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A. G. Meillard

19 janvier 2020
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Assemblée Générale 2020 : Compte-rendu

Une assemblée d’avenir

Cette fin d’après-midi de samedi 18 janvier a rassemblé une bonne trentaine de personnes à la salle des Associations où la municipalité de Châtel de Neuvre accueillait l’Assemblée Générale du comité local de l’ANACR Meillard-Le Montet.

Dans son propos introductif, le président Daniel Levieux a présenté les excuses de tous les élus invités absents et des membres retenus par ailleurs, avant que l’assemblée observe une minute de silence en hommage aux camarades de l’association disparus dans l’année, Régis PONTET, Marc FEYDEL et Monique FALLUT.

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Remise des cartes à Ann et David REID
par Jacky LAPLUME (Président départemental de l’ANACR)
et Jacques FERRANDON (Maire de Châtel de Neuvre)

Dans son rapport moral, le président a inscrit l’action et les objectifs de l’association dans le contexte d’une actualité particulièrement troublée et révélatrice des dangers qu’une gouvernance le plus souvent guidée par des intérêts particuliers fait peser sur l’avenir de l’humanité. Face à la montée de l’individualisme, à la remise en cause de tout ce que la Résistance avait inventé de progrès social, économique et politique pour rétablir la démocratie à la Libération, il a rappelé la nécessité de l’engagement pour faire vivre les valeurs de la Résistance et défendre ou reconquérir ce qui en faisait les fondations d’une société où la liberté, l’égalité et la fraternité ne sont pas que des mots.

Il n’a pas manqué de souligner également ce qui garantit l’efficacité de l’action dans une association où le travail d’équipe et l’engagement singulier de chacun se développent dans une atmosphère de franche camaraderie où le plaisir d’être ensemble et l’envie font le bonheur de tous et la qualité du travail.

Comme le travail, le récit qui en est fait dans le rapport d’activité est partagé entre celles et ceux qui en ont la responsabilité.

Josiane Cluzel a fait le point sur les rendez-vous commémoratifs de 2019 et a présenté un calendrier enrichi de nouvelles initiatives pour 2020 avec en particulier une cérémonie le dimanche 26 avril en souvenir des victimes de la déportation (11h à Meillard) et une halte sur le site de Villars à Noyant en mémoire des attaques du 18 juillet 1944 (11h à la Stèle de Villars).

Mickaël Laurent s’est ensuite attaché à la présentation des activités pédagogiques de l’association en direction des jeunes à l’école, au collège et au lycée. Si l’année 2019 a connu un léger tassement des actions dans ce domaine, la présence de Soline Laurent Parotin, directrice de l’école de Tronget a permis d’évoquer le projet qui se file depuis trois ans dans son école autour de la mémoire de Louis Lanusse et qui va connaître son aboutissement cette année en regroupant tous les élèves des trois générations… L’année 2020 se présente aussi sous un jour particulièrement optimiste après les échanges fructueux entretenus avec les autorités académiques qui ont débouché sur une information systématique des enseignants et sur la présentation de nos documents dans les « ressources pour enseigner » par l’institution. Cette démarche récente a d’ores et déjà déclenché des sollicitations d’établissements. La prochaine étape devrait voir se concrétiser une offre pour les enseignants dans le cadre du Plan Académique de Formation.

Thibault Jay a retracé les itinéraires de découverte sur lesquels les deux sorties de 2019 ont conduit les voyageurs. La première en juillet avait permis de découvrir les principaux lieux de mémoire d’un Vichy capitale de l’Etat Français parsemé des traces honteuses de la collaboration, mais aussi de celle de ses victimes avec le martyre des Résistants. Un peu plus loin, le périple du 18 juillet avait conduit les voyageurs jusqu’à la stèle élevé en mémoire de Jean ZAY.

En septembre les deux minibus ont emporté la curiosité des voyageurs jusqu’au Musée de la Résistance Joseph LHOMENEDE à Frugières les Pin près de Brioude. Outre la découverte des collections impressionnantes qu’il contient, tous les participants ont gardé un souvenir ému de la présentation de Monsieur Capelani, fondateur du Musée, de l’étendue de ses connaissances et de la vigueur de son propos d’octogénaire passionné.

Au programme de 2020, la sortie du 19 juillet reste à préciser et celle du 13 septembre conduira au Musée de la Résistance de Bourges et dans ses environs.

