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Lucien DEPRESLES

23 février 2022
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Meillard, le samedi 19 février 2022

Hommage à Lucien DEPRESLES

Nous sommes nombreux présents à notre dernier rendez-vous avec Lucien, nombreux pour partager avec toute sa famille la peine immense dont sa disparition nous accable.

Jean, Michel et Simone, petits enfants et arrière petits enfants, nous partageons votre chagrin dans ce deuil qui s’ajoute à tant d’autres.

Nombreux sont aussi celles et ceux qui, retenus loin d’ici, nous demandent de bien vouloir excuser leur absence. Ils sont de tout cœur avec nous pour partager le souvenir de Lucien.

Né en 1923 à Cressanges, Lucien DEPRESLES avait grandi sa jeunesse ici dans un entre-deux guerres en tension entre la montée des périls fascistes et les espoirs du Front Populaire. Toute sa vie restera marquée par ces deux combats dans ses engagements dans la Résistance et pour le progrès social.

Il avait obtenu le Certificat d’Etudes primaires en 1936. Mais il était sorti de l’école 50 jours avant ses treize ans, pour aider à la ferme où son père était malade. Il était travailleur de la terre et son engagement dans la Résistance va sceller toute une vie d’engagement dans le secteur associatif et dans la vie politique locale pendant plus de trois quarts de siècle.

Militant associatif, responsable local et départemental, dès l’immédiat après-guerre Lucien s’est engagé à l’ANACR, puis à la FNDIRP et plus tard à l’AFMD, la mémoire de la Résistance à laquelle il avait participé et celle de la déportation qui lui avait pris sa mère lui étaient chères. Il a aussi été membre titulaire du tribunal des Pensions Militaires de l’Allier de 2009 à 2011.

Militant communiste dès 1940 Lucien DEPRESLES sera plus tard élu à Meillard conseiller municipal et maire adjoint de 1953 à 1963, puis maire de Meillard de 1963 à 1989.

Aux Champs, la Résistance fait l’histoire en famille. Lucien Depresles, jeune d’à peine 17 ans à la déclaration de la guerre, est dans une famille et un milieu qui ne supportent ni la capitulation ni la collaboration pétainiste. La défense de la République et de ses valeurs, de la liberté et de l’indépendance de la France sont les moteurs de leur engagement. Modestement, il disait souvent qu’il n’a rien fait d’autre que son devoir mais c’est un engagement de tous les instants, combien risqué et combien courageux qu’il a partagé avec ses proches.

Ce sont ces cinq années d’une vie tourmentée dont nous voulons vous faire partager la mémoire en suivant les pas de Lucien pour que son souvenir nous accompagne encore longtemps et puisse nous éclairer quand l’horizon s’assombrit, quand c’est la Résistance qui porte l’espérance.

De l’engagement : des idées à l’action

Militant à I’UJARF (Union des Jeunesses Agricoles Républicaines de France) dès 1938, Lucien Depresles a adhéré au Parti Communiste clandestin en novembre 1941. Auprès d’Armand Berthomier, son voisin au village des Champs, il participe à la réception et à la diffusion des tracts et des journaux clandestins sur les communes de Meillard et de Treban.

Après l’arrestation d’Armand Berthomier en janvier 1942, Lucien et ses camarades sont sollicités par Roger Fort de Lafeline pour le cercle de la Jeunesse et par Francis Miton de Bresnay pour le PCF clandestin.

Il poursuit avec eux la distribution des tracts et des journaux et travaille aussi à la récupération des armes. Auprès de Tonio, un clandestin portugais qui travaillait avec Lucien à la ferme de Malfosse chez Jean-Louis Bidet et Francis Cognet, ce sera un premier révolver. Plus tard, Lucien récupérera des armes cachées par Fernand Thévenet à la débâcle chez Emilienne Bidet à Treban cachées ensuite dans un chêne têtard à Chapillière : sept fusils Lebel et un fusil mitrailleur. Lucien va confier les fusils aux combattants du Camp Hoche et cacher le fusil mitrailleur qu’ils trouvaient trop encombrant dans le tas de betteraves à la cave des Champs avant de l’enterrer dans un champ. Edmond Petit qui connaissait la cache l’a ensuite fait parvenir au maquis de Saint-Eloi.

Le guide de l’installation du Camp HOCHE

Après de nombreux contacts entre Edmond Civade et Tilou Bavay, c’est le secteur de Meillard qui est choisi pour l’implantation du camp qui devait accueillir les clandestins du groupe armé de Montluçon Ville grossi des jeunes empêchés de partir dans le train de la réquisition du 6 janvier 1943. Tilou Bavay était un habitué du village des Champs depuis plusieurs mois ; il y venait rencontrer Edmond Petit qui travaillait chez les Berthomier à la ferme d’en-bas.

Lucien Depresles fait partager l’idée d’accueillir le maquis à son père. Le 19 mai 1943, Georges Gavelle leur est présenté par Tilou Bavay. Il resta coucher chez Depresles dans une chambre de fortune aménagée au grenier pour les « passagers ». Au petit matin du 20 mai Lucien a réveillé Georges Gavelle pour descendre dans les bois des Champs au fond de la vallée du Douzenan. Le lieu était sûr du côté nord, protégé par le village des Champs sur le plateau. C’est ainsi que s’est décidé l’implantation Camp Hoche.

Lucien Depresles s’occupe alors du ravitaillement des maquisards, il va au Theil chez Gaston Faulconnier, à Lafeline chez Roger Fort ou encore à Besson chez Robert Joyon. De ses tournées, Lucien Depresles ramenait des légumes, quelquefois de la viande avec la tuerie du cochon. D’autres fois Lucien allait jusque chez Pelletier, à la coopérative à Saint Pourçain ; et là, avec pour mot de passe un point d’interrogation écrit dans la main, il rapportait un kilo 500 de viande ! Plus tard les maquisards se débrouilleront seuls avec les abattages clandestins dans les fermes des environs. Au village des Champs, les Berthomier et les Neuville participaient à l’approvisionnement du camp en volailles.

A l’approche de l’automne, quand le maquis a déménagé à Veauce, Gavelle et Huguet revenaient régulièrement aux Champs au ravitaillement.

Du légal au clandestin, en route vers le maquis Danielle Casanova

En octobre 1943, Lucien Depresles avait été chargé de récupérer Jean Burles, responsable national du PC clandestin après son évasion de la prison du PUY ; il le prend en charge au domaine des Planches à Lafeline chez les Tabutin et le ramène aux Champs où il est logé chez Alphonsine Neuville. Une semaine plus tard, c’est son frère Jean qui va convoyer Jean Burles jusqu’au Pont de Chazeuil en vélo pour le confier au responsable départemental du PC clandestin André Puyet avant de revenir à Meillard avec les deux vélos.

Lucien Depresles refuse de rejoindre les Chantiers de jeunesse ; début novembre 1943, trop exposé il va se cacher chez Francis Cognet aux Cantes à Cressanges. Il participe toujours au recrutement des FTP tout en travaillant à la ferme, clandestin sans carte d’alimentation…

Après l’arrestation de sa mère et de sa sœur le 21 mars 1944 Lucien repart chez Pinet-Morgand au Petit Bout puis chez Auberger à Tronget aux Bérauds pour un mois.

En ami de la famille, le père Claude Desforges de Saint Plaisir lui offre alors l’hospitalité. Lucien y retrouve un autre clandestin montluçonnais avant de rejoindre le maquis Danièle Casanova le 10 juillet. Il y retrouve les soixante-dix combattants installés à Renaudière d’où ils partent en opération dans tous les environs.

Tout nouvel arrivant, pendant le fameux périple du 14 Juillet, Lucien reste au camp avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards. Les autres sont partis sous le commandement de Jean-Louis Ameurlain afficher au grand jour des forces de la Résistance et mobiliser la population qui vient les voir défiler à Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard. Ça ne passe pas inaperçu…

Le lendemain dans un accrochage à Chapillière un soldat Allemand est abattu, un second s’échappe et donne l’alerte. Le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué à la tombée de la nuit.

