Des paysans, occupés à la batteuse dans la ferme proche, entendent tous ces coups de feu, s’avancent pour voir ce qui se passe. Ils sont capturés par les miliciens qui forment l’arrière-garde de la colonne allemande. Les miliciens les torturent et les fusillent à l’endroit où s’élève, aujourd’hui, le monument qui rappelle ce douloureux événement. Nous revenons à Meillers et continuons de sillonner les routes de la région. »

Je termine mon engagement dans le camp Danielle CASANOVA comme lieutenant C.E. (commissaire aux effectifs). L’effectif est de 80 maquisards. Revenu dans l’armée régulière, j’obtiens le grade de sergent-chef. Je suis affecté au centre de perfectionnement de Châtel-Guyon que je quitte à la suite de graves ennuis de santé. Après une convalescence de six semaines, je rejoins la caserne de Montluçon, en mai 1945. Je pars avec mon bataillon en Alsace où je suis affecté à la garde des prisonniers.

Démobilisé début décembre 1945, je reviens à Meillard.

Témoignage de Robert JOYON, Aspirant F.T.P.

« En janvier-février 1944, nous avons reçu la consigne de la Résistance de créer des comités d’aide aux réfractaires au S.T.O. Il nous fallait trouver un certain nombre de personnes, si possible assez influentes dans chaque secteur, pour solliciter des fermiers afin de cacher et héberger des réfractaires pour les empêcher de partir en Allemagne et éventuellement les faire passer au maquis.

« A Besson, nous savions que le curé, Léon VIRLAT, était anti-pétainiste et qu’il cachait chez lui son neveu, réfractaire au S.T.O.

« C’est tout naturellement que nous sommes allés le contacter. Nous sommes très bien accueillis. Il nous répond qu’il était de tout cœur avec nous mais qu’il lui était difficile, dans sa situation, de travailler avec nous. Par contre, il nous conseilla de contacter le prince Xavier DE BOURBON-PARME en lui disant que nous venions de sa part.

« Ce dernier accepta sans difficulté et participa activement à ce comité d’aide aux réfractaires.

« Plus tard, en juin-juillet 1944, Jean AMEURLAIN, qui recherchait des emplacements pour les maquis et après étude du site, alla informer le prince qu’il avait l’intention d’installer, pour quelques jours, le maquis Danielle CASANOVA dans son immense parc et les bois qui l’entourent et lui demander d’observer une bienveillante neutralité.

« Jean AMEURLAIN, ignorant tout de son activité antérieure, fut surpris par la rapidité de son accord et de l’aide qu’il apporta au camp Danielle CASANOVA : fourniture de couvertures, mise à la disposition de la bibliothèque du château pour servir d’infirmerie, etc.

Les maquisards arrêtés le 18 qui étaient internés au château des Brosses à Bellerive furent libérés suite à l’intervention du comte. Celui-ci se rendit en vélo (n’ayant plus d’essence pour sa voiture), à Vichy auprès de PETAIN, où il fit passer ces jeunes maquisards pour les enfants de ses métayers. Leur libération intervient le 27 juillet en même temps que celle des frères LAFAY. »

Les prisonniers de Meillers ne furent libérés qu’après un mois de détention, vers le 17 août.

Suite à ces douloureux événements, le Prince De BOURBON PARME, de nationalité italienne, né à Casamore en Italie en 1889, est arrêté ainsi que Monseigneur PIGUET, évêque de Clermont-Ferrand. Ils sont internés à la prison du 92ème RI. Ils quittent Clermont le 20 août 1944, avec les 239 détenus de la prison, pour le camp du Struthof. Tandis que les autres détenus sont entassés dans les wagons de marchandises, ils font le voyage dans un wagon de voyageurs de 3ème classe gardé. Ils arrivent au camp le 30 août. A partir du 4 septembre, le camp du Struthof est évacué vers celui de Dachau. Les deux otages resteront à Dachau jusqu’à la libération du camp par les Américains, le 29 avril 1945.

Lucien DEPRESLES

23 février 2022
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Meillard, le samedi 19 février 2022

Hommage à Lucien DEPRESLES

Nous sommes nombreux présents à notre dernier rendez-vous avec Lucien, nombreux pour partager avec toute sa famille la peine immense dont sa disparition nous accable.

Jean, Michel et Simone, petits enfants et arrière petits enfants, nous partageons votre chagrin dans ce deuil qui s’ajoute à tant d’autres.

Nombreux sont aussi celles et ceux qui, retenus loin d’ici, nous demandent de bien vouloir excuser leur absence. Ils sont de tout cœur avec nous pour partager le souvenir de Lucien.

Né en 1923 à Cressanges, Lucien DEPRESLES avait grandi sa jeunesse ici dans un entre-deux guerres en tension entre la montée des périls fascistes et les espoirs du Front Populaire. Toute sa vie restera marquée par ces deux combats dans ses engagements dans la Résistance et pour le progrès social.

Il avait obtenu le Certificat d’Etudes primaires en 1936. Mais il était sorti de l’école 50 jours avant ses treize ans, pour aider à la ferme où son père était malade. Il était travailleur de la terre et son engagement dans la Résistance va sceller toute une vie d’engagement dans le secteur associatif et dans la vie politique locale pendant plus de trois quarts de siècle.

Militant associatif, responsable local et départemental, dès l’immédiat après-guerre Lucien s’est engagé à l’ANACR, puis à la FNDIRP et plus tard à l’AFMD, la mémoire de la Résistance à laquelle il avait participé et celle de la déportation qui lui avait pris sa mère lui étaient chères. Il a aussi été membre titulaire du tribunal des Pensions Militaires de l’Allier de 2009 à 2011.

Militant communiste dès 1940 Lucien DEPRESLES sera plus tard élu à Meillard conseiller municipal et maire adjoint de 1953 à 1963, puis maire de Meillard de 1963 à 1989.

Aux Champs, la Résistance fait l’histoire en famille. Lucien Depresles, jeune d’à peine 17 ans à la déclaration de la guerre, est dans une famille et un milieu qui ne supportent ni la capitulation ni la collaboration pétainiste. La défense de la République et de ses valeurs, de la liberté et de l’indépendance de la France sont les moteurs de leur engagement. Modestement, il disait souvent qu’il n’a rien fait d’autre que son devoir mais c’est un engagement de tous les instants, combien risqué et combien courageux qu’il a partagé avec ses proches.

Ce sont ces cinq années d’une vie tourmentée dont nous voulons vous faire partager la mémoire en suivant les pas de Lucien pour que son souvenir nous accompagne encore longtemps et puisse nous éclairer quand l’horizon s’assombrit, quand c’est la Résistance qui porte l’espérance.

De l’engagement : des idées à l’action

Militant à I’UJARF (Union des Jeunesses Agricoles Républicaines de France) dès 1938, Lucien Depresles a adhéré au Parti Communiste clandestin en novembre 1941. Auprès d’Armand Berthomier, son voisin au village des Champs, il participe à la réception et à la diffusion des tracts et des journaux clandestins sur les communes de Meillard et de Treban.

Après l’arrestation d’Armand Berthomier en janvier 1942, Lucien et ses camarades sont sollicités par Roger Fort de Lafeline pour le cercle de la Jeunesse et par Francis Miton de Bresnay pour le PCF clandestin.

Il poursuit avec eux la distribution des tracts et des journaux et travaille aussi à la récupération des armes. Auprès de Tonio, un clandestin portugais qui travaillait avec Lucien à la ferme de Malfosse chez Jean-Louis Bidet et Francis Cognet, ce sera un premier révolver. Plus tard, Lucien récupérera des armes cachées par Fernand Thévenet à la débâcle chez Emilienne Bidet à Treban cachées ensuite dans un chêne têtard à Chapillière : sept fusils Lebel et un fusil mitrailleur. Lucien va confier les fusils aux combattants du Camp Hoche et cacher le fusil mitrailleur qu’ils trouvaient trop encombrant dans le tas de betteraves à la cave des Champs avant de l’enterrer dans un champ. Edmond Petit qui connaissait la cache l’a ensuite fait parvenir au maquis de Saint-Eloi.

Le guide de l’installation du Camp HOCHE

Après de nombreux contacts entre Edmond Civade et Tilou Bavay, c’est le secteur de Meillard qui est choisi pour l’implantation du camp qui devait accueillir les clandestins du groupe armé de Montluçon Ville grossi des jeunes empêchés de partir dans le train de la réquisition du 6 janvier 1943. Tilou Bavay était un habitué du village des Champs depuis plusieurs mois ; il y venait rencontrer Edmond Petit qui travaillait chez les Berthomier à la ferme d’en-bas.

Lucien Depresles fait partager l’idée d’accueillir le maquis à son père. Le 19 mai 1943, Georges Gavelle leur est présenté par Tilou Bavay. Il resta coucher chez Depresles dans une chambre de fortune aménagée au grenier pour les « passagers ». Au petit matin du 20 mai Lucien a réveillé Georges Gavelle pour descendre dans les bois des Champs au fond de la vallée du Douzenan. Le lieu était sûr du côté nord, protégé par le village des Champs sur le plateau. C’est ainsi que s’est décidé l’implantation Camp Hoche.

Lucien Depresles s’occupe alors du ravitaillement des maquisards, il va au Theil chez Gaston Faulconnier, à Lafeline chez Roger Fort ou encore à Besson chez Robert Joyon. De ses tournées, Lucien Depresles ramenait des légumes, quelquefois de la viande avec la tuerie du cochon. D’autres fois Lucien allait jusque chez Pelletier, à la coopérative à Saint Pourçain ; et là, avec pour mot de passe un point d’interrogation écrit dans la main, il rapportait un kilo 500 de viande ! Plus tard les maquisards se débrouilleront seuls avec les abattages clandestins dans les fermes des environs. Au village des Champs, les Berthomier et les Neuville participaient à l’approvisionnement du camp en volailles.

A l’approche de l’automne, quand le maquis a déménagé à Veauce, Gavelle et Huguet revenaient régulièrement aux Champs au ravitaillement.

Du légal au clandestin, en route vers le maquis Danielle Casanova

En octobre 1943, Lucien Depresles avait été chargé de récupérer Jean Burles, responsable national du PC clandestin après son évasion de la prison du PUY ; il le prend en charge au domaine des Planches à Lafeline chez les Tabutin et le ramène aux Champs où il est logé chez Alphonsine Neuville. Une semaine plus tard, c’est son frère Jean qui va convoyer Jean Burles jusqu’au Pont de Chazeuil en vélo pour le confier au responsable départemental du PC clandestin André Puyet avant de revenir à Meillard avec les deux vélos.

Lucien Depresles refuse de rejoindre les Chantiers de jeunesse ; début novembre 1943, trop exposé il va se cacher chez Francis Cognet aux Cantes à Cressanges. Il participe toujours au recrutement des FTP tout en travaillant à la ferme, clandestin sans carte d’alimentation…

Après l’arrestation de sa mère et de sa sœur le 21 mars 1944 Lucien repart chez Pinet-Morgand au Petit Bout puis chez Auberger à Tronget aux Bérauds pour un mois.

En ami de la famille, le père Claude Desforges de Saint Plaisir lui offre alors l’hospitalité. Lucien y retrouve un autre clandestin montluçonnais avant de rejoindre le maquis Danièle Casanova le 10 juillet. Il y retrouve les soixante-dix combattants installés à Renaudière d’où ils partent en opération dans tous les environs.

Tout nouvel arrivant, pendant le fameux périple du 14 Juillet, Lucien reste au camp avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards. Les autres sont partis sous le commandement de Jean-Louis Ameurlain afficher au grand jour des forces de la Résistance et mobiliser la population qui vient les voir défiler à Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard. Ça ne passe pas inaperçu…

Le lendemain dans un accrochage à Chapillière un soldat Allemand est abattu, un second s’échappe et donne l’alerte. Le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué à la tombée de la nuit.

