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Plaque des déportés – Meillard (Mairie)

13 avril 2023
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Plaque à la mémoire des Résistants déportés Lucienne Depresle et Gilbert Bidet, Morts pour la France.

Lors du ravalement de la façade de la mairie, la plaque a été déplacée sous le débord de toit, en haut et à gauche.
Découvrir le parcours de Lucienne Depresle (source : site de l’AFMD de l’Allier)
Découvrir le parcours de Gilbert Bidet (source : site de l’AFMD de l’Allier)

Plaque des déportés – Meillard (Monument aux Morts – Cimetière)

13 avril 2023
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Outre la plaque apposée en hommage aux déportés Morts pour la France sur le Monument aux Morts au cœur du cimetière de Meillard, une autre plaque fustige la guerre et renvoie au message pacifiste d’autres monuments, tout près à Rocles, à Commentry ou Saint-Martin d’Estreaux, ou à Gentioux Pigerolles…

Monument Camp Casanova – Besson

13 avril 2023
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La Stèle de Moladier est érigée en hommage aux Résistants du maquis Danièle CASANOVA rassemblés à la ferme de Moladier le 6 juin 1944.
14ème halte sur l’itinéraire de la Résistance dans le Bocage Bourbonnais, le monument du Rond-Point de Moladier marque aussi les avancées dans la connaissance de l’histoire de ce maquis et des Résistants qui s’y engagèrent… En témoignent les informations sur le parcours d’André FERNAND.

Du projet de monument…

… à sa réalisation !

Un maquis mobile

Pour des raisons de sécurité comme pour les besoins de l’action, le camp Danièle Casanova passe d’un lieu à un autre pendant que des petits groupes de combattants vont réaliser leurs actions, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres.

Une cible pour la répression

A deux reprises, le camp va être attaqué les 16 et 18 juillet 1944. A Renaudière, après qu’une escarmouche avec des soldats allemands en reconnaissance ait signalé la présence du maquis l’encerclement oblige au repli sur le secteur de Besson. Puis dans le secteur du château de Bost après ce premier repli, la seconde attaque fera deux morts, Roger Bellien et Marc Bonnot, et un blessé, Roger Magnière, sans compter les prisonniers des rafles qui ont suivi. Quelques jours après la dispersion la plupart des maquisards se retrouveront vers Meillers ; ils se reformeront alors en unité de combat pour harceler les unités allemandes qui se repliaient vers le nord-est et participer ensuite à la libération de Moulins.

Jean AMEURLAIN (Jean-Louis), un des fondateurs du maquis…

Instituteur à Cressanges avec son épouse -après l ‘Ecole Normale de Moulins-, il établit les contacts avec les familles paysannes déjà engagées dans la Résistance.

Insoumis aux Chantiers de Jeunesse et réfractaire au STO, Jean Louis Ameurlain entre dans la clandestinité. Après avoir échappé à la police de Pétain, il gagne la région de Saint-Etienne où il fait partie des responsables FTPF de Loire et Haute-Loire. Après un passage en Ardèche il regagne l’Auvergne avec la responsabilité des FTP et de l’Inter-Région Loire, Haute-Loire, Puy de Dôme, Cantal et Allier. Suite à l’arrestation de trois autres responsables en gare de Clermont-Ferrand il se retrouve isolé et regagne l’Allier où il sait pouvoir renouer des contacts avec le Front National et les FTPF. C ‘est alors qu’il participe à la création du Camp Danièle Casanova en juin 1944 en forêt de Moladier avec le chef de Compagnie FTP Lamarque et l’aide précieuse de Jean-Marie Livernais, fin connaisseur de la région. C’est aussi lui qui sera à l’initiative de l’embuscade de Châtillon tendue le 25 juin 1944 à un convoi allemand qui fera sept victimes côté allemand et trois véhicules détruits, sans perte ni blessé du côté des maquisards. C’est également sous son commandement que les troupes du maquis vont parcourir les villages du secteur dans leur fameux « périple du 14 juillet » qui aura le mérite de mobiliser une population proche de sa délivrance ; mais qui aura aussi l’inconvénient d’alerter la police de Pétain et les allemands qui allaient attaquer le surlendemain.

La guérilla

Les maquisards sont passés ma ît r e s e n ma ti è r e d e harcèlement dans une tactique de guérilla qui privilégie les engagements de courte durée pour des petits groupes très mobiles. C’est ainsi que le camp Danièle Casanova compte à son actif de nombreux sabotages (pylônes et transformateurs électriques, voies ferrées ) , des embuscades, des accrochages avec prisonniers et récupération d’armes.

Le camp Danielle Casanova, de ses prémices en 1943…

Des informations conservées dans les archives du Ministère des Armées (GR 19 P), croisées avec les témoignages des acteurs, nous permettent d’enrichir l’image de ce que fut la Résistance sur nos terres bourbonnaises, à la fois précoce, diverse dans ses origines et multiforme dans une gradation depuis des actions de propagande des tout débuts jusqu’à l’intensification de la lutte armée jusqu’aux combats de la Libération. Le cas du Camp Danielle Casanova illustre bien la détermination des Résistants engagés sous la bannière des FTPF qui, dans une longue litanie d’actions que beaucoup considèreront bien modestes, font vivre l’esprit de Résistance dans son ancrage populaire.

Emplacement prévu pour l’installation du monument marquant la création du Camp Casanova, le 6 juin 1944…

Témoignage de Jean-Marie LIVERNAIS, lieutenant F.T.P.

Début juin 1944, l’organisation militaire du Front National pour la libération de la France avait, dans la région de Besson, de nombreux FTP sédentaires.

Voilà comment cela s’est passé :

Le 6 juin, lorsque fut connu le débarquement allié, un nommé LOGIS, responsable militaire de ces groupes sédentaires, n’a rien trouvé de mieux que de dire : « tout le monde au maquis !».

On se retrouve dans la forêt, autour de la ferme de Moladier, avec 185 « pipes » d’un coup. Mais cet innocent-là n’avait pas prévu que, au bout de 6 heures, tout ce monde-là, ça a faim ; et il n’y avait pas d’armes pour tout le monde.

Il n’y avait rien de prévu. Jean AMEURLAIN et moi nous trouvions là. Il a dit : « tu dois connaître tout le coin comme ta poche, la forêt et tous les recoins, j’ai besoin de toi. Je te réquisitionne. »

La première des choses qu’on a faites a été de dire aux gars : « tous ceux qui ne sont pas grillés, vous rentrez chez vous ! ». Mais il en est resté près de 80.