Les résistants, repoussés par les Allemands au carrefour de Chapillière sont pris en tenaille, et doivent évacuer le camp. Connaissant très bien le terrain, Lucien prend le commandement de l’opération. Avec les frères Aurembout il conduit ses camarades par des sentiers qui lui sont familiers dans les bois et à travers champ à l’abri des haies. Ils rejoignent le bois de Peuron au milieu de la nuit et y restent terrés jusqu’au lendemain soir. Ils arriveront à Besson au petit matin du 17 juillet dans les bois à l’abri à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Ils sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit.

La nuit suivante, Lucien Depresles est de garde dans l’allée en lisière du bois face à la route Bresnay-Cressanges quand il voit passer le long convoi des GMR et de la Milice qui s’éloigne vers Cressanges… Soulagement, ce n’est pas pour eux.

Ils allaient à la ferme de Villars à Noyant pour en déloger les maquisards du groupe Villechenon. Mais les mêmes allaient revenir et s’attaquer aux maquisards de Casanova à la mi-journée.

Le déséquilibre des forces imposait à nouveau de tenter une dispersion pour échapper à l’encerclement. Cette fois c’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient.

Le groupe de Lucien Depresles part vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Ils remontent à I‘abri des haies sous le feu des GMR et profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants mais au moindre mouvement qui faisait onduler la paille, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abat sur le champ d’avoine, vers 17 heures les forces de Vichy s’en vont, les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez les Chalmin au Village à Cressanges où ils seront rejoints par une vingtaine d’autres pour se reposer après cinq nuits sans sommeil…

Les Allemands avaient pris le relai de la police de Vichy pour surveiller tous les environs. Pour leur échapper et partir de là, les Résistants se séparent en groupes de deux. Avec un autre, Lucien part en direction de Châtillon puis au Petit Bout, un lieu sûr pour dormir à l’abri dans la grange pendant deux jours. Cette halte a permis après un contact de voir arriver le père Francis Depresles qui ramena son fils et une demi-douzaine d’autres maquisards aux Champs, pour les cacher dans les bois pendant quelques jours.

Le 25 juillet Lucien Depresles et Louis Allègre, Lucien et Georges Aurembout, Jean-Baptiste Frière, Paul Létrillard et le parisien partent dans une maison des Cailles de Besson.

Deux jours plus tard le responsable du ravitaillement, Dory (qui sera fusillé à Saint-Yorre), est arrêté avec Jules et Albert Berthon. Quenisset et Véniat informent les fuyards qui reviennent jusqu’aux Champs. Ils n’en repartiront que le 14 août pour le Roc à Treban près de la ferme des Avignon où ils passeront le 15 août.

Avec Louis Allègre et Lucien Aurembout, Lucien Depresles va réquisitionner une voiture à Soupaize avant un rendez-vous au Pigeonnier où Burlaud et Sapin leur ont livré un camion pour rejoindre Coulandon le lendemain.

Avec ses camarades Lucien constituait une équipe volante, sans lieu d’attache fixe. Ils participent à une petite vingtaine à la rafle de la garde du pont Régemortes (huit soldats Allemands pris avec leurs armes). Opération réussie les maquisards reviennent à la carrière de Meillers, cantonnés sous les baraques de chantier de la carrière. Ils se dispersent ensuite dans les fermes des environs vers la forêt et l’étang. Ils y restent, en occupant le château des Salles, du 25 août jusqu’au 6 septembre pour participer à la libération de Moulins où ils  se cantonnent au Quartier Villars le premier soir où le commandant Brigand assure la défense de La Madeleine…

Le cantonnement se déplace ensuite à l’Ecole Normale au nord-est de la ville. Quand 70 combattants partent en renfort pour encercler les Allemands à Saint Pierre le Moutier Lucien participe à la récupération des armes des GMR en Sologne Bourbonnaise avec le commandant Brigand.

Après l’action clandestine Lucien s’engage dans l’armée de la Libération.

La plupart des maquisards ont signé leur engagement pour la durée de la guerre ; l’Etat-major FFI FTP avait organisé des formations pour les officiers et les sous-officiers à Châtel Guyon. En novembre 1944 Lucien Depresles y participe parmi les sous-officiers. Mais sa formation a été interrompue par deux mois de maladie suivis de deux mois de convalescence.

Le printemps 1945 verra la terrible épreuve du retour de déportation de sa mère qui n’y survivra guère en s’éteignant le 15 mai 45.

Lucien rejoint la caserne à Montluçon en juin 45 pour être envoyé 2 mois plus tard dans l’Est à Saint-Louis près de Bâle, où 3000 Allemands sont gardés prisonniers dans une ancienne usine de pièces d’aviation. Avec trois officiers et une vingtaine d’autres soldats Lucien sera leur gardien et c’est là qu’il sera démobilisé fin novembre 1945.

C’est le terme de cinq années terribles, partagé entre l’immense soulagement de la Libération et le chagrin immense à la pensée de celles et ceux qui, l’ayant payée de leur vie, n’ont pas pu la connaître.

Un « monde d’après »

Après, c’est le retour à la vie et au travail… et à l’engagement citoyen. Ce sera aussi le temps du « plus jamais ça », le temps de la transmission et de l’éducation.

Pas un héros… mais un homme, un citoyen, parmi tant d’autres pétris de convictions et de valeurs qui se consacrent au bien des autres… Il rejoint aujourd’hui le long cortège des Perot, Livernais, Berthomier, Bidet, Joyon, Bavay, Burlaud, Quenisset, Fort, Auberger, Faulconnier, Aurembout, Guichon, Miton, Allègre, Guillot, Raffestin, Tantot, Neuville, Tabutin, Marchais, Gavelle, Ameurlain, Chalmin, Godet, Dufaut, Pouzat, Bellien, Bonnot, Lanusse, Villatte, Ramos…

Lucien a travaillé pendant des années à la transmission de la mémoire de la Résistance auprès des plus jeunes générations. Aucun des jeunes passés par ici, Jeannine Dufour peut en témoigner pour l’avoir accompagné, aucun n’oubliera ces moments de découverte et de partage de la connaissance avec Lucien comme avec ses complices Robert Fallut ou Roger Vénuat… La valeur de ce qu’ils ont fait n’a eu d’égale que leur modestie.

La reconnaissance de ce parcours aura été bien tardive. Ce n’est que le 30 décembre 2016 que le nom de Lucien Depresles figurera au Journal Officiel de la République dans la liste des promus au grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur. C’était au terme d’une bonne vingtaine d’années de nos démarches que nous l’avions fêtée le 1er avril 2017…

C’est aussi grâce à la bienveillance exigeante de Lucien et de tous ses camarades fondateurs de l’ANACR que le relais a été pris ici naturellement par notre génération et qu’il sera bientôt repris par une autre pour continuer de faire vivre la mémoire et les valeurs de la Résistance sans qu’aucun d’entre eux ne soit jamais oublié.

Sans ces derniers grands témoins acteurs de la Résistance nous entrons dans un « monde d’après ». Le respect que nous devons à l’héritage mémoriel qu’ils nous laissent nous oblige à la poursuite persévérante du travail entrepris avec eux, pour donner à l’histoire une figure humaine et ouvrir aux jeunes générations la perspective des « Jours Heureux ».

Merci de bien vouloir nous excuser d’avoir été si longs. Mais c’est bien le moins que nous devions à la mémoire de Lucien Depresles, d’une de nos dernières figures de la Résistance populaire, de celle de notre terre bourbonnaise, de leur reconquête périlleuse de la paix, de la liberté et de la démocratie.

Ce soir le village des Champs s’endormira un peu comme orphelin d’une de ses racines ; mais nous allons tous repartir emportant avec nous le meilleur souvenir de Lucien, avec son sourire malicieux et un peu de ses espérances.

Merci Lucien.

Salut et fraternité, camarade.

Lucienne DEPRESLE

26 décembre 2019
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Une Résistante déportée dans la tourmente de la guerre

Sources « Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l’Allier » site Internet de l ‘AFMD 03 : www.afmd-allier.com
& témoignages familiaux.

Lucienne DEPRESLE

La famille de Lucienne est domiciliée au lieudit Les Champs à Meillard (Allier).