Michel Henry a fait le point sur l’entretien des monuments, celui de Villars en particulier, et sur l’état d’avancement de la réalisation du monument de Moladier pour lequel la convention entre l’ONF et l’association est finalisée. C’est désormais à échéance de quelques mois que se profile son installation, et son inauguration qui fixera la quatorzième halte sur notre itinéraire de la Résistance dans le bocage bourbonnais. Il a également fait état du travail entrepris sur les archives que nous conservons, livres et enregistrements et pour lesquels un système de gestion de bibliothèque va être déployé pour en faciliter la consultation et le prêt.

Daniel Levieux a évoqué l’investissement du comité local au niveau départemental de l’ANACR ainsi qu’au comité du Concours de la Résistance et de la Déportation. Il a aussi rappelé les projets de rapprochement avec d’autres associations pour des initiatives conjointes où la mémoire de la Résistance aurait une place ouverte à un plus large public. En interne les chantiers d’exploitation des archives vont également être conduits pour en valoriser les contenus et enrichir la connaissance.

Enfin en matière de communication, la refonte du site Internet a été présentée avec ses nouveaux usages, et en particulier la lettre d’information qui devrait élargir le public des activités de l’association. La nouvelle formule du journal départemental désormais annuel a été présentée et chaque adhérent l’a reçu avec sa carte.

Danièle Moret, trésorière du comité local a fait état de la situation financière de l’association qui, ne disposant que de très faibles moyens doit s’employer à mobiliser des partenaires pour tout projet d’envergure. Elle a remercié toutes les collectivités et les donateurs particuliers qui ont permis de rassembler les fonds nécessaires à la réalisation du monument de Moladier après deux longues années d’efforts.

Pour clore l’Assemblée, Monsieur le Maire de Châtel de Neuvre a salué le travail présenté et fait partager à l’assemblée les temps forts de son approche du monde de la mémoire de la Résistance qu’il rejoint.

Jacky Laplume, président départemental a salué pour sa part l’activité du comité local et son engagement à l’échelon départemental avec un vice-président, son secrétaire général et son trésorier. Il a également fait part à l’assemblée du travail entrepris au Musée de la Résistance de Montluçon pour produire une exposition désormais disponible avant de souligner son accord avec les orientations du rapport moral et ses encouragements à poursuivre l’action engagée.

Avant que Monsieur le Maire ne convie l’assistance à partager le verre de l’amitié offert par la municipalité pour clore l’assemblée générale, une cérémonie symbolique a illustré la dynamique enclenchée en matière de recrutement avec huit nouvelles adhésions enregistrées dès ce début d’année (dont celle d’une jeune collégienne !). Jacques Ferrandon, maire de Châtel de Neuvre, et Jacky Laplume, président départemental de l’ANACR ont remis leurs cartes à Ann et David Ried, deux amis Américains de Pennsylvanie aussi installés dans l’Allier et qui nous ont rejoint en travaillant sur l’histoire de Nancy Wake…

Ce n’est que plus tard, et jusqu’à tard dans la nuit, que la trentaine de participants s’est retrouvée à l’Auberge du Bocage à Treban pour un dîner où les délices de la table ont accompagné le plaisir des échanges dans une bien belle ambiance qui laisse augurer d’une bonne année associative au sein du comité local de l’ANACR Meillard – Le Montet !

Daniel Levieux, le 19 janvier 2020

Accueil et intervention du président

Excusés

Je dois vous demander de bien vouloir excuser l’absence des élus qui sont retenus par des engagements pris antérieurement : les maires de Monétay sur Allier, Verneuil, Le Montet, Noyant d’Allier, le maire de Tronget Président de la Communauté de communes Bocage Bourbonnais et collaborateur du député, La maire de Cressanges Conseillère départementale du canton de Souvigny, le Vice-Président du Conseil Départemental en charge de la Mémoire, le Président du Conseil Départemental de l’Allier ainsi que l’ensemble de ses collègues de l’exécutif départemental, le député et conseiller départemental.
Et pour compléter ce préambule à mon propos soulignant des absences aussi particulières que récurrentes, je vous propose en introduction le mot de la fin des concerts d’un ami chanteur qui salue son public en disant : « l’important, c’est vous ! ».
Leur âge nous prive de Lucien Depresle et d’André Tantot, pour d’autres c’est l’éloignement, à Paris ou ailleurs, Michèle, Guillaume, Jean-Paul ou Marc sont aussi excusés.
Bonjour à toutes et à tous ; et merci d’avoir répondu à notre invitation.

Hommage aux disparus

Pour commencer nous allons penser à des absents qui, eux, restent à jamais bien présents dans nos cœurs ; Rendons hommage aux camarades qui nous ont quittés cette année : Régis PONTET, Marc FEYDEL et Monique FALLUT.
Merci d’observer une minute de silence à leur mémoire.

