Les combats de Bouillole

Les combats de Bouillole échappent à notre secteur sans pour autant en être complètement étranger. Le maquis Villechenon avait rejoint le secteur de Saint Plaisir après voir quitté la ferme de Villars à Noyant d’où ses derniers combattants avaient été délogés lors de l’attaque du 18 juillet 1944…

8 août 1944 : Bouillole

Extrait de l’ouvrage de Robert FALLUT « 31939-1945, Faits divers dans le canton de Bourbon l’Archambault »

Ce bref résumé des événements du 8 août 1944 ne prétend pas traduire toutes les péripéties de près de 4 heures d’accrochages.

Il a été réalisé à partir de documents d’époque : rapport du lieutenant BALLAND, témoignages recueillis à diverses époques de Louis PAUL, Jean BLEVIN, M. VILLATTE, Raymond DESFORGES, Jean BAZIRET et Lucien BLANC, maquisards ayant participé à ces combats ou civils présents ainsi que le récit de M. BOUCHARD, témoin involontaire côté allemand de cette bataille.

Avant de parler de cette journée, il est bon de faire un bref retour en arrière.

Depuis peu, des groupes de maquisards jouissant du soutien presque unanime de la population sont installés dans la région.

Le groupe M.O.I. dit « les Espagnols » installé dès 1943 dans le taillis de la Varille à Ygrande, est hébergé pendant l’hiver dans les fermes des environs.

Les beaux jours revenus, ils se regroupent et campent au nord de la commune de Saint Plaisir dans les taillis de Champroux.

Très discrets, ils refusent de s’installer dans les fermes pour éviter les attaques surprise et les représailles sur la population civile.

Après une visite du commandant AMEURLAIN, responsable militaire de la 4ème région, ils rejoignent la première compagnie du 201e bataillon F.T.P.F. (maquis 14 Juillet, capitaine “Gaby”, adjoint “Desrues”).

Les services historiques de l’armée attribuent à la première compagnie 340 hommes. Moins de la moitié est au maquis ; les autres, sous l’appellation F.T.P. légaux ou sédentaires armés, sont répartis dans les localités proches : Saint Plaisir, Ygrande, Theneuille. Les quatre autres compagnies du 201e couvrent les cantons alentours.

Le camp 14 Juillet est composé d’un camp principal et de deux camps secondaires de couverture, l’un vers l’Ermitage, direction Cérilly, l’autre vers Gondoux, direction Saint Plaisir. Ce dernier est tenu par les Espagnols (groupe F.T.P. M.O.I.).

Un maquis M.U.R. dit maquis Villechenon, après avoir stationné pendant un mois environ au domaine de Fretière, déménage le samedi 5 août après une alerte (un petit avion a survolé très bas la ferme).

Il y a beaucoup de monde avec VILLECHENON : son entourage familial et sentimental, la mission alliée John FARMER avec la truculente Nancy FIOCCA-WAKE (lieutenant Andrée), des gendarmes et des patriotes de la région, des réfractaires au STO, des artisans de Cosne d’Allier dont le garagiste ROBIN qui amène son matériel de locomotion (le car où dort Nancy WAKE, un camion Matford, un Rocher-Schneider essence et gazogène, une fourgonnette Renault, une camionnette Peugeot 1500 avec ridelles qui sert à transporter les containers, trois tractions avant Citroën, une 202, et une Juva Quatre) et deux instructeurs canadiens (mission Allsop-Schley), spécialistes du bazooka, parachutés la nuit même.

Grâce aux Anglais, le maquis est bien armé.

L’entourage Villechenon et la première section s’installent au chalet et à la ferme de l’Ermitage tandis que la deuxième s’installe à la ferme de Bouillole située à 150 mètres environ de la forêt sous les ordres du lieutenant BALLAND et composée de trois groupes d’une douzaine d’hommes chacun.

Un groupe dit « Michel », sous les ordres du capitaine MAIRAL, disposant de camions est cantonné depuis quelques jours au domaine « Le Grand Crau ».

Ce matin du 8 août 1944, se tient à la ferme de l’Hermitage exploitée par la famille FRIAUD sur la commune de Theneuille, une réunion de la mission interalliée composée de Nancy WAKE, John FARMER, Jan GARROW, Denys RAKE, Reeve SCHLEY et des agents de liaison Maurice BLANC, son frère Lucien et Aimé JUBIER à qui sont confiées des missions de renseignements et de liaison avec l’Etat-Major du colonel FRANK, chef départemental des F.F.I. (19). Cette réunion est interrompue par le bruit de la fusillade. Certains prennent les armes et vont porter secours, les autres partent remplir leurs missions.