Résistante

Résistante communiste (pseudonyme Jeanne) au Front National pour l’Indépendance de la France elle ravitaille le Maquis Hoche installé à « La Pièce Plate » dans les bois de la vallée du Douzenan non loin de la ferme.
Comme tous les habitants du hameau des Champs Lucienne ne connaissait pas les Résistants installés dans leur camp de fortune dans la clairière de la Pièce Plate au fond de la vallée toute proche… Lorsqu’elle leur portait du ravitaillement, elle le déposait à l’abri sous un ponceau à mi-chemin entre la ferme et le camp. C’est là que les maquisards venaient le récupérer… Sauf au jour de Juillet où Lucienne avait cuisiné pour eux un gros lapin. Las quelques jours plus tard lors de son passage au ponceau, la marmite était toujours là, et le lapin avait souffert du soleil de juillet ! Du côté des légaux, on ne savait rien de la vie des clandestins tout proches et dont la sécurité était attachée à la discrétion.

Arrêtée

La police allemande qui recherche son fils Jean-Michel, membre des FFI, arrive à son domicile le 21 mars 1944. Ils semblaient bien renseignés en prétendant à juste titre que Jean était sorti en vélo la veille…
Ce jour-là Francis et ses deux fils Jean et Lucien, étaient occupés au travaux de champs non loin de la ferme.
Le boulanger, en tournée ce jour-là, avait garée sa voiture près de la mare au centre du hameau. Les Allemands commencèrent par jeter toute la cargaison de pain dans la mare avant de s’en prendre à Lucienne et Simone. Elle est frappée sauvagement, mais ne dit rien. N’ayant pas trouvé Jean-Michel les policiers arrêtent Lucienne et sa fille Simone ainsi que deux Marseillais Louis SIRICO et Vincent BUIGUEZ, réfractaires au STO réfugiés qui se cachaient chez les NEUVILLE, une des trois familles voisines des DEPRESLE au village des Champs.

Internée

Internée avec sa fille Simone à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (Allier), elle est ensuite transférée au Fort de Romainville, l’antichambre de la déportation pour les femmes en 1944.
Le Fort de Romainville au nord-est de Paris accueille d’abord des prisonniers de guerre et des otages, dont certains seront fusillés au Mont-Valérien ; puis, à partir de 1943 il deviendra un point de départ pour la déportation avant de finir en prison pour femmes en 1944.
Sa fille Simone, âgée de 15 ans et demi avait été libérée le 4 juin 1944 et avait rejoint son domicile familial au village des Champs à Meillard.

Déportée à Ravensbrück

Lucienne fait partie des 111 femmes déportées le 30 juin 1944 de Paris gare de l’Est à Sarrebruck dans des wagons de voyageurs dans le convoi N° I.235. Elles sont ensuite
transférées pour la plupart au camp de Ravensbrück où elles arriveront le 7 juillet. Lucienne y recevra le matricule 44708.

Sur 111 femmes de ce convoi, 52 vont rester à Ravensbrück mais 5 seront gazées et 3 libérées avant la date officielle.

Libérée

Lucienne fait partie des 301 femmes libérées le 9 avril 1945 par le Comité International de la Croix-Rouge en échange d’internés civils allemands renvoyés par la France le 7 avril.
Lucienne DEPRESLES a le numéro 132 sur la liste.
Les 301 femmes sont transférées en camion de Ravensbrück à Kreuzlingen à la frontière germano-suisse, avant de gagner Annemasse en train le 11 juin. Lucienne a été hospitalisée pendant 15 jours à Aix-les-Bains avant d’être rapatriée par sa famille.

Lucienne est dans un état d grand délabrement physique. Lorsque son marie et son fils Lucien la retrouvent à l’hôpital d’Aix les Bains, ils ne la reconnaissent pas parmi les deux femmes de la chambre… Les bons soins n’y feront rien, très affaiblie et rongée par l’infection, son seul soulagement viendra le 8 mai quand elle demandera qu’on ouvre la fenêtre de sa chambre pour qu’elle entende mieux les cloches battant à la volée pour célébrer la victoire.

« Morte pour la France »

Lucienne décéderas à son domicile à Meillard le 15 mai 1945.
Elle ne recevra sa carte de déportée résistante qu’à titre posthume le 14 février 1955.

Lucien DEPRESLE

20 décembre 2019
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Lucien DEPRESLE obtient le Certificat d’Etudes primaires en 1936. Il était sorti de l’école 50 jours avant ses treize ans, pour aider à la ferme où son père était malade.
Il travaillera dès sa sortie de l’école à la ferme familiale et dans quelques autres, d’abord en tant que salarié puis comme exploitant.
Parallèlement à son activité professionnelle, Lucien s’est beaucoup consacré aux activités associatives ; membre actif de l’ANACR et de la FNDIRP depuis l’origine dans l’immédiat après-guerre, il a ensuite été responsable local et départemental de l’ANACR (1970) et de la FNDIRP (1996), à l’AFMD depuis 2014. Il a aussi été membre titulaire du tribunal des Pensions Militaires de l’Allier de 2009 à 2011.
Militant politique, Lucien DEPRESLE a été élu municipal à Meillard conseiller municipal et maire adjoint de 1953 à 1963, puis maire de 1963 à 1989.
II participe chaque année, dans le cadre de parcours de mémoire, la visite commentée sur le site du maquis Hoche pour les collégiens du département ; et a souvent témoigné dans le cadre du concours national de la Résistance et de la déportation.
Lucien Depresle, jeune d’à peine 17 ans à la déclaration de la guerre, n’en est pas moins engagé dans une famille et un milieu qui ne supportent pas la capitulation et la collaboration pétainiste. La défense de la République et de ses valeurs, de la liberté et de l’indépendance de la France sont les moteurs de son engagement. Modestement, il dit souvent qu’il n’a rien fait d’autre que son devoir. Son rôle a cependant été important dans l’installation du premier maquis de l’Allier, le Camp Hoche, pour déterminer le lieu d’implantation et participer activement à son soutien logistique. Lucien Depresle a eu plus tard un rôle déterminant pour sauver l’ensemble des combattants du maquis Danièle Casanova qu’il avait rejoint le 10 juillet 1944 lorsqu’il permit à la quasi-totalité de ses camarades résistants d’échapper à l’encerclement dans l’attaque du 15 juillet à Renaudière ; sa parfaite connaissance des lieux lui avait permis de conduire l’évacuation avec succès. 

