Resituer la mémoire de la Résistance
dans son contexte historique

La Résistance : un phénomène populaire plus que militaire

La Résistance est un objet historique très particulier. Elle est attachée à un phénomène guerre, au conflit de la Seconde Guerre Mondiale, sans être véritablement de nature militaire. Quand bien même la lutte armée a été une composante importante de la Résistance avec des combattants souvent sans grande expérience du combat les premières années, elle fut aussi faite du travail inlassable des populations civiles « légales » assurant l’appui logistique vital des clandestins, du travail de fourmi des réseaux de renseignements si utiles aux alliés, d’innombrables gestes d’apparence anodine qui firent le ciment de tout l’édifice.

La multitude de ces engagements qui s’intensifient au fil des jours pour former « l’armée des ombres » plonge ses racines dans l’entre-deux guerres. Le règlement de la Première Guerre Mondiale dans une kirielle de 16 traités s’échelonnant de 1918 à juillet 1923 avait redessiné les frontières européennes et au-delà en générant parfois des foyers de nouvelles tensions… Le vivier des mouvements populaires Français côtoyait des sociétés européennes en proie aux soubresauts de l’Après-Guerre Mondiale conjugués à la grande crise économique dite « de 29 ». De la révolution d’Octobre en Russie à celle d’Allemagne un an plus tard, en passant par l’établissement de la Seconde République Espagnole au printemps 1931 et au Front Populaire en France en 1936, les peuples d’Europe cherchaient à surmonter les humiliations des guerres défaites comme celles de l’assujettissement toujours plus pressant aux pouvoirs économiques.

Les Résistances, militaire ou civile et populaire

L’appel de De Gaulle le 18 juin pose l’initiative de la Résistance dans la parole d’un militaire et la conçoit comme telle hors du territoire, en lien avec l’armée anglaise et éventuellement l’appui de forces qui pourraient agir sur le sol national… Les appels de Tillon (17 juin) et Thorez (10 juillet), proposent une autre conception, la résistance comme un mouvement populaire, essentiellement sur le territoire national. L’expérience a fait converger les deux visions quand, en 1942, de Gaulle a eu compris qu’il avait besoin de la résistance intérieure pour asseoir sa légitimité. La France libre devient France combattante pour faire la liaison entre résistance extérieure et résistance intérieure.

Plus tard le CNR validera cette dimension civile de la Résistance en intégrant les organisations politiques et syndicales antifascistes, tant pour concevoir la stratégie des combats de la Libération que pour dessiner les contours du retour à la démocratie dans une nouvelle donne politique, économique et sociale.