Georges GAVELLE

20 décembre 2019

Georges GAVELLE

Hommage rendu à Georges GAVELLE LE 15 JUIN 2010 à tronget

C’est à l’invitation et en présence d’Eliane Gavelle, son épouse, et de Gilles son fils, que Jacky Laplume président   départemental de l’ANACR accueillait André Lajoinie, ancien député et Pierre Bussonne représentant le président de l’ARAC à Tronget le 15 juin 2010. Plus de cent personnes avaient répondu à l’invitiation pour s’associer à la peine de ses proches et rendre un dernier hommage à leur ami et camarade Georges GAVELLE;,

Les personnalités excusées étaient nombreuses à avoir transmis un message honorant la mémoire de Georges. Retenu loin de l’Allier, Raymond Saint-Léger, Président de l’UFAC était de ceux-là, tout comme Jean Maranne (FOR et FSOR), Cécile Rol Tanguy, ou Jean Paul Dufrègne, Président du Conseil Général de l’Allier, représenté par Marie-Françoise Lacarin, conseillère générale du canton du Montet et Vice-Présidente chargée des solidarités, de l’Enfance, de la Famille, de la Dépendance et du Handicap,

Dans l’assistance on remarquait la présence de Robert FALLUT (Président de la FNDIRP) et de son épouse Suzanne, au côté de Lucien DEPRESLE, Président d’honneur du Comité local de l’ANACR et qui avait préparé l’installation du Camp Hoche à Meillard avec Georges GAVELLE début 1943.

Dans son intervention au nom de l’ANACR, Jacky Laplume retraça le parcours d’un Résistant émérite, d’un fondateur de l’ANACR, d’un acteur infatigable des combats pour la liberté et pour la paix.

Georges Gavelle nous a quitté dans sa 88ème année, un homme exceptionnel comme ses décorations en témoignent. Officier de la Légion d’honneur, Officier de l’Ordre national du Mérite, titulaire de la médaille d’or de la ville de Montluçon et de la médaille d’or de l’Office Républicain des Mérites Civils et Militaires, Georges était président d’honneur de l’ANACR dont il avait été un des fondateurs chargé de 1954 à 1956 d’en assurer l’organisation dans l’Allier, C’est en convalescence d’une blessure de guerre en Indochine qu’il s’y était employé.

Georges Gavelle était d’abord l’ouvrier montluçonnais qui a poursuivi dans la Résistance son engagement militant. En 1939 il était apprenti à 17 ans aux Forges puis, en 1941, ouvrier aux usines Saint-Jacques où il se retrouva auprès des militants communistes dont le parti était dans la clandestinité. Tracts et presse clandestine font son quotidien quand il décide de rentrer dans l’armée en février. Cet engagement résulte d’une décision concertée au sein des Jeunesses Communistes qui ont pu le préconiser pour mieux apprendre à se battre. C’est cette démarche et ses acquis qui en feront plus tard naturellement un chef militaire de la résistance, et tout particulièrement du Camp Hoche. Après le 11 novembre 1942, l’occupation de la zone dite « libre » et la démobilisation, Georges Gavelle revient à Montluçon, la répression l’empêche de reprendre immédiatement contact avec les membres de son parti. Il tente alors de renouer avec l’Armée Secrète (Mairal) mais sans résultat ; ce qui le conduit à gagner la frontière espagnole. Ses tentatives successives restent vaines.

Revenu à Montluçon, il renoue ses contacts avec les responsables du parti communiste clandestin et des jeunesses communistes. IL imprime tracts et journaux clandestins à son domicile. Il travaille sous la responsabilité de Louis Bavay, de Marcel Zwilling et Pierre Katz.

Après le 6 Janvier  et la formation du Groupe Armé de Montluçon Ville, l’implantation du maquis  dans la région de Meillard a été décidée; le soutien paysan assuré ici pour la sécurité et l’approvisionnement du maquis ainsi que la proximité de la mine de Buxières  qui pouvait fournir abri et explosifs ont guidé ce choix judicieux.