Cinq années d’une vie tourmentée

  1. De l’engagement à l’action
    Militant à I’UJARF (Union des Jeunesses Agricoles Républicaines de France) dès 1938, Lucien Depresle a adhéré au Parti Communiste clandestin en novembre 1941. Auprès d’Armand Berthomier (voisin au village des Champs) il participe au travail de réception et de diffusion de tracts et de journaux clandestins sur les communes de Meillard et Treban.
    Après l’arrestation d’Armand Berthomier en janvier 1942, Lucien et ses camarades sont sollicités par Roger Fort de Lafeline pour le cercle de la Jeunesse et par Francis Miton de Bresnay pour le PCF clandestin.
    Il poursuit avec eux le travail de propagande avec la distribution des tracts et des journaux. Lucien Depresle travaille aussi à la récupération des armes. Auprès de Tonio, un clandestin portugais qui travaillait avec Lucien à la ferme de Malfosse chez Jean-Louis Bidet et Francis Cognet, quelques paquets de tabac serviront de monnaie d’échange pour un premier révolver. Plus tard, en 1943, sachant que des armes récupérées par Fernand Thévenet à la débâcle avaient été transportées depuis chez Emilienne Bidet à Treban dans un chêne têtard dans un pré de Chapillière, Lucien Depresle les récupéra. Il y avait là, glissés dans la grosse branche creuse de l’arbre, sept fusils Lebel et un fusil mitrailleur modèle 24 modifié 1930. Lucien a confié les fusils Lebel aux combattants du Camp Hoche. Le fusil mitrailleur qu’ils trouvaient trop encombrant est tenu caché de mai 43 à avril 44 dans le tas de betteraves à la cave des Champs. Le tas diminuant au fil des jours, Lucien dut choisir une autre cachette ; il l’enterra dans une caisse en bas du champ près de la maison à 200 mètres du hameau. Edmond Petit qui connaissait la cache l’a ensuite fait parvenir au maquis de Saint-Eloi. Toutes les armes cachées n’avaient pas été reprises et utilisées, certaines ont été retrouvées plus de 20 ans après lors du remembrement avec l’abattage de vieux chênes têtards qui servaient de cache et qui ont alors délivré le secret de leur trésor de guerre !
  2. Un guide pour l’installation du Camp HOCHE
    À la suite nombreux contacts d’Edmond Civade avec Tilou Bavay, c’est le secteur de Meillard qui sera choisi pour l’implantation du camp qui devait accueillir les clandestins du groupe armé de Montluçon ville grossi des jeunes empêchés de partir dans le train de la réquisition du 6 janvier 1943. Pour donner suite à la sollicitation d’Edmond Civade, Lucien Depresle fait partager l’idée d’accueillir le maquis à son père Francis. Le 19 mai 1943, Georges Gavelle leur est présenté par Tilou Bavay. Georges Gavelle resta coucher à la ferme des Depresle dans une chambre de fortune aménagée au grenier pour les « passagers ».
    Tilou Bavay était un habitué du village des Champs depuis plusieurs mois ; il y venait rencontrer Edmond Petit qui travaillait chez les Berthomier à la ferme d’en-bas.
    Au petit matin du 20 mai Lucien Depresle a réveillé Georges Gavelle à 4 heures pour descendre dans les bois des Champs au fond de la vallée du Douzenan. Le lieu était sûr du côté nord, protégé par le village des Champs sur le plateau. Sans être aussi sures, côté sud, les fermes étaient tenues par des paysans qui ont su « tenir leur langue », même quand quelques signes laissaient supposer une présence au fond de la vallée.
    Cest ainsi que s’est décidé l’implantation du Camp Hoche (répertorié par le Général de la Barre de Nanteuil dans son Historique des Unités combattantes de la Résistance de l’Allier sous le nom de « maquis de Saint-Pourçain »).
    Georges Gavelle est resté chez les Depresle une bonne semaine pour vaquer à ses occupations de recrutement, en allant récupérer Joseph Huguet (dit Le Feu) à Bresnay par exemple.
    Lucien Depresle s’occupe alors du ravitaillement des maquisards, il va au Theil chez Gaston Faulconnier, à Lafeline chez Roger Fort ou encore à Besson chez Robert Joyon. Ce dernier fin juillet 43 avait eu un rendez-vous vers la Croix d’or… quand il y arriva au petit matin, la meule de céréales attendant la batteuse brûlait encore, des résistants, vraisemblablement un groupe de Bresnay, avaient ainsi puni des collaborateurs notoires.
    De ses tournées, Lucien Depresle ramenait des légumes, quelquefois de la viande quand la tuerie du cochon en offrait l’opportunité. D’autres fois Lucien allait jusque chez Pelletier, à la coopérative à Saint Pourçain ; et là, avec pour mot de passe un point d’interrogation écrit dans la main, il rapportait un kilo 500 de viande ! C’étaient les mauvais jours, quand Lucien y allait le lundi alors que l’approvisionnement ne se faisait que le mardi ! Plus tard les maquisards se débrouilleront seuls avec les abattages clandestins dans les fermes des environs et dont ils avaient connaissance. Les familles des Champs, Berthomier et Neuville participaient à l’approvisionnement du camp en volailles.
    A l’approche de l’automne, quand le maquis a déménagé à Veauce, Gavelle et Huguet revenaient régulièrement aux Champs au ravitaillement… au point de se faire repérer par la grand-mère qui avait remarqué les visites d’un « grand élégant » et d’un « petit La quatrième famille du village, elle, n’était au courant de rien.
  3. Du légal en soutien logistique à la clandestinité.
    Lucien Depresle est chargé de récupérer Jean Burles, responsable national du PC clandestin après son évasion de la prison du PUY ; il le prend en charge au domaine des Planches à Lafeline chez les Tabutin. Lucien le ramène aux Champs où il est logé chez Alphonsine Neuville.
    C’est son frère Jean qui va convoyer Jean Burles jusqu’au Pont de Chazeuil en vélo une semaine plus tard pour le confier au responsable départemental du PC clandestin André Puyet avant de revenir à Meillard avec les deux vélos.
    Lucien Depresle refuse de rejoindre les Chantiers de jeunesse dans le Lot et Garonne à Marmande où il est convoqué. Désormais trop exposé Lucien doit se protéger dans la clandestinité. II part se cacher chez Francis Cognet aux Cantes à Cressanges début novembre 1943.
    Lucien participe toujours au recrutement des FTP tout en travaillant à la ferme, clandestin sans carte d’alimentation… Certains contacts ne se concrétisent pas, Donjon à Monétay était déjà engagé, un autre hésitait.
    Après le 21 mars 1944 (arrestation de sa mère et de sa sœur) Lucien revient aux Champs puis repart chez Pinet-Morgand au Petit Bout. II restera ensuite 26 jours chez Auberger aux Bé rauds à Tronget.
    Le père Claude Desforges de Saint Plaisir lui offre alors l’hospitalité (il était lié d’amitié avec la famille Depresle par Gilbert Bidet -arrêté en 41, déporté à Buchenwald-, avec lequel il avait partagé un temps de la guerre de 14. C’est là-bas qu’un autre clandestin, dit l’Aigle, un montluçonnais venu se mettre au vert lui racontai comment il avait abattu le Chef de gare de Montluçon en l’attirant avec une femme…
    Cest là aussi qu’il continue à prendre des contacts, avant de rentrer au maquis Danièle Casa nova le 10 juillet. Il y retrouve les soixante-dix combattants installés à Renaudière et d’où ils partent en opération dans tous les environs.
    Quelques jours plus tard, tout nouvel arrivant, il reste au camp avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant le fameux périple du 14 Juillet. Les autres sont partis sous le commandement de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.
    Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir… « Sapin » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.
    Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp sera attaqué, à la tombée de la nuit.
    Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives.
  4. Une évacuation à haut risque et une errance de cache en cache.
    Les balles passaient au-dessus de la maison de Renaudière… Georges Aurembout fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp. Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
    La nuit suivante, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route Bresnay-Cressanges sur laquelle est passé le convoi des GMR et de la milice qui allaient à Noyant (ferme de Villars) pour y déloger au matin les maquisards du groupe Villechenon.
    A ce moment-là Lucien Depresle ne pensait pas plus que ses camarades que les mêmes allaient revenir et les attaquer à la mi-journée. Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…
    Le déséquilibre des forces imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
    C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient.
    Le groupe de Lucien Depresle part vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; nais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage stabat sur le champ d’avoine, vers 17 heures les ordres des forces de Vichy s’en vont, les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…
    Les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé les résistants dont les mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres. Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans une maison abandonnée sur la paille à même le carrelage après cinq nuits sans sommeil.

Dès cette nuit les allemands avaient pris le relai de la police de Vichy pour surveiller tous les environs. Pour leur échapper et partir de là, les Résistants se séparent en groupes de deux. Avec un parisien originaire du Havre, Lucien part en direction de Châtillon puis au Petit Bout, un lieu sûr pour dormir à l’abri dans la grange pendant deux jours. Cette halte a permis après un contact de voir arriver le père Francis Depresle qui ramena son fils et une demi-douzaine d’autres maquisards aux Champs, pour les cacher dans les bois pendant une dizaine de jours.
Le 25 juillet un petit groupe part dans une maison aux Cailles de Besson (Lucien et Georges Aurembout, Jean-Baptiste Frière, Paul Létrillard, le parisien né au Havre, avec Lucien Depresle et Louis Allègre).
Deux jours plus tard le responsable du ravitaillement, Dory (qui sera fusillé à Saint-Yorre), est arrêté avec Jules et Albert Berthon. Quenisset et Véniat informent les fuyards qui reviennent jusqu’aux Champs. Ils n’en repartiront que le 14 août pour le Roc à Treban près de la ferme des Avignon où ils passeront le 15 août.
Avec Louis Allègre et Lucien Aurembout, Lucien Depresle va réquisitionner une voiture à Soupaize. Ils vont la cacher avant d’avoir à s’en servir quand ils devront rejoindre la région de Moulins.
Après un rendez-vous au Pigeonnier où Burlaud, et Sapin qui l’accompagnait en voiture, leur ont livré un camion, ils ont rejoint Coulandon le lendemain.
Avec ses camarades Lucien constituait une équipe volante, sans lieu d’attache fixe. Ils participent à une petite vingtaine à la rafle de la garde du pont Régemortes (huit soldats allemands pris avec leurs armes). Opération réussie les maquisards reviennent à la carrière de Meillers, cantonnés sous les baraques de chantier de la carrière. Ils se dispersent ensuite dans les fermes des environs vers la forêt et l’étang. Ils y restent, en occupant le château des Salles, du 25 août jusqu’au 6 septembre pour participer à la libération de Moulins.
Entrant dans Moulins après le départ des allemands, ils se cantonnent au Quartier Villars le premier soir où le commandant Brigand assure la défense de La Madeleine…
Le cantonnement se déplace ensuite à l’Ecole Normale au nord-est de la ville. C’est là que deux hommes d’un autre maquis sont venus chercher les 70 combattants en renfort pour encercler les Allemands à Saint Pierre le Moutier. Lucien avait dû rester au cantonnement.
L’Etat-Major des FFI-FTP regroupés avait ensuite commandé la récupération des armes des GMR cantonnés dans un château en Sologne Bourbonnaise ; Lucien Depresle participe à l’opération sous les ordres du commandant Brigand.