Les résistants, repoussés par les Allemands au carrefour de Chapillière sont pris en tenaille, et doivent évacuer le camp. Connaissant très bien le terrain, Lucien prend le commandement de l’opération. Avec les frères Aurembout il conduit ses camarades par des sentiers qui lui sont familiers dans les bois et à travers champ à l’abri des haies. Ils rejoignent le bois de Peuron au milieu de la nuit et y restent terrés jusqu’au lendemain soir. Ils arriveront à Besson au petit matin du 17 juillet dans les bois à l’abri à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Ils sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit.

La nuit suivante, Lucien Depresles est de garde dans l’allée en lisière du bois face à la route Bresnay-Cressanges quand il voit passer le long convoi des GMR et de la Milice qui s’éloigne vers Cressanges… Soulagement, ce n’est pas pour eux.

Ils allaient à la ferme de Villars à Noyant pour en déloger les maquisards du groupe Villechenon. Mais les mêmes allaient revenir et s’attaquer aux maquisards de Casanova à la mi-journée.

Le déséquilibre des forces imposait à nouveau de tenter une dispersion pour échapper à l’encerclement. Cette fois c’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient.

Le groupe de Lucien Depresles part vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Ils remontent à I‘abri des haies sous le feu des GMR et profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants mais au moindre mouvement qui faisait onduler la paille, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abat sur le champ d’avoine, vers 17 heures les forces de Vichy s’en vont, les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez les Chalmin au Village à Cressanges où ils seront rejoints par une vingtaine d’autres pour se reposer après cinq nuits sans sommeil…

Les Allemands avaient pris le relai de la police de Vichy pour surveiller tous les environs. Pour leur échapper et partir de là, les Résistants se séparent en groupes de deux. Avec un autre, Lucien part en direction de Châtillon puis au Petit Bout, un lieu sûr pour dormir à l’abri dans la grange pendant deux jours. Cette halte a permis après un contact de voir arriver le père Francis Depresles qui ramena son fils et une demi-douzaine d’autres maquisards aux Champs, pour les cacher dans les bois pendant quelques jours.

Le 25 juillet Lucien Depresles et Louis Allègre, Lucien et Georges Aurembout, Jean-Baptiste Frière, Paul Létrillard et le parisien partent dans une maison des Cailles de Besson.

Deux jours plus tard le responsable du ravitaillement, Dory (qui sera fusillé à Saint-Yorre), est arrêté avec Jules et Albert Berthon. Quenisset et Véniat informent les fuyards qui reviennent jusqu’aux Champs. Ils n’en repartiront que le 14 août pour le Roc à Treban près de la ferme des Avignon où ils passeront le 15 août.

Avec Louis Allègre et Lucien Aurembout, Lucien Depresles va réquisitionner une voiture à Soupaize avant un rendez-vous au Pigeonnier où Burlaud et Sapin leur ont livré un camion pour rejoindre Coulandon le lendemain.

Avec ses camarades Lucien constituait une équipe volante, sans lieu d’attache fixe. Ils participent à une petite vingtaine à la rafle de la garde du pont Régemortes (huit soldats Allemands pris avec leurs armes). Opération réussie les maquisards reviennent à la carrière de Meillers, cantonnés sous les baraques de chantier de la carrière. Ils se dispersent ensuite dans les fermes des environs vers la forêt et l’étang. Ils y restent, en occupant le château des Salles, du 25 août jusqu’au 6 septembre pour participer à la libération de Moulins où ils  se cantonnent au Quartier Villars le premier soir où le commandant Brigand assure la défense de La Madeleine…

Le cantonnement se déplace ensuite à l’Ecole Normale au nord-est de la ville. Quand 70 combattants partent en renfort pour encercler les Allemands à Saint Pierre le Moutier Lucien participe à la récupération des armes des GMR en Sologne Bourbonnaise avec le commandant Brigand.

Après l’action clandestine Lucien s’engage dans l’armée de la Libération.

La plupart des maquisards ont signé leur engagement pour la durée de la guerre ; l’Etat-major FFI FTP avait organisé des formations pour les officiers et les sous-officiers à Châtel Guyon. En novembre 1944 Lucien Depresles y participe parmi les sous-officiers. Mais sa formation a été interrompue par deux mois de maladie suivis de deux mois de convalescence.

Le printemps 1945 verra la terrible épreuve du retour de déportation de sa mère qui n’y survivra guère en s’éteignant le 15 mai 45.

Lucien rejoint la caserne à Montluçon en juin 45 pour être envoyé 2 mois plus tard dans l’Est à Saint-Louis près de Bâle, où 3000 Allemands sont gardés prisonniers dans une ancienne usine de pièces d’aviation. Avec trois officiers et une vingtaine d’autres soldats Lucien sera leur gardien et c’est là qu’il sera démobilisé fin novembre 1945.

C’est le terme de cinq années terribles, partagé entre l’immense soulagement de la Libération et le chagrin immense à la pensée de celles et ceux qui, l’ayant payée de leur vie, n’ont pas pu la connaître.

Un « monde d’après »

Après, c’est le retour à la vie et au travail… et à l’engagement citoyen. Ce sera aussi le temps du « plus jamais ça », le temps de la transmission et de l’éducation.

Pas un héros… mais un homme, un citoyen, parmi tant d’autres pétris de convictions et de valeurs qui se consacrent au bien des autres… Il rejoint aujourd’hui le long cortège des Perot, Livernais, Berthomier, Bidet, Joyon, Bavay, Burlaud, Quenisset, Fort, Auberger, Faulconnier, Aurembout, Guichon, Miton, Allègre, Guillot, Raffestin, Tantot, Neuville, Tabutin, Marchais, Gavelle, Ameurlain, Chalmin, Godet, Dufaut, Pouzat, Bellien, Bonnot, Lanusse, Villatte, Ramos…

Lucien a travaillé pendant des années à la transmission de la mémoire de la Résistance auprès des plus jeunes générations. Aucun des jeunes passés par ici, Jeannine Dufour peut en témoigner pour l’avoir accompagné, aucun n’oubliera ces moments de découverte et de partage de la connaissance avec Lucien comme avec ses complices Robert Fallut ou Roger Vénuat… La valeur de ce qu’ils ont fait n’a eu d’égale que leur modestie.

La reconnaissance de ce parcours aura été bien tardive. Ce n’est que le 30 décembre 2016 que le nom de Lucien Depresles figurera au Journal Officiel de la République dans la liste des promus au grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur. C’était au terme d’une bonne vingtaine d’années de nos démarches que nous l’avions fêtée le 1er avril 2017…

C’est aussi grâce à la bienveillance exigeante de Lucien et de tous ses camarades fondateurs de l’ANACR que le relais a été pris ici naturellement par notre génération et qu’il sera bientôt repris par une autre pour continuer de faire vivre la mémoire et les valeurs de la Résistance sans qu’aucun d’entre eux ne soit jamais oublié.

Sans ces derniers grands témoins acteurs de la Résistance nous entrons dans un « monde d’après ». Le respect que nous devons à l’héritage mémoriel qu’ils nous laissent nous oblige à la poursuite persévérante du travail entrepris avec eux, pour donner à l’histoire une figure humaine et ouvrir aux jeunes générations la perspective des « Jours Heureux ».

Merci de bien vouloir nous excuser d’avoir été si longs. Mais c’est bien le moins que nous devions à la mémoire de Lucien Depresles, d’une de nos dernières figures de la Résistance populaire, de celle de notre terre bourbonnaise, de leur reconquête périlleuse de la paix, de la liberté et de la démocratie.

Ce soir le village des Champs s’endormira un peu comme orphelin d’une de ses racines ; mais nous allons tous repartir emportant avec nous le meilleur souvenir de Lucien, avec son sourire malicieux et un peu de ses espérances.

Merci Lucien.

Salut et fraternité, camarade.

Stèle de Moladier – Besson

26 juin 2020
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La Stèle de Moladier est érigée en hommage aux Résistants du maquis Danièle CASANOVA rassemblés à la ferme de Moladier le 6 juin 1944.
14ème halte sur l’itinéraire de la Résistance dans le Bocage Bourbonnais, le monument du Rond-Point de Moladier marque aussi les avancées dans la connaissance de l’histoire de ce maquis et des Résistants qui s’y engagèrent… En témoignent les informations sur le parcours d’André FERNAND.

Du projet de monument…

… à sa réalisation !

Un maquis mobile

Pour des raisons de sécurité comme pour les besoins de l’action, le camp Danièle Casanova passe d’un lieu à un autre pendant que des petits groupes de combattants vont réaliser leurs actions, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres.

Une cible pour la répression

A deux reprises, le camp va être attaqué les 16 et 18 juillet 1944. A Renaudière, après qu’une escarmouche avec des soldats allemands en reconnaissance ait signalé la présence du maquis l’encerclement oblige au repli sur le secteur de Besson. Puis dans le secteur du château de Bost après ce premier repli, la seconde attaque fera deux morts, Roger Bellien et Marc Bonnot, et un blessé, Roger Magnière, sans compter les prisonniers des rafles qui ont suivi. Quelques jours après la dispersion la plupart des maquisards se retrouveront vers Meillers ; ils se reformeront alors en unité de combat pour harceler les unités allemandes qui se repliaient vers le nord-est et participer ensuite à la libération de Moulins.

Jean AMEURLAIN (Jean-Louis), un des fondateurs du maquis…

Instituteur à Cressanges avec son épouse -après l ‘Ecole Normale de Moulins-, il établit les contacts avec les familles paysannes déjà engagées dans la Résistance.

Insoumis aux Chantiers de Jeunesse et réfractaire au STO, Jean Louis Ameurlain entre dans la clandestinité. Après avoir échappé à la police de Pétain, il gagne la région de Saint-Etienne où il fait partie des responsables FTPF de Loire et Haute-Loire. Après un passage en Ardèche il regagne l’Auvergne avec la responsabilité des FTP et de l’Inter-Région Loire, Haute-Loire, Puy de Dôme, Cantal et Allier. Suite à l’arrestation de trois autres responsables en gare de Clermont-Ferrand il se retrouve isolé et regagne l’Allier où il sait pouvoir renouer des contacts avec le Front National et les FTPF. C ‘est alors qu’il participe à la création du Camp Danièle Casanova en juin 1944 en forêt de Moladier avec le chef de Compagnie FTP Lamarque et l’aide précieuse de Jean-Marie Livernais, fin connaisseur de la région. C’est aussi lui qui sera à l’initiative de l’embuscade de Châtillon tendue le 25 juin 1944 à un convoi allemand qui fera sept victimes côté allemand et trois véhicules détruits, sans perte ni blessé du côté des maquisards. C’est également sous son commandement que les troupes du maquis vont parcourir les villages du secteur dans leur fameux « périple du 14 juillet » qui aura le mérite de mobiliser une population proche de sa délivrance ; mais qui aura aussi l’inconvénient d’alerter la police de Pétain et les allemands qui allaient attaquer le surlendemain.

La guérilla

Les maquisards sont passés ma ît r e s e n ma ti è r e d e harcèlement dans une tactique de guérilla qui privilégie les engagements de courte durée pour des petits groupes très mobiles. C’est ainsi que le camp Danièle Casanova compte à son actif de nombreux sabotages (pylônes et transformateurs électriques, voies ferrées ) , des embuscades, des accrochages avec prisonniers et récupération d’armes.