Pourquoi le maquis à Bouillole a-t-il été attaqué ?

L’attaque du maquis Villechenon à Bouillole n’a aucune ressemblance avec les attaques qu’il a subies par les forces de répression du gouvernement Pétain car elles sont menées par des forces allemandes et la Gestapo aidées par des miliciens français.

D’après le Colonel Ernest FRANK (“Fabre” dans la résistance), ancien chef départemental de la Résistance dans l’Allier, cette attaque serait due à une dénonciation de Jacques CHEVALIER, ancien ministre de Pétain. Celui-ci aurait cru bon de téléphoner à DARNAND pour lui signaler la présence de maquis dans la région de Civrais et lui demander d’intervenir. La Gestapo et des miliciens participent à cette opération.

Début août, la Résistance s’attend à une attaque contre les maquis de la région de Montluçon, car depuis plus d’une semaine arrivent, à la caserne de Montluçon, des commandos spécialisés dans la chasse au maquis, un commando auto-routier. L’avion mouchard assure des vols plus nombreux. Il est donc demandé à tous les maquis d’être vigilants, car une attaque des forces allemandes paraît imminente.

D’après le sergent BAZIRET, le maquis Villechenon est repéré à Frétière, le 4 août, par un avion de reconnaissance car d’une part, le feuillage recouvrant les véhicules ayant viré au brun, ne fait plus office de camouflage et d’autre part, l’avion aurait pu voir de la lumière, réfléchie par les morceaux de verre tombés sur le sol d’un rétroviseur cassé. L’avion serait descendu et aurait survolé les véhicules à une cinquantaine de mètres. Se sachant repéré, le maquis déménage le 5 août, le Poste de Commandement et la 1ère section vont s’installer au chalet et à la ferme de l’Ermitage, la 2ème section à la ferme de Bouillole. Ces déménagements sont certainement suivis par des observateurs à la solde des Allemands.

Parmi les mesures envisagées pour assurer la sécurité, il est projeté de miner le pont sur le Rau de Bouillole, sur la route qui passe devant la ferme de Bouillole (20), idée finalement abandonnée.

A cette époque, les Allemands ne peuvent distraire de leurs forces les milliers de soldats nécessaires pour attaquer des maquis implantés en forêt. Le maquis installé dans la ferme de Bouillole, pouvait être encerclé par surprise et éliminé par un groupe de 150 soldats environ, ce qui aurait justifié la répression sur les villages de Saint Pardoux et peut être Gennetines.

8 août 1944

Vers 4 heures du matin, un commando de chasse anti-maquis, dépendant du 588ème Etat-Major principal de liaison (Général VON BRODOWSKI) venant de Montluçon, fort de 15 camions et de 200 hommes environ, stationne à Ygrande à la Grand Font, route de Moulins.

C’est le deuxième mardi du mois, jour de la foire à Cosne d’Allier.

Alors que le couvre-feu n’est pas encore levé en cette heure matinale, le cultivateur Elie AUBOIR, s’y rendant, se heurte à des camions non éclairés. Il râle contre le garagiste CHAVENON qui aurait pu rentrer ses camions au lieu de les laisser sans éclairage sur la route.

Un officier allemand parlant très bien le français arrive et lui demande pourquoi il ne respecte pas le couvre-feu.

Il lui explique qu’il va à la foire de Cosne et qu’il laisse son vélo dans la remise du café avant d’aller jusqu’au carrefour de la route de Cosne où un autre paysan doit le prendre dans sa voiture.

L’officier le laisse ranger son vélo et repartir sans problème vers son lieu de rendez-vous.

Il remonte à pied la longue file des camions.

Un peu plus tard, la colonne allemande repart vers Bourbon l’Archambault.

A l’entrée de la cité, elle bifurque à gauche et s’arrête dans le quartier de Villefranche.

Les officiers allemands prennent alors contact avec deux hommes qui, apparemment, les attendent dans la seconde maison à gauche à la sortie du quartier (c’est par M. LAFFONT, maréchal-ferrant et lève-tôt qu’on le sait).

Puis les camions repartent vers Saint Plaisir.

L’attaque de la ferme de Bouillole


Une partie des maquisards de la 2ème section du maquis Villechenon participe à la récupération d’un parachutage.