Le retour à l’action

De l’action clandestine à l’engagement dans l’armée de la Libération.
La plupart des maquisards ont signé leur engagement pour la durée de la guerre ; l’Etat-major FFI FTP avait installé des formations pour les officiers et les sous-officiers à Châtel Guyon. En novembre 1944 Lucien Depresle y participe parmi les sous-officiers. Après deux mois de maladie suivis de deux mois de convalescence, Lucien rentre à la caserne à Montluçon en Juin 45 sans tirer aucun bénéfice de sa formation. Il fera fonction de sous-officier sans en avoir officiellement le grade. Le 5 août 1945 le groupement de Montluçon quitte son casernement. Envoyés par groupes de 200 jusqu’à Colmar les soldats sont distribués dans les compagnies de garde de prisonniers. Lucien Depresle arrive ainsi à Saint-Louis près de Bâle, dans une ancienne usine de pièces d’aviation où 3000 allemands sont gardés prisonniers. Avec trois officiers et une vingtaine d’autres soldats Lucien sera leur gardien. Le rythme de 24 heures de garde pour 24 heures de repos s’impose faute d’effectifs suffisants.
C’est là que Lucien Depresle, faisant fonction de sergent-chef sans avoir vu son grade reconnu, sera démobilisé fin novembre 1945.

AG 2024

21 janvier 2024
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L’assemblée générale du comité local Meillard Le Montet s’est tenue samedi 20 janvier 2024 à Tronget.

Bienvenue aux trois nouveaux adhérents qui nous rejoignent en cette occasion !

Hommage à Louis Lanusse

la première partie du rassemblement s’est déroulée auprès de la stèle Louis Lanusse pour rendre hommage au Résistant assassiné par les Allemands le 18 juin 1944.
Les fleurs ont été déposées par nos camarades Yvette et Christian Micaud. Yvette est la nièce de Louis Lanusse et Christian le neveu de Félix Lartigaud, personnage haut en couleur qui tenait avec son épouse le commerce tabac, bazar, brûlerie de café, essence, caramel, mercerie, etc,,, une boutique universelle ! Et un Félix qui était aussi ressource des Résistants, pour l’approvisionnement et les caches d’armes (un gros stock avait été découvert après leur disparition).

Attention à l’intelligence artificielle !

Pour inscrire l’hommage dans l’actualité, l’expérience avait été faite de produire un propos sur l’histoire de Louis Lanusse en sollicitant un outil de génération de texte dite d’Intelligence artificielle. Plusieurs sollicitations de la machine numérique ont produit des textes susceptibles de faire illusion dans une vue d’ensemble ! Mais en regardant les choses de plus près tout se gâte !
Les algorithmes tournant à une vitesse folle vont extirper d’une foultitude de sources des éléments qu’ils recomposent pour fournir un agencement textuel apparemment convenable, bien rédigé, orthographe et grammaire satisfaisantes.

Mais si la forme semble correcte, qu’en est-il du fond ?

Dans le cas d’espèce, il semble évident que plusieurs « Louis Lanusse » ont existé… et que plusieurs ont eu des activités de Résistance… mais tous ne sont pas nés le même jour au même endroit, et tous n’ont pas connu le même sort !
Or dans les propositions de textes tous ces éléments se trouvent mêlés et entremêlés pour produire des incohérences dans lesquelles il est difficile de distinguer le vrai du sujet d’un faux qui est du vrai d’ailleurs…
Cette petite expérience alerte sur les usages déjà massifs de ces nouvelles technologies qui exploitent des ressources existantes pour produire un nouvel alliage sans nécessairement identifier les sources. Si la puissance démultipliée à l’extrême des machines informatiques ouvre la perspective de nouveaux usages, il reste indispensable de bien en comprendre les principes de fonctionnement pour en déjouer les pièges.
Ci-dessous 5 textes issus de la même requête avec quelques options différentes pour le ton, la destination ou la longueur du texte attendu) :

Pour retrouver le récit véritable de l’assassinat de Louis Lanusse, rendez-vous sur le site de l’ANACR ou sur la notice du Maitron qui lui est consacrée

Rapport moral

Rapports d’activités

Mickaël Laurent, coprésident en charge du secteur pédagogique a présenté les initiatives relatives à la jeunesse du l’année 2023 :
Sortie et présentation de l’exposition Terre de Résistance au Lycée de Neuvy et au collège de Gannat avec l’école de Biozat…
Accueil des jeunes du lycée de Neuvy dans la journée d’immersion sur les terres du Camp Hoche à Meillard…
Journée à Moladier en partenariat avec l’USEP et l’ONF et les écoliers de Tronget et Besson pour la découverte de la forêt et de la Résistance au terme d’une randonnée cyclo et après des interventions en classe pour approcher le thème…
Convention de partenariat signée avec le LEGTA du Bourbonnais pour trois ans renforçant des actions communes entamées depuis plusieurs années…

Parmi les activités de l’année 2023, la production de trois documents permet à la fois des mises à jour et l’accompagnement des activités pédagogiques de l’association.

Le nouveau dépliant touristique intègre la quatorzième halte dur notre itinéraire de Résistance avec le site de Moladier. Tiré à 3000 exemplaires il est destiné aux points d’information touristiques.

La plaquette présentant le programme du Conseil National de la Résistance et documents complémentaires de son élaboration a été imprimée en 1000 exemplaires pour être offerte aux élèves des classes avec lesquelles nous allons travailler. Ce stock devrait nous permettre de couvrir les deux années du « 80ème anniversaire » de 44 & 45.

La nouvelle édition du livret d’accompagnement de l’exposition « Terre de Résistance » adopte la marque de nos réalisations « MEMOTOUR ». L’ouvrage tiré à 500 exemplaires est augmenté d’une dizaine de pages en intégrant entre autres le texte du « Programme du Conseil National de la Résistance ». En vente au prix de 10 euros pour abonder les moyens nécessaires aux prochaines réalisations, il sera aussi distribué gracieusement aux CDI de tous les établissements secondaires du département.

Faute d’avoir reçu les soutiens financiers sollicités auprès des services de l’Etat, des collectivités ou de la banque dans ses actions en direction des associations, nous avons dû revoir à la baisse les volumes imprimés et pour une part à notre corps défendant trouver des solutions hors du département. Un don de 500 euros de nos camarades Ann et David Reid a cependant permis l’édition de la brochure du programme du CNR et une subvention de 500 euros du Conseil Départemental a rendu possible celle du livret MEMOTOUR. La sollicitation plus importante de nos fonds propres explique un déficit annuel de près de mille euros.

Commémorations

Josiane Cluzel, secrétaire, a fait le point sur le calendrier des commémorations en évoquant les 4 rendez-vous de 2023 (en soulignant l’intervention de nos plus jeunes adhérentes -Faustine et Eline- qui ont conduite la cérémonie de la journée du souvenir des victimes de la déportation à Meillard fin avril) et en annonçant l’agenda des cérémonies 2024 à Meillard le 28 avril pour la mémoire de la déportation, à Meillard le 12 mai pour les Camp Hoche et Casanova, à Tronget le 27 mai pour la journée nationale de la Résistance et à Besson et Cressanges le 21 juillet pour le Camp Casanova.

