Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation

30 avril 2023

Pour la première fois cette année le comité local de l’ANACR Meillard – Le Montet avait inscrit à son calendrier mémoriel la commémoration de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation.
C’est à Meillard que le rendez-vous étaient pris pour honorer la mémoire de Lucienne DEPRESLE et Gilbert BIDET.
Si la foule n’était pas très nombreuse, l’hommage n’en n’était pas moins fort. C’est en présence des élus (*), maires, président de Communauté de communes, conseillers départementaux, député de la circonscription et représentant du corps de sapeurs pompiers de Chatel de Neuvre, que Faustine, la plus jeune adhérente de notre association, a déposé les fleurs de l’ANACR.
Après un premier hommage rendu au Monument aux Mort devant la plaque citant les Morts pour la France, c’est devant la mairie où est apposée la plaque rendant hommage à Gilbert Bidet et Lucienne Depresle que la seconde partie se termina avec les prises de parole avant que le vin d’honneur offert par la commune de Meillard vienne clore cette matinée du souvenir.
C’est Eline, une des plus jeunes adhérentes de l’ANACR, -lycéenne brillante concurrente du Concours National de la Résistance et de la Déportation- qui était chargée de rendre l’hommage (texte ci-dessous).
Sa présentation n’a pas manqué de soulever l’émotion chez celles et ceux qui l’entouraient ce matin.
Au-delà du caractère symbolique de ce passage de relais dans le geste commémoratif, ne faut-il pas voir le signe que le sacrifice de nos anciens n’a pas été vain et que les valeurs qui fondèrent leur engagement peuvent trouver dans la jeunesse d’aujourd’hui les ressorts des nouveaux porteurs de flambeau, pour que ne s’éteigne pas la flamme de la Résistance, jamais.

Bonjour à toutes et à tous,
Nous sommes réunis aujourd’hui, ici à Meillard, pour la Journée nationale du souvenir de la déportation, qui existe depuis 1954 et qui a lieu, chaque année, le dernier dimanche du mois d’avril. Cette date a été retenue en raison de sa proximité avec celle de la libération de la plupart des camps de concentrations. Cette journée permet de célébrer la mémoire des victimes de la déportation lors de la Seconde Guerre Mondiale. Ces victimes sont des juifs, des tziganes, mais aussi des résistants, des opposants au régime politique… qui ont été envoyés dans des camps d’extermination et de concentration : Auschwitz-Birkenau en Pologne, Buchenwald en Allemagne, Ravensbrück pour les femmes en Allemagne également et il en existe d’autres encore.
Ici, sur cette plaque, nous pouvons notamment lire les noms de deux déportés de Meillard, Gilbert BIDET et Lucienne DEPRESLE.
Gilbert BIDET est né le 25 mars 1884 à Meillard. Le 9 novembre 1941, 9 habitants de Treban et Meillard, dont Gilbert BIDET, sont arrêtés par les gendarmes du Montet ; ils sont internés à la prison militaire de Clermont Ferrand. Il est jugé le 26 février 1942 et est condamné, pour son appartenance au Parti communiste, à 3 ans de prison. Il est interné à la prison de Mauzac puis au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe. Le 30 juillet 1944, le camp est encerclé par une compagnie S.S. et est entièrement vidé. Gilbert BIDET est déporté le 31 juillet 1944 de Toulouse et arrive le 6 août 1944 au camp de Buchenwald où il est affecté à un Kommando dans les mines de sels de Plömnitz. Malgré les conditions inhumaines et les mauvais traitements, il résiste. Sous-alimenté et très affaibli, il décède à coup de matraques, une nuit, aux latrines, selon le témoignage de Paul BAQUIÉ. Selon l’état civil de Meillard, il décède le 9 janvier 1945 à Buchenwald.
Lucienne DEPRESLE est née le 15 septembre 1905 à Cressanges. Elle s’installe ensuite aux Champs, à Meillard, avec son époux et ses trois enfants. Le 21 mars 1944, la police allemande, à la recherche d’un de ses fils, arrive à son domicile. N’ayant pas trouvé son fils, la police allemande l’arrête avec sa fille Simone, elles sont ensuite internées à la Mal Coiffée (prison de Moulins). Sa fille est libérée le 4 juin 1944 tandis que Lucienne est déportée le 30 juin au camp de Ravensbrück. Victime du typhus, elle est libérée le 9 avril 1945 par le Comité International de la Croix-Rouge. Elle est ensuite transférée dans un hôpital à Aix-les-Bains pendant une quinzaine de jours. Très affaiblie, elle rentre quand même chez elle avant de décéder le 15 mai 1945.
Vous allez sans doute vous demander pourquoi du haut de mes quatorze ans, je prends la parole aujourd’hui pour retracer la vie de Lucienne Desprele et Gilbert Bidet ? Je vous répondrai alors simplement que pour moi, le devoir de mémoire est important, nous ne pouvons pas oublier les différentes erreurs faites dans le passé qui ont conduit à la mort de millions de personnes, des individus qui n’étaient pas préparés à ce qui allait leur arriver, des individus qui ne méritaient aucunement leur mort. Même 78 ans plus tard, il est important de se souvenir de la Déportation, des camps de concentration, d’extermination, des marches de la mort de leurs victimes et même à 14 ans, on peut se saisir de ce devoir.

Eline Laurent-Parotin – 30 avril 2023

(*) : MF Lacarin, JM Dumont, P Faulconnier, Y Simon, et ici Yannick Monnet, député.

Le chant des marais a ponctué la cérémonie

Loin vers l’infini s’étendent de grands prés marécageux.
Et là-bas nul oiseau ne chante, sur les arbres secs et creux.
O terre de détresse, où nous devons sans cesse, piocher, piocher.

Dans ce camp morne et sauvage, entouré de murs de fer,
Il nous semble vivre en cage, au milieu d’un grand désert.
O terre de détresse, où nous devons sans cesse, piocher, piocher.

Bruits des pas et bruits des armes, sentinelles jours et nuits.
Et du sang, des cris, des larmes, la mort pour celui qui fuit.
O terre de détresse, où nous devons sans cesse, piocher, piocher.

Mais un jour dans notre vie, le printemps refleurira.
Liberté, liberté, chérie, je dirai « tu es à moi. »
O terre enfin libre, où nous pourrons revivre, aimer, aimer.