Le camp Danielle Casanova, de ses prémices en 1943…

Des informations conservées dans les archives du Ministère des Armées (GR 19 P), croisées avec les témoignages des acteurs, nous permettent d’enrichir l’image de ce que fut la Résistance sur nos terres bourbonnaises, à la fois précoce, diverse dans ses origines et multiforme dans une gradation depuis des actions de propagande des tout débuts jusqu’à l’intensification de la lutte armée jusqu’aux combats de la Libération. Le cas du Camp Danielle Casanova illustre bien la détermination des Résistants engagés sous la bannière des FTPF qui, dans une longue litanie d’actions que beaucoup considèreront bien modestes, font vivre l’esprit de Résistance dans son ancrage populaire.

Emplacement prévu pour l’installation du monument marquant la création du Camp Casanova, le 6 juin 1944…

Témoignage de Jean-Marie LIVERNAIS, lieutenant F.T.P.

Début juin 1944, l’organisation militaire du Front National pour la libération de la France avait, dans la région de Besson, de nombreux FTP sédentaires.

Voilà comment cela s’est passé :

Le 6 juin, lorsque fut connu le débarquement allié, un nommé LOGIS, responsable militaire de ces groupes sédentaires, n’a rien trouvé de mieux que de dire : « tout le monde au maquis !».

On se retrouve dans la forêt, autour de la ferme de Moladier, avec 185 « pipes » d’un coup. Mais cet innocent-là n’avait pas prévu que, au bout de 6 heures, tout ce monde-là, ça a faim ; et il n’y avait pas d’armes pour tout le monde.

Il n’y avait rien de prévu. Jean AMEURLAIN et moi nous trouvions là. Il a dit : « tu dois connaître tout le coin comme ta poche, la forêt et tous les recoins, j’ai besoin de toi. Je te réquisitionne. »

La première des choses qu’on a faites a été de dire aux gars : « tous ceux qui ne sont pas grillés, vous rentrez chez vous ! ». Mais il en est resté près de 80.

Pour le ravitaillement, on a alerté GUITTON, le père CHALMIN, tous les gars du coin.

Par la suite, ces maquisards restants furent répartis dans la région, dans les forêts avoisinantes, installés sous des toiles de tente.

Jean AMEURLAIN ayant pris contact avec le prince de BOURBON PARME, les maquisards sont regroupés à Bost.

Ils vont y rester quelques jours pour s’organiser avant de repartir pour les bois de Chapillière, à Meillard.

Pendant ce temps, avec Jean AMEURLAIN, on s’était rendu à Messarges, à Grosbois. On recherchait des lieux où le maquis pourrait trouver refuge en cas d’attaque. Pour ma part, j’étais chargé de prendre des contacts auprès des paysans.

Ces responsables paysans devaient, après avoir reçu le mot d’ordre donné la veille, prévoir le ravitaillement. J’avais contacté les responsables : MALTER, au Gouet de Bagnolet, ainsi qu’à Meillers, je ne me souviens plus du nom du contact. A la libération du département, le maquis Danielle CASANOVA était installé à Meillers.

Je suis revenu au camp, à Meillard et, vers le 15 juin, j’ai été rappelé à Montluçon.

Le maquis demeure à Meillard jusqu’au 16 juillet. Ils se font attaquer mais je ne sais pas ce qui s’est passé, plutôt que se déplacer, soit sur Bagnolet, soit sur Messarges, soit sur Grosbois, ils sont revenus se planquer à Bost et le 18, ils sont de nouveau attaqués par la police de Vichy (G.M.R. et milice).

Pendant cette première période, s’organisent le camp de base et l’organisation du maquis ainsi que la surveillance des routes R9 et de la 125.

Le 18 juin, sous la conduite d’AMEURLAIN, un groupe de maquisards attaque un convoi allemand sur la route de Châtillon à Souvigny, avec succès, aucune perte n’est à déplorer du côté français.

Témoignage de Lucien DEPRESLE, Lieutenant FTP

« Le 10 juillet, je quitte Saint Plaisir pour rentrer au maquis Danielle CASANOVA qui a établi son camp dans les bois de Renaudière, sur la commune de Meillard.

Lorsque je suis arrivé au camp, le 13 juillet 1944, il était commandé par Roger DAUPHIN, dit « Rigal », Chef de camp Henri VENIAT, dit « Jean », Commissaire aux effectifs, Charles LEGER, dit « La Pipe », Commissaire technique, et FRIEDLER, dit « Lamarque », Commissaire militaire.

« Le 14 juillet, je reste au camp assurer la garde avec une vingtaine de camarades pendant que les autres partent pour un périple à travers la région, Treban, Cressanges, Souvigny, Besson, Meillard, afin de montrer la présence des maquisards aux abords de Moulins. Le soir, ils regagnent notre camp. C’est là que nous étions cantonnés, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, lors de l’attaque de l’armée allemande stationnée à Saint-Pourçain-sur-Sioule.

« Devant la supériorité numérique de l’ennemi (hommes et matériel) nous devons nous disperser. Nous décrochons. Je suis avec un groupe d’au moins 40 camarades. Ceux-ci veulent remonter vers les Champs. Je leur dis « il ne faut pas aller par-là ». Avec ma connaissance du terrain, je les entraîne par les bois. Nous traversons la route Treban Saint-Pourçain-sur-Sioule, au-dessus du château d’eau, entre le Latais et Ménilchamp. Ce groupe va se cacher à 2 kilomètres, dans les bois de Peuron, à 400 mètres de la route Bresnay Saint-Pourçain-sur-Sioule, pendant la journée du 16.

« Dans la nuit du 16 au 17 juillet, nos camarades Georges et Louis AUREMBOUT, qui connaissent cette région, prennent la direction du groupe et nous partons par les champs et les petits chemins à Bost, sur la commune de Besson. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons beaucoup marché et nous avons le ventre vide. »

Pendant la journée du 16 juillet, les Allemands ont arrêté Emilien DENIS, Alexandre MORET, Albert BATISSE et Louis DETERNES. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire.

André TAUVERON et Louis BARDON seront envoyés en Allemagne, au titre du S.T.O.

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d’être parmi les 300 qui furent libérés lors de l’évacuation de la prison par les Allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchenwald.

André FERNAND, malade et alité chez Emilien DENIS à la Renaudière, est également arrêté et depuis, porté disparu.

« Le 18 juillet, vers une heure du matin, un fort convoi de camions passe, menant grand bruit, sur la route Besson Cressanges, ce n’est donc pas pour nous ! Vers 11 heures, les camions reviennent. Ce sont les G.M.R. et les miliciens. Ils nous encerclent : bataille, décrochage à nouveau, dispersion. Au cours du décrochage nous avons eu deux tués : Marc BONNOT et Roger BELIEN. Un maquisard, CUISSINAT, fut blessé au pied par une chevrotine. Il fut caché et soigné chez CHALMIN au village de Cressanges. Un autre, Roger MAGNIERE, fut blessé grièvement par des miliciens qui l’abandonnent dans un fossé pour qu’il crève (déclaration de Roger MAGNIERE après son rétablissement). Les G.M.R. le trouveront dans le fossé et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il sera soigné et amputé d’une jambe.

Retombées de la répression par les miliciens et les G.M.R.

le 18 juillet 1944, Robert RONDET, réfractaire au S.T.O., échappe à l’arrestation par la milice.

Suite à l’attaque du camp Danielle CASANOVA, les miliciens et G.M.R. prennent la relève des Allemands et vont attaquer le maquis CASANOVA réfugié à Bost, à Besson.

Le matin, les forces de police de PETAIN avaient encerclé et attaqué la ferme de Villars à Meillers. Dans cette ferme avait séjourné le maquis VILLECHENON.

Seuls, trois maquisards qui y étaient encore, ont pu s’échapper. Il s’agissait de GOMEZ, BETRET et VILLATTE.

Mais les miliciens et G.M.R. arrêtent Joseph LAFAY et son frère Jean, (cultivateurs à Villars), MARCUS Jean (mineur), ZUNINO Antonio (bûcheron) et RONDET René (cafetier). Ils sont conduits à Besson, mis face au mur de l’église. Ils furent rejoints par 6 ou 7 jeunes : Marcel VIRLOGEUX, Jean Marie AUCLAIR de Besson, Jean GALLAND, Henri DAUBINET et René AUBERT de Souvigny, François BALHA de Noyant.

Selon Jean VILLATTE, les G.M.R. ont laissé s’échapper le groupe de maquisards alors qu’ils auraient pu facilement les abattre dans leur fuite et en arrêtant leurs recherches à une vingtaine de mètres du fossé où ils s’étaient cachés.

D’après les propos de René RONDET, le soir même, le commandant du G.M.R. s’oppose fermement aux miliciens qui voulaient exécuter les prisonniers, debout devant le mur de l’église et évite ainsi un bain de sang.

Le soir, ils sont amenés, à Vichy, par les miliciens, pour interrogatoire, puis à Bellerive sur Allier, au château des Brosses, lieu d’internement placé sous l’autorité de la milice.

« Dans les derniers jours de juillet 1944, notre petit groupe séjournait aux Cailles de Chemilly, dans une maison abandonnée, couchant sur la paille. QUENISSET et VENIAT sont venus nous dire de partir car les BERTHON (Jules et son fils Albert) exploitants le domaine des Bruyères et les deux maquisards qui étaient chez eux avaient été arrêtés. Parmi ces maquisards se trouvait le responsable qui nous ravitaillait et qui tentait de réunir à nouveau les groupes, comme nous étions avant les attaques des Allemands, des G.M.R. et des miliciens.

« Le responsable n’a pas parlé car les groupes dont il s’occupait ne furent pas inquiétés. Les BERTHON et les deux maquisards furent massacrés, le 7 août, avec 7 autres hommes, dont plusieurs faisaient partie du camp CASANOVA, au champ de tir de Saint-Yorre.

« Nous revenons à notre point de départ, dans les bois des Champs, à Meillard, ce qui nous permet de trouver à manger, ce qui est important, pouvoir se nourrir.

« Vers le 15 août, nous sommes un groupe d’une dizaine de maquisards. Nous avons récupéré une voiture, à Soupaize. Nos chefs, SAPIN et BURLOT, ont réquisitionné un camion à la fabrique de bière « la Meuse » (à Moulins).

Après le 15 août, la direction du maquis est donnée à WATTEAU, dit « Lionel », comme chef de camp.

Le responsable militaire est : BERTHELOT Etienne, dit « Hérisson »,

Responsable technique : RAMOS Emmanuel, dit « Fabre »,

Commissaire aux effectifs : moi-même, dit « Balard ».

« Nous avons commencé de rouler sur les routes du coin, Souvigny, Coulandon, etc. Nous nous approchons de Moulins. Puis, un jour, nous avons raflé la garde allemande du pont de Moulins pour montrer notre présence aux abords de Moulins et récupérer les armes.

« Petit Pierre » sort le fusil, mitraille et dirige le feu sur la guérite. Deux des assaillants jettent leurs grenades mais elles rebondissent sur le rebord de la fenêtre et ils ont le temps de se cacher derrière le mur pour se protéger. Les 8 Allemands sortent, les mains en l’air. Faits prisonniers, nous les amenons à la carrière de Meillers. Le lendemain, nous les conduirons à Saint Hilaire où ils rejoindront d’autres prisonniers.

« L’opération nous a permis de récolter des armes et des munitions.

« Un autre jour, nous nous sommes engagés sur la passerelle qui est entre Bagneux et Villeneuve. Elle remplace le pont qui a sauté lors de la débâcle. Elle a la largeur du camion. Nous sommes une vingtaine de gars dans le camion, précédés par la voiture du commandant SAPIN, dans laquelle il a pris place avec trois maquisards. Sur la plage, des gens qui se baignent nous font de grands signes. Il ne faut pas aller plus loin car nous allons tomber dans la gueule du loup. En effet, un fort contingent de soldats allemands (estimé à 800) se trouve bloqué à la gare de Villeneuve. Arrivés à l’autre extrémité, nous faisons demi-tour. Revenus sur la 9, nous attaquons et réquisitionnons un car et un chargement de Gasoil et nous rentrons à Meillers, au château des Salles.