Patrimoine

Thibault Jay et Michel Henry, coprésidents en charge du patrimoine ont fait état des initiatives de 2023 avec les sorties en Nord Allier en juillet et en Saône et Loire en septembre pour découvrir le centre d’interprétation de la ligne de démarcation à Génelard et le pont-canal de Digoin au retour.
en 2024 l’installation d’une stèle présentant la plaque en l’honneur des déportés de Meillard Lucienne Depresle et Gilbert Bidet est programmée et devrait être dévoilée le 28 avril…

Trésorerie

Mickaël Laurent, trésorier adjoint a présenté les comptes de l’association pour 2023 avec un déficit avoisinant les 1000 euros qui s’explique par nombre de subventions non obtenues (Etat, collectivités et autres organismes sollicités) et qui ont fait défaut pour financer trois projets d’édition qui ont été mené à terme en sollicitant plus fortement les fonds propres de l’association.

L’association perd deux adhérents de l’effectif 2023 mais gagne trois nouvelles adhésions lors de cette assemblée générale, ce qui porte les effectifs à 65 en début d’exercice 2024 ! … un nombre jamais atteint depuis sa création, qui est encourageant et signe d’une assez bonne santé !

Quelques compléments…

Ont été également évoqués en balayant 2023, de nombreux signes de reconnaissance… et un gros souci.

Côté souci, notre comité est fâché d’avoir perdu un adhérent très actif suite à la contestation de sa publication d’images de la stèle Alice Arteil par un responsable du Souvenir Français.

Côté reconnaissance :
Pour nous accueillir, la municipalité du Montet nous a dévolu l’usage d’une autre pièce pour notre local.
Pour nous faire confiance les archives de Georges Gavelle nous ont été confiées. Le volume considérable de documents va être étudié pour enrichir notre connaissance et augmenter ce que nous offrons en partage. Ensuite ces archives seront versées au Musée de la Résistance de Montluçon pour leur conservation et leur exploitation.
Pour nous connaître, parmi les nombreux contacts, mail ou téléphone, l’un nous apporte une image de la Maison des Morelles et nous pouvons l’aiguiller sur l’IHS à qui nous avons transmis les archives d’André Sérézat qui avait bien traité du sujet, un autre cherche à compléter son information sur Alice Arteil pour publier un article sur Wikipedia et je l’aiguille vers Henri Diot qui s’occupe du secteur de la Montagne Bourbonnaise… Un responsable de la Délégation Militaire du département en charge de l’organisation d’un rallye citoyen nous sollicite pour participer à son animation sur le thème de la Résistance… etc. etc.
Pour nous suivre, le projet des chemins des mémoires du département de l’Allier avance avec en perspective des productions d’Archistoire pour des applications mobiles guidant à la découverte de nos univers mémoriels, et une présentation départementale probable pour juin prochain… Des contacts issus du Congrès de Troyes en juin 2022 nous ont conduit à tisser des liens avec une quinzaine d’autres structures de l’ANACR dans l’espoir de développer un réseau de partage et d’entraide et faire vivre plus et mieux notre ANACR, du local au national… tout est encore en gestation mais quelques rencontres ont déjà pu se faire !

à suivre !

L’ensemble des rapports a été voté à l’unanimité des participants.

On ne repart pas les mains vides !

Avec sa carte, chaque adhérent se voit remettre Résistance Allier…

Le comité local y ajoute son calendrier annuel…

… et sa plaquette.

Cette dernière est consacrée cette année à la réflexion sur la thématique « guerre et paix » avec trois textes de Victor Hugo (discours d’ouverture de la conférence Internationale des Amis de la Paix en 1949 à Paris), de Jean Jaurès (discours de Lyon Vaize le 25 juillet 1914, moins d’une semaine avant son assassinat) et d’Anatole France (lettre à Marcel Cachin pour le journal l’Humanité en juillet 1922) : la Paix, un enjeu majeur pour l’humanité d’aujourd’hui ! Résister à la guerre, le défi primordial des citoyens d’aujourd’hui !

Et maintenant… au travail !

Porte de Lucien

7 septembre 2023
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Porte de Moladier, en hommage aux deux générations des maquis FTPF, au Camp Danielle Casanova et au rôle qu’avait eu Lucien DEPRESLE lors de l’installation du Camp Hoche puis lors du repli du camp Casanova lors de l’attaque du 15 juillet à Renaudière.

Un document rare ?

7 juin 2023
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Parmi les documents hérités de notre camarade Lucien Depresle, un petit fascicule attire l’attention…
Il semble bien connu ; c’est le programme du Conseil National de la Résistance.
Et pourtant, sans qu’il soit daté, l’avant-propos signé de Louis Saillant (ce dernier, troisième et dernier président du CNR, avait succédé à Georges Bidault le11 septembre 1944), le place dans la période charnière entre la Libération de la France et la victoire du 8 mai 1945. C’est sans doute ce qui explique l’adjonction au texte du programme en lui-même du texte signifiant le rôle des Commissions Militaires Nationale et Départementales sous le plume de Pierre VILLON. La rédaction de ce document éclaire des problématiques propres à ce moment de l’histoire…

Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation

30 avril 2023
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Pour la première fois cette année le comité local de l’ANACR Meillard – Le Montet avait inscrit à son calendrier mémoriel la commémoration de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation.
C’est à Meillard que le rendez-vous étaient pris pour honorer la mémoire de Lucienne DEPRESLE et Gilbert BIDET.
Si la foule n’était pas très nombreuse, l’hommage n’en n’était pas moins fort. C’est en présence des élus (*), maires, président de Communauté de communes, conseillers départementaux, député de la circonscription et représentant du corps de sapeurs pompiers de Chatel de Neuvre, que Faustine, la plus jeune adhérente de notre association, a déposé les fleurs de l’ANACR.
Après un premier hommage rendu au Monument aux Mort devant la plaque citant les Morts pour la France, c’est devant la mairie où est apposée la plaque rendant hommage à Gilbert Bidet et Lucienne Depresle que la seconde partie se termina avec les prises de parole avant que le vin d’honneur offert par la commune de Meillard vienne clore cette matinée du souvenir.
C’est Eline, une des plus jeunes adhérentes de l’ANACR, -lycéenne brillante concurrente du Concours National de la Résistance et de la Déportation- qui était chargée de rendre l’hommage (texte ci-dessous).
Sa présentation n’a pas manqué de soulever l’émotion chez celles et ceux qui l’entouraient ce matin.
Au-delà du caractère symbolique de ce passage de relais dans le geste commémoratif, ne faut-il pas voir le signe que le sacrifice de nos anciens n’a pas été vain et que les valeurs qui fondèrent leur engagement peuvent trouver dans la jeunesse d’aujourd’hui les ressorts des nouveaux porteurs de flambeau, pour que ne s’éteigne pas la flamme de la Résistance, jamais.

