Monument Camp Casanova – Besson

Commentaire en français
Commentaire en anglais

La Stèle de Moladier est érigée en hommage aux Résistants du maquis Danièle CASANOVA rassemblés à la ferme de Moladier le 6 juin 1944.
14ème halte sur l’itinéraire de la Résistance dans le Bocage Bourbonnais, le monument du Rond-Point de Moladier marque aussi les avancées dans la connaissance de l’histoire de ce maquis et des Résistants qui s’y engagèrent… En témoignent les informations sur le parcours d’André FERNAND.

Du projet de monument…

… à sa réalisation !

Un maquis mobile

Pour des raisons de sécurité comme pour les besoins de l’action, le camp Danièle Casanova passe d’un lieu à un autre pendant que des petits groupes de combattants vont réaliser leurs actions, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres.

Une cible pour la répression

A deux reprises, le camp va être attaqué les 16 et 18 juillet 1944. A Renaudière, après qu’une escarmouche avec des soldats allemands en reconnaissance ait signalé la présence du maquis l’encerclement oblige au repli sur le secteur de Besson. Puis dans le secteur du château de Bost après ce premier repli, la seconde attaque fera deux morts, Roger Bellien et Marc Bonnot, et un blessé, Roger Magnière, sans compter les prisonniers des rafles qui ont suivi. Quelques jours après la dispersion la plupart des maquisards se retrouveront vers Meillers ; ils se reformeront alors en unité de combat pour harceler les unités allemandes qui se repliaient vers le nord-est et participer ensuite à la libération de Moulins.

Jean AMEURLAIN (Jean-Louis), un des fondateurs du maquis…

Instituteur à Cressanges avec son épouse -après l ‘Ecole Normale de Moulins-, il établit les contacts avec les familles paysannes déjà engagées dans la Résistance.

Insoumis aux Chantiers de Jeunesse et réfractaire au STO, Jean Louis Ameurlain entre dans la clandestinité. Après avoir échappé à la police de Pétain, il gagne la région de Saint-Etienne où il fait partie des responsables FTPF de Loire et Haute-Loire. Après un passage en Ardèche il regagne l’Auvergne avec la responsabilité des FTP et de l’Inter-Région Loire, Haute-Loire, Puy de Dôme, Cantal et Allier. Suite à l’arrestation de trois autres responsables en gare de Clermont-Ferrand il se retrouve isolé et regagne l’Allier où il sait pouvoir renouer des contacts avec le Front National et les FTPF. C ‘est alors qu’il participe à la création du Camp Danièle Casanova en juin 1944 en forêt de Moladier avec le chef de Compagnie FTP Lamarque et l’aide précieuse de Jean-Marie Livernais, fin connaisseur de la région. C’est aussi lui qui sera à l’initiative de l’embuscade de Châtillon tendue le 25 juin 1944 à un convoi allemand qui fera sept victimes côté allemand et trois véhicules détruits, sans perte ni blessé du côté des maquisards. C’est également sous son commandement que les troupes du maquis vont parcourir les villages du secteur dans leur fameux « périple du 14 juillet » qui aura le mérite de mobiliser une population proche de sa délivrance ; mais qui aura aussi l’inconvénient d’alerter la police de Pétain et les allemands qui allaient attaquer le surlendemain.

La guérilla

Les maquisards sont passés ma ît r e s e n ma ti è r e d e harcèlement dans une tactique de guérilla qui privilégie les engagements de courte durée pour des petits groupes très mobiles. C’est ainsi que le camp Danièle Casanova compte à son actif de nombreux sabotages (pylônes et transformateurs électriques, voies ferrées ) , des embuscades, des accrochages avec prisonniers et récupération d’armes.

Le camp Danielle Casanova, de ses prémices en 1943…

Des informations conservées dans les archives du Ministère des Armées (GR 19 P), croisées avec les témoignages des acteurs, nous permettent d’enrichir l’image de ce que fut la Résistance sur nos terres bourbonnaises, à la fois précoce, diverse dans ses origines et multiforme dans une gradation depuis des actions de propagande des tout débuts jusqu’à l’intensification de la lutte armée jusqu’aux combats de la Libération. Le cas du Camp Danielle Casanova illustre bien la détermination des Résistants engagés sous la bannière des FTPF qui, dans une longue litanie d’actions que beaucoup considèreront bien modestes, font vivre l’esprit de Résistance dans son ancrage populaire.