« Le 26 août, une colonne forte d’environ 2 000 soldats allemands, précédée et suivie par 300 miliciens accompagnés de leurs familles, se replie de Bourganeuf sur Montluçon. Elle est attaquée, à Estivareilles, par les maquisards et modifie son itinéraire. Les forces allemandes qu’elle doit rejoindre, à Montluçon, ont évacué la ville depuis plusieurs jours pour se replier sur Moulins. La colonne se dirige vers Huriel, Audes, Vallon, Le Brethon. Elle passe la nuit à la Croix Cornat, commune de Saint-Caprais. Elle atteint Ygrande vers 8 Heures 30. Elle y stationne, se restaure puis poursuit sa route vers Moulins en passant par Bourbon l’Archambault où elle fait deux victimes, COPET et MARCHAND puis Saint-Menoux.

« A l’entrée de la forêt de Bagnolet, sur la commune de Marigny, notre groupe allume la colonne (c’est-à-dire que nous tirons quelques coups de feu pour tenir les soldats en alerte). Les soldats ripostent et nous arrosent de balles. Ils ne manquent pas de munitions. Ils tirent depuis les camions qui continuent à rouler. Leur tir, un peu haut, permet à notre groupe de se replier. Notre groupe n’a pas eu de blessé ce jour-là.

« Des paysans, occupés à la batteuse dans la ferme proche, entendent tous ces coups de feu, s’avancent pour voir ce qui se passe. Ils sont capturés par les miliciens qui forment l’arrière-garde de la colonne allemande. Les miliciens les torturent et les fusillent à l’endroit où s’élève, aujourd’hui, le monument qui rappelle ce douloureux événement. Nous revenons à Meillers et continuons de sillonner les routes de la région. »

Je termine mon engagement dans le camp Danielle CASANOVA comme lieutenant C.E. (commissaire aux effectifs). L’effectif est de 80 maquisards. Revenu dans l’armée régulière, j’obtiens le grade de sergent-chef. Je suis affecté au centre de perfectionnement de Châtel-Guyon que je quitte à la suite de graves ennuis de santé. Après une convalescence de six semaines, je rejoins la caserne de Montluçon, en mai 1945. Je pars avec mon bataillon en Alsace où je suis affecté à la garde des prisonniers.

Démobilisé début décembre 1945, je reviens à Meillard.

Témoignage de Robert JOYON, Aspirant F.T.P.

« En janvier-février 1944, nous avons reçu la consigne de la Résistance de créer des comités d’aide aux réfractaires au S.T.O. Il nous fallait trouver un certain nombre de personnes, si possible assez influentes dans chaque secteur, pour solliciter des fermiers afin de cacher et héberger des réfractaires pour les empêcher de partir en Allemagne et éventuellement les faire passer au maquis.

« A Besson, nous savions que le curé, Léon VIRLAT, était anti-pétainiste et qu’il cachait chez lui son neveu, réfractaire au S.T.O.

« C’est tout naturellement que nous sommes allés le contacter. Nous sommes très bien accueillis. Il nous répond qu’il était de tout cœur avec nous mais qu’il lui était difficile, dans sa situation, de travailler avec nous. Par contre, il nous conseilla de contacter le prince Xavier DE BOURBON-PARME en lui disant que nous venions de sa part.

« Ce dernier accepta sans difficulté et participa activement à ce comité d’aide aux réfractaires.

« Plus tard, en juin-juillet 1944, Jean AMEURLAIN, qui recherchait des emplacements pour les maquis et après étude du site, alla informer le prince qu’il avait l’intention d’installer, pour quelques jours, le maquis Danielle CASANOVA dans son immense parc et les bois qui l’entourent et lui demander d’observer une bienveillante neutralité.

« Jean AMEURLAIN, ignorant tout de son activité antérieure, fut surpris par la rapidité de son accord et de l’aide qu’il apporta au camp Danielle CASANOVA : fourniture de couvertures, mise à la disposition de la bibliothèque du château pour servir d’infirmerie, etc.

Les maquisards arrêtés le 18 qui étaient internés au château des Brosses à Bellerive furent libérés suite à l’intervention du comte. Celui-ci se rendit en vélo (n’ayant plus d’essence pour sa voiture), à Vichy auprès de PETAIN, où il fit passer ces jeunes maquisards pour les enfants de ses métayers. Leur libération intervient le 27 juillet en même temps que celle des frères LAFAY. »

Les prisonniers de Meillers ne furent libérés qu’après un mois de détention, vers le 17 août.

Suite à ces douloureux événements, le Prince De BOURBON PARME, de nationalité italienne, né à Casamore en Italie en 1889, est arrêté ainsi que Monseigneur PIGUET, évêque de Clermont-Ferrand. Ils sont internés à la prison du 92ème RI. Ils quittent Clermont le 20 août 1944, avec les 239 détenus de la prison, pour le camp du Struthof. Tandis que les autres détenus sont entassés dans les wagons de marchandises, ils font le voyage dans un wagon de voyageurs de 3ème classe gardé. Ils arrivent au camp le 30 août. A partir du 4 septembre, le camp du Struthof est évacué vers celui de Dachau. Les deux otages resteront à Dachau jusqu’à la libération du camp par les Américains, le 29 avril 1945.

Premiers jours de maquis

10 janvier 2020
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Le maquis Danièle CASANOVA

Témoignage de Jean-Marie LIVERNAIS, lieutenant F.T.P.

Début juin 1944, l’organisation militaire du Front National pour la libération de la France avait, dans la région de Besson, de nombreux FTP sédentaires.

Voilà comment cela s’est passé :

Le 6 juin, lorsque fut connu le débarquement allié, un nommé LOGIS, responsable militaire de ces groupes sédentaires, n’a rien trouvé de mieux que de dire : « tout le monde au maquis !».

On se retrouve dans la forêt, autour de la ferme de Moladier, avec 185 « pipes » d’un coup. Mais cet innocent-là n’avait pas prévu que, au bout de 6 heures, tout ce monde-là, ça a faim ; et il n’y avait pas d’armes pour tout le monde.

Il n’y avait rien de prévu. Jean AMEURLAIN et moi nous trouvions là. Il a dit : « tu dois connaître tout le coin comme ta poche, la forêt et tous les recoins, j’ai besoin de toi. Je te réquisitionne. »

La première des choses qu’on a faites a été de dire aux gars : « tous ceux qui ne sont pas grillés, vous rentrez chez vous ! ». Mais il en est resté près de 80.

Pour le ravitaillement, on a alerté GUITTON, le père CHALMIN, tous les gars du coin.

Par la suite, ces maquisards restants furent répartis dans la région, dans les forêts avoisinantes, installés sous des toiles de tente.

Jean AMEURLAIN ayant pris contact avec le prince de BOURBON PARME, les maquisards sont regroupés à Bost.

Ils vont y rester quelques jours pour s’organiser avant de repartir pour les bois de Chapillière, à Meillard.

Pendant ce temps, avec Jean AMEURLAIN, on s’était rendu à Messarges, à Grosbois. On recherchait des lieux où le maquis pourrait trouver refuge en cas d’attaque. Pour ma part, j’étais chargé de prendre des contacts auprès des paysans.

Ces responsables paysans devaient, après avoir reçu le mot d’ordre donné la veille, prévoir le ravitaillement. J’avais contacté les responsables : MALTER, au Gouet de Bagnolet, ainsi qu’à Meillers, je ne me souviens plus du nom du contact. A la libération du département, le maquis Danielle CASANOVA était installé à Meillers.

Je suis revenu au camp, à Meillard et, vers le 15 juin, j’ai été rappelé à Montluçon.

Le maquis demeure à Meillard jusqu’au 16 juillet. Ils se font attaquer mais je ne sais pas ce qui s’est passé, plutôt que se déplacer, soit sur Bagnolet, soit sur Messarges, soit sur Grosbois, ils sont revenus se planquer à Bost et le 18, ils sont de nouveau attaqués par la police de Vichy (G.M.R. et milice).

Pendant cette première période, s’organisent le camp de base et l’organisation du maquis ainsi que la surveillance des routes R9 et de la 125.

Le 18 juin, sous la conduite d’AMEURLAIN, un groupe de maquisards attaque un convoi allemand sur la route de Châtillon à Souvigny, avec succès, aucune perte n’est à déplorer du côté français.

Témoignage de Lucien DEPRESLE, Lieutenant FTP

« Le 10 juillet, je quitte Saint Plaisir pour rentrer au maquis Danielle CASANOVA qui a établi son camp dans les bois de Renaudière, sur la commune de Meillard.

Lorsque je suis arrivé au camp, le 13 juillet 1944, il était commandé par Roger DAUPHIN, dit « Rigal », Chef de camp Henri VENIAT, dit « Jean », Commissaire aux effectifs, Charles LEGER, dit « La Pipe », Commissaire technique, et FRIEDLER, dit « Lamarque », Commissaire militaire.

« Le 14 juillet, je reste au camp assurer la garde avec une vingtaine de camarades pendant que les autres partent pour un périple à travers la région, Treban, Cressanges, Souvigny, Besson, Meillard, afin de montrer la présence des maquisards aux abords de Moulins. Le soir, ils regagnent notre camp. C’est là que nous étions cantonnés, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, lors de l’attaque de l’armée allemande stationnée à Saint-Pourçain-sur-Sioule.

« Devant la supériorité numérique de l’ennemi (hommes et matériel) nous devons nous disperser. Nous décrochons. Je suis avec un groupe d’au moins 40 camarades. Ceux-ci veulent remonter vers les Champs. Je leur dis « il ne faut pas aller par-là ». Avec ma connaissance du terrain, je les entraîne par les bois. Nous traversons la route Treban Saint-Pourçain-sur-Sioule, au-dessus du château d’eau, entre le Latais et Ménilchamp. Ce groupe va se cacher à 2 kilomètres, dans les bois de Peuron, à 400 mètres de la route Bresnay Saint-Pourçain-sur-Sioule, pendant la journée du 16.

« Dans la nuit du 16 au 17 juillet, nos camarades Georges et Louis AUREMBOUT, qui connaissent cette région, prennent la direction du groupe et nous partons par les champs et les petits chemins à Bost, sur la commune de Besson. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons beaucoup marché et nous avons le ventre vide. »

Pendant la journée du 16 juillet, les Allemands ont arrêté Emilien DENIS, Alexandre MORET, Albert BATISSE et Louis DETERNES. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire.

André TAUVERON et Louis BARDON seront envoyés en Allemagne, au titre du S.T.O.

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d’être parmi les 300 qui furent libérés lors de l’évacuation de la prison par les Allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchenwald.

André FERNAND, malade et alité chez Emilien DENIS à la Renaudière, est également arrêté et depuis, porté disparu.

« Le 18 juillet, vers une heure du matin, un fort convoi de camions passe, menant grand bruit, sur la route Besson Cressanges, ce n’est donc pas pour nous ! Vers 11 heures, les camions reviennent. Ce sont les G.M.R. et les miliciens. Ils nous encerclent : bataille, décrochage à nouveau, dispersion. Au cours du décrochage nous avons eu deux tués : Marc BONNOT et Roger BELIEN. Un maquisard, CUISSINAT, fut blessé au pied par une chevrotine. Il fut caché et soigné chez CHALMIN au village de Cressanges. Un autre, Roger MAGNIERE, fut blessé grièvement par des miliciens qui l’abandonnent dans un fossé pour qu’il crève (déclaration de Roger MAGNIERE après son rétablissement). Les G.M.R. le trouveront dans le fossé et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il sera soigné et amputé d’une jambe.