Pour le ravitaillement, on a alerté GUITTON, le père CHALMIN, tous les gars du coin.

Par la suite, ces maquisards restants furent répartis dans la région, dans les forêts avoisinantes, installés sous des toiles de tente.

Jean AMEURLAIN ayant pris contact avec le prince de BOURBON PARME, les maquisards sont regroupés à Bost.

Ils vont y rester quelques jours pour s’organiser avant de repartir pour les bois de Chapillière, à Meillard.

Pendant ce temps, avec Jean AMEURLAIN, on s’était rendu à Messarges, à Grosbois. On recherchait des lieux où le maquis pourrait trouver refuge en cas d’attaque. Pour ma part, j’étais chargé de prendre des contacts auprès des paysans.

Ces responsables paysans devaient, après avoir reçu le mot d’ordre donné la veille, prévoir le ravitaillement. J’avais contacté les responsables : MALTER, au Gouet de Bagnolet, ainsi qu’à Meillers, je ne me souviens plus du nom du contact. A la libération du département, le maquis Danielle CASANOVA était installé à Meillers.

Je suis revenu au camp, à Meillard et, vers le 15 juin, j’ai été rappelé à Montluçon.

Le maquis demeure à Meillard jusqu’au 16 juillet. Ils se font attaquer mais je ne sais pas ce qui s’est passé, plutôt que se déplacer, soit sur Bagnolet, soit sur Messarges, soit sur Grosbois, ils sont revenus se planquer à Bost et le 18, ils sont de nouveau attaqués par la police de Vichy (G.M.R. et milice).

Pendant cette première période, s’organisent le camp de base et l’organisation du maquis ainsi que la surveillance des routes R9 et de la 125.

Le 18 juin, sous la conduite d’AMEURLAIN, un groupe de maquisards attaque un convoi allemand sur la route de Châtillon à Souvigny, avec succès, aucune perte n’est à déplorer du côté français.

Témoignage de Lucien DEPRESLE, Lieutenant FTP

« Le 10 juillet, je quitte Saint Plaisir pour rentrer au maquis Danielle CASANOVA qui a établi son camp dans les bois de Renaudière, sur la commune de Meillard.

Lorsque je suis arrivé au camp, le 13 juillet 1944, il était commandé par Roger DAUPHIN, dit « Rigal », Chef de camp Henri VENIAT, dit « Jean », Commissaire aux effectifs, Charles LEGER, dit « La Pipe », Commissaire technique, et FRIEDLER, dit « Lamarque », Commissaire militaire.

« Le 14 juillet, je reste au camp assurer la garde avec une vingtaine de camarades pendant que les autres partent pour un périple à travers la région, Treban, Cressanges, Souvigny, Besson, Meillard, afin de montrer la présence des maquisards aux abords de Moulins. Le soir, ils regagnent notre camp. C’est là que nous étions cantonnés, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, lors de l’attaque de l’armée allemande stationnée à Saint-Pourçain-sur-Sioule.

« Devant la supériorité numérique de l’ennemi (hommes et matériel) nous devons nous disperser. Nous décrochons. Je suis avec un groupe d’au moins 40 camarades. Ceux-ci veulent remonter vers les Champs. Je leur dis « il ne faut pas aller par-là ». Avec ma connaissance du terrain, je les entraîne par les bois. Nous traversons la route Treban Saint-Pourçain-sur-Sioule, au-dessus du château d’eau, entre le Latais et Ménilchamp. Ce groupe va se cacher à 2 kilomètres, dans les bois de Peuron, à 400 mètres de la route Bresnay Saint-Pourçain-sur-Sioule, pendant la journée du 16.

« Dans la nuit du 16 au 17 juillet, nos camarades Georges et Louis AUREMBOUT, qui connaissent cette région, prennent la direction du groupe et nous partons par les champs et les petits chemins à Bost, sur la commune de Besson. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons beaucoup marché et nous avons le ventre vide. »

Pendant la journée du 16 juillet, les Allemands ont arrêté Emilien DENIS, Alexandre MORET, Albert BATISSE et Louis DETERNES. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire.

André TAUVERON et Louis BARDON seront envoyés en Allemagne, au titre du S.T.O.

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d’être parmi les 300 qui furent libérés lors de l’évacuation de la prison par les Allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchenwald.

André FERNAND, malade et alité chez Emilien DENIS à la Renaudière, est également arrêté et depuis, porté disparu.

« Le 18 juillet, vers une heure du matin, un fort convoi de camions passe, menant grand bruit, sur la route Besson Cressanges, ce n’est donc pas pour nous ! Vers 11 heures, les camions reviennent. Ce sont les G.M.R. et les miliciens. Ils nous encerclent : bataille, décrochage à nouveau, dispersion. Au cours du décrochage nous avons eu deux tués : Marc BONNOT et Roger BELIEN. Un maquisard, CUISSINAT, fut blessé au pied par une chevrotine. Il fut caché et soigné chez CHALMIN au village de Cressanges. Un autre, Roger MAGNIERE, fut blessé grièvement par des miliciens qui l’abandonnent dans un fossé pour qu’il crève (déclaration de Roger MAGNIERE après son rétablissement). Les G.M.R. le trouveront dans le fossé et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il sera soigné et amputé d’une jambe.

Retombées de la répression par les miliciens et les G.M.R.

le 18 juillet 1944, Robert RONDET, réfractaire au S.T.O., échappe à l’arrestation par la milice.

Suite à l’attaque du camp Danielle CASANOVA, les miliciens et G.M.R. prennent la relève des Allemands et vont attaquer le maquis CASANOVA réfugié à Bost, à Besson.

Le matin, les forces de police de PETAIN avaient encerclé et attaqué la ferme de Villars à Meillers. Dans cette ferme avait séjourné le maquis VILLECHENON.

Seuls, trois maquisards qui y étaient encore, ont pu s’échapper. Il s’agissait de GOMEZ, BETRET et VILLATTE.

Mais les miliciens et G.M.R. arrêtent Joseph LAFAY et son frère Jean, (cultivateurs à Villars), MARCUS Jean (mineur), ZUNINO Antonio (bûcheron) et RONDET René (cafetier). Ils sont conduits à Besson, mis face au mur de l’église. Ils furent rejoints par 6 ou 7 jeunes : Marcel VIRLOGEUX, Jean Marie AUCLAIR de Besson, Jean GALLAND, Henri DAUBINET et René AUBERT de Souvigny, François BALHA de Noyant.

