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La Résistance au cœur du Bocage Bourbonnais

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STÈLE AUX MARTYRS COMMENTRYENS DES CAMPS NAZIS

Monument installé au dessus du théâtre de verdure de La Pléiade à Commentry.

Après un premier départ en décembre 1942, un autre train devait conduire vers l’Allemagne des requis pour le travail forcé début janvier 1943.

Le monument, original et symbolique, fait surgir trois blocs de granit du parterre qui surplombe les gradins de La Pléiade, et une plaque sur la banquette liste les noms des 21 déportés commentryens morts dans les camps nazis. Les numéros matricules pour ceux qui sont connus et les numéros des convois qui les emportèrent sont inscrits en lettres rouges sur la pierre… Aussi naturel que devrait être la vigilance du citoyen qui passe dans un temps qui voit ressurgir de partout par le monde, et en France comme dans l’Europe entière les ombres monstrueuses de la bête immonde, cette réalisation appelle à la résistance soulignée par les mots d’Isidore Thivrier : « Un des vôtres tombe. Reprenez le drapeau. Ne comptez plus sur moi, je ne puis en sortir. J’aurai fait mon devoir. A votre tour. »

Extrait du discours de M Thierry Verge (1er adjoint au maire de Commentry) lors de l’INAUGURATION DE LA STÈLE AUX MARTYRS COMMENTRYENS DES CAMPS NAZIS