Rapport moral

« Se souvenir des crimes, nommer leurs auteurs et rendre aux victimes un hommage digne, c’est une responsabilité qui ne s’arrête jamais. Ce n’est pas négociable. Et c’est inséparable de notre pays. Être conscient de cette responsabilité est une part de notre identité nationale » …
Nous devons ce propos à la Chancelière Allemande Angela Merkel, première chef du gouvernement allemand à s’être rendue à Auschwitz-Birkenau depuis 1995. C’est une illustration du travail de mémoire qui se fait outre-Rhin.
La France pourrait s’en inspirer pour assainir la mémoire de ses guerres coloniales et régler le sort du racisme anti musulman aujourd’hui bien proche cousin du racisme anti-juif d’hier, en réglant le sort d’une extrême droite qui fait la honte de notre République.
La France pourrait aussi s’en inspirer activement en valorisant le souvenir de la lutte victorieuse contre les criminels nazis et la mémoire des martyres qui l’ont assurée en payant de leur vie. Mais la conscience nationale est encore embrumée des vapeurs nostalgiques des années 30 quand la grande bourgeoisie et le monde de la finance préféraient Hitler au Front populaire. Les temps n’ont guère changé ; les leçons seraient-elles oubliées qu’il faille repasser bientôt par les mêmes désastres pour que quelques-uns de nos enfants survivants se replongent ensuite comme nous le faisons dans leurs devoirs de mémoire ?

« Le passé doit conseiller l’avenir. » disait Sénèque…

La mémoire coule dans nos veines, elle souffle de nos discours, elle tisse les liens qui nous unissent. Elle nous attache au passé dans un temps où le présent seul vaudrait, où l’isolement individualiste ferait la loi et où l’ignorance des masses garantirait l’impunité des petits tyrans qui s’installent jusque dans nos campagnes.
L’idée saugrenue m’était venue de vous présenter notre rapport moral avec la complicité de ce vieux philosophe du premier siècle de notre ère que deux millénaires ont rendu sage.
Mais Je ne partage guère ses positions trop sages ; car pour lui il faudrait chasser de l’esprit des hommes les quatre grandes passions qui animent souvent leurs querelles pour les rendre inaptes au bonheur : peine, crainte, désir et plaisir seraient à bannir…
Aujourd’hui j’en ferais volontiers et bien au contraire les meilleurs moteurs de notre action.

De la peine…

De la peine il nous faut en partager quand nous perdons un des nôtres, et quand le malheur frappe ici ou là en empruntant des instruments et des usages dont les leçons du passé auraient dû nous écarter. Pas de progrès sans peine. Les gesticulations guerrières du président américain tout comme celles de ses marionnettes agitées en Amérique du Sud ou ailleurs ne doivent pas nous laisser indifférents parce que c’est ailleurs, parce que c’est encore loin, parce que la cible est voilée à l’ombre d’un clocher qu’on appelle minaret. De la peine il nous en faut montrer quand notre République expulse la misère qui s’y réfugie comme l’Allemagne d’Hitler expulsait ses juifs au Camp de Gurs dans une France complice qui y avait déjà parqué les Républicains espagnols qui fuyaient la dictature de Franco.

De la peine et de la crainte…

De la crainte, il nous en faut aussi partager dès lors que notre vigilance en alerte sonne aux premiers signes d’un mouvement ou d’une évolution qui nous écarte de l’idéal que nous partageons au service de la mémoire de la Résistance et de l’engagement de ses acteurs : la liberté, la justice, la démocratie… Pas de sauvegarde sans crainte. Nous avons tout à craindre de la recrudescence de l’idéologie mortifère d’une extrême droite qui se pare d’un masque de normalité, avance, avance et avance encore en France comme partout en Europe comme outre Atlantique, ne laissant aux citoyens sidérés que le choix de la peste ou du choléra, comme en 40 quand certains étaient soulagés par Pétain du péril hitlérien. La crainte n’est pas la peur, elle préserve par la claire conscience de la nature et de l’ampleur du danger qui permet d’y faire face. Et aujourd’hui dans notre pays il serait temps que les citoyens endormis par l’illusion de la modernité se réveillent pour reconquérir à la force des bras et des idées ce que le Conseil National de la Résistance avait prescrit dans sa diversité et dans l’enfer de la guerre. La démocratie politique et sociale est en péril sous les coups redoublés de puissances économiques qui accaparent jusqu’à l’extrême le fruit du travail des femmes et des hommes : dans les quarante dernières années, la part de la valeur ajoutée consacrée aux salaires a stagné quand celle des rentiers a été multipliée par 5 en passant de 50 à 250 milliards d’euros par an… Dans les dernières décennies, le taux d’abstention aux élections politiques n’a cessé de croître dans un paysage politique chaotique, et les organisations ouvrières ont été mises à mal comme un tissu associatif aujourd’hui instrumentalisé par la puissance publique… Nous avons tout à craindre de cette désertion citoyenne cédant au fatalisme.