Selon Jean VILLATTE, les G.M.R. ont laissé s’échapper le groupe de maquisards alors qu’ils auraient pu facilement les abattre dans leur fuite et en arrêtant leurs recherches à une vingtaine de mètres du fossé où ils s’étaient cachés.

D’après les propos de René RONDET, le soir même, le commandant du G.M.R. s’oppose fermement aux miliciens qui voulaient exécuter les prisonniers, debout devant le mur de l’église et évite ainsi un bain de sang.

Le soir, ils sont amenés, à Vichy, par les miliciens, pour interrogatoire, puis à Bellerive sur Allier, au château des Brosses, lieu d’internement placé sous l’autorité de la milice.

« Dans les derniers jours de juillet 1944, notre petit groupe séjournait aux Cailles de Chemilly, dans une maison abandonnée, couchant sur la paille. QUENISSET et VENIAT sont venus nous dire de partir car les BERTHON (Jules et son fils Albert) exploitants le domaine des Bruyères et les deux maquisards qui étaient chez eux avaient été arrêtés. Parmi ces maquisards se trouvait le responsable qui nous ravitaillait et qui tentait de réunir à nouveau les groupes, comme nous étions avant les attaques des Allemands, des G.M.R. et des miliciens.

« Le responsable n’a pas parlé car les groupes dont il s’occupait ne furent pas inquiétés. Les BERTHON et les deux maquisards furent massacrés, le 7 août, avec 7 autres hommes, dont plusieurs faisaient partie du camp CASANOVA, au champ de tir de Saint-Yorre.

« Nous revenons à notre point de départ, dans les bois des Champs, à Meillard, ce qui nous permet de trouver à manger, ce qui est important, pouvoir se nourrir.

« Vers le 15 août, nous sommes un groupe d’une dizaine de maquisards. Nous avons récupéré une voiture, à Soupaize. Nos chefs, SAPIN et BURLOT, ont réquisitionné un camion à la fabrique de bière « la Meuse » (à Moulins).

Après le 15 août, la direction du maquis est donnée à WATTEAU, dit « Lionel », comme chef de camp.

Le responsable militaire est : BERTHELOT Etienne, dit « Hérisson »,

Responsable technique : RAMOS Emmanuel, dit « Fabre »,

Commissaire aux effectifs : moi-même, dit « Balard ».

« Nous avons commencé de rouler sur les routes du coin, Souvigny, Coulandon, etc. Nous nous approchons de Moulins. Puis, un jour, nous avons raflé la garde allemande du pont de Moulins pour montrer notre présence aux abords de Moulins et récupérer les armes.

« Petit Pierre » sort le fusil, mitraille et dirige le feu sur la guérite. Deux des assaillants jettent leurs grenades mais elles rebondissent sur le rebord de la fenêtre et ils ont le temps de se cacher derrière le mur pour se protéger. Les 8 Allemands sortent, les mains en l’air. Faits prisonniers, nous les amenons à la carrière de Meillers. Le lendemain, nous les conduirons à Saint Hilaire où ils rejoindront d’autres prisonniers.

« L’opération nous a permis de récolter des armes et des munitions.

« Un autre jour, nous nous sommes engagés sur la passerelle qui est entre Bagneux et Villeneuve. Elle remplace le pont qui a sauté lors de la débâcle. Elle a la largeur du camion. Nous sommes une vingtaine de gars dans le camion, précédés par la voiture du commandant SAPIN, dans laquelle il a pris place avec trois maquisards. Sur la plage, des gens qui se baignent nous font de grands signes. Il ne faut pas aller plus loin car nous allons tomber dans la gueule du loup. En effet, un fort contingent de soldats allemands (estimé à 800) se trouve bloqué à la gare de Villeneuve. Arrivés à l’autre extrémité, nous faisons demi-tour. Revenus sur la 9, nous attaquons et réquisitionnons un car et un chargement de Gasoil et nous rentrons à Meillers, au château des Salles.

« Le 26 août, une colonne forte d’environ 2 000 soldats allemands, précédée et suivie par 300 miliciens accompagnés de leurs familles, se replie de Bourganeuf sur Montluçon. Elle est attaquée, à Estivareilles, par les maquisards et modifie son itinéraire. Les forces allemandes qu’elle doit rejoindre, à Montluçon, ont évacué la ville depuis plusieurs jours pour se replier sur Moulins. La colonne se dirige vers Huriel, Audes, Vallon, Le Brethon. Elle passe la nuit à la Croix Cornat, commune de Saint-Caprais. Elle atteint Ygrande vers 8 Heures 30. Elle y stationne, se restaure puis poursuit sa route vers Moulins en passant par Bourbon l’Archambault où elle fait deux victimes, COPET et MARCHAND puis Saint-Menoux.

« A l’entrée de la forêt de Bagnolet, sur la commune de Marigny, notre groupe allume la colonne (c’est-à-dire que nous tirons quelques coups de feu pour tenir les soldats en alerte). Les soldats ripostent et nous arrosent de balles. Ils ne manquent pas de munitions. Ils tirent depuis les camions qui continuent à rouler. Leur tir, un peu haut, permet à notre groupe de se replier. Notre groupe n’a pas eu de blessé ce jour-là.

« Des paysans, occupés à la batteuse dans la ferme proche, entendent tous ces coups de feu, s’avancent pour voir ce qui se passe. Ils sont capturés par les miliciens qui forment l’arrière-garde de la colonne allemande. Les miliciens les torturent et les fusillent à l’endroit où s’élève, aujourd’hui, le monument qui rappelle ce douloureux événement. Nous revenons à Meillers et continuons de sillonner les routes de la région. »

Je termine mon engagement dans le camp Danielle CASANOVA comme lieutenant C.E. (commissaire aux effectifs). L’effectif est de 80 maquisards. Revenu dans l’armée régulière, j’obtiens le grade de sergent-chef. Je suis affecté au centre de perfectionnement de Châtel-Guyon que je quitte à la suite de graves ennuis de santé. Après une convalescence de six semaines, je rejoins la caserne de Montluçon, en mai 1945. Je pars avec mon bataillon en Alsace où je suis affecté à la garde des prisonniers.

Démobilisé début décembre 1945, je reviens à Meillard.

Témoignage de Robert JOYON, Aspirant F.T.P.

« En janvier-février 1944, nous avons reçu la consigne de la Résistance de créer des comités d’aide aux réfractaires au S.T.O. Il nous fallait trouver un certain nombre de personnes, si possible assez influentes dans chaque secteur, pour solliciter des fermiers afin de cacher et héberger des réfractaires pour les empêcher de partir en Allemagne et éventuellement les faire passer au maquis.