La forêt des Colette sera choisie à partir du mois d’Août pour abriter les maquisards. Où ils subiront l’attaque des GMR au moment où l’essentiel des combattants étaient retenus par une opération à Montluçon.

Le maquis fut ensuite dissout et ses combattants répartis dans d’autres groupes. Un groupe armé resta cependant à Montluçon pour appuyer des forces résistante du Front National.

Georges pris des responsabilités régionales dans l’organisation des FTP qui lui feront parcourir tous les départements de la région, mais aussi la Loire avec Saint-Etienne. En juillet 44 il prend part aux combats de la libération de Lyon dans le secteur de Tassin la Demi Lune,

Sans avoir jamais été arrêté Georges Gavelle a été condamné par les tribunaux de Pétain et les nazis à 10 ans de travaux forcés et 5 ans d’interdiction de séjour. Le domicile de ses parents avait été perquisitionné et son frère arrêté à Huriel pour avoir refusé le STO. René, André  et Berthon ont été ses principaux noms d’emprunt dans la clandestinité.

Son combat pour la mémoire est passé par l’ANACR mais aussi par l’AERA qu’il avait installée dans l’Allier pour travailler à la connaissance et à la transmission des valeurs de la Résistance.

La dimension nationale de l’hommage au combattant

 

Pierre Bussonne représentait la direction nationale de l’ARAC, des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de  la Guerre d’Indochine (CGVI, dont Georges GAVELLE était le Président),  mais aussi au nom du Comité Français du Village de l’Amitié établi pour venir en aide aux victimes de la guerre du Viet Nam, et en particulier de l’Agent Orange, terrible poison répandu par les américains sur les terres vietnamiennes. Il a souligné les combats et les engagements partagés avec Georges Gavelle, camarade et compagnon de lutte,

Il a salué  en Georges avec émotion le dirigeant de l’Association des Officiers de Réserve Républicains, celui qui avait exprimé sa préférence pour la conscription dans l’armée de la nation et son opposition à l’armée de métier, son attachement  à la République du peuple de France.

Soulignant sa modestie, sa chaleureuse fraternité, son humour et sa gentillesse qui n’enlevaient rien à sa détermination, Pierre Bussonne se souvient d’un homme ouvert aux transformations sociales mais avec des idéaux et les valeurs républicaines et révolutionnaires chevillées au corps, Georges Gavelle a toujours été des combats pour la paix, contre le capitalisme et le colonialisme, le racisme et la xénophobie, restant ainsi toujours fidèle à la devise républicaine, dans ces temps d’abandon et de régression sociale, de démolition des acquis du Programme du Conseil National de la Résistance,

Dans cette période dramatique pour tant de peuples du monde, de guerres déclarées ou larvées, les prises de position et l’engagement personnel de Georges Gavelle  ont conforté les forces du progrès, de la justice et de la Paix.

La salle unanime partageait avec Pierre Bussonne la promesse faite à la mémoire de Georges GAVELLE, poursuivre les engagements qui furent les siens avec le souvenir à jamais conservé de son courage, de son humanisme et de sa lucidité.

Un homme au courage tranquille, un camarade chaleureux

 

André Lajoinie rend hommage à son ami Georges Gavelle, dont il dit qu’il lui a connu une vie si remplie qu’il lui semblait que Georges en avait vécu plusieurs.

Sa forte personnalité, avide d’apprendre et de se battre, lui a permis de surmonter la maladie, comme les pires difficultés de ses années de lutte. Né dans une famille acquise aux idées communistes, il a toujours fait preuve d’acharnement et de clairvoyance pour se donner les moyens  du succès dans tous ses combats. Son engagement dans l’armée d’armistice au 6ème régiment de cuirassés de Limoges  a fait parti de cette même volonté. Une fois démobilisé il entrepris sans attendre de faire vivre la Résistance. Les contacts infructueux avec l’AS l’ont conduit à se joindre aux forces communistes du secteur montluçonnais et à les aider à s’organiser. A la tête du Groupe armé de Montluçon Ville puis du maquis Hoche, Georges Gavelle a toujours fait preuve du courage et du sens des responsabilités qu’il conservera dans toutes les situations. Sa grande intelligence des situation et son expérience acquise en quelques mois d’armée lui ont fait conduire les premiers pas de la lutte armée dans le département  avec le Camp Hoche -précurseur du maquis Danièle Casanova – qu’il installa à Meillard.

