La disparition & l’oubli

13 juin 2020

André FERNAND

André Camille FERNAND est né à Cressanges le 28 août 1918.

Son père Maurice et sa mère Marie avaient eu 6 enfants : Anna, René, André, Odette, Simone et Marcelle.

André FERNAND

A 21 ans, quand la guerre éclate, André est avec sa famille au domaine de Fourneux à Treban.
André et son frère ainé René sont tous les deux mobilisés en 1939. Faits prisonniers l’un et l’autre et conduits en Allemagne ils vont tenter de s’évader. A deux reprises les tentatives de René vont échouer ; par contre André réussira sa première évasion et parviendra à rejoindre la ferme familiale à Treban où, avec sa famille et leur ouvrier agricole Camille PATARIN, il contribuera au soutien de la Résistance dans la région où le maquis Hoche s’était installé en mai 1943.

André FERNAND s’est marié le 9 janvier 1943 avec Jeanne KRAWERIK, une jeune fille de 18 ans, pupille de l’Assistance Publique de Paris, placée dans la famille DENIS à la ferme de Renaudière à Meillard.

Au printemps 44, André s’est engagé dans la résistance au maquis Danielle Casanova sous le pseudo de « Lapin » (homologué Adjudant-chef le 1er juin 1944 – lieutenant FTPF).

Après sa constitution le 6 juin 1944 à la ferme de Moladier (commune de Besson) et son passage par Bois Plan et les bois du Château de Bost à Besson dans les jours suivants, c’est sous la conduite d’André FERNAND que le camp Danielle Casanova était venu s’installer à Renaudière près de la ferme de son beau-père.

André FERNAND avait participé au périple du 14 juillet qui avait vu défiler les maquisards en ordre militaire dans toutes les communes du secteur sans passer inaperçus sous les applaudissements de la population ! mais au cours de cette journée il s’était fait mal au genou… Aussi à son retour il s’était retrouvé alité à l’écart de ses camarades dans une chambre chez les Denis.

Lors de l’attaque du maquis par les allemands le 16 juillet 1944 au soir, André FERNAND est le seul à n’avoir pu s’échapper. Le lendemain, dimanche matin, les allemands revenus sur place font des prisonniers dans les fermes. Ils prennent Emilien DENIS et son gendre André FERNAND à Renaudière, Charles AUGUSTE et Robert THEVENET à Chapillière d’en bas, Albert BAPTISTE à Chapillière d’en haut ainsi que deux ouvriers agricoles, l’un venant travailler à Chapillière et André TAUVERON travaillant à Fourneux chez les Solnon.

Après avoir incendié la grange de Renaudière qui abritait les maquisards de Casanova, les Allemands firent également prisonnier Louis DETERNES au domaine de Legret.

Dans la matinée de dimanche André FERNAND a été aperçu par des habitants du village voisin des Champs, encadré par des soldats Allemands descendant dans les prés en direction de Pilote. Et, toujours sous la garde des soldats Allemands, Il est aussi passé sur le versant sud de la vallée du Douzenan, à la ferme des Planche chez les TABUTIN où la mère l’aurait enjoint de s’échapper par l’arrière de la maison, mais en vain. C’est dans les champs en contre-bas vers Pilote que les Allemands lui ont fait déterrer les dépouilles de trois collaborateurs notoires fusillés par le maquis, le père GUERET et les deux frères DUMONT ?

A partir de ce moment plus personne ne l’a revu.

Emilien Denis et Albert BAPTISTE ont été relâchés par les Allemands. A son retour le père DENIS se vantait d’avoir « bien renseigné les Allemands, qui lui avaient même offert de la bière… ».

Les deux ouvriers agricoles ont été envoyés en Allemagne au titre du STO.

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET ont été emprisonnés à la Mal-Coiffée et ne seront libérés qu’au départ des allemands (pour sa libération, Robert THEVENET avait bénéficié du soutien de VIRLOGEUX, boucher de Gannat prisonnier avec lui pour échapper au dernier convoi parti pour l’Allemagne…).

André FERNAND avait disparu : plus rien après le 17 juillet 1944 où il aurait été emprisonné à Clermont-Ferrand après un passage par Saint-Pourçain.

Sans doute les Allemands voulaient-ils lui extorquer des informations…

Quelques jours plus tard les autorités allemandes demanderont cependant à sa famille de lui apporter des vêtements à la prison de Clermont…
Une première fois, son père Maurice et sa sœur Anna s’y rendront, mais en vain, sans pouvoir le voir.
Lors de leur seconde tentative, ses deux sœurs Anna et Odette ne le verront pas non plus ; mais les soldats Allemands leur diront « qu’il était toujours vivant, pour preuve les vêtements qu’ils leur remettaient étant encore chauds » …

André FERNAND avait disparu, sans que personne ne retrouve sa trace.

L’acte de disparition rédigé en 1947 fait état de sa déportation en Allemagne (direction inconnue) après un internement à Saint-Pourçain sur Sioule et Clermont-Ferrand.

André FERNAND est-il mort liquidé par ceux qui l’avaient fait prisonnier ?Aurait-t-il parlé sous la torture ? Et qu’aurait-il bien pu livrer comme information ?
Serait-il mort en déportation ? et où ?
Nul ne sait aujourd’hui, et ne le saura jamais… à moins que des archives de l’armée allemande livrent quelques informations sur les résistants incarcérés à Clermont-Ferrand en juillet 44.
La seule chose dont on peut être certain, c’est qu’il fut parmi les premières victimes de l’attaque qu’a eu à subir le Camp Danielle Casanova après son défilé du 14 juillet !

D’autres suivront dans les combats du 18 juillet à Besson (Roger BELLIEN) et Cressanges (Marc BONNOT), Roger Magnière (blessé à La Vivère –  Besson), puis avec les sept prisonniers raflés le 1er août et fusillés le 7 août (parmi les onze à Saint-Yorre) retrouvés dans le charnier de La Goutte Grandval : Xavier DORY, André FAVIER, Aimé FUGIER, Pierre HIERUNDIE, Georges HUSSON, Pierre PERONNET et Alphonse RINDER.

Sources : archives familiales et témoignage Lucien DEPRESLE (ancien Résistant FTPF)