« A Besson, nous savions que le curé, Léon VIRLAT, était anti-pétainiste et qu’il cachait chez lui son neveu, réfractaire au S.T.O.

« C’est tout naturellement que nous sommes allés le contacter. Nous sommes très bien accueillis. Il nous répond qu’il était de tout cœur avec nous mais qu’il lui était difficile, dans sa situation, de travailler avec nous. Par contre, il nous conseilla de contacter le prince Xavier DE BOURBON-PARME en lui disant que nous venions de sa part.

« Ce dernier accepta sans difficulté et participa activement à ce comité d’aide aux réfractaires.

« Plus tard, en juin-juillet 1944, Jean AMEURLAIN, qui recherchait des emplacements pour les maquis et après étude du site, alla informer le prince qu’il avait l’intention d’installer, pour quelques jours, le maquis Danielle CASANOVA dans son immense parc et les bois qui l’entourent et lui demander d’observer une bienveillante neutralité.

« Jean AMEURLAIN, ignorant tout de son activité antérieure, fut surpris par la rapidité de son accord et de l’aide qu’il apporta au camp Danielle CASANOVA : fourniture de couvertures, mise à la disposition de la bibliothèque du château pour servir d’infirmerie, etc.

Les maquisards arrêtés le 18 qui étaient internés au château des Brosses à Bellerive furent libérés suite à l’intervention du comte. Celui-ci se rendit en vélo (n’ayant plus d’essence pour sa voiture), à Vichy auprès de PETAIN, où il fit passer ces jeunes maquisards pour les enfants de ses métayers. Leur libération intervient le 27 juillet en même temps que celle des frères LAFAY. »

Les prisonniers de Meillers ne furent libérés qu’après un mois de détention, vers le 17 août.

Suite à ces douloureux événements, le Prince De BOURBON PARME, de nationalité italienne, né à Casamore en Italie en 1889, est arrêté ainsi que Monseigneur PIGUET, évêque de Clermont-Ferrand. Ils sont internés à la prison du 92ème RI. Ils quittent Clermont le 20 août 1944, avec les 239 détenus de la prison, pour le camp du Struthof. Tandis que les autres détenus sont entassés dans les wagons de marchandises, ils font le voyage dans un wagon de voyageurs de 3ème classe gardé. Ils arrivent au camp le 30 août. A partir du 4 septembre, le camp du Struthof est évacué vers celui de Dachau. Les deux otages resteront à Dachau jusqu’à la libération du camp par les Américains, le 29 avril 1945.

Commémoration du Camp Casanova

18 juillet 2022
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Cérémonie au Parc à Cressanges

Prise de parole

Merci à vous d’être présents, fidèles à nos rendez-vous de la mémoire de la Résistance.
Merci aux représentants des organisations patriotiques.
Merci aux porte-drapeaux.
Merci aux élus qui nous accompagnent dans la réalisation de nos missions.

Nous sommes le 17 juillet
Avant-hier après-midi, nous étions le 15, un peu fatigués mais tellement contents du grand périple célébrant notre 14 juillet en défilant dans toutes les communes du secteur sous les acclamations de la population ; passée la fête, retour au travail ! un groupe de maquisards part du camp à Renaudière vers Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchent à vélo pour voir…  » Sapin  » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie abat un soldat Allemand… le second s’échappe et donne l’alerte.
Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même le camp est attaqué à la tombée de la nuit. Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les Allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives. Georges AUREMBOUT fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp.
Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Avec les frères Aurembout, Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois, à travers champ et à l’abri des haies… Ils s’éloignent, traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés toute la journée jusqu’à hier soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils sont arrivés ce matin.
Hier les représailles se sont abattues sur le secteur, neuf otages ont été raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO, deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).
La nuit prochaine Lucien va prendre son poste de garde à l’orée du bois, surveillant la route de Besson à Cressanges…
La suite, c’est lui qui me l’a racontée cent fois…
Il faisait à peine jour au matin du 18 juillet quand une longue colonne de camions passa sur la route, sans s’arrêter !
« Ouf, ce n’est pas pour nous ! »
Mais il s’en faudra de quelques heures… Après avoir sévi à Noyant à la ferme de Villars qu’ils incendient pour en déloger le Groupe Villechenon, Miliciens et GMR viennent encercler les bois de Bost.
A moins d’un contre dix, le déséquilibre des forces est tel, qu’il impose la dispersion pour échapper à l’encerclement.
C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri.
Le groupe se sépare ; AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER est fait prisonnier ; il va connaître la prison des Brosses et ses salles de torture.
Les miliciens ont assassiné Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc où nous étions tout-à-l’heure et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.
A l’Est des bois, en direction de Besson, Roger BELLIEN, caché derrière un boursiller d’érondes (un buisson de ronces), aperçoit un groupe de miliciens et de GMR à quelques dizaines de mètres sur le chemin près de la ferme de La Vivère. Il veut tirer, mais sa mitraillette s’enraye, et c’est suffisant pour qu’il soit repéré. Il a été abattu là à l’orée du bois en contrebas de la ferme de la Vivère…
C’était demain, le 18 juillet 1944.
Alors aussi et surtout Merci à Roger, à Marc, à Robert et à Lucien, à Jean-Marie, à Jean et à Marcelle, à Lucienne, Georges, Gilbert, à Louis, à Henri, à René et à Jean-Baptiste…
Merci à cette glorieuse multitude de tous les cœurs battants qui ont vaillamment contribué à vaincre la barbarie.
La Résistance, et l’histoire en atteste, a fait de la Libération la victoire du soulèvement populaire sans lequel celle de l’armada des armées alliées n’aurait pas sitôt rétabli la démocratie républicaine dans nos frontières.
La mémoire de la Résistance, comme celle de la Révolution Française, de la Commune de Paris et quelques autres, illustre la volonté populaire d’un monde libre, juste et fraternel, un monde de paix et de concorde entre les peuples. Son expression en est aujourd’hui d’autant plus impérieuse que la planète, et même l’univers quand l’espace est investi par le militaire, semble inexorablement soumis à la barbarie des guerres que beaucoup font aux autres par procuration et avec les armes de la misère et de la faim.
Gardons-nous des observations simplistes qui réduisent les affrontements au présent en occultant leurs causes proches ou plus lointaines. Les faiseurs de guerres sont aussi ceux qui en banalisent la présentation médiatique.
Nous ne sommes pas dans un monde sans grand-mères, et le même monde des milliardaires qui préféraient Hitler au Front Populaire continue d’agiter ses marionnettes ; les dernières échéances électorales en ont mis en scène la tragédie.
Avec l’ANACR, c’est au devoir de vigilance que je vous invite pour faire droit à la mémoire de la Résistance et au respect de l’engagement de celles et ceux qui l’ont trop souvent payé de leur vie notre reconquête de la démocratie républicaine.
Je vous invite malgré tout à terminer sur quelques notes d’espoir…
La plus improbable me direz-vous tout-à-l’heure : l’engagement des Résistants vaut encore aujourd’hui, et nous devrions le parachever en pensant la paix pour la faire, une paix qui se gagnera peut-être plus difficilement que toutes les guerres en bannissant l’arme nucléaire comme ont été bannies les armes chimiques, en proposant à nos enfants des classes de la Paix plutôt que des « classes défense », en faisant défiler, à Moscou comme à Paris plus d’infirmières et d’enseignants, d’ouvriers et de jardiniers que d’engins de la mort servis par leurs robots.
Deux notes d’espoir plus surement réalistes à court terme :
• Les routes du département verront sans doute d’ici quelques temps fleurir les jalons de la Résistance et d’autres mémoires en chemin.
• La rentrée prochaine nous verra amplifier nos actions en direction de la jeunesse autour de notre patrimoine mémoriel de la Résistance
Merci à celles et ceux qui font vivre notre association au quotidien, une belle équipe d’entêtés pour ceux qui la regarde de loin, mais qui de près je vous l’assure, cultivent plutôt la persévérance, le courage et l’opiniâtreté, la constance et la pugnacité, quelques qualités qui firent les valeurs de la Résistance et dont nous devons nourrir notre action.

