Stèle Robert RIOTHON & André HUBSCHWERLIN – Saint-Sornin

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C’est dans le petit chemin qui s’enfonce dans les champs vers le sud et que l’alignement des arbres rappelle que les deux jeunes faits prisonniers par les allemands en partant de Montluçon le 26 juillet 1944 furent fusillés et laissés pour morts. Les Allemands les avaient pris à Deneuille les Mines et les avaient fait déjeuner à La Croix du Châgne avant de commettre leur forfait le lendemain matin à quelques kilomètres de là.
Des deux, Robert RIOTHON, grièvement blessé, a cependant réussi à se sauver, gagnant une ferme des environs pour y être pris en charge et soigné.

C’est l’histoire de deux jeunes ouvriers montluçonnais

Note rédigée par Alfred LAVIGNON d’après les récits d’Armand GOURBEIX et Louis MICHEAU

Un jeune Montluçonnais, Robert RIOTHON, est ouvrier mouleur à l’usine des Hauts Fourneaux (Usine Forêt). Pour échapper au STO et à la déportation outre-Rhin il quitte sa famille et se camoufle à la mine de Deneuille les Mines. Grâce à l’obligeance de la direction il y avait facilement trouve un emploi.

Il était assis devant la cantine des mineurs avec un de ses camarades de travail, un israélite alsacien André HUBSCHWERLIN dont les parents avaient été déportés en Allemagne. Ils discutaient tranquillement quand une femme vint en courant les prévenir qu’une patrouille allemande était signalée à l’entrée du bourg de Deneuille.

A l’arrivée des allemands, les deux hommes cherchèrent à fuir malgré les coups de feu tirés en leur direction. Les allemands les rattrapèrent vite pour s’en saisir à coups de crosses. Les jeunes réfractaires au STO voulurent explique leur situation, leur travail à la mine ; et André HUBSCHWERLIN qui parlait allemand leur signala que leurs papiers étaient en règle. L’officier SS refuse leur explication et leur ordonne de monter dans un des camions, emmenés vers une destination inconnue par dix-sept soldats allemands de la SS. Un des camion resta à Villefranche d’Allier ; les trois autres prirent la direction de Chappes où deux camions devaient faire halte, de sorte que le seul camion où se trouvaient les deux français continua sa route en direction de Murat. Il s’arrêta sur la route de Saint Sornin au carrefour de la Jaunerie. Les deux français furent étendus sur le plancher du véhicule, et les SS leur attachèrent les mains dans le dos. Au cours de cette nuit sans fin, un SS vint leur dire qu’à l’aube ils seraient libres. Vers 6 heures deux sous-officiers SS armés de mitraillettes montèrent dans le camion. Au croisement de la route de Saint-Sornin à Chavenon et du chemin conduisant à la ferme du Montcel, le véhicule stoppa. Les deux prisonniers furent descendus, puis conduits sous la menace des mitraillettes dans un petit chemin qui se perd dans les prés à environ deux cents mètres de la route. Un des deux sous-officiers allemands intima l’ordre aux deux jeunes français de s’agenouiller face à la haie. Deux coups de feu claquèrent dans le silence de cette matinée tragique.

Les deux hommes tombèrent la face contre terre. Un des assassins s’approcha des corps inertes pour leur donner le coup de grâce. L’herbe était tâchée du sang de ces deux victimes de la barbarie nazie. Les deux soldats se retirent après avoir ramassé les douilles et coupé les cordes qui liaient les mains des deux martyrs.

Robert RIOTHON, étendu contre son camarade HUBSCHWERLIN tué sur le coup, n’était pas mort, mais grièvement blessé. Non sans avoir perdu beaucoup de sang il réussit à se traîner jusqu’à la ferme des MERITET. Madame MERITETR alerta l’instituteur de Saint-Sornin et le soir même Robert RIOTHON était dirigé vers l’hôpital de Montluçon grâce au dévouement des cheminots. Il y restera trois jours après son opération et les soins. La gestapo ayant retrouvé sa trace il devenait urgent de le cacher. Il put trouver refuge chez des parents et des amis avant d’être hébergé chez Léon VELLAY, propriétaire des Mines de Buxières et Saint-Hilaire, qui le dissimula aux recherches de la police allemande jusqu’à la libération de Montluçon.