Retombées de la répression par les miliciens et les G.M.R.

le 18 juillet 1944, Robert RONDET, réfractaire au S.T.O., échappe à l’arrestation par la milice.

Suite à l’attaque du camp Danielle CASANOVA, les miliciens et G.M.R. prennent la relève des Allemands et vont attaquer le maquis CASANOVA réfugié à Bost, à Besson.

Le matin, les forces de police de PETAIN avaient encerclé et attaqué la ferme de Villars à Meillers. Dans cette ferme avait séjourné le maquis VILLECHENON.

Seuls, trois maquisards qui y étaient encore, ont pu s’échapper. Il s’agissait de GOMEZ, BETRET et VILLATTE.

Mais les miliciens et G.M.R. arrêtent Joseph LAFAY et son frère Jean, (cultivateurs à Villars), MARCUS Jean (mineur), ZUNINO Antonio (bûcheron) et RONDET René (cafetier). Ils sont conduits à Besson, mis face au mur de l’église. Ils furent rejoints par 6 ou 7 jeunes : Marcel VIRLOGEUX, Jean Marie AUCLAIR de Besson, Jean GALLAND, Henri DAUBINET et René AUBERT de Souvigny, François BALHA de Noyant.

Selon Jean VILLATTE, les G.M.R. ont laissé s’échapper le groupe de maquisards alors qu’ils auraient pu facilement les abattre dans leur fuite et en arrêtant leurs recherches à une vingtaine de mètres du fossé où ils s’étaient cachés.

D’après les propos de René RONDET, le soir même, le commandant du G.M.R. s’oppose fermement aux miliciens qui voulaient exécuter les prisonniers, debout devant le mur de l’église et évite ainsi un bain de sang.

Le soir, ils sont amenés, à Vichy, par les miliciens, pour interrogatoire, puis à Bellerive sur Allier, au château des Brosses, lieu d’internement placé sous l’autorité de la milice.

Témoignage de Lucien DEPRESLE (suite)

« Dans les derniers jours de juillet 1944, notre petit groupe séjournait aux Cailles de Chemilly, dans une maison abandonnée, couchant sur la paille. QUENISSET et VENIAT sont venus nous dire de partir car les BERTHON (Jules et son fils Albert) exploitants le domaine des Bruyères et les deux maquisards qui étaient chez eux avaient été arrêtés. Parmi ces maquisards se trouvait le responsable qui nous ravitaillait et qui tentait de réunir à nouveau les groupes, comme nous étions avant les attaques des Allemands, des G.M.R. et des miliciens.

« Le responsable n’a pas parlé car les groupes dont il s’occupait ne furent pas inquiétés. Les BERTHON et les deux maquisards furent massacrés, le 7 août, avec 7 autres hommes, dont plusieurs faisaient partie du camp CASANOVA, au champ de tir de Saint-Yorre.

« Nous revenons à notre point de départ, dans les bois des Champs, à Meillard, ce qui nous permet de trouver à manger, ce qui est important, pouvoir se nourrir.

« Vers le 15 août, nous sommes un groupe d’une dizaine de maquisards. Nous avons récupéré une voiture, à Soupaize. Nos chefs, SAPIN et BURLOT, ont réquisitionné un camion à la fabrique de bière « la Meuse » (à Moulins).

Après le 15 août, la direction du maquis est donnée à WATTEAU, dit « Lionel », comme chef de camp.

Le responsable militaire est : BERTHELOT Etienne, dit « Hérisson »,

Responsable technique : RAMOS Emmanuel, dit « Fabre »,

Commissaire aux effectifs : moi-même, dit « Balard ».

« Nous avons commencé de rouler sur les routes du coin, Souvigny, Coulandon, etc. Nous nous approchons de Moulins. Puis, un jour, nous avons raflé la garde allemande du pont de Moulins pour montrer notre présence aux abords de Moulins et récupérer les armes.

« Petit Pierre » sort le fusil, mitraille et dirige le feu sur la guérite. Deux des assaillants jettent leurs grenades mais elles rebondissent sur le rebord de la fenêtre et ils ont le temps de se cacher derrière le mur pour se protéger. Les 8 Allemands sortent, les mains en l’air. Faits prisonniers, nous les amenons à la carrière de Meillers. Le lendemain, nous les conduirons à Saint Hilaire où ils rejoindront d’autres prisonniers.

« L’opération nous a permis de récolter des armes et des munitions.

« Un autre jour, nous nous sommes engagés sur la passerelle qui est entre Bagneux et Villeneuve. Elle remplace le pont qui a sauté lors de la débâcle. Elle a la largeur du camion. Nous sommes une vingtaine de gars dans le camion, précédés par la voiture du commandant SAPIN, dans laquelle il a pris place avec trois maquisards. Sur la plage, des gens qui se baignent nous font de grands signes. Il ne faut pas aller plus loin car nous allons tomber dans la gueule du loup. En effet, un fort contingent de soldats allemands (estimé à 800) se trouve bloqué à la gare de Villeneuve. Arrivés à l’autre extrémité, nous faisons demi-tour. Revenus sur la 9, nous attaquons et réquisitionnons un car et un chargement de Gasoil et nous rentrons à Meillers, au château des Salles.

« Le 26 août, une colonne forte d’environ 2 000 soldats allemands, précédée et suivie par 300 miliciens accompagnés de leurs familles, se replie de Bourganeuf sur Montluçon. Elle est attaquée, à Estivareilles, par les maquisards et modifie son itinéraire. Les forces allemandes qu’elle doit rejoindre, à Montluçon, ont évacué la ville depuis plusieurs jours pour se replier sur Moulins. La colonne se dirige vers Huriel, Audes, Vallon, Le Brethon. Elle passe la nuit à la Croix Cornat, commune de Saint-Caprais. Elle atteint Ygrande vers 8 Heures 30. Elle y stationne, se restaure puis poursuit sa route vers Moulins en passant par Bourbon l’Archambault où elle fait deux victimes, COPET et MARCHAND puis Saint-Menoux.

« A l’entrée de la forêt de Bagnolet, sur la commune de Marigny, notre groupe allume la colonne (c’est-à-dire que nous tirons quelques coups de feu pour tenir les soldats en alerte). Les soldats ripostent et nous arrosent de balles. Ils ne manquent pas de munitions. Ils tirent depuis les camions qui continuent à rouler. Leur tir, un peu haut, permet à notre groupe de se replier. Notre groupe n’a pas eu de blessé ce jour-là.

« Des paysans, occupés à la batteuse dans la ferme proche, entendent tous ces coups de feu, s’avancent pour voir ce qui se passe. Ils sont capturés par les miliciens qui forment l’arrière-garde de la colonne allemande. Les miliciens les torturent et les fusillent à l’endroit où s’élève, aujourd’hui, le monument qui rappelle ce douloureux événement. Nous revenons à Meillers et continuons de sillonner les routes de la région. »

Je termine mon engagement dans le camp Danielle CASANOVA comme lieutenant C.E. (commissaire aux effectifs). L’effectif est de 80 maquisards. Revenu dans l’armée régulière, j’obtiens le grade de sergent-chef. Je suis affecté au centre de perfectionnement de Châtel-Guyon que je quitte à la suite de graves ennuis de santé. Après une convalescence de six semaines, je rejoins la caserne de Montluçon, en mai 1945. Je pars avec mon bataillon en Alsace où je suis affecté à la garde des prisonniers.

Démobilisé début décembre 1945, je reviens à Meillard.

Témoignage de Robert JOYON, Aspirant F.T.P.

« En janvier-février 1944, nous avons reçu la consigne de la Résistance de créer des comités d’aide aux réfractaires au S.T.O. Il nous fallait trouver un certain nombre de personnes, si possible assez influentes dans chaque secteur, pour solliciter des fermiers afin de cacher et héberger des réfractaires pour les empêcher de partir en Allemagne et éventuellement les faire passer au maquis.

« A Besson, nous savions que le curé, Léon VIRLAT, était anti-pétainiste et qu’il cachait chez lui son neveu, réfractaire au S.T.O.

« C’est tout naturellement que nous sommes allés le contacter. Nous sommes très bien accueillis. Il nous répond qu’il était de tout cœur avec nous mais qu’il lui était difficile, dans sa situation, de travailler avec nous. Par contre, il nous conseilla de contacter le prince Xavier DE BOURBON-PARME en lui disant que nous venions de sa part.

« Ce dernier accepta sans difficulté et participa activement à ce comité d’aide aux réfractaires.

« Plus tard, en juin-juillet 1944, Jean AMEURLAIN, qui recherchait des emplacements pour les maquis et après étude du site, alla informer le prince qu’il avait l’intention d’installer, pour quelques jours, le maquis Danielle CASANOVA dans son immense parc et les bois qui l’entourent et lui demander d’observer une bienveillante neutralité.

« Jean AMEURLAIN, ignorant tout de son activité antérieure, fut surpris par la rapidité de son accord et de l’aide qu’il apporta au camp Danielle CASANOVA : fourniture de couvertures, mise à la disposition de la bibliothèque du château pour servir d’infirmerie, etc.

Les maquisards arrêtés le 18 qui étaient internés au château des Brosses à Bellerive furent libérés suite à l’intervention du comte. Celui-ci se rendit en vélo (n’ayant plus d’essence pour sa voiture), à Vichy auprès de PETAIN, où il fit passer ces jeunes maquisards pour les enfants de ses métayers. Leur libération intervient le 27 juillet en même temps que celle des frères LAFAY. »

Les prisonniers de Meillers ne furent libérés qu’après un mois de détention, vers le 17 août.

Suite à ces douloureux événements, le Prince De BOURBON PARME, de nationalité italienne, né à Casamore en Italie en 1889, est arrêté ainsi que Monseigneur PIGUET, évêque de Clermont-Ferrand. Ils sont internés à la prison du 92ème RI. Ils quittent Clermont le 20 août 1944, avec les 239 détenus de la prison, pour le camp du Struthof. Tandis que les autres détenus sont entassés dans les wagons de marchandises, ils font le voyage dans un wagon de voyageurs de 3ème classe gardé. Ils arrivent au camp le 30 août. A partir du 4 septembre, le camp du Struthof est évacué vers celui de Dachau. Les deux otages resteront à Dachau jusqu’à la libération du camp par les Américains, le 29 avril 1945.

Stèle de La Vivère – Besson

26 décembre 2019
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La stèle de La Vivère, à Besson, a été érigée à la mémoire de Roger BELLIEN, combattant du maquis Danièle Casanova qui est tombé sous les balles des miliciens et des GMR le 18 juillet 1944 dans l’attaque qui fut également fatale à son camarade Marc Bonnot. Cette action de répression de la Résistance fit également un blessé grave et sept combattants furent faits prisonniers. Dans les jours qui suivirent il y a eu six arrestations, quatre victimes figurent parmi les fusillés de Saint-Yorre, seul un, André Bonnet, est revenu de déportation. (cf. Et les bourbonnais se levèrent – André SEREZAT – 1985)

Camp Casanova : la nouvelle donne

Après les avancées de la Campagne d’Italie, avec le débarquement allié en Normandie bientôt conforté par celui de Provence, l’activité de la Résistance se démultiplie et sort de l’ombre face à un ennemi contraint au repli et d’autant plus féroce dans ses représailles…

Marc BONNOT, ouvrier coiffeur à Souvigny avait à peine 20 ans quand il a rejoint le maquis Danièle CASANOVA le 6 juin 1944 en forêt de Moladier avec d’autres garçons de Souvigny, André QUENISSET, Henri DAUBINET, Roger DAUPHIN, et René AUBER.