Daniel LEVIEUX – le 17 juillet 2022

8 mai à Meillard

9 mai 2022
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Commémorations des Camps Hoche et Casanova

Le hasard du calendrier a voulu que cette année les cérémonies commémoratives des Camps Hoche et Casanova à Meillard se déroulent en même temps que les cérémonies habituelles du 8 mai : le public a dû se partager, ne serait-ce que pour les rendez-vous de la matinée.

stèle de La Pièce Plate – 8 mai 2022

Le public n’en fut pas moins nombreux pour descendre à la stèle de La pièce Plate ce dimanche matin. Une trentaine de participants s’y retrouvèrent pour une cérémonie particulièrement émouvante. Avec une pensée pour Lucien DEPRESLE, décédé en février dernier, c’est la plus jeune adhérente de notre comité local et de l’ANACR de l’Allier qui prit la parole au côté de Jeannine DUFOUR. Cette dernière avait l’âge d’Eline lorsque les Allemands ont arrêtée Lucienne Depresles et sa fille en mars 44 à Meillard…
Notre comité local se pose ainsi au carrefour du temps des créateurs que le temps nous a ravis et des générations nouvelles qui vont avoir leur patrimoine mémoriel en charge. Dans son intervention Eline a su transmettre ce qu’était l’inquiétude et l’attente de la jeunesse dans les turbulences du monde d’aujourd’hui.

En marge des cérémonies du 8 mai, le comité local de l’ANACR Meillard Le Montet a eu le plaisir d’accueillir un groupe d’Uralistes pour achever la découverte de notre itinéraire de Résistance entamé avec eux en septembre 2021. C’est ainsi que notre petite douzaine de side-caristes et motards a découvert l’histoire de Louis Lanusse à Tronget et celle des fusillées du Montcel à Saint-Sornin après avoir découvert le Momunent aux Morts pacifiste de Rocles…

La cérémonie de l’après-midi à la stèle de Chapillière a rassemblé un public important avec de nombreux élus et six porte-drapeaux… Les prises de parole ont eu lieu à la salle Lucienne Depresle avant que le verre de l’amitié prolonge les nombreux échanges noués par les participants. Les élus présents ont unanimement salué les efforts et la qualité du travail de l’association pour faire vivre le patrimoine mémoriel de la Résistance et les valeurs fondatrices de l’engagement des Résistants. L’investissement dans le projet des chemins de la mémoire rappelé par Christophe de Contenson qui le conduit dans le cadre de sa délégation à la mémoire au Conseil Départemental en est une illustration forte.

C’est également pour figurer l’évolution de notre association que la prise de parole de comité local s’est faite entre Jeannine DUFOUR et Eline LAURENT-PAROTIN, entre ce passé fondateur toujours présent et l’avenir qui s’ouvre avec un second passage de relai au terme de la période transitoire au cours de laquelle les Amis de la Résistance ont eu la chance de côtoyer les acteurs pendant plusieurs décennies…

Extrait de la prise de parole de l’ANACR

Casanova

8 avril 2022
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La mémoire de la Résistance en Bocage Bourbonnais veut que la création du Camp Danielle Casanova soit scellée le 6 juin 1944 à la ferme de Moladier où plus de 160 volontaires s’étaient rassemblés en répondant à l’appel des responsables FTPF du secteur.
De fait le maquis qui se constitue sous le commandement du Commandant Ameurlain regroupe des forces déjà actives sur le secteur de Moulins et du Bocage Bourbonnais avec Léger, Duffaut, Depresles…

Outre le nombre important de ses actions en 3 mois d’existence, la particularité de ce maquis résidera dans une mobilité à la fois dictée par ses engagements et par la pression des forces ennemies, aussi bien armée d’occupation que forces de Pétain qui déploient activement leur actions de répression dès lors que la libération se dessine pour sceller leur défaite.

Partis de la forêt de Moladier, le camp Danielle Casanova installera son Etat-Major dans un premier temps à Boisplan avant de rejoindre Meillard plus au sud au hameau de Renaudière (non loin de l’installation du Camp Hoche l’année précédente).

C’est de Meillard que partira le fameux périple du 14 juiillet 1944 qui verra l’essentiel des maquisards défiler dans les bourgs du secteur en libérateurs acclamés par la population (plus de 1000 à Souvigny). Cette initiative n’avait pas manqué d’attirer l’attention de l’armée Allemande et des forces de Pétain.

Délogés par une attaque allemande le 16 juillet au soir, les maquisards évacueront Renaudière sans perte sous la conduite de Lucien Depresles et des frères Aurembout qui connaissaient parfaitement les prés et les bois de la vallée du Douzenan. Seul André FERNAND qui, blessé, avait dû rester à la ferme de ses beaux-parents où il sera fait prisonnier le lendemain.

