Stèle de La Vivère – Besson

Commentaire en français
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La stèle de La Vivère, à Besson, a été érigée à la mémoire de Roger BELLIEN, combattant du maquis Danièle Casanova qui est tombé sous les balles des miliciens et des GMR le 18 juillet 1944 dans l’attaque qui fut également fatale à son camarade Marc Bonnot. Cette action de répression de la Résistance fit également un blessé grave et sept combattants furent faits prisonniers. Dans les jours qui suivirent il y a eu six arrestations, quatre victimes figurent parmi les fusillés de Saint-Yorre, seul un, André Bonnet, est revenu de déportation. (cf. Et les bourbonnais se levèrent – André SEREZAT – 1985)

Camp Casanova : la nouvelle donne

Après les avancées de la Campagne d’Italie, avec le débarquement allié en Normandie bientôt conforté par celui de Provence, l’activité de la Résistance se démultiplie et sort de l’ombre face à un ennemi contraint au repli et d’autant plus féroce dans ses représailles…

Marc BONNOT, ouvrier coiffeur à Souvigny avait à peine 20 ans quand il a rejoint le maquis Danièle CASANOVA le 6 juin 1944 en forêt de Moladier avec d’autres garçons de Souvigny, André QUENISSET, Henri DAUBINET, Roger DAUPHIN, et René AUBER.

Une activité de guérilla.
C’est de ce lieu que le maquis lancera la plupart de ses actions, soutenu et ravitaillé par les paysans des fermes des environs. L’embuscade du Rocher Noir à Châtillon, le sabotage du tunnel des Cerisiers, le périple du 14 juillet auront été autant d’opérations réussies. A Châtillon l’embuscade du Rocher Noir se soldera par plusieurs véhicules détruits et une vingtaine de morts du côté allemand sans perte dans le camp du maquis. Au tunnel des Cerisiers le dernier sabotage avec deux locomotives lancées l’une contre l’autre sous le tunnel avait neutralisé la voie ferrée Moulins Montluçon jusqu’à la libération.

Le périple du 14 juillet
Le 14 juillet, Lucien Depresle reste au camp à la ferme de Renaudière avec Charles Léger (La Pipe) et son groupe d’une vingtaine de maquisards pendant que les autres sont partis sous les ordres de Jean-Louis Ameurlain avec un camion benne, un petit car offert au maquis par un entrepreneur de Bresnay, une traction et quelques autres voitures réquisitionnées. Les arrêts de Treban, Cressanges, Chatillon, Souvigny, Besson, Bresnay, Châtel de Neuvre et Meillard sont l’occasion d’un affichage au grand jour des forces de la Résistance et d’une mobilisation des populations qui viennent les voir défiler.

Une mission écourtée…
Le lendemain un groupe de maquisards partait à Deux Chaises avec le petit car pour arrêter les membres d’un faux maquis qui réquisitionnait de force chez les habitants quand un accrochage se produisit à Chapillière. Alertés par le bruit, deux soldats allemands de garde au carrefour de Lafeline s’approchaient en vélo pour voir…  » Sapin  » se faufilant dans le fossé à l’abri de la haie a abattu un soldat Allemand… le second s’est échappé et a donné l’alerte.

Une première attaque
Les Résistants rentrent au camp ; mais le soir même du 15 juillet, le camp est attaqué, à la tombée de la nuit. Les résistants sont repoussés au carrefour de Chapillière par les allemands armés de fusils mitrailleurs et de grenades offensives. Georges AUREMBOUT fait se replier le petit groupe qui tentait une sortie. Pris en tenaille, les maquisards devaient évacuer leur camp.