Une activité de guérilla.
C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenu et ravitaillé par les paysans des fermes des environs. L’embuscade du Rocher Noir à Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’embuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel avait neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération.

Le périple du 14 juillet
Le 14 juillet, Lucien Depresle reste au camp à la ferme de Renaudière avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant que les autres sont partis sous les ordres de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.

Une mission écourtée…
Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir…  » Sapin  » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.

Une première attaque
Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué, à la tombée de la nuit. Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives. Georges AUREMBOUT fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp.

Une évacuation risquée, une errance de cache en cache.
Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
Le répit sera de courte durée !

Des représailles
Le 16 juillet, neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO, deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).

La traque se poursuit
La nuit suivante, au petit matin du 18, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route où passe le convoi des GMR et de la milice qui se dirige vers Noyant pour y attaquer le groupe Villechenon qui est cantonnés à la ferme de Villars depuis plusieurs semaines.
Pas plus que ses camarades à ce moment-là, Lucien Depresle ne pouvait penser que les mêmes assaillants allaient revenir pour les attaquer à la mi-journée.
Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…Un repli mortel
A moins d’un contre dix, le déséquilibre des forces était tel, qu’il imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri.
Le groupe se sépare ; AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture.

Premières victimes
Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.
A l’est des bois, en direction de Besson, Roger BELLIEN, caché derrière un buissons d’épines aperçois un groupe de miliciens et de GMR à quelques dizaines de mètres sur le chemin près de la ferme. Sa mitraillette s’enraye, et c’est suffisant pour qu’il soit repéré. Il a été abattu là à l’orée du bois en contrebas de la ferme de la Vivère.

L’abri en terre d’accueil
Le groupe de Lucien Depresle était parti vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; mais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abattant sur le champ d’avoine, les moissonneurs s’en vont et, vers 17 heures, les forces de Vichy repartent. Les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…

Le bénéfice de la connaissance du terrain !
Au risque de s’aventurer à travers champs ou dans les bois, les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé la plupart des résistants dans leur repli ; leurs mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres !
Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans la paille.

Stèle du Parc – Cressanges

26 décembre 2019
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Le périple du 14 juillet n’était pas passé inaperçu des allemands et de la police de Pétain. Après un accrochage le 15 juillet qui fit deux morts côté allemand, l’étau se resserre sur les maquisards. Avec l’attaque du 16 juillet ils doivent se replier par les bois en regagnant le château de Bost. Neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO et deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).Deux jours plus tard, le 18 juillet la Milice et les GMR encerclent les maquisards repliés dans les bois de Besson. Les maquisards échappent à l’encerclement en décrochant en petits groupes ; deux morts sont à déplorer, Roger BELLIEN à la Vivère (Besson) et Marc BONNOT au Parc (Cressanges). Roger MAGNIERES gravement blessé par les miliciens sera conduit pour être amputé à l‘hôpital de Moulins par des GMR.Après quelques jours d’errance les combattants de Casanova se reforment à Meillers pour poursuivre l’action jusqu’à la libération de Moulins à laquelle ils participent activement.

Marc BONNOT, ouvrier coiffeur à Souvigny où il est né avait à peine 20 ans quand il a rejoint le maquis Danièle CASANOVA le 6 juin 1944 en forêt de Moladier. C’était un grand mérite que de s’engager de la sorte pour un jeune qui, né en 1924, ne risquait guère d’être inquiété par le STO, sauf à manifester ouvertement son opposition au régime de Pétain.

Marc BONNOT a répondu à l’appel des dirigeants FTP avec d’autres garçons de Souvigny ; André QUENISSET, Henri DAUBINET, Roger DAUPHIN, et René AUBER parmi d’autres étaient à l’installation du Camp Danièle CASANOVA.

Après s’être déplacé dans les bois qui entourent le château du Prince Xavier de Bourbon-Parme, à Botz sur la commune de Besson (un soutien sincère de la Résistance), le maquis déménagera quelques kilomètres plus au sud dans la vallée du Douzenan au lieu-dit Renaudière sur la commune de Meillard.

C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenus et ravitaillé par les paysans des environs. L’embuscade de Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’emuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération. Le périple du 14 juillet avait soulevé l’enthousiasme dans le contact population-maquisards.

Mais l’ennemi et la police de Pétain vont passer à l’attaque après l’escarmouche du carrefour de Lafeline où un soldat allemand avait été abattu.

Cerné par l’armée allemande, les troupes du maquis doivent se replier à travers la campagne en direction du château de Botz. Et c’est là que l’encerclement par des GMR et des miliciens qui reviennent de l’attaque de la ferme de Villars à Noyant le matin même va être fatal à deux combattants du maquis. Le repli se fait par petits groupes. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri. Le groupe se sépare. AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture. Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.

A l’opposé, en direction de Besson Roger BELLIEN était abattu près de la ferme de la Vivère.

Notes à partir de la prise de parole à l’inauguration de la plaque « Marc BONNOT » à Souvigny


Camp Casanova : la nouvelle donne

Après les avancées de la Campagne d’Italie, avec le débarquement allié en Normandie bientôt conforté par celui de Provence, l’activité de la Résistance se démultiplie et sort de l’ombre face à un ennemi contraint au repli et d’autant plus féroce dans ses représailles…

Une activité de guérilla.
C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenu et ravitaillé par les paysans des fermes des environs. L’embuscade du Rocher Noir à Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’embuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel avait neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération.

Le périple du 14 juillet
Le 14 juillet, Lucien Depresle reste au camp à la ferme de Renaudière avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant que les autres sont partis sous les ordres de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.

Une mission écourtée…
Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir…  » Sapin  » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.

Une première attaque
Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué, à la tombée de la nuit. Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives. Georges AUREMBOUT fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp.

Une évacuation risquée, une errance de cache en cache.
Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
Le répit sera de courte durée !

Des représailles
Le 16 juillet, neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO, deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).

La traque se poursuit
La nuit suivante, au petit matin du 18, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route où passe le convoi des GMR et de la milice qui se dirige vers Noyant pour y attaquer le groupe Villechenon qui est cantonnés à la ferme de Villars depuis plusieurs semaines.
Pas plus que ses camarades à ce moment-là, Lucien Depresle ne pouvait penser que les mêmes assaillants allaient revenir pour les attaquer à la mi-journée.
Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…Un repli mortel
A moins d’un contre dix, le déséquilibre des forces était tel, qu’il imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri.
Le groupe se sépare ; AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture.

Premières victimes
Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.
A l’est des bois, en direction de Besson, Roger BELLIEN, caché derrière un buissons d’épines aperçois un groupe de miliciens et de GMR à quelques dizaines de mètres sur le chemin près de la ferme. Sa mitraillette s’enraye, et c’est suffisant pour qu’il soit repéré. Il a été abattu là à l’orée du bois en contrebas de la ferme de la Vivère.

L’abri en terre d’accueil
Le groupe de Lucien Depresle était parti vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; mais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abattant sur le champ d’avoine, les moissonneurs s’en vont et, vers 17 heures, les forces de Vichy repartent. Les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…

Le bénéfice de la connaissance du terrain !
Au risque de s’aventurer à travers champs ou dans les bois, les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé la plupart des résistants dans leur repli ; leurs mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres !
Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans la paille.

Lucien DEPRESLE

20 décembre 2019
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Lucien DEPRESLE obtient le Certificat d’Etudes primaires en 1936. Il était sorti de l’école 50 jours avant ses treize ans, pour aider à la ferme où son père était malade.
Il travaillera dès sa sortie de l’école à la ferme familiale et dans quelques autres, d’abord en tant que salarié puis comme exploitant.
Parallèlement à son activité professionnelle, Lucien s’est beaucoup consacré aux activités associatives ; membre actif de l’ANACR et de la FNDIRP depuis l’origine dans l’immédiat après-guerre, il a ensuite été responsable local et départemental de l’ANACR (1970) et de la FNDIRP (1996), à l’AFMD depuis 2014. Il a aussi été membre titulaire du tribunal des Pensions Militaires de l’Allier de 2009 à 2011.
Militant politique, Lucien DEPRESLE a été élu municipal à Meillard conseiller municipal et maire adjoint de 1953 à 1963, puis maire de 1963 à 1989.
II participe chaque année, dans le cadre de parcours de mémoire, la visite commentée sur le site du maquis Hoche pour les collégiens du département ; et a souvent témoigné dans le cadre du concours national de la Résistance et de la déportation.
Lucien Depresle, jeune d’à peine 17 ans à la déclaration de la guerre, n’en est pas moins engagé dans une famille et un milieu qui ne supportent pas la capitulation et la collaboration pétainiste. La défense de la République et de ses valeurs, de la liberté et de l’indépendance de la France sont les moteurs de son engagement. Modestement, il dit souvent qu’il n’a rien fait d’autre que son devoir. Son rôle a cependant été important dans l’installation du premier maquis de l’Allier, le Camp Hoche, pour déterminer le lieu d’implantation et participer activement à son soutien logistique. Lucien Depresle a eu plus tard un rôle déterminant pour sauver l’ensemble des combattants du maquis Danièle Casanova qu’il avait rejoint le 10 juillet 1944 lorsqu’il permit à la quasi-totalité de ses camarades résistants d’échapper à l’encerclement dans l’attaque du 15 juillet à Renaudière ; sa parfaite connaissance des lieux lui avait permis de conduire l’évacuation avec succès. 