Bonjour à toutes et à tous,
Nous sommes réunis aujourd’hui, ici à Meillard, pour la Journée nationale du souvenir de la déportation, qui existe depuis 1954 et qui a lieu, chaque année, le dernier dimanche du mois d’avril. Cette date a été retenue en raison de sa proximité avec celle de la libération de la plupart des camps de concentrations. Cette journée permet de célébrer la mémoire des victimes de la déportation lors de la Seconde Guerre Mondiale. Ces victimes sont des juifs, des tziganes, mais aussi des résistants, des opposants au régime politique… qui ont été envoyés dans des camps d’extermination et de concentration : Auschwitz-Birkenau en Pologne, Buchenwald en Allemagne, Ravensbrück pour les femmes en Allemagne également et il en existe d’autres encore.
Ici, sur cette plaque, nous pouvons notamment lire les noms de deux déportés de Meillard, Gilbert BIDET et Lucienne DEPRESLE.
Gilbert BIDET est né le 25 mars 1884 à Meillard. Le 9 novembre 1941, 9 habitants de Treban et Meillard, dont Gilbert BIDET, sont arrêtés par les gendarmes du Montet ; ils sont internés à la prison militaire de Clermont Ferrand. Il est jugé le 26 février 1942 et est condamné, pour son appartenance au Parti communiste, à 3 ans de prison. Il est interné à la prison de Mauzac puis au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe. Le 30 juillet 1944, le camp est encerclé par une compagnie S.S. et est entièrement vidé. Gilbert BIDET est déporté le 31 juillet 1944 de Toulouse et arrive le 6 août 1944 au camp de Buchenwald où il est affecté à un Kommando dans les mines de sels de Plömnitz. Malgré les conditions inhumaines et les mauvais traitements, il résiste. Sous-alimenté et très affaibli, il décède à coup de matraques, une nuit, aux latrines, selon le témoignage de Paul BAQUIÉ. Selon l’état civil de Meillard, il décède le 9 janvier 1945 à Buchenwald.
Lucienne DEPRESLE est née le 15 septembre 1905 à Cressanges. Elle s’installe ensuite aux Champs, à Meillard, avec son époux et ses trois enfants. Le 21 mars 1944, la police allemande, à la recherche d’un de ses fils, arrive à son domicile. N’ayant pas trouvé son fils, la police allemande l’arrête avec sa fille Simone, elles sont ensuite internées à la Mal Coiffée (prison de Moulins). Sa fille est libérée le 4 juin 1944 tandis que Lucienne est déportée le 30 juin au camp de Ravensbrück. Victime du typhus, elle est libérée le 9 avril 1945 par le Comité International de la Croix-Rouge. Elle est ensuite transférée dans un hôpital à Aix-les-Bains pendant une quinzaine de jours. Très affaiblie, elle rentre quand même chez elle avant de décéder le 15 mai 1945.
Vous allez sans doute vous demander pourquoi du haut de mes quatorze ans, je prends la parole aujourd’hui pour retracer la vie de Lucienne Desprele et Gilbert Bidet ? Je vous répondrai alors simplement que pour moi, le devoir de mémoire est important, nous ne pouvons pas oublier les différentes erreurs faites dans le passé qui ont conduit à la mort de millions de personnes, des individus qui n’étaient pas préparés à ce qui allait leur arriver, des individus qui ne méritaient aucunement leur mort. Même 78 ans plus tard, il est important de se souvenir de la Déportation, des camps de concentration, d’extermination, des marches de la mort de leurs victimes et même à 14 ans, on peut se saisir de ce devoir.

Eline Laurent-Parotin – 30 avril 2023

(*) : MF Lacarin, JM Dumont, P Faulconnier, Y Simon, et ici Yannick Monnet, député.

Le chant des marais a ponctué la cérémonie

Loin vers l’infini s’étendent de grands prés marécageux.
Et là-bas nul oiseau ne chante, sur les arbres secs et creux.
O terre de détresse, où nous devons sans cesse, piocher, piocher.

Dans ce camp morne et sauvage, entouré de murs de fer,
Il nous semble vivre en cage, au milieu d’un grand désert.
O terre de détresse, où nous devons sans cesse, piocher, piocher.

Bruits des pas et bruits des armes, sentinelles jours et nuits.
Et du sang, des cris, des larmes, la mort pour celui qui fuit.
O terre de détresse, où nous devons sans cesse, piocher, piocher.

Mais un jour dans notre vie, le printemps refleurira.
Liberté, liberté, chérie, je dirai « tu es à moi. »
O terre enfin libre, où nous pourrons revivre, aimer, aimer.

Stèle Roger BELLIEN – Besson

13 avril 2023
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Commentaire en français
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La stèle de La Vivère, à Besson, a été érigée à la mémoire de Roger BELLIEN, combattant du maquis Danièle Casanova qui est tombé sous les balles des miliciens et des GMR le 18 juillet 1944 dans l’attaque qui fut également fatale à son camarade Marc Bonnot. Cette action de répression de la Résistance fit également un blessé grave et sept combattants furent faits prisonniers. Dans les jours qui suivirent il y a eu six arrestations, quatre victimes figurent parmi les fusillés de Saint-Yorre, seul un, André Bonnet, est revenu de déportation. (cf. Et les bourbonnais se levèrent – André SEREZAT – 1985)

Camp Casanova : la nouvelle donne

Après les avancées de la Campagne d’Italie, avec le débarquement allié en Normandie bientôt conforté par celui de Provence, l’activité de la Résistance se démultiplie et sort de l’ombre face à un ennemi contraint au repli et d’autant plus féroce dans ses représailles…

Marc BONNOT, ouvrier coiffeur à Souvigny avait à peine 20 ans quand il a rejoint le maquis Danièle CASANOVA le 6 juin 1944 en forêt de Moladier avec d’autres garçons de Souvigny, André QUENISSET, Henri DAUBINET, Roger DAUPHIN, et René AUBER.

Une activité de guérilla.
C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenu et ravitaillé par les paysans des fermes des environs. L’embuscade du Rocher Noir à Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’embuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel avait neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération.

Le périple du 14 juillet
Le 14 juillet, Lucien Depresle reste au camp à la ferme de Renaudière avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant que les autres sont partis sous les ordres de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.

Une mission écourtée…
Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir…  » Sapin  » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.

Une première attaque
Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué, à la tombée de la nuit. Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives. Georges AUREMBOUT fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp.

Une évacuation risquée, une errance de cache en cache.
Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
Le répit sera de courte durée !

Des représailles
Le 16 juillet, neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO, deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).

La traque se poursuit
La nuit suivante, au petit matin du 18, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route où passe le convoi des GMR et de la milice qui se dirige vers Noyant pour y attaquer le groupe Villechenon qui est cantonnés à la ferme de Villars depuis plusieurs semaines.
Pas plus que ses camarades à ce moment-là, Lucien Depresle ne pouvait penser que les mêmes assaillants allaient revenir pour les attaquer à la mi-journée.
Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…Un repli mortel
A moins d’un contre dix, le déséquilibre des forces était tel, qu’il imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri.
Le groupe se sépare ; AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture.

Premières victimes
Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.
A l’est des bois, en direction de Besson, Roger BELLIEN, caché derrière un buissons d’épines aperçois un groupe de miliciens et de GMR à quelques dizaines de mètres sur le chemin près de la ferme. Sa mitraillette s’enraye, et c’est suffisant pour qu’il soit repéré. Il a été abattu là à l’orée du bois en contrebas de la ferme de la Vivère.

L’abri en terre d’accueil
Le groupe de Lucien Depresle était parti vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; mais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abattant sur le champ d’avoine, les moissonneurs s’en vont et, vers 17 heures, les forces de Vichy repartent. Les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…

Le bénéfice de la connaissance du terrain !
Au risque de s’aventurer à travers champs ou dans les bois, les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé la plupart des résistants dans leur repli ; leurs mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres !
Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans la paille.

Stèle Marc BONNOT – Cressanges

13 avril 2023
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Le périple du 14 juillet n’était pas passé inaperçu des allemands et de la police de Pétain. Après un accrochage le 15 juillet qui fit deux morts côté allemand, l’étau se resserre sur les maquisards. Avec l’attaque du 16 juillet ils doivent se replier par les bois en regagnant le château de Bost. Neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO et deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).Deux jours plus tard, le 18 juillet la Milice et les GMR encerclent les maquisards repliés dans les bois de Besson. Les maquisards échappent à l’encerclement en décrochant en petits groupes ; deux morts sont à déplorer, Roger BELLIEN à la Vivère (Besson) et Marc BONNOT au Parc (Cressanges). Roger MAGNIERES gravement blessé par les miliciens sera conduit pour être amputé à l‘hôpital de Moulins par des GMR.Après quelques jours d’errance les combattants de Casanova se reforment à Meillers pour poursuivre l’action jusqu’à la libération de Moulins à laquelle ils participent activement.

Marc BONNOT, ouvrier coiffeur à Souvigny où il est né avait à peine 20 ans quand il a rejoint le maquis Danièle CASANOVA le 6 juin 1944 en forêt de Moladier. C’était un grand mérite que de s’engager de la sorte pour un jeune qui, né en 1924, ne risquait guère d’être inquiété par le STO, sauf à manifester ouvertement son opposition au régime de Pétain.

Marc BONNOT a répondu à l’appel des dirigeants FTP avec d’autres garçons de Souvigny ; André QUENISSET, Henri DAUBINET, Roger DAUPHIN, et René AUBER parmi d’autres étaient à l’installation du Camp Danièle CASANOVA.