Une seconde attaque le surlendemain sera conduite par plus de 1200 GMR et miliciens qui ont encerclé les bois du château de Bost entre Cressanges (Le Parc) et Besson (La Vivère) dans l’après-midi du 18 juillet. Les résistants dispersé dans un premier temps se regrouperont sur le secteur de Meillers pour reprendre le combat jusqu’à la libération de Moulins le 6 septembre 1944…

Des informations figurant dans les notes des différents points d’intérêt relevés sur la carte sont issues de l’Historique des unités combattantes de la Résistance (1940-1944) établi en 1984 par le Gal de la Barre de Nanteuil. Ce dernier a exploité les données des dossiers déposés au service historique de l’Armée de Terre à Vincennes par les responsables de la Résistance dans les années d’après-guerre à des fins d’homologation. Ils peuvent incomplets et être entachés d’erreurs ou d’approximation liées à la fiabilité incertaine de souvenirs de transmissions orales. De ce fait ces informations peuvent différer d’autres figurant dans d’autres articles traitant du même sujet. La connaissance est une matière vivante ; pour s’approcher d’une vérité il faut bien étudier, rechercher, recouper et vérifier les sources tout en gardant un œil critique sur l’apparence des certitudes !

Nécrologie

23 février 2022
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Article proposé au journal La Montagne le 23 février 2022

Lucien DEPRESLES

Lucien DEPRESLES était né à Cressanges en 1923.

Il était sorti de l’école en 1936 avec le Certificat d’Etudes primaires pour aider à la ferme où son père était malade. Son engagement précoce dans la Résistance se poursuivra après guerre plus de trois quarts de siècle dans l’activité associative (ANACR, FNDIRP, AFMD, ARAC) et dans la vie politique locale.

Militant à l’UJARF dès 1938, il a adhéré au Parti Communiste clandestin en novembre 1941. Lucien DEPRESLES sera plus tard élu à Meillard conseiller municipal et maire adjoint de 1953 à 1963, puis maire de 1963 à 1989.

17 ans à peine à la déclaration de la guerre, Lucien est dans une famille qui ne supporte ni la capitulation ni la collaboration pétainiste. Modestement, il disait souvent qu’il n’a rien fait d’autre que son devoir ; mais c’est un engagement de tous les instants, combien risqué et courageux qu’il a partagé avec ses proches.

Avec Armand Berthomier, son voisin au village des Champs il distribue tracts des journaux clandestins dans les communes des environs et s’occupe de cacher les armes récupérées pendant la débâcle de l’armée française qu’il confiera plus tard aux maquisards du Camp Hoche. 

Le secteur de Meillard ayant été choisi pour accueillir les clandestins du groupe armé de Montluçon, c’est Lucien qui conduira Georges Gavelle dans les bois des Champs au fond de la vallée du Douzenan pour décider de l’implantation du Camp Hoche.

Lucien Depresles s’occupait aussi du ravitaillement. Début novembre 1943 réfractaire aux Chantiers de jeunesse, il entre en clandestinité et va de cachette en cachette avec quelques retours au village des Champs. Lors d’un de ses passages il avait assisté de loin avec son frère et son père, impuissant, à l’arrestation de sa mère et de sa sœur le 21 mars 1944.

Il avait rejoint le maquis Casanova le 10 juillet 44 à Renaudière. Lors de l’attaque du 15 juillet, il a sauvé ses camarades en les conduisant à travers champs et bois jusqu’à Besson où ils arrivèrent le 17 juillet à l’abri à proximité du château du Prince de Bourbon, assoiffés et affamés.

GMR et Milice attaquent les maquisards de Casanova le 18 juillet faisant deux morts et un blessé.

Echappant à l’encerclement, Lucien Depresles et ses camarades vivront des semaines d’errance dans les villages des environs pour se reformer et participer à la libération de Moulins.

Avec ses camarades, Lucien avait raflé la garde du pont Régemortes faisant huit soldats Allemands prisonniers avec leurs armes ; plus tard il a participé à la récupération des armes des GMR en Sologne Bourbonnaise avec le commandant Brigand.

Après l’action clandestine Lucien s’engage dans l’armée de la Libération.

Le printemps 1945 verra la terrible épreuve du retour de déportation de sa mère qui n’y survivra guère en s’éteignant le 15 mai 45. Envoyé dans l’Est il sera démobilisé fin novembre 1945.

Le « monde d’après » pour Lucien Depresles c’est le retour à la vie et au travail… et à l’engagement citoyen associatif et politique. Ce sera aussi le temps du « plus jamais ça », le temps du témoignage et de la transmission.

Lucien a travaillé pendant des années à la transmission de la mémoire de la Résistance auprès des plus jeunes générations avec sa voisine au village des Champs, Jeannine Dufour, et d’autres complices Robert Fallut ou Roger Vénuat… La valeur de ce qu’ils ont fait n’a eu d’égale que leur modestie.

La reconnaissance de ce parcours a été bien tardive. Promu le 30 décembre 2016 chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur, Lucien Depresles a reçu sa distinction le 1er avril 2017 des mains de Jean-Claude Mairal.

Après les Joyon, Livernais et tant d’autres Lucien Depresles est un des derniers grands témoins acteurs de la Résistance que nous perdons. Au sein de l’ANACR, comme à l’AFMD le relais est pris pour poursuivre le travail entrepris à leurs côtés et continuer de faire vivre la mémoire et les valeurs de la Résistance sans qu’aucun d’entre eux ne soit jamais oublié et ouvrir aux jeunes générations la perspective des « Jours Heureux ».

La foule était nombreuse au cimetière de Meillard le 19 février dernier à repartir triste en partageant le souvenir de Lucien, de son sourire malicieux, mais aussi avec un peu de ses espérances.

Daniel Levieux
(président du comité local de l’ANACR Meillard-Le Montet)

Sous le coup d’un deuil

23 février 2022
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Lucien Depresles disparu, le comité local de l’ANACR Meillard-Le Montet vient de perdre son Président d’Honneur, et bien plus encore.

Hommages et drapeaux, Besson, Bresnay, Meillard, Cressanges ou Treban, Buxières et Hérisson… Depuis des années la longue litanie de ceux qui nous quittent n’a de cesse de se prolonger ; et ce serait faire offense à chacun que d’établir une hiérarchie dans l’importance des pertes. Celles et ceux qui nous ont quittés sont toutes et tous aussi irremplaçables ; ils sont tous partis en nous laissant dans la peine en emportant avec eux de nombreuses pièces du puzzle de la mémoire.