Cinq années d’une vie tourmentée

  1. De l’engagement à l’action
    Militant à I’UJARF (Union des Jeunesses Agricoles Républicaines de France) dès 1938, Lucien Depresle a adhéré au Parti Communiste clandestin en novembre 1941. Auprès d’Armand Berthomier (voisin au village des Champs) il participe au travail de réception et de diffusion de tracts et de journaux clandestins sur les communes de Meillard et Treban.
    Après l’arrestation d’Armand Berthomier en janvier 1942, Lucien et ses camarades sont sollicités par Roger Fort de Lafeline pour le cercle de la Jeunesse et par Francis Miton de Bresnay pour le PCF clandestin.
    Il poursuit avec eux le travail de propagande avec la distribution des tracts et des journaux. Lucien Depresle travaille aussi à la récupération des armes. Auprès de Tonio, un clandestin portugais qui travaillait avec Lucien à la ferme de Malfosse chez Jean-Louis Bidet et Francis Cognet, quelques paquets de tabac serviront de monnaie d’échange pour un premier révolver. Plus tard, en 1943, sachant que des armes récupérées par Fernand Thévenet à la débâcle avaient été transportées depuis chez Emilienne Bidet à Treban dans un chêne têtard dans un pré de Chapillière, Lucien Depresle les récupéra. Il y avait là, glissés dans la grosse branche creuse de l’arbre, sept fusils Lebel et un fusil mitrailleur modèle 24 modifié 1930. Lucien a confié les fusils Lebel aux combattants du Camp Hoche. Le fusil mitrailleur qu’ils trouvaient trop encombrant est tenu caché de mai 43 à avril 44 dans le tas de betteraves à la cave des Champs. Le tas diminuant au fil des jours, Lucien dut choisir une autre cachette ; il l’enterra dans une caisse en bas du champ près de la maison à 200 mètres du hameau. Edmond Petit qui connaissait la cache l’a ensuite fait parvenir au maquis de Saint-Eloi. Toutes les armes cachées n’avaient pas été reprises et utilisées, certaines ont été retrouvées plus de 20 ans après lors du remembrement avec l’abattage de vieux chênes têtards qui servaient de cache et qui ont alors délivré le secret de leur trésor de guerre !
  2. Un guide pour l’installation du Camp HOCHE
    À la suite nombreux contacts d’Edmond Civade avec Tilou Bavay, c’est le secteur de Meillard qui sera choisi pour l’implantation du camp qui devait accueillir les clandestins du groupe armé de Montluçon ville grossi des jeunes empêchés de partir dans le train de la réquisition du 6 janvier 1943. Pour donner suite à la sollicitation d’Edmond Civade, Lucien Depresle fait partager l’idée d’accueillir le maquis à son père Francis. Le 19 mai 1943, Georges Gavelle leur est présenté par Tilou Bavay. Georges Gavelle resta coucher à la ferme des Depresle dans une chambre de fortune aménagée au grenier pour les « passagers ».
    Tilou Bavay était un habitué du village des Champs depuis plusieurs mois ; il y venait rencontrer Edmond Petit qui travaillait chez les Berthomier à la ferme d’en-bas.
    Au petit matin du 20 mai Lucien Depresle a réveillé Georges Gavelle à 4 heures pour descendre dans les bois des Champs au fond de la vallée du Douzenan. Le lieu était sûr du côté nord, protégé par le village des Champs sur le plateau. Sans être aussi sures, côté sud, les fermes étaient tenues par des paysans qui ont su « tenir leur langue », même quand quelques signes laissaient supposer une présence au fond de la vallée.
    Cest ainsi que s’est décidé l’implantation du Camp Hoche (répertorié par le Général de la Barre de Nanteuil dans son Historique des Unités combattantes de la Résistance de l’Allier sous le nom de « maquis de Saint-Pourçain »).
    Georges Gavelle est resté chez les Depresle une bonne semaine pour vaquer à ses occupations de recrutement, en allant récupérer Joseph Huguet (dit Le Feu) à Bresnay par exemple.
    Lucien Depresle s’occupe alors du ravitaillement des maquisards, il va au Theil chez Gaston Faulconnier, à Lafeline chez Roger Fort ou encore à Besson chez Robert Joyon. Ce dernier fin juillet 43 avait eu un rendez-vous vers la Croix d’or… quand il y arriva au petit matin, la meule de céréales attendant la batteuse brûlait encore, des résistants, vraisemblablement un groupe de Bresnay, avaient ainsi puni des collaborateurs notoires.
    De ses tournées, Lucien Depresle ramenait des légumes, quelquefois de la viande quand la tuerie du cochon en offrait l’opportunité. D’autres fois Lucien allait jusque chez Pelletier, à la coopérative à Saint Pourçain ; et là, avec pour mot de passe un point d’interrogation écrit dans la main, il rapportait un kilo 500 de viande ! C’étaient les mauvais jours, quand Lucien y allait le lundi alors que l’approvisionnement ne se faisait que le mardi ! Plus tard les maquisards se débrouilleront seuls avec les abattages clandestins dans les fermes des environs et dont ils avaient connaissance. Les familles des Champs, Berthomier et Neuville participaient à l’approvisionnement du camp en volailles.
    A l’approche de l’automne, quand le maquis a déménagé à Veauce, Gavelle et Huguet revenaient régulièrement aux Champs au ravitaillement… au point de se faire repérer par la grand-mère qui avait remarqué les visites d’un « grand élégant » et d’un « petit La quatrième famille du village, elle, n’était au courant de rien.
  3. Du légal en soutien logistique à la clandestinité.
    Lucien Depresle est chargé de récupérer Jean Burles, responsable national du PC clandestin après son évasion de la prison du PUY ; il le prend en charge au domaine des Planches à Lafeline chez les Tabutin. Lucien le ramène aux Champs où il est logé chez Alphonsine Neuville.
    C’est son frère Jean qui va convoyer Jean Burles jusqu’au Pont de Chazeuil en vélo une semaine plus tard pour le confier au responsable départemental du PC clandestin André Puyet avant de revenir à Meillard avec les deux vélos.
    Lucien Depresle refuse de rejoindre les Chantiers de jeunesse dans le Lot et Garonne à Marmande où il est convoqué. Désormais trop exposé Lucien doit se protéger dans la clandestinité. II part se cacher chez Francis Cognet aux Cantes à Cressanges début novembre 1943.
    Lucien participe toujours au recrutement des FTP tout en travaillant à la ferme, clandestin sans carte d’alimentation… Certains contacts ne se concrétisent pas, Donjon à Monétay était déjà engagé, un autre hésitait.
    Après le 21 mars 1944 (arrestation de sa mère et de sa sœur) Lucien revient aux Champs puis repart chez Pinet-Morgand au Petit Bout. II restera ensuite 26 jours chez Auberger aux Bé rauds à Tronget.
    Le père Claude Desforges de Saint Plaisir lui offre alors l’hospitalité (il était lié d’amitié avec la famille Depresle par Gilbert Bidet -arrêté en 41, déporté à Buchenwald-, avec lequel il avait partagé un temps de la guerre de 14. C’est là-bas qu’un autre clandestin, dit l’Aigle, un montluçonnais venu se mettre au vert lui racontai comment il avait abattu le Chef de gare de Montluçon en l’attirant avec une femme…
    Cest là aussi qu’il continue à prendre des contacts, avant de rentrer au maquis Danièle Casa nova le 10 juillet. Il y retrouve les soixante-dix combattants installés à Renaudière et d’où ils partent en opération dans tous les environs.
    Quelques jours plus tard, tout nouvel arrivant, il reste au camp avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant le fameux périple du 14 Juillet. Les autres sont partis sous le commandement de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.
    Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir… « Sapin » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.
    Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp sera attaqué, à la tombée de la nuit.
    Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives.
  4. Une évacuation à haut risque et une errance de cache en cache.
    Les balles passaient au-dessus de la maison de Renaudière… Georges Aurembout fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp. Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
    La nuit suivante, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route Bresnay-Cressanges sur laquelle est passé le convoi des GMR et de la milice qui allaient à Noyant (ferme de Villars) pour y déloger au matin les maquisards du groupe Villechenon.
    A ce moment-là Lucien Depresle ne pensait pas plus que ses camarades que les mêmes allaient revenir et les attaquer à la mi-journée. Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…
    Le déséquilibre des forces imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
    C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient.
    Le groupe de Lucien Depresle part vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; nais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage stabat sur le champ d’avoine, vers 17 heures les ordres des forces de Vichy s’en vont, les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…
    Les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé les résistants dont les mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres. Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans une maison abandonnée sur la paille à même le carrelage après cinq nuits sans sommeil.

Dès cette nuit les allemands avaient pris le relai de la police de Vichy pour surveiller tous les environs. Pour leur échapper et partir de là, les Résistants se séparent en groupes de deux. Avec un parisien originaire du Havre, Lucien part en direction de Châtillon puis au Petit Bout, un lieu sûr pour dormir à l’abri dans la grange pendant deux jours. Cette halte a permis après un contact de voir arriver le père Francis Depresle qui ramena son fils et une demi-douzaine d’autres maquisards aux Champs, pour les cacher dans les bois pendant une dizaine de jours.
Le 25 juillet un petit groupe part dans une maison aux Cailles de Besson (Lucien et Georges Aurembout, Jean-Baptiste Frière, Paul Létrillard, le parisien né au Havre, avec Lucien Depresle et Louis Allègre).
Deux jours plus tard le responsable du ravitaillement, Dory (qui sera fusillé à Saint-Yorre), est arrêté avec Jules et Albert Berthon. Quenisset et Véniat informent les fuyards qui reviennent jusqu’aux Champs. Ils n’en repartiront que le 14 août pour le Roc à Treban près de la ferme des Avignon où ils passeront le 15 août.
Avec Louis Allègre et Lucien Aurembout, Lucien Depresle va réquisitionner une voiture à Soupaize. Ils vont la cacher avant d’avoir à s’en servir quand ils devront rejoindre la région de Moulins.
Après un rendez-vous au Pigeonnier où Burlaud, et Sapin qui l’accompagnait en voiture, leur ont livré un camion, ils ont rejoint Coulandon le lendemain.
Avec ses camarades Lucien constituait une équipe volante, sans lieu d’attache fixe. Ils participent à une petite vingtaine à la rafle de la garde du pont Régemortes (huit soldats allemands pris avec leurs armes). Opération réussie les maquisards reviennent à la carrière de Meillers, cantonnés sous les baraques de chantier de la carrière. Ils se dispersent ensuite dans les fermes des environs vers la forêt et l’étang. Ils y restent, en occupant le château des Salles, du 25 août jusqu’au 6 septembre pour participer à la libération de Moulins.
Entrant dans Moulins après le départ des allemands, ils se cantonnent au Quartier Villars le premier soir où le commandant Brigand assure la défense de La Madeleine…
Le cantonnement se déplace ensuite à l’Ecole Normale au nord-est de la ville. C’est là que deux hommes d’un autre maquis sont venus chercher les 70 combattants en renfort pour encercler les Allemands à Saint Pierre le Moutier. Lucien avait dû rester au cantonnement.
L’Etat-Major des FFI-FTP regroupés avait ensuite commandé la récupération des armes des GMR cantonnés dans un château en Sologne Bourbonnaise ; Lucien Depresle participe à l’opération sous les ordres du commandant Brigand.

Le retour à l’action

De l’action clandestine à l’engagement dans l’armée de la Libération.
La plupart des maquisards ont signé leur engagement pour la durée de la guerre ; l’Etat-major FFI FTP avait installé des formations pour les officiers et les sous-officiers à Châtel Guyon. En novembre 1944 Lucien Depresle y participe parmi les sous-officiers. Après deux mois de maladie suivis de deux mois de convalescence, Lucien rentre à la caserne à Montluçon en Juin 45 sans tirer aucun bénéfice de sa formation. Il fera fonction de sous-officier sans en avoir officiellement le grade. Le 5 août 1945 le groupement de Montluçon quitte son casernement. Envoyés par groupes de 200 jusqu’à Colmar les soldats sont distribués dans les compagnies de garde de prisonniers. Lucien Depresle arrive ainsi à Saint-Louis près de Bâle, dans une ancienne usine de pièces d’aviation où 3000 allemands sont gardés prisonniers. Avec trois officiers et une vingtaine d’autres soldats Lucien sera leur gardien. Le rythme de 24 heures de garde pour 24 heures de repos s’impose faute d’effectifs suffisants.
C’est là que Lucien Depresle, faisant fonction de sergent-chef sans avoir vu son grade reconnu, sera démobilisé fin novembre 1945.

Mémorial des Grises – Prémilhat

15 août 2023
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Article rédigé par Suzel Crouzet(Musée Résistance, Montluçon)

les 42 otages fusillés du 14 août 1944

Photos Musée de la Résistance à Montluçon

Après le débarquement allié du 6 juin 1944, les Allemands sont obligés d’acheminer des troupes en Normandie. Il leur faut donc garder le contrôle des grands axes de circulation, et cela en dépit des opérations de guérilla des maquisards. En août, leur situation devient plus difficile encore et, avec l’aide des miliciens et autres collaborationnistes, ils multiplient les exécutions sommaires et les massacres. Le Bourbonnais n’est pas épargné. Les tensions s’accroissent entre l’occupant et la population montluçonnaise exaspérée par les représailles et les exactions.
Le 12 août, un convoi allemand de ravitaillement d’essence, escorté par des éléments de la 13ème compagnie du 192ème régiment de Sécurité(1), est attaqué à l’est de Montluçon par le corps franc Bonnet-Large des MUR ; il subit de lourdes pertes. Les Allemands décident de se venger. La déposition du caporal allemand Peter Borg ne laisse aucun doute sur le sujet : « Pendant l’escarmouche nous avons eu quinze morts et deux disparus […] Alois Schleicher, à l’époque sergent, chargé des Services de notre compagnie, avait demandé à la Gestapo qu’on lui remette les 40 civils français pour les faire fusiller en représailles de l’attaque du convoi ». Le témoignage de Madame Binet, emprisonnée en août 1944 à la caserne Richemont de Montluçon, confirme les chiffres énoncés par Borg. Elle affirme avoir vu entre quinze et dix-huit cercueils à l’intérieur de la caserne ; parmi les morts, un officier, ce qui expliquerait le désir de vengeance des Allemands qui obtiennent du chef de la Gestapo, en fait de la Sipo-SD(2) de Montluçon, l’autorisation de fusiller des otages.