Le passage des Allemands à Ygrande ayant été signalé au lieutenant, il met le personnel resté sur place en état d’alerte et la puissance de feu est renforcée par la venue d’un FM de la première section.

Lorsque les maquisards ayant participé au parachutage rentrent, ils reçoivent l’ordre de se coucher sans se déshabiller et d’être prêts à prendre rapidement position. Avec la venue du jour et la tranquillité du secteur, l’alerte est levée.

En fait, cette tranquillité est toute relative.

Pour la mise en place du dispositif d’attaque et de protection (barrage des routes), les camions allemands stoppent avant le carrefour de Bourbon-Theneuille – Couleuvre-Ygrande d’où les sentinelles en faction au sud de la ferme ne peuvent les apercevoir. Un groupe de soldats allemands en descend et progresse en direction de la ferme, à l’abri de la haie vive bordant la route. Lorsque des sentinelles aperçoivent des buissons qui bougent, ils tirent dessus, ce qui donne l’alerte.

Il est 8 h 20. Ce court laps de temps entre l’alerte et l’arrivée des soldats au chemin de la ferme permet aux premier et deuxième groupes de rejoindre leur position de combat. Quant au troisième groupe, sous les ordres du sergent BAZIRET, il ne rejoint pas sa position mais renforce les groupes 1 et 2 qui font face à l’ennemi.

Arrivés à la barrière qui fait face au chemin de la ferme (21), les Allemands traversent la route et se lancent à l’assaut des bâtiments en poussant des hurlements qui sont entendus par M. AUBOIR André, fermier à la Garde qui labourait un de ses champs à un kilomètre de là.

Dans le même temps, des camions s’avancent vers le carrefour, une mitrailleuse lourde est installée en son milieu et ouvre le feu sur la ferme.

Les assaillants sont stoppés par le feu des FM et fusils des trois groupes ce qui évite l’encerclement de toute la section qui semble être le but de la manœuvre.

Une accalmie d’un quart d’heure succède à ce premier assaut, les maquisards quittent la ferme et se replient sur la deuxième ligne de résistance (22).

Le groupe d’assaut allemand qui reçoit un renfort en hommes amenés par camions et augmente sa puissance de feu d’une mitrailleuse, lance une nouvelle attaque mais elle est freinée par le feu du troisième groupe permettant aux premier et deuxième groupes de gagner la deuxième ligne de résistance et d’éviter l’encerclement par le groupe de soldats qui progresse à la lisière de la forêt (23).

Le troisième groupe se replie à son tour laissant sur le terrain, 6 tués ou blessés dont les corps sont retrouvés entassés à la lisière de la forêt, les blessés ayant été achevés d’une balle dans la tête.

Après une courte accalmie, l’ennemi relance le combat obligeant les maquisards à un nouveau repli au cours duquel trois d’entre eux sont blessés (22-24-25).

Devant la supériorité numérique et matérielle de l’ennemi, les maquisards doivent rompre le combat et gagner la forêt, sans perte cette fois, protégés par la déclivité du terrain (22). A la tête de sa section, celui-ci rejoint, par la forêt, le PC de sa compagnie distant de deux kilomètres.

BAZIRET et WIKA assurent l’arrière-garde.

En se repliant sur la forêt, WIKA est tué en bordure de la route.

Quant à BAZIRET, il se heurte à un groupe d’Allemands qui avançait à la lisière de la forêt, apparemment commandé par un homme en noir portant un brassard.

Il tire sur celui-ci et le blesse puis il lance une grenade sur le groupe ce qui lui permet de rejoindre à son tour la forêt.

Les Allemands sont surpris par les tirs de fusils-mitrailleurs et de fusils venant de leur gauche, déclenchés par des F.T.P. qui, arrivant par la route forestière de l’Ermitage, débouchent dans la prairie au sud de la ferme (23).

Jean BLEVIN, isolé sur la gauche des combats, ses camarades du 3ème groupe n’ayant pu le rejoindre, bataille aux côtés des FTP. Il prête son fusil américain à un bon tireur FTP pour arrêter un Allemand qui rampe dans les herbes dans leur direction pendant qu’une mitrailleuse installée près de la niche à chien dans laquelle est caché le plus jeune des maquisards, leur tire dessus.

Ce groupe de résistants harcèle les soldats restés à la ferme après le départ des camions.

Les Allemands, maîtres du terrain vident la maison d’habitation et l’incendient.