Triste et fatale habitude, à chaque fois, nous nous sentons tous un peu coupables de n’avoir pas passé assez de temps avec eux, de ne pas les avoir suffisamment mis à la question de notre curiosité… Cette malédiction de l’imperfection du souvenir transmis rend la douleur fatale. Mais il ne peut en être autrement.

Alors accommodons nous de l’héritage qu’ils nous laissent en tentant d’en être dignes.

L’association a l’âge de ses adhérents

Avec Lucien Depresles qui nous quitte, c’est une pièce maîtresse de la charpente de notre association qui disparait. Présent depuis son origine, et même bien avant dans la lutte dont l’idéal de la Résistance mobilisait les combattants, Lucien a connu tous les âges de la vie de l’ANACR. De l’Amicale des Anciens FTPF formée le 2 mars 1945 avant même que la guerre ne soit terminée, à l’insistance de Pierre Villon au congrès de Villejuif en 1952 pour que l’ANACR accueille l’ensemble des formations et réseaux pour devenir l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance Française (fondée par les anciens F.F.I-F.T.P.F.), pour faire l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR) en 1956 puis s’ouvrir aux Ami(e)s de la Résistance au congrès de Limoges en octobre 2006 ; notre association a vécu comme tous les corps vivants en grandissant, en murissant au fil des ans.

Localement, Lucien Depresles, avec tous ses camarades du comité de Meillard-Le Montet a conduit notre association sur le chemin de ces évolutions. Bien sûr, ici, la grande pluralité des parties de l’association n’était guère lisible, puisque l’organisation émanait d’une résistance fondée sur les bases d’engagements politiques et syndicaux resserrés autour du Parti Communiste Français avec le « Front national de Lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France », de son organisation clandestine, de ses organisations de jeunes et de femmes.

Participant à la direction départementale de l’ANACR, mais aussi de la FNDIRP et de l’AFMD, Lucien n’a jamais ménagé ses efforts pour faire vivre la mémoire de la Résistance et de la Déportation qui lui avait ravi sa mère…

L’association a l’âge de ses adhérents ; mais, pour peu que le recrutement soit une préoccupation de tous les instants, le renouvellement de l’effectif conjure le vieillissement inéluctable de ses membres. Il maintient l’organisation dans l’âge mûr de son efficacité au travail, ni trop démunie avec des novices qui côtoient des anciens riches d’expérience, ni trop enkystée dans la routine en répondant aux attentes des plus jeunes qui aident à dépoussiérer des pratiques anciennes.

Le monde et les temps changent.

Il y avait aussi dans la pratique de Lucien cette forme de transversalité qui fait la cohérence d’un engagement quand tous les combats se nourrissent de convictions plus que d’intérêts.

L’émancipation populaire, la justice et le progrès social, le travail et le bien public… Lucien, élu comme Jean-Baptiste Bidet à Treban ou Robert Deternes à Tronget était de cette génération de la reconstruction ouvrière de la république, et qui avait le programme du Conseil National de la Résistance en livre de chevet pour ouvrir aux générations suivantes le calendrier des « Jours Heureux ».

Le temps a fait passer cette génération dont le témoignage direct est irremplaçable. Désormais nous entrons dans une nouvelle ère ; nous passons sur un autre versant qui préfigure le prochain passage de relai dans la mission de la préservation et de la valorisation du patrimoine mémoriel de la Résistance entre ceux qui ont côtoyé les « grands témoins » et la génération de ceux qui ne les auront connus qu’au travers du récit. Si la mission reste la même, les voies et moyens de son accomplissement devront s’adapter, ne serait-ce qu’intégrer leur absence et en compenser la perte.

Préserver

C’est l’univers des faits.

Il n’est désormais plus possible de recourir à la sollicitation des souvenirs dont l’expression directe des acteurs permettait tous les ajustements dans les échanges et les confrontations ; il faut maintenant en durcir les traces, les rassembler, les organiser, les mettre en forme, les objectiver. C’est ce qui nous fait passer de la mémoire à l’histoire dont le récit va fixer la connaissance à partager. Jadis l’écrit avait détrôné la transmission orale trop sujette aux interprétations transformatrices. Maintenant les supports se sont beaucoup diversifiés avec l’intégration des images et du son… L’ère du numérique a également ouvert de nouveaux horizons. Mais l’usage des différents « possibles » du moment ne doit pas faire oublier la nécessité de garantir la conservation dans le temps en adaptant constamment les supports.

Valoriser

C’est l’univers du sens.

Le second volet de la mission est sans doute le plus fragile et le plus délicat à mettre en œuvre. Il porte sur l’engagement et les valeurs qui le forgeaient. Il s’agit là du parti pris assumé de la continuité d’un combat dont les objectifs transcendent le temps. Les idées portées par la Résistance, la démocratie, les libertés politiques, les droits de l’homme, l’étaient à l’époque dans un contexte de reconquête face à l’adversité de la déferlante nazie et fasciste et des collaborationnistes qui l’accompagnaient. La victoire acquise à la Libération n’exonère pas pour autant de les défendre après et de les promouvoir dans de nouveaux contextes. C’est là que se construit la valorisation du patrimoine mémoriel de la Résistance exigeant de ceux qui en revendiquent l’héritage un engagement de même nature mis à jour au présent.

Animer et/ou conduire

C’est l’univers des acteurs.

Au-delà des personnes, c’est l’action qui compte et la mobilisation nécessaire à sa pérennité.

Pendant tout un demi-siècle d’après guerre l’équipe de l’ANACR est restée solide comme l’avait été la compagnie des Résistants. Certains plus discrets que d’autres mais tous unis par la même camaraderie.

Lucien a su assurer le passage du relai générationnel, un processus de première importance pour lui. Je me souviens de ses sollicitations pressantes que j’avais longtemps repoussées tant que l’association comptait une grande majorité d’anciens Résistants et qu’il était important de poursuivre encore le temps du compagnonnage indispensable à l’imprégnation des connaissances. C’est aussi le temps passé en parallèle qui permet de saisir au mieux ce qui peut bouger et ce qui doit rester, ce qui fait une transition en « haute fidélité » pour changer le monde sans changer de monde.

Entrer dans le monde d’après

« C’est avec la mort que commence l’immortalité »
Maximilien Robespierre

Paradoxale de prime abord, la maxime de Robespierre n’en est pas moins frappée au coin du bon sens. La mémoire ne cesse de ricocher en répliquant dans de nouvelles éclaboussures ce qui avait produit les faits et gestes d’une vie. La mémoire des hommes ne se propage guère autrement qu’au travers de la vie d’autres hommes qui vont laisser des traces, jalonnant indéfiniment le parcours des suivants.