Le 14 août 1944, vers 5 heures et quart du matin, ce ne sont pas quarante mais quarante-deux hommes, qui doivent quitter, à bord d’un camion découvert, la caserne Richemont. Une voiture légère ouvre le convoi que ferment  deux  camions chargés de soldats allemands. Une panne survient. Le convoi s’arrête devant le café Joseph, à quelques pas de l’étang de Sault. Madame Joseph, alertée par le bruit des véhicules, fait mine de balayer afin de pouvoir échanger avec les prisonniers ; ils lui disent qu’ils vont construire le mur de l’Atlantique et ne semblent pas trop inquiets. Louis Binet, un des otages, confie, cependant, à un cycliste qu’il ne connaît pas leur destination. La panne réparée, les véhicules repartent. A trois kilomètres du village de Quinssaines, le convoi tourne à gauche en direction de la carrière des Grises, un lieu isolé de la commune de Prémilhat. Les Allemands connaissent bien l’endroit : ils viennent s’entraîner à proximité, sur le terrain du Méry. La Sipo-SD a même déjà utilisé la carrière pour cacher un de ses crimes ; deux mois avant, elle y a enfoui le corps de Paul Weill (3), un réfugié alsacien de confession juive. Dès le 12 août, la décision est prise par les autorités allemandes de faire payer à la population les pertes qu’ils ont subies et d’utiliser la carrière à plus grande échelle. Une fosse de sept mètres de long sur deux mètres cinquante de large et d’une profondeur de quatre-vingts centimètre est creusée à la grenade ;  les explosions sont entendues jusqu’à Montluçon. Tout est prêt au matin du 14 août. Les Allemands peuvent commencer leur sinistre besogne. Ils mènent les otages au bord de la fosse en cinq groupes successifs pour les fusiller. Un voisin de la carrière, Henri Picandet, entend les premiers cris vers 6 h 20. A sept heures, tout est fini.

Le voisin prévient les autorités. Le sous-préfet, Georges Féa, se renseigne auprès de l’État-major allemand et du chef de la Sipo-SD. Il obtient l’autorisation d’exhumer les corps, ce qui est fait le jour même grâce aux volontaires qui se présentent. Le lendemain, les victimes sont identifiées, avant d’être enterrées au cimetière de Prémilhat dans une fosse commune. L’identification est difficile. Beaucoup de fusillés portent, en effet, des traces de torture, comme Jean Mathé, capturé début août et membre important de la résistance montluçonnaise. Si certains fusillés ont été pris le 7 août lors d’une opération de ratissage dans le Puy-de-Dôme(4) ou transférés de la Creuse(5) , la plupart d’entre eux viennent de l’Allier, qu’ils soient Bourbonnais de fraîche date, ou natifs de la région de Montluçon(6).

André Durand et Jean Mazaud, nés respectivement en 1920 et 1921, à Boussac et Saint-Setiers, sont des cas un peu à part ; les circonstances de leur arrestation sont inconnues.
Beaucoup des otages étaient engagés dans la Résistance de façon très active. Jean Mathé, membre important de la résistance montluçonnaise, a été arrêté alors qu’il revenait d’une opération qui s’était déroulée à Saint-Sauvier. Roger Besson, instituteur à l’école Balzac de Montluçon, appartenait aux MUR. Claude Gabay avait participé à plusieurs actions de résistance dans la région parisienne avant d’être capturé alors qu’il cherchait à rejoindre le maquis. Jean Lafontaine et Roger Tantôt appartenaient au camp FTPF Jean-Drouillat. Antonio Sericola au camp 14 juillet ; Raymond Degasne et Jean Kubiak au Camp Jean Chauvet. Les cheminots ont joué un rôle important dans la résistance bourbonnaise et plusieurs d’entre eux comptent au nombre des victimes, Auguste Château, René Damour, Auguste Saviot, Georges Servant. Si certains otages ont été capturés par les Allemands, lors de diverses opérations de représailles, certains ont été dénoncés. Il n’est pas exclu que les problèmes de ravitaillement aient provoqué une certaine forme de jalousie à l’égard de certains commerçants montluçonnais. Le père, le fils et le gendre de la famille Binet Micheau travaillaient pour la confiserie familiale du Bélier, située 4 rue boulevard Carnot à Montluçon. Jean Mathé gérait la Ruche montluçonnaise, une coopérative de consommation, qui tenait plusieurs magasins, à Montluçon et Domérat. Albert Chirol tenait le Café National, situé rue de la République à Montluçon.

Si les victimes de la carrière des Grises n’ont pas été condamnées à mort par un tribunal, elles ne peuvent, cependant, pas être considérées comme des « massacrés ». Leur mort est le résultat d’une politique pensée : emprisonnées plusieurs jours avant d’être exécutées, elles ont été transportées en camion jusqu’à la carrière où elles ont été fusillées de façon collective. Elles appartiennent donc à la catégorie spécifique de ceux qu’on appelle les otages fusillés en 1944.
Après l’exécution des otages, les Allemands ne peuvent plus se rendre, ils doivent tenir coûte que coûte leurs positions face aux FFI, ce qui explique, non seulement la durée des combats lors de la libération de la ville du 20 au 25 août 1944, mais aussi leur violence, en particulier autour de la caserne Richemont où les occupants sont retranchés.
Une cérémonie à la mémoire des quarante-deux otages fusillés est organisée dès le 17 septembre 1944 à l’Hôtel de Ville. Une stèle est dressée sur le lieu des exécutions. Elle porte les noms de trente-neuf fusillés du 14 août 1944 et celui de Paul Weill assassiné deux mois auparavant. Il manque donc trois noms. Celui de Julien Gallois, qui n’avait pas été formellement identifié en 1944, n’a été ajouté qu’en 2019. René De Poorter n’a été reconnu comme l’une des quarante-deux victimes qu’en 1950 et son nom manque toujours. Un des fusillés est toujours inconnu actuellement.

Une rue de Montluçon, située près du lycée Paul Constans, porte le nom du 14 août 1944 (précédemment appelée rue des 42 fusillés).

La rue Damour-Saviot porte le nom de deux des victimes.

Elle se trouve non loin de la rue Binet Micheau dans le faubourg St Pierre.

L’avenue des Martyrs qui sépare Prémilhat de Domérat mène à la carrière des Grises.

Domérat garde le souvenir de Jean Mathé. Une rue porte son nom et une stèle y a été érigée en son honneur.

Stèle Jean Mathé à Domérat

(photographies Musée de la Résistance à Montluçon, 2022)

La découverte des corps
(Archives du Musée de la Résistance à Montluçon)


Notes :

[1] Les Sicherungstruppen étaient rattachées à la Wehrmacht ; elles étaient chargées du maintien de l’ordre, de la protection des lignes de communication et de la garde d’ouvrages dans les territoires occupés.

[2] Sicherheistpolizei-Sicherheitsdienst (Sipo-SD) : Réunion de la Sipo, organisme d’État regroupant la Gestapo et la police criminelle, et du SD, service de renseignement de la SS. Lors des opérations menées contre les résistants, chaque compagnie de la Wehrmacht était accompagnée par un agent de la Sipo-SD à qui incombait la responsabilité des exécutions et des actions de représailles. Après le débarquement de Normandie, c’est au commandement militaire de prendre la décision d’incendier les bâtiments et d’exécuter les résistants capturés les armes à la main, tandis que la Sipo-SD prenait en charge les civils suspects et les prisonniers.

[3] Paul Weill est né en 1884 à Sainte-Marie-aux-Mines. Arrêté rue Barathon en mai 1944 par la Sipo-SD et torturé, il est finalement étranglé par ses bourreaux mi-juin. Son corps est découvert aux Grises le 29 juin 1944 par un habitant du hameau voisin.

[4] Charles Joseph (né en 1922, à Moulins, Allier) ; Chartrier (ou Schartrier) Georges (1925, Cusset, Allier) ; Degasne Raymond (1920,  Vire) ; Kubiak Jean (1909, Allemagne) ; Meunier Eugène (1900, Saint-Eloy-les Mines, Puy-de-Dôme) .

[5] Auchatraire Charles (né en 1910,  La Chapelle-Baloue, Creuse) ; Boussardon Emile Auguste (1911, La ChapelleBaloue) ; De Poorter René (1918, Dreux, Eure-et-Loir) ; Ducouret André (1895, Saint-Sébastien, Creuse) ; Gallois Julien (1920, Valenciennes, Nord) ; Gaulons Roland (ou Jean) (1925, Saint-Dizier, Haute-Marne) : Giraud Albert (1882, Lavaveix-les-Mines, Creuse) ; Harand Roland (1919, Caen, Calvados) ; Lachassagne Charles (1925, Fresselines, Creuse) ; Monteil Aimé (1899, Chénérailles, Creuse) ; Riquier Roger (1925, Aubusson, Creuse) ; Romanoeuff (ou Romanoff) Pierre (1922, Paris, XIIIarr.) ; Sauvat François (1919, Aubusson).

[6] Audinat Jean-Louis (né en 1900, à Doyet, Allier) ; Besson Roger (1906, Bredons, Cantal) ; Binet Louis (1902, Saint-Désiré, Allier) ; Binet Pierre (1887, Domérat, Allier) ; Château Auguste (1914, Fromental, Haute-Vienne) ; Chirol Albert (1889, Montluçon, Allier) ; Damour René (1906, Montluçon) ; Philippe Drouilly (1905, Paris, XXarr.) ; Dumas Paul (1907, Cheylade, Cantal) ; Gabay Claude (1924, Paris, VIIIe arr.) ; Lafontaine Jean (1924, Paris, VIe arr.) ; Lamoureux André (1910, Montluçon) ; Mathé Jean (1905, Domérat) ; Micheau Jehan (1907, Epineuil-leFleuriel, Cher) ; Parraud Armand (1904, Châteldon, Puy-de-Dôme) ; Renaud Marcel (1907, Paris) ;  Saviot Auguste (1906, Désertines, Allier) ; Sericola Antonio (1924, Castel-Del-Monte, Italie) ; Servant Georges (1903, Montluçon) ; Tantôt Roger (1924, Espinasse-Vozelle, Allier) ; Thébaut Jean (1924, Paris, XIVe arr.) .


SOURCES : Armand Gourbeix et Louis Micheau, Montluçon sous la botte allemande, Imprimerie du Centre, Montluçon, 1945 ; Suzanne et Jean Bidault, cassette audio du 25 août 1983, témoignages des familles de fusillés, Musée de la Résistance de Montluçon ; Montluçon notre ville, n° 214, juillet 1994 ; André Touret, Montluçon 1940-1944 : la mémoire retrouvée, Editions Créer, Nonette, 2001  ; Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty, Les fusillés, Répression et exécutions pendant l’Occupation (1940-1944), Les Editions de l’Atelier, Paris,2006 ; https://maitron.fr/spip.php?article178762, notice Prémilhat (Allier), Carrière des Grises, 14 août 1944 par Michel Thébault, version mise en ligne le 26 février 2016, dernière modification le 30 juillet 2022 ;Die Sipo-SD | Chemins de mémoire (defense.gouv.fr), vu le 14 août 2022 ; les 42 fusillés de la Carrière des Grises – Histoire et Généalogie (overblog.com) ; Registre de l’État civil de Prémilhat, année 1944, du numéro 17 à 59, partie décès ;  Archives du Musée de la Résistance à Montluçon.