Emplacement prévu pour l’installation du monument marquant la création du Camp Casanova, le 6 juin 1944…

Témoignage de Jean-Marie LIVERNAIS, lieutenant F.T.P.

Début juin 1944, l’organisation militaire du Front National pour la libération de la France avait, dans la région de Besson, de nombreux FTP sédentaires.

Voilà comment cela s’est passé :

Le 6 juin, lorsque fut connu le débarquement allié, un nommé LOGIS, responsable militaire de ces groupes sédentaires, n’a rien trouvé de mieux que de dire : « tout le monde au maquis !».

On se retrouve dans la forêt, autour de la ferme de Moladier, avec 185 « pipes » d’un coup. Mais cet innocent-là n’avait pas prévu que, au bout de 6 heures, tout ce monde-là, ça a faim ; et il n’y avait pas d’armes pour tout le monde.

Il n’y avait rien de prévu. Jean AMEURLAIN et moi nous trouvions là. Il a dit : « tu dois connaître tout le coin comme ta poche, la forêt et tous les recoins, j’ai besoin de toi. Je te réquisitionne. »

La première des choses qu’on a faites a été de dire aux gars : « tous ceux qui ne sont pas grillés, vous rentrez chez vous ! ». Mais il en est resté près de 80.

Pour le ravitaillement, on a alerté GUITTON, le père CHALMIN, tous les gars du coin.

Par la suite, ces maquisards restants furent répartis dans la région, dans les forêts avoisinantes, installés sous des toiles de tente.

Jean AMEURLAIN ayant pris contact avec le prince de BOURBON PARME, les maquisards sont regroupés à Bost.

Ils vont y rester quelques jours pour s’organiser avant de repartir pour les bois de Chapillière, à Meillard.

Pendant ce temps, avec Jean AMEURLAIN, on s’était rendu à Messarges, à Grosbois. On recherchait des lieux où le maquis pourrait trouver refuge en cas d’attaque. Pour ma part, j’étais chargé de prendre des contacts auprès des paysans.

Ces responsables paysans devaient, après avoir reçu le mot d’ordre donné la veille, prévoir le ravitaillement. J’avais contacté les responsables : MALTER, au Gouet de Bagnolet, ainsi qu’à Meillers, je ne me souviens plus du nom du contact. A la libération du département, le maquis Danielle CASANOVA était installé à Meillers.

Je suis revenu au camp, à Meillard et, vers le 15 juin, j’ai été rappelé à Montluçon.

Le maquis demeure à Meillard jusqu’au 16 juillet. Ils se font attaquer mais je ne sais pas ce qui s’est passé, plutôt que se déplacer, soit sur Bagnolet, soit sur Messarges, soit sur Grosbois, ils sont revenus se planquer à Bost et le 18, ils sont de nouveau attaqués par la police de Vichy (G.M.R. et milice).

Pendant cette première période, s’organisent le camp de base et l’organisation du maquis ainsi que la surveillance des routes R9 et de la 125.

Le 18 juin, sous la conduite d’AMEURLAIN, un groupe de maquisards attaque un convoi allemand sur la route de Châtillon à Souvigny, avec succès, aucune perte n’est à déplorer du côté français.

Témoignage de Lucien DEPRESLE, Lieutenant FTP

« Le 10 juillet, je quitte Saint Plaisir pour rentrer au maquis Danielle CASANOVA qui a établi son camp dans les bois de Renaudière, sur la commune de Meillard.

Lorsque je suis arrivé au camp, le 13 juillet 1944, il était commandé par Roger DAUPHIN, dit « Rigal », Chef de camp Henri VENIAT, dit « Jean », Commissaire aux effectifs, Charles LEGER, dit « La Pipe », Commissaire technique, et FRIEDLER, dit « Lamarque », Commissaire militaire.

« Le 14 juillet, je reste au camp assurer la garde avec une vingtaine de camarades pendant que les autres partent pour un périple à travers la région, Treban, Cressanges, Souvigny, Besson, Meillard, afin de montrer la présence des maquisards aux abords de Moulins. Le soir, ils regagnent notre camp. C’est là que nous étions cantonnés, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, lors de l’attaque de l’armée allemande stationnée à Saint-Pourçain-sur-Sioule.