Certains en ont fait des parcours de croyance.

Quant à nous, l’entretien et la transmission du patrimoine mémoriel de la Résistance nous invite à en faire un parcours de connaissance.

Chaque génération devra s’appliquer à conjuguer savoir, savoir-faire et savoir-être en ajoutant à l’outillage de ses prédécesseurs l’appareillage utile à l’accès de la suivante.

Monuments et commémorations, publications, manifestations, actions pédagogique, activités communes, présence numérique… toutes les formes accessibles doivent être exploitées et des démarches nouvelles entreprises en mobilisant de nouveaux acteurs sans s’interdire d’enrichir le cadre associatif de notre action dans des dispositifs plus ouverts et coopératifs.

C’est au pied de ce mur que nous sommes attendus en maçons de l’avenir de l’ANACR, en pensant toujours à Lucien et à tous les autres.

Daniel Levieux
Le 22-02-2022

Assemblée Générale 2022

24 janvier 2022
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Chatillon – salle Polyvalente – dimanche 23 janvier 2022 à 9 heures 30

Accueil et remerciements aux présents, élus, adhérents et équipe d’animation…
Invités et collectivités représentés :

Département de l’Allier(Christophe de Contenson, conseiller départemental délégué à la mémoire)
Canton de Souvigny et commune de Cressanges : Marie-Françoise Lacarin , conseillère départementale et maire
Commune de Chatillon : Roland Ozelle, maire adjoint
ANACR : Jacky Laplume, président départemental. et Josseline Laplume, secrétaire départementale.

Excusés :
Jean-Paul Dufrègne, député représenté par Jean-Marc Dumont (lui-même absent excusé)
Les maires de Monétay, Besson et Châtillon (ce dernier représenté par M Roland OZELLE, maire adjoint)
De nos adhérents, certains touchés par un deuil et quelques victimes directes ou indirectes de la Covid, cas contact, en attente de la reprogrammation d’une intervention chirurgicale déprogrammée, et certainement quelques autres retenus par l’inquiétude.

L’assistance a partagé ses pensées avec les anciens retenus en EHPAD, Lucien Depresle et André Tantot, qui, comme Marguerite Fauvergue, approchent du centenaire…

(suite…)

Fête de la mémoire

21 octobre 2021
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Ce mercredi soir du 20 octobre 2021, 146 jours après son départ, la foule était au rendez-vous avec la mémoire de Génia à la salle Gérard Philipe de Varennes-Vauzelles.

A l’invitation de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, du Parti Communiste Français, du Musée de la Résistance de Varennes-Vauzelles, des Amis de la Résistance et du Mouvement de la Paix, les amis de Génia se sont retrouvés pour une soirée-hommage à Génia Oboeuf.

Résistante, déportée, Génia était née le 10 décembre 1923 à Varsovie. D’origine russe -avec un père qui avait participé à la révolution bolchévique-, après la Pologne, sa famille avait émigré en Belgique. C’est là que la tourmente de la guerre les rattrapa. Réfugiés dans les Pyrénées, puis de retour à Bruxelles, c’est aussi là que les arrestations du père, puis de Génia et de sa mère, puis plus tard de son jeune frère scellèrent le sort tragique de la famille.

Seule Génia en était revenue après Auschwitz et des mois passés au Block 10 entre les mains des SS « médecins » et de leurs sordides expérimentations.

C’est aussi dans cet enfer qu’elle avait fait connaissance avec Aimé, un compagnon d’infortune qui deviendra son mari après qu’ils se seront retrouvés à la libération.

Dans sa famille de militants communistes et avec un mari tout autant engagé, Génia passa sa vie de survivante à passer l’histoire du martyre qu’elle avait vécu et pour la mémoire de la multitude de celles et ceux qui n’en sont jamais revenus. Engagée de tous les combats pour la paix, la liberté, la justice, elle puisait son énergie auprès de la jeunesse qu’elle rencontrait…

Avec Suzon nous avons apporté le témoignage bourbonnais à cet hommage.

Depuis le siècle dernier, c’est avec Robert Fallut que nous avions connu Génia et entretenu un brin d’amitié. Et on peut dire que les deux faisaient bien la paire ! Deux belles personnes… Le même engagement, le même martyre, la même vitalité, la même ardeur à témoigner, le même bonheur à les côtoyer pour durcir nos convictions au feu de leur histoire…

C’était une soirée d’une intensité émotionnelle exceptionnelle avec l’inoubliable…

Parmi les témoignages il nous faut retenir celui de son fils qui dit aussi que dans une famille unie et aimante, derrière une façade de grande bonté, de bienveillance et d’un optimisme communicatif, les démons de la captivité hantaient aussi ses nuits de douleurs inextinguibles…

Celui de ce prof d’histoire à qui un élève posait la question ces jours derniers « quand est-ce qu’elle revient la Dame ? » … Mais qui disait aussi que l’invitation à la soirée d’hommage était restée enfermée dans le bureau du chef d’établissement, sans doute au prétexte que le Parti Communiste figurait parmi les organisateurs de la soirée…

Celui de celle qui avait rencontré Génia il y a 20 ans alors qu’elle accompagnait un voyage au Struthof qui récompensait les lauréats du Concours de la Résistance et de la Déportation dont la jeune fille était… et qui quelques années plus tard est devenue professeur d’histoire !

Celui de Manu, un jeune Guinéen, qui avait côtoyé Génia en 2017 réfugié sans papier dans un cercle de silence avec par la CIMADE, et qui interpréta une chanson de sa composition au piano : « Génia, ma Génia, l’inoubliable » …

« Il faut mourir jeune, le plus tard possible »
Paul LANGEVIN

Génia l’avait écouté !

Juste, inspirée et inspirante, aussi bienveillante qu’exigeante à juste titre, lumineuse et clairvoyante, Génia était un monument d’humanité, de liberté, de fraternité. Elle n’avait d’égales que quelques rares belles personnes qui font des AUTRES leur première préoccupation.

Génia nous avait quittés le 27 mai… Journée Nationale de la Résistance. Tout un symbole !

Thierry Martinet a réalisé un film évoquant la vie et les engagements de Génia. Sa projection sera pour nous l’occasion de prolonger l’engagement de Génia que nous avons en partage dans une initiative mobilisatrice autour des projets de notre association. Nous aurons à cet occasion le plaisir de recevoir Liliane DEPRESLE, présidente de l’AFMD de la Nièvre et le réalisateur…