Lucienne DEPRESLE

26 décembre 2019

Une Résistante déportée dans la tourmente de la guerre

Sources « Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l’Allier » site Internet de l ‘AFMD 03 : www.afmd-allier.com
& témoignages familiaux.

Lucienne DEPRESLE

La famille de Lucienne est domiciliée au lieudit Les Champs à Meillard (Allier).

Résistante

Résistante communiste (pseudonyme Jeanne) au Front National pour l’Indépendance de la France elle ravitaille le Maquis Hoche installé à « La Pièce Plate » dans les bois de la vallée du Douzenan non loin de la ferme.
Comme tous les habitants du hameau des Champs Lucienne ne connaissait pas les Résistants installés dans leur camp de fortune dans la clairière de la Pièce Plate au fond de la vallée toute proche… Lorsqu’elle leur portait du ravitaillement, elle le déposait à l’abri sous un ponceau à mi-chemin entre la ferme et le camp. C’est là que les maquisards venaient le récupérer… Sauf au jour de Juillet où Lucienne avait cuisiné pour eux un gros lapin. Las quelques jours plus tard lors de son passage au ponceau, la marmite était toujours là, et le lapin avait souffert du soleil de juillet ! Du côté des légaux, on ne savait rien de la vie des clandestins tout proches et dont la sécurité était attachée à la discrétion.

Arrêtée

La police allemande qui recherche son fils Jean-Michel, membre des FFI, arrive à son domicile le 21 mars 1944. Ils semblaient bien renseignés en prétendant à juste titre que Jean était sorti en vélo la veille…
Ce jour-là Francis et ses deux fils Jean et Lucien, étaient occupés au travaux de champs non loin de la ferme.
Le boulanger, en tournée ce jour-là, avait garée sa voiture près de la mare au centre du hameau. Les Allemands commencèrent par jeter toute la cargaison de pain dans la mare avant de s’en prendre à Lucienne et Simone. Elle est frappée sauvagement, mais ne dit rien. N’ayant pas trouvé Jean-Michel les policiers arrêtent Lucienne et sa fille Simone ainsi que deux Marseillais Louis SIRICO et Vincent BUIGUEZ, réfractaires au STO réfugiés qui se cachaient chez les NEUVILLE, une des trois familles voisines des DEPRESLE au village des Champs.

Internée

Internée avec sa fille Simone à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (Allier), elle est ensuite transférée au Fort de Romainville, l’antichambre de la déportation pour les femmes en 1944.
Le Fort de Romainville au nord-est de Paris accueille d’abord des prisonniers de guerre et des otages, dont certains seront fusillés au Mont-Valérien ; puis, à partir de 1943 il deviendra un point de départ pour la déportation avant de finir en prison pour femmes en 1944.
Sa fille Simone, âgée de 15 ans et demi avait été libérée le 4 juin 1944 et avait rejoint son domicile familial au village des Champs à Meillard.

Déportée à Ravensbrück

Lucienne fait partie des 111 femmes déportées le 30 juin 1944 de Paris gare de l’Est à Sarrebruck dans des wagons de voyageurs dans le convoi N° I.235. Elles sont ensuite
transférées pour la plupart au camp de Ravensbrück où elles arriveront le 7 juillet. Lucienne y recevra le matricule 44708.

Sur 111 femmes de ce convoi, 52 vont rester à Ravensbrück mais 5 seront gazées et 3 libérées avant la date officielle.

Libérée

Lucienne fait partie des 301 femmes libérées le 9 avril 1945 par le Comité International de la Croix-Rouge en échange d’internés civils allemands renvoyés par la France le 7 avril.
Lucienne DEPRESLES a le numéro 132 sur la liste.
Les 301 femmes sont transférées en camion de Ravensbrück à Kreuzlingen à la frontière germano-suisse, avant de gagner Annemasse en train le 11 juin. Lucienne a été hospitalisée pendant 15 jours à Aix-les-Bains avant d’être rapatriée par sa famille.

Lucienne est dans un état d grand délabrement physique. Lorsque son marie et son fils Lucien la retrouvent à l’hôpital d’Aix les Bains, ils ne la reconnaissent pas parmi les deux femmes de la chambre… Les bons soins n’y feront rien, très affaiblie et rongée par l’infection, son seul soulagement viendra le 8 mai quand elle demandera qu’on ouvre la fenêtre de sa chambre pour qu’elle entende mieux les cloches battant à la volée pour célébrer la victoire.

« Morte pour la France »

Lucienne décéderas à son domicile à Meillard le 15 mai 1945.
Elle ne recevra sa carte de déportée résistante qu’à titre posthume le 14 février 1955.