« Devant la supériorité numérique de l’ennemi (hommes et matériel) nous devons nous disperser. Nous décrochons. Je suis avec un groupe d’au moins 40 camarades. Ceux-ci veulent remonter vers les Champs. Je leur dis « il ne faut pas aller par-là ». Avec ma connaissance du terrain, je les entraîne par les bois. Nous traversons la route Treban Saint-Pourçain-sur-Sioule, au-dessus du château d’eau, entre le Latais et Ménilchamp. Ce groupe va se cacher à 2 kilomètres, dans les bois de Peuron, à 400 mètres de la route Bresnay Saint-Pourçain-sur-Sioule, pendant la journée du 16.

« Dans la nuit du 16 au 17 juillet, nos camarades Georges et Louis AUREMBOUT, qui connaissent cette région, prennent la direction du groupe et nous partons par les champs et les petits chemins à Bost, sur la commune de Besson. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons beaucoup marché et nous avons le ventre vide. »

Pendant la journée du 16 juillet, les Allemands ont arrêté Emilien DENIS, Alexandre MORET, Albert BATISSE et Louis DETERNES. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire.

André TAUVERON et Louis BARDON seront envoyés en Allemagne, au titre du S.T.O.

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d’être parmi les 300 qui furent libérés lors de l’évacuation de la prison par les Allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchenwald.

André FERNAND, malade et alité chez Emilien DENIS à la Renaudière, est également arrêté et depuis, porté disparu.

« Le 18 juillet, vers une heure du matin, un fort convoi de camions passe, menant grand bruit, sur la route Besson Cressanges, ce n’est donc pas pour nous ! Vers 11 heures, les camions reviennent. Ce sont les G.M.R. et les miliciens. Ils nous encerclent : bataille, décrochage à nouveau, dispersion. Au cours du décrochage nous avons eu deux tués : Marc BONNOT et Roger BELIEN. Un maquisard, CUISSINAT, fut blessé au pied par une chevrotine. Il fut caché et soigné chez CHALMIN au village de Cressanges. Un autre, Roger MAGNIERE, fut blessé grièvement par des miliciens qui l’abandonnent dans un fossé pour qu’il crève (déclaration de Roger MAGNIERE après son rétablissement). Les G.M.R. le trouveront dans le fossé et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il sera soigné et amputé d’une jambe.

Retombées de la répression par les miliciens et les G.M.R.

le 18 juillet 1944, Robert RONDET, réfractaire au S.T.O., échappe à l’arrestation par la milice.

Suite à l’attaque du camp Danielle CASANOVA, les miliciens et G.M.R. prennent la relève des Allemands et vont attaquer le maquis CASANOVA réfugié à Bost, à Besson.

Le matin, les forces de police de PETAIN avaient encerclé et attaqué la ferme de Villars à Meillers. Dans cette ferme avait séjourné le maquis VILLECHENON.

Seuls, trois maquisards qui y étaient encore, ont pu s’échapper. Il s’agissait de GOMEZ, BETRET et VILLATTE.

Mais les miliciens et G.M.R. arrêtent Joseph LAFAY et son frère Jean, (cultivateurs à Villars), MARCUS Jean (mineur), ZUNINO Antonio (bûcheron) et RONDET René (cafetier). Ils sont conduits à Besson, mis face au mur de l’église. Ils furent rejoints par 6 ou 7 jeunes : Marcel VIRLOGEUX, Jean Marie AUCLAIR de Besson, Jean GALLAND, Henri DAUBINET et René AUBERT de Souvigny, François BALHA de Noyant.

Selon Jean VILLATTE, les G.M.R. ont laissé s’échapper le groupe de maquisards alors qu’ils auraient pu facilement les abattre dans leur fuite et en arrêtant leurs recherches à une vingtaine de mètres du fossé où ils s’étaient cachés.

D’après les propos de René RONDET, le soir même, le commandant du G.M.R. s’oppose fermement aux miliciens qui voulaient exécuter les prisonniers, debout devant le mur de l’église et évite ainsi un bain de sang.

Le soir, ils sont amenés, à Vichy, par les miliciens, pour interrogatoire, puis à Bellerive sur Allier, au château des Brosses, lieu d’internement placé sous l’autorité de la milice.