De la peine, de la crainte et du désir…

Du désir, pour inquiétant qu’il soit s’il ne visait qu’à croître dans l’ambition des uns face au dénuement des autres, il garde la vertu salutaire de projeter le dessein d’un idéal de bien commun appelant à la mobilisation des énergies nécessaires à l’atteindre. Pas de réussite sans désir. Il faut avoir envie pour surmonter la difficulté, pour apprendre et réussir… mais aussi pour donner envie autour de soi et réussir ensemble. Encore faut-il un objet dont le désir soit partagé. Nous avons quant à nous cet objet précieux entre nos mains. Charge à nous d’en préserver la valeur et l’attrait, c’est la Mémoire de la Résistance, ce patrimoine mémoriel toujours à la merci de l’indifférence ou des coups bas revanchards de quelques nostalgiques. C’est ainsi qu’il nous en a fallu de l’envie pendant deux décennies pour obtenir la Légion d’Honneur de Lucien, ou deux bonnes années pour rassembler les moyens nécessaires à la réalisation du monument de Moladier… Et il nous en reste encore pour aboutir à ce que nos lieux de mémoire soient munis d’une signalisation routière qui les rende accessibles aux curieux de passage. Cela fait des années qu’à chaque assemblée générale ce point est évoqué au chapitre des « reste à réaliser » … Rendez-vous l’année prochaine. Nous en aurons toujours envie.

De la peine et de la crainte, du désir et du plaisir…

Du plaisir ? à quoi bon s’en priver s’il peut cimenter les liens des uns avec les autres dans une vie moins émiettée, avec des jeunes qui prennent du plaisir à apprendre et des enseignants qui prennent du plaisir à enseigner, avec des travailleurs qui prennent du plaisir à travailler en exerçant une profession plutôt qu’en errant entre cent occupations alimentaires, avec des anciens qui prennent plaisir à prendre le temps de vivre le temps de la retraite sans inquiétude sur l’avenir de leurs petits ou le confort de leurs aînés… Le plaisir de la vie retrouvée avec la liberté et la paix, au terme de tant de souffrances et de sacrifices pour les femmes et les hommes de la Résistance nous rappelle à l’impérieuse nécessité de la lutte pour gagner et regagner toujours… et c’est toujours d’actualité !
Et c’est sans s’obliger à trop d’effort que nous allons continuer de nous faire plaisir dans une vie associative pétrie de convivialité et à laquelle j’invite celles et ceux qui ne l’ont pas encore fait à nous rejoindre en adhérant pour conforter notre organisation.

Merci

Merci à Michel, et à Jean, à Thibault et Éric qui se sont coltiné la pierre… Merci à Josiane et Suzanne, à Danièle, Laurence, Martine et Chantal pour leur travail de tous les jours et leur précieux soutien… Merci à Thibault pour la préparation de nos sorties… Merci à Michèle, à Elisabeth et Marc ou Guillaume qui secouent la poussière des archives… Merci à Christian, Nénesse, Didier et Daniel qui sont toujours là pour faire les choses sans qu’on ait à leur dire… Merci à Mickaël et Michel qui s’investissent avec moi au comité départemental ainsi qu’au Comité Départemental du Concours de la Résistance et de la Déportation.
Ce sont bien les efforts de toute une équipe, de toutes celles et tous ceux qui se dépensent sans compter pour notre réussite commune que je veux saluer ici en les remerciant chaleureusement de leur investissement. Chacun y va de sa petite musique, et c’est très bien ; merci mes camarades !
Merci à tous nos adhérents et particulièrement aux nouveaux de cette année.
Un merci tout particulier ira en ce début d’année à Ann et David RIED, américains partagés entre l’ouest de la Pennsylvanie et l’Allier qui nous font l’honneur d’assister à notre assemblée générale après avoir passé la journée du 7 janvier dernier ensemble avec nous à la découverte de la mémoire de la Résistance dans notre région pour satisfaire leur curiosité sur le sujet. Après François et Mary Heymann, deux américains du Connecticut