« …« Ces femmes, ces hommes, cet enfant de Commentry, ne revinrent jamais. Ce sont les 21 martyrs des camps nazis dont les noms seront désormais inscrits ici.
Les juifs sont raflés en zone libre en août 1942, quelques semaines après la rafle du Vélodrome d’hiver. Ils
sont raflés par la Police française, en application de la circulaire de la Direction générale de la police
française. la famille Hirsch, Sara Richter, Mieczyslav Baruch sont victimes de cette opération. Détenus du
camp des Textiles, ils sont transférés par le train de Montluçon à Drancy le 3 septembre 1942. De Drancy, ils sont déportés à Auschwitz par le convoi 32.
De ce convoi de plus d’un millier d’hommes, de femmes et d’enfants, la plupart est immédiatement gazée. En 1945, il ne restait que 45 survivants.
Sara Richter était ingénieure chimiste polonaise, employée à la Compagnie des Forges.
Léo Hirsch, lui, venait de Prusse orientale. Chirurgien-dentiste, il avait posé ses valises à Commentry avec
Marthe son épouse et leur fils Jean, et ouvert son cabinet rue Jean-Jacques Rousseau.
Mieczyslav Baruch était un ingénieur polonais, affecté à l’usine de Décolletage de Commentry.
Ils ont été assassinés parce que juifs et parce qu’étrangers.
Pierre Ecker, résistant, lui, sera emmené de Compiègne le 2 juillet 1944, dans le tristement célèbre Train de la Mort, répertorié i 240. Comme tant d’autres de ce convoi, il succombera avant d’arriver à Dachau.
Marcel Dubreuil, résistant également, est arrêté à Vichy et déporté de Compiègne à Neuengamme dans le convoi i 247. Il meurt dans la tragédie de la baie de Lübeck.
Vital Rivier, ouvrier des Forges, militant communiste, actif dans la propagande clandestine, est arrêté par la gendarmerie de Commentry. Il est déporté à Buchenwald sous le numéro de matricule 69041 et transféré au Kommando de Langenstein où il subit les travaux forcés jusqu’à la mort.
Charles Steinmayer est déporté Nuit et Brouillard au Struthof sous le matricule 4597 après un internement au fort de Romainville. Il meurt début 1944.
Edmond Petit faisait pour sa part partie des FTP Français à Vitry. Il est arrêté par la Gestapo. À Dachau, il
reçoit le matricule 80571. Il est réputé décédé le jour de l’ouverture du camp, le 29 avril 1945, il y a
exactement 80 ans.
Raymond Lecouet, des Remorets, est arrêté alors qu’il tentait de franchir la frontière espagnole pour rejoindre l’Afrique du Nord et s’engager dans les Forces Françaises Libres. Déporté de Compiègne à Buchenwald, matricule 20219, il meurt à Buchenwald ou à Dora, en mars 1944.
Alfred Grégoire, résistant, est arrêté par la gestapo en 1944, il est déporté au Struthof puis à Dachau et à
Mauthausen sous le matricule 98167. Dans le Kommando de Melk, il est au travail forcé et décède en
novembre 1944.
Émile Gazut, né à Pourcheroux, vétéran de la Grande guerre, est arrêté à Clermont-Ferrand en 1944, à l’âge de 50 ans. Matricule 102021 au Struthof il est « évacué » par les nazis vers Dachau où il meurt de phlegmons en mars 1945.
José Castillo n’a jamais connu Commentry, mais sa famille de réfugiés espagnols s’y est installée. Soldat de l’armée républicaine dans la Guerre d’Espagne, il est fait prisonnier avec son fils Raphaël dans les Vosges en juin 1940. Ils sont envoyés à Mauthausen comme les autres espagnols considérés comme communistes. Il meurt de mauvais traitements quelques jours plus tard.
Raymond Géhin, lui, est déporté à Dachau, en janvier 1944, sous le matricule 7061 et n’en reviendra pas.
Émile Moreau, certainement requis du STO, meurt à Linz en Autriche, en avril 1945.
Jean Valton, également déporté du travail, meurt à Nurnberg en mars 1944.
Arsène Picharles meurt à Naumburg le 22 avril 1945.
Georges Dupechaud, déporté du travail, qui repose au cimetière de Commentry, meurt au STO en 1943.
Henri Brunet, gardien de la Paix auxiliaire à Commentry, tente de rejoindre le maquis de Giat mais est blessé et arrêté à Saint-Avit lors de l’attaque par les Allemands du convoi des Corps Francs de Libération Nationale. Interné à la Mal Coiffée, il est déporté à Buchenwald matricule N°85231 en septembre 1944. Il meurt dans le kommando de Langenstein (ou à la suite de sa libération), en 1945.
Permettez-moi d’associer à sa mémoire ses 32 camarades tombés à Condat en Combrailles et Saint-Avit
dont Roger Guillemard, gardien de la paix ; Gustave Jeanpetit, ouvrier ; Maurice Saulnier, mineur ; Maxime
Gasne, boucher ; tous inhumés à Commentry ; et Isaac Bondar dont le nom est inscrit sur notre monument aux Morts ; ainsi que les 23 patriotes tués par l’Occupant lors des opérations contre les maquis FTP Polonais du 22 au 24 juillet 44, et en particulier : François Kaczmarek, Anastasie Holowka, Boleslaw Skweres et Casimir Cupial.
Isidore Thivrier, Maire socialiste de Commentry, résistant au sein du réseau Marco Polo après avoir été des80 parlementaires à voter contre les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, démissionne de son mandat de maire en 1943 suite à la délibération unanime du Conseil municipal de Commentry refusant d’adhérer à la politique de l’État français.
Il affirme alors dans sa lettre au Préfet : « les deux actes de ma vie politique depuis la Révolution nationale
sont deux actes d’opposition ». Il écrit encore :
« Ai-je besoin d’ajouter que les dernières mesures gouvernementales ne peuvent faire de moi un allié.
Je tiens à vous rappeler, en terminant, que la Ville de Commentry a été la première municipalité socialiste du Monde. Elle garde, peint sur ses murs, le portrait de son Maire, l’Homme en Blouse, qui est entré dans la légende Sociale et qui continue à vivre dans le cœur du dernier de ses fils.
C’est pour rester fidèle à cette mémoire que je suis demeuré au milieu des miens, uniquement afin d’atténuer, pour ceux qui avaient confiance en moi, les douleurs de l’heure présente. Mais ce serait trahir le souvenir de mon père que de rester après avoir renié sa pensée. »
Il abritait un émetteur clandestin dans sa demeure qui était devenue un centre d’émissions, de rencontres, de liaisons.
Arrêté en gare de Vierzon après dénonciation et après l’arrestation d’autres résistantes et résistants du
réseau, il est interné à Bourges, condamné par un tribunal militaire, et déporté Nuit et Brouillard au Struthof.
Malade, il meurt en déportation, à presque 70 ans.
Ils sont morts, mais leur souvenir reste vivant. Comme celui, aussi, de celles et ceux qui ont survécu : brisés, traumatisés par l’horreur, la violence et la sauvagerie.
Le terrible cortège des disparus exige de nous une vigilance constante et des idées claires, pour que cela ne se reproduise jamais, sous une forme ou une autre…. »

Monument inauguré par la municipalité de Commentry en présence du Sous-Préfet de Montluçon le mardi 29 avril 2025.