« Dans les derniers jours de juillet 1944, notre petit groupe séjournait aux Cailles de Chemilly, dans une maison abandonnée, couchant sur la paille. QUENISSET et VENIAT sont venus nous dire de partir car les BERTHON (Jules et son fils Albert) exploitants le domaine des Bruyères et les deux maquisards qui étaient chez eux avaient été arrêtés. Parmi ces maquisards se trouvait le responsable qui nous ravitaillait et qui tentait de réunir à nouveau les groupes, comme nous étions avant les attaques des Allemands, des G.M.R. et des miliciens.

« Le responsable n’a pas parlé car les groupes dont il s’occupait ne furent pas inquiétés. Les BERTHON et les deux maquisards furent massacrés, le 7 août, avec 7 autres hommes, dont plusieurs faisaient partie du camp CASANOVA, au champ de tir de Saint-Yorre.

« Nous revenons à notre point de départ, dans les bois des Champs, à Meillard, ce qui nous permet de trouver à manger, ce qui est important, pouvoir se nourrir.

« Vers le 15 août, nous sommes un groupe d’une dizaine de maquisards. Nous avons récupéré une voiture, à Soupaize. Nos chefs, SAPIN et BURLOT, ont réquisitionné un camion à la fabrique de bière « la Meuse » (à Moulins).

Après le 15 août, la direction du maquis est donnée à WATTEAU, dit « Lionel », comme chef de camp.

Le responsable militaire est : BERTHELOT Etienne, dit « Hérisson »,

Responsable technique : RAMOS Emmanuel, dit « Fabre »,

Commissaire aux effectifs : moi-même, dit « Balard ».

« Nous avons commencé de rouler sur les routes du coin, Souvigny, Coulandon, etc. Nous nous approchons de Moulins. Puis, un jour, nous avons raflé la garde allemande du pont de Moulins pour montrer notre présence aux abords de Moulins et récupérer les armes.

« Petit Pierre » sort le fusil, mitraille et dirige le feu sur la guérite. Deux des assaillants jettent leurs grenades mais elles rebondissent sur le rebord de la fenêtre et ils ont le temps de se cacher derrière le mur pour se protéger. Les 8 Allemands sortent, les mains en l’air. Faits prisonniers, nous les amenons à la carrière de Meillers. Le lendemain, nous les conduirons à Saint Hilaire où ils rejoindront d’autres prisonniers.

« L’opération nous a permis de récolter des armes et des munitions.

« Un autre jour, nous nous sommes engagés sur la passerelle qui est entre Bagneux et Villeneuve. Elle remplace le pont qui a sauté lors de la débâcle. Elle a la largeur du camion. Nous sommes une vingtaine de gars dans le camion, précédés par la voiture du commandant SAPIN, dans laquelle il a pris place avec trois maquisards. Sur la plage, des gens qui se baignent nous font de grands signes. Il ne faut pas aller plus loin car nous allons tomber dans la gueule du loup. En effet, un fort contingent de soldats allemands (estimé à 800) se trouve bloqué à la gare de Villeneuve. Arrivés à l’autre extrémité, nous faisons demi-tour. Revenus sur la 9, nous attaquons et réquisitionnons un car et un chargement de Gasoil et nous rentrons à Meillers, au château des Salles.

« Le 26 août, une colonne forte d’environ 2 000 soldats allemands, précédée et suivie par 300 miliciens accompagnés de leurs familles, se replie de Bourganeuf sur Montluçon. Elle est attaquée, à Estivareilles, par les maquisards et modifie son itinéraire. Les forces allemandes qu’elle doit rejoindre, à Montluçon, ont évacué la ville depuis plusieurs jours pour se replier sur Moulins. La colonne se dirige vers Huriel, Audes, Vallon, Le Brethon. Elle passe la nuit à la Croix Cornat, commune de Saint-Caprais. Elle atteint Ygrande vers 8 Heures 30. Elle y stationne, se restaure puis poursuit sa route vers Moulins en passant par Bourbon l’Archambault où elle fait deux victimes, COPET et MARCHAND puis Saint-Menoux.