Une évacuation risquée, une errance de cache en cache.
Lucien Depresle connaissant fort bien le terrain, prend le commandement de l’opération. Il conduit la petite cinquantaine de combattants par les sentiers qui lui sont familiers dans le bois. Puis c’est à travers champ et à l’abri des haies qu’ils s’éloignent. Traversant la route de Saint-Pourçain avec d’infinies précautions, ils rejoignent les bois de Peuron au milieu de la nuit. Ils y restent terrés jusqu’au lendemain soir avant de partir pour Besson dans les bois du Château de Bost où ils arriveront au petit matin du 17 juillet. Les combattants du maquis Casanova avaient déjà passé quelques jours fin juin à proximité du château avec la complicité bienveillante du Prince de Bourbon. Les combattants sont assoiffés et affamés ; dans le petit groupe de Lucien ils n’ont à partager qu’une maigre musette de ravitaillement pour huit. A la Vivère, chez Periot, trois ou quatre avaient trouvé un peu de réconfort avec une soupe à l’oignon au matin.
Le répit sera de courte durée !

Des représailles
Le 16 juillet, neuf otages seront raflés dans les fermes environnantes (un disparu, quatre envoyés au STO, deux emprisonnés à la Mal-Coiffée et quatre relâchés).

La traque se poursuit
La nuit suivante, au petit matin du 18, Lucien Depresle est de garde dans l’allée qui longe l’orée du bois face à la route où passe le convoi des GMR et de la milice qui se dirige vers Noyant pour y attaquer le groupe Villechenon qui est cantonnés à la ferme de Villars depuis plusieurs semaines.
Pas plus que ses camarades à ce moment-là, Lucien Depresle ne pouvait penser que les mêmes assaillants allaient revenir pour les attaquer à la mi-journée.
Les GMR de Pétain longeaient la forêt de Bois-Plan, le soleil brillait sur les casques…Un repli mortel
A moins d’un contre dix, le déséquilibre des forces était tel, qu’il imposait la décision d’une dispersion pour échapper à l’encerclement.
C’est par petits groupes de 7 ou 8 que les résistants s’enfuient. Marc BONNOT, René AUBER, Roger MAGNIERE et LARAME cherchent à rejoindre Cressanges à l’ouest où ils savent trouver de l’aide et de l’abri.
Le groupe se sépare ; AUBER et LARAME partent de leur côté mais René AUBER sera fait prisonnier et connaîtra la prison des Brosses et ses salles de torture.

Premières victimes
Les miliciens vont assassiner Marc BONNOT d’une balle dans la tête près de la ferme du Parc à Cressanges et son compagnon Roger Magnière sera laissé dans un fossé grièvement blessé. Les GMR le ramasseront et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il devra être amputé.
A l’est des bois, en direction de Besson, Roger BELLIEN, caché derrière un buissons d’épines aperçois un groupe de miliciens et de GMR à quelques dizaines de mètres sur le chemin près de la ferme. Sa mitraillette s’enraye, et c’est suffisant pour qu’il soit repéré. Il a été abattu là à l’orée du bois en contrebas de la ferme de la Vivère.

L’abri en terre d’accueil
Le groupe de Lucien Depresle était parti vers Cressanges, des Vernasseaux vers la route de Moulins. Les maquisards remontent à I’abri des haies sous le feu des GMR. Ils profitent du couvert d’un champ d’avoine où les Barichards moissonnent. L’avoine les protège de la vue des assaillants ; mais au moindre mouvement qui faisait onduler l’avoine, les décharges de chevrotines pleuvaient… L’orage s’abattant sur le champ d’avoine, les moissonneurs s’en vont et, vers 17 heures, les forces de Vichy repartent. Les résistants couchés dans les fonds des billons de cinq tours sont trempés jusqu’aux os ! Le groupe de Lucien, avec Georges Aurembout, trois ou quatre gars de Souvigny, et Jean Baptiste Frière pas très loin, accompagne Cussinet qui va faire soigner son pied criblé de chevrotines chez Chalmin au Village…

Le bénéfice de la connaissance du terrain !
Au risque de s’aventurer à travers champs ou dans les bois, les GMR ne quittent pas le chemin, c’est ce qui a sauvé la plupart des résistants dans leur repli ; leurs mitraillettes portaient au mieux à une vingtaine de mètres !
Après être passés aux Gallards chez les Barichard, c’est une bonne vingtaine de plusieurs groupes qui vont trouver de quoi se réconforter au Village et dormir dans la paille.