Après s’être déplacé dans les bois qui entourent le château du Prince Xavier de Bourbon-Parme, à Botz sur la commune de Besson (un soutien sincère de la Résistance), le maquis déménagera quelques kilomètres plus au sud dans la vallée du Douzenan au lieu-dit Renaudière sur la commune de Meillard.

C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenus et ravitaillé par les paysans des environs. L’embuscade de Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’emuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération. Le périple du 14 juillet avait soulevé l’enthousiasme dans le contact population-maquisards.

Mais l’ennemi et la police de Pétain vont passer à l’attaque après l’escarmouche du carrefour de Lafeline où un soldat allemand avait été abattu.

Cerné par l’armée allemande, les troupes du maquis doivent se replier à travers la campagne en direction du château de Botz. Et c’est là que l’encerclement par des GMR et des miliciens qui reviennent de l’attaque de la ferme de Villars à Noyant le matin même va être fatal à deux combattants du maquis. Le repli se fait par petits groupes. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri. Le groupe se sépare. AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture. Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.

A l’opposé, en direction de Besson Roger BELLIEN était abattu près de la ferme de la Vivère.

Notes à partir de la prise de parole à l’inauguration de la plaque « Marc BONNOT » à Souvigny


Camp Casanova : la nouvelle donne

Après les avancées de la Campagne d’Italie, avec le débarquement allié en Normandie bientôt conforté par celui de Provence, l’activité de la Résistance se démultiplie et sort de l’ombre face à un ennemi contraint au repli et d’autant plus féroce dans ses représailles…

Une activité de guérilla.
C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenu et ravitaillé par les paysans des fermes des environs. L’embuscade du Rocher Noir à Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’embuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel avait neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération.

Le périple du 14 juillet
Le 14 juillet, Lucien Depresle reste au camp à la ferme de Renaudière avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant que les autres sont partis sous les ordres de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.

Une mission écourtée…
Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir…  » Sapin  » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.

Une première attaque
Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué, à la tombée de la nuit. Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives. Georges AUREMBOUT fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp.

Une évacuation risquée, une errance de cache en cache.
Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
Le répit sera de courte durée !

Des représailles
Le 16 juillet, neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO, deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).

La traque se poursuit
La nuit suivante, au petit matin du 18, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route où passe le convoi des GMR et de la milice qui se dirige vers Noyant pour y attaquer le groupe Villechenon qui est cantonnés à la ferme de Villars depuis plusieurs semaines.
Pas plus que ses camarades à ce moment-là, Lucien Depresle ne pouvait penser que les mêmes assaillants allaient revenir pour les attaquer à la mi-journée.
Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…Un repli mortel
A moins d’un contre dix, le déséquilibre des forces était tel, qu’il imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri.
Le groupe se sépare ; AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture.

Premières victimes
Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.
A l’est des bois, en direction de Besson, Roger BELLIEN, caché derrière un buissons d’épines aperçois un groupe de miliciens et de GMR à quelques dizaines de mètres sur le chemin près de la ferme. Sa mitraillette s’enraye, et c’est suffisant pour qu’il soit repéré. Il a été abattu là à l’orée du bois en contrebas de la ferme de la Vivère.

L’abri en terre d’accueil
Le groupe de Lucien Depresle était parti vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; mais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abattant sur le champ d’avoine, les moissonneurs s’en vont et, vers 17 heures, les forces de Vichy repartent. Les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…

Le bénéfice de la connaissance du terrain !
Au risque de s’aventurer à travers champs ou dans les bois, les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé la plupart des résistants dans leur repli ; leurs mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres !
Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans la paille.

Stèle de La Pièce Plate – Meillard

13 avril 2023
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La stèle est érigée dans la clairière de La Pièce Plate à l’endroit même où avait été établi le premier campement des maquisards du Camp Hoche au printemps 1943. Le choix de l’endroit avait été fait par le responsable de l’implantation, Georges Gavelle avec Lucien Depresles dont la famille de cultivateurs était installée au Village des Champs.
Cette stèle en terrain privée, n’est accessible qu’à l’occasion de la cérémonie commémorative à l’initiative du Comité local de l’ANACR Meillard Le Montet le matin du deuxième dimanche de mai.

Célébrations passées

Georges GAVELLE a été l’un des principaux initiateurs du Camp Hoche. Né le 22 juillet 1922 à Lavault-Sainte-Anne (Allier) il a été ajusteur puis officier de carrière, militant communiste de l’Allier, résistant FTPF; il décèdera le 3 juin 2010 à Moulins (Allier),

Mai-juin 1942 : formation du groupe armé Montluçon-ville.

Ouvrier montluçonnais aux usines Saint-Jacques, Georges Gavelle se retrouve auprès des militants communistes dans la clandestinité dès 1939. Tracts et presse clandestine font son quotidien avant son engagement dans l ‘armée. Après le 11 novembre 1942, l ‘occupation de la zone dite « libre » et la démobilisation, Georges Gavelle revient à Montluçon ; la répression l’empêche de reprendre ses contacts. Ses tentatives successives pour gagner l’Algérie ou l’Angleterre par l’Espagne restent vaines à Perpignan comme à Bayonne… Revenu à Montluçon, il participe à la manifestation du 6 janvier 1943 et reprend contact avec les communistes montluçonnais ; il imprime tracts et journaux clandestins à son domicile, et travaille avec Louis Bavay, Marcel Zwilling et Pierre Katz au Groupe armé de Montluçon-Ville. Son implantation en maquis envisagée dès l ‘automne 42 se réalisera au printemps 1943 dans la région de Meillard ; Georges Gavelle en sera un des principaux artisans avec Louis Bavay.

La création

Le camp Hoche est né du « Groupe armé de Montluçon-Ville ». Suite à la manifestation du 6 janvier 1943 en gare e Montluçon, qui avait empêché le départ d’un train de travailleurs requis pour partir en Allemagne, Louis Bavay réunit les chefs des groupes armés. Décision est prise de créer le maquis qui passe pour être un des tous premiers de l’Allier afin de recueillir les réfractaires au STO. Georges Bavay (dit Tilou), fils de Georges et Georges Gavelle implantent le maquis aux Champs sur la commune de Meillard, à proximité de Vichy. Les principales raisons qui guidèrent le choix de Meillard portaient sur le soutien logistique des paysans pour le ravitaillement et des mineurs de Noyant et Buxières-Saint-Hilaire pour les explosifs. La topographie des lieux s’y prêtait aussi bien ; ce sera le Camp Hoche.

L’armement

Après l’unique revolver du premier jour et quelques fusils de chasse, le premier équipement du groupe était constitué d’armes et de munitions récupérées à la démobilisation et cachées par Fernand Thévenet au hameau de Champcourt à Treban : une dizaine de fusils et un fusil mitrailleur avec leurs munitions. Ce trésor de guerre avait ensuite été transféré à l’abri dans la cabotte d’un vieux chêne têtard à Chapillère.

L’action

En juillet, l ‘ordre avait été donné du brûlage des meules de blé des collaborateurs.

La même nuit :

à Treban la récolte du maire
à Meillard une meule et la machine à battre
à Monétay une meule
Tentative de sabotage de la ligne haute tension à La Racherie (Contigny)
Incendie des stocks de fourrage réquisitionnés par les allemands aux Halles à SaintPourçain sur Sioule
Sabotage de la ligne à haute tension : 2 fois à Monétay et 2 fois à Châtel de Neuvre
Attaque d’un train de légionnaires entre Moulins et Saint-Germain des Fossés…
au total une cinquantaine d’actions en quatre mois.

La dissolution

Le nombre trop important d’hommes présents en Août au maquis a fini par attirer l’attention de la police de Pétain et des allemands. Suite à la dénonciation d’un assistant des Chantiers de Jeunesse, le camp est attaqué le 25 septembre par 120 GMR (Gardes Mobiles de Réserve) dans la forêt des Colettes où il s ‘était déplacé pour tenter de se mettre en sécurité. On a dénombré 12 victimes -dont les noms sont gravés sur la stèle des Champs-, avec la perte des armes, des munitions et du ravitaillement.La dissolution du Camp, décidée le 30 septembre 1943, ne sera effective que fin octobre, quand les combattants répartis en quatre grands groupes auront été envoyés par sécurité vers d’autres unités, parfois hors du département.