« A l’entrée de la forêt de Bagnolet, sur la commune de Marigny, notre groupe allume la colonne (c’est-à-dire que nous tirons quelques coups de feu pour tenir les soldats en alerte). Les soldats ripostent et nous arrosent de balles. Ils ne manquent pas de munitions. Ils tirent depuis les camions qui continuent à rouler. Leur tir, un peu haut, permet à notre groupe de se replier. Notre groupe n’a pas eu de blessé ce jour-là.

« Des paysans, occupés à la batteuse dans la ferme proche, entendent tous ces coups de feu, s’avancent pour voir ce qui se passe. Ils sont capturés par les miliciens qui forment l’arrière-garde de la colonne allemande. Les miliciens les torturent et les fusillent à l’endroit où s’élève, aujourd’hui, le monument qui rappelle ce douloureux événement. Nous revenons à Meillers et continuons de sillonner les routes de la région. »

Je termine mon engagement dans le camp Danielle CASANOVA comme lieutenant C.E. (commissaire aux effectifs). L’effectif est de 80 maquisards. Revenu dans l’armée régulière, j’obtiens le grade de sergent-chef. Je suis affecté au centre de perfectionnement de Châtel-Guyon que je quitte à la suite de graves ennuis de santé. Après une convalescence de six semaines, je rejoins la caserne de Montluçon, en mai 1945. Je pars avec mon bataillon en Alsace où je suis affecté à la garde des prisonniers.

Démobilisé début décembre 1945, je reviens à Meillard.

Témoignage de Robert JOYON, Aspirant F.T.P.

« En janvier-février 1944, nous avons reçu la consigne de la Résistance de créer des comités d’aide aux réfractaires au S.T.O. Il nous fallait trouver un certain nombre de personnes, si possible assez influentes dans chaque secteur, pour solliciter des fermiers afin de cacher et héberger des réfractaires pour les empêcher de partir en Allemagne et éventuellement les faire passer au maquis.

« A Besson, nous savions que le curé, Léon VIRLAT, était anti-pétainiste et qu’il cachait chez lui son neveu, réfractaire au S.T.O.

« C’est tout naturellement que nous sommes allés le contacter. Nous sommes très bien accueillis. Il nous répond qu’il était de tout cœur avec nous mais qu’il lui était difficile, dans sa situation, de travailler avec nous. Par contre, il nous conseilla de contacter le prince Xavier DE BOURBON-PARME en lui disant que nous venions de sa part.

« Ce dernier accepta sans difficulté et participa activement à ce comité d’aide aux réfractaires.

« Plus tard, en juin-juillet 1944, Jean AMEURLAIN, qui recherchait des emplacements pour les maquis et après étude du site, alla informer le prince qu’il avait l’intention d’installer, pour quelques jours, le maquis Danielle CASANOVA dans son immense parc et les bois qui l’entourent et lui demander d’observer une bienveillante neutralité.

« Jean AMEURLAIN, ignorant tout de son activité antérieure, fut surpris par la rapidité de son accord et de l’aide qu’il apporta au camp Danielle CASANOVA : fourniture de couvertures, mise à la disposition de la bibliothèque du château pour servir d’infirmerie, etc.

Les maquisards arrêtés le 18 qui étaient internés au château des Brosses à Bellerive furent libérés suite à l’intervention du comte. Celui-ci se rendit en vélo (n’ayant plus d’essence pour sa voiture), à Vichy auprès de PETAIN, où il fit passer ces jeunes maquisards pour les enfants de ses métayers. Leur libération intervient le 27 juillet en même temps que celle des frères LAFAY. »

Les prisonniers de Meillers ne furent libérés qu’après un mois de détention, vers le 17 août.

Suite à ces douloureux événements, le Prince De BOURBON PARME, de nationalité italienne, né à Casamore en Italie en 1889, est arrêté ainsi que Monseigneur PIGUET, évêque de Clermont-Ferrand. Ils sont internés à la prison du 92ème RI. Ils quittent Clermont le 20 août 1944, avec les 239 détenus de la prison, pour le camp du Struthof. Tandis que les autres détenus sont entassés dans les wagons de marchandises, ils font le voyage dans un wagon de voyageurs de 3ème classe gardé. Ils arrivent au camp le 30 août. A partir du 4 septembre, le camp du Struthof est évacué vers celui de Dachau. Les deux otages resteront à Dachau jusqu’à la libération du camp par les Américains, le 29 avril 1945.