Pour continuer leur triste besogne, une partie des soldats remonte dans leurs camions qui repartent.

Arrivés au carrefour Saint Plaisir – Theneuille et Ygrande – Couleuvre, ils se séparent et vont les uns vers Gennetines, les autres vers Saint Pardoux.

Pendant ce temps, avec l’aide contrainte de BOUCHARD, la nourriture et le mobilier sont chargés dans un camion par les Allemands restés sur place.

Les corps de Michel PEGUY, 14 ans, fils du fermier et de l’ouvrier Francisco PAMIES sont retrouvés dans la ferme.

La bataille sur la route de Saint Pardoux

Ayant entendu le bruit de la fusillade, un groupe de maquisards de la première section du maquis Villechenon se dirige vers Bouillole, ils traversent sans problème la route qui va à Saint Pardoux sauf COTAKIS, tireur au FM, et son serveur qui sont pris sous le feu d’un tireur allemand. COTAKIS est tué.

Comme les échos de cette fusillade parviennent au camp 14 Juillet, le chef du groupe Mimile prend son vélo pour aller se rendre compte de ce qui se passe.

Face à l’ampleur de l’attaque portée contre le maquis installé à Bouillole, il fait
demi-tour et donne l’alerte à son groupe ainsi qu’à celui des Espagnols. Tous ceux qui possèdent une arme prennent la direction de la bataille. Les Espagnols, soldats aguerris, prennent la direction des opérations. Alertés par le bruit des camions venant de Bouillole, ils demandent aux maquisards d’avancer en tirailleur (espacés de quelques mètres) et de se camoufler dans les fourrés en bordure de la route de Saint Pardoux et de ne tirer que sur leur ordre (27). Un groupe M.U.R. sous le commandement de la lieutenant “Andrée” (Nancy WAKE), fait de même.

Des camions s’avancent, arrosant de leurs armes les côtés de la route où auraient pu se cacher quelques maquisards échappés de Bouillole.

Le F.T.P. “Marinier” réussit à faire taire la mitrailleuse (28).Les Espagnols ordonnent d’ouvrir le feu avec toutes les armes disponibles : fusils, armes automatiques, grenades, ce qui provoque pendant quelques minutes une énorme fusillade.

Les chauffeurs des camions, surpris par cette attaque imprévue, accélèrent puis quelques minutes plus tard, ayant fait demi-tour, rejoignent à vive allure les camions partis sur Gennetines qui stationnent à la Maison Forestière de Gondoux.

C’est là que, d’après Lucien BLANC, s’est joué le sort de la bataille.

Les Allemands ne sont pas assez nombreux pour se lancer dans un ratissage rigoureux du secteur.

Ils ignorent tout de ces maquisards qui viennent de les attaquer et surtout que ces derniers ont pratiquement épuisé toutes leurs munitions (27).

Bataille de la ferme de Gondoux

Le capitaine “Gaby” était parti, le 7 août 1944, en vélo à Montluçon, chercher le car qui lui avait été attribué par le comité départemental de libération. Les mécaniciens en avaient retardé la livraison car ils avaient jugé dangereux de transporter des maquisards avec ce car pouvant tomber en panne à tout moment vu l’état du moteur. Un tel incident pouvait être catastrophique en cas de rencontre avec les Allemands.

En son absence, quelques Espagnols prennent l’initiative de protéger cette ferme amie.

Un premier fusil-mitrailleur est placé à l’entrée de la cour, au coin du hangar à bois ; le second est positionné plus avant, au bord du chemin d’accès.

Vers 11 heures, deux camions allemands arrivent vers la ferme, probablement dans un but de pillage et d’incendie.

Les guérilleros, soldats expérimentés, ouvrent le feu à très courte distance.

Les deux camions dont l’avant est certainement blindé passent à travers les rafales de F.M. et tournent derrière le hangar, repartent en direction de l’Ermitage en essuyant plus longuement par l’arrière les tirs des deux F.M. sans pourtant être stoppés mais sûrement sévèrement touchés et reviennent à la maison forestière.

Récemment, le chêne qui était au carrefour du chemin de la maison forestière à l’Ermitage et du chemin de la ferme, a été abattu.

Le tronc était criblé de balles, témoignant de la violence de l’engagement.

La bataille de la maison forestière
Les camions partis en direction de Gennetines s’arrêtent à la maison forestière de Gondoux, située en dehors de la forêt.

Cette maison inhabitée dans laquelle sont stockées on ne sait par qui, des armes, des munitions et de la nourriture, est connue du groupe Mimile.

Celui-ci, presque sans arme, défonce la porte, prend armes et munitions et monte vers le carrefour en passant par la forêt.

A la Maison Forestière s’installe certainement le poste de commandement de l’unité allemande car des camions font la navette, jusqu’à leur départ, entre Gondoux et Bouillole, certainement afin d’assurer le ravitaillement en munitions des soldats restés à la ferme.

Les premiers soldats allemands arrivés à la maison forestière sortent dans la cour divers objets, ustensiles et nourriture (dont de la viande) devant être embarqués dans les camions prévus à cet effet mais seule la nourriture est chargée car les Allemands essuient un feu partant de la forêt obligeant l’officier à s’abriter dans le fossé entraînant BOUCHARD à sa suite.

Toujours pris sous le feu des maquisards, les forces allemandes se retirent de la bataille et rejoignent Montluçon par la route directe qui passe par Ygrande

Le départ des camions s’effectue sans précipitation mais le harcèlement auquel ils sont soumis jusqu’à Trochère (pendant 3 kilomètres) rompt la belle ordonnance du convoi (26). A Ygrande, les camions passent tantôt seul, tantôt par deux ou trois mais toujours pleine gomme.

Un camion rate la rue des écoles et part en direction de Moulins ; il se rattrape en empruntant la petite rue Pasteur aux pavés inégaux, les habitants entendent plaintes et gémissements à l’intérieur du véhicule.

Ils font un arrêt aux Fosses-Blanches, au lieu-dit « Saint Urbain » pour réorganiser le convoi et soigner les blessés.

Des formes allongées sont transférées d’un camion à un autre.

Un feu est allumé pour brûler les pansements, il se communique à la haie qui flambe sur plusieurs dizaines de mètres. Les pompiers ne peuvent intervenir qu’après le départ des camions, le brûlage des enveloppes de pansements individuels empêche de connaître le nombre de blessés.

Témoignage de M. BARDET Marcel
Demeurant au Lamands sur la route de Vieure à Cosne :

« Il était 13 h 30 environ, nous terminions notre repas quand trois camions allemands venant de la direction de Vieure s’arrêtent à vingt-cinq mètres environ de notre maison.

Quelques minutes plus tard, une ambulance, venant de la même direction, escortée par des side-cars s’arrête auprès d’eux.

De l’intérieur de la maison, nous voyions très bien ce qui se passait sur la route et nous entendions les cris et les plaintes poussées par les blessés.

Les camions étaient recouverts de branchages.

De nombreux officiers en uniforme et haut gradés, vu le nombre de barrettes qu’ils portaient, s’agitaient autour des véhicules.

Des Allemands sont allés chercher de l’eau à la maison voisine, chez M. PHILIPPON, certainement pour donner à boire aux blessés et peut-être aussi pour un nettoyage sommaire de l’ambulance.

Au bout d’un quart d’heure, d’autres side-cars sont arrivés et tout le convoi est reparti laissant sur la route de grandes plaques de sang ou sang et eau mélangés. »

Le commando ayant de nombreux blessés graves avait dû demander de l’aide à la caserne de Montluçon qui avait envoyé par side-cars des officiers et du personnel du service de santé. Ceci témoigne des pertes que les maquisards ont infligées à un ennemi pourtant bien supérieur en armement.

Notons que les réserves de FTP légaux n’ont pas reçu l’ordre d’intervenir.

Le respect dû à nos camarades tombés ce jour-là, nous interdit de colporter des informations fantaisistes.

Leur sacrifice a certainement sauvé d’autres vies humaines.

Saint Pardoux était sûrement un de leurs objectifs.

Les camions prévus pour ramener les fruits du pillage ne seraient pas repartis avec seulement les rapines de Bouillole et de Gondoux.

Les morts de Bouillole sont transportés à l’hôpital de Cérilly.

Les déclarations de décès figurent sur l’état civil de cette commune.

PEGUY Michel 14 ans
DOBROWOLSKI Stanislas 17 ans
RANOUX Jacques 18 ans
ISNARD Jean 19 ans
PAMIES Francisco 19 ans
COTAKIS Elian 20 ans
GUICHON Marcel 20 ans
MUSKI Micezlaw 20 ans
RUHLMANN Roger 20 ans
WIKA Antoine 48 ans