Au lendemain de la libération Georges Gavelle a intégré l’armée nationale; sa décision dans une France redressée, relevait de sa conviction que l’armée de la nation devait en compter toutes les composantes et surtout ne pas être confisquée par les forces réactionnaires.

Avec les guerres coloniales et la guerre froide ce fut le temps des discriminations systématiques, une souffrance supplémentaire pour Georges Gavelle, officier  issu de la Résistance qui a su garder son honneur de communiste.

Son opposition résolue à la torture dans tous ses secteurs de responsabilité avec les soutiens qu’il savait rassembler lui ont valu une discrimination permanente dans son évolution de carrière. C’est ainsi qu’il fut nommé colonel au premier jour de sa retraite.

Ensuite, retraité, Georges Gavelle a consacré l’essentiel de son temps à la Fédération des Officiers Républicains où il s’est efforcé de s’occuper des militaires victimes de discrimination dans leur carrière pour des raisons politiques (tout particulièrement des anciens Résistants FTP engagés dans l’armée à la libération).Cette action persévérante n’a pas toujours été couronnée de succès; elle est restée vaine en particulier sous la présidence de François Mitterrand qui par ailleurs avait réintégré dans leurs droits les officiers OAS condamnés pour rébellion sous De Gaulle.Il faudra attendre les années 2000 pour que son action pugnace obtienne quelques remises de décorations.

De la même façon il participa à la création de la décoration du Mérite Civique et Militaire dès les années 50 alors qu’aucune autre n’était remise en particulier aux résistants communistes. Et quand un gouvernement voulut interdire de l’épingler avec les autres décorations, Georges Gavelle en fit un collier pour continuer de la remettre, preuve de son acharnement parfois malicieux.

 

André Lajoinie rappela quelques éléments historiques soulignant les choix judicieux de Georges GAVELLE avec les mouvements de Résistance d’inspiration communiste (FTP, Front National) qui préconisaientt l’action immédiate, contrairement aux positions plus attentistes évoquées par De Gaulle à Londres. De la même façon les grands rassemblements armés ont fait preuve de vulnérabilité contrairement à l’armée de guérilla, agile, mobile et plus difficile à affronter qu’il privilégia dans l’Allier.

Il rappela aussi les tergiversations des alliés partagés dans la lutte anti nazie avec en particulier l’échec des américains approchant Pétain en lui proposant l’alternative à De Gaulle avec Giraud.. C’est à ce moment que de Gaulle, n’ayant beaucoup plus d’autre choix, dut se tourner vers les forces de la résistance Intérieure et détermina la mission d’unification des mouvements de Résistance de Jean Moulin. De la même façon, l’ambition américaine de mise sous tutelle  des territoires libérés avec leur projet d’AMGOT renforça en réaction la volonté de renaissance nationale et d’union dans le Conseil National de la Résistance pour la libération et l’indépendance nationale.

André Lajoinie souligne également les grandes lignes du Programme du Conseil National de la Résistance, cette grande ambition pour la France sur la base de réformes profondes, dont la mise en œuvre dès 1944 reste encore aujourd’hui emblématique du courage et de la clairvoyance politique des Résistants :

  • l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie
  • le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques
  • un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence…

En 1944 la France est un pays ruiné, mais c’est aussi dans cette condition difficile que la France s’est relevée et qu’elle a écrit sa page du progrès social. Toutes ces mesures aujourd’hui remises en causes ont été une clé de la réussite du rétablissement du pays.

 

L’engagement de Georges Gavelle, au service de convictions qui sont aussi les nôtres, mérite le respect et l’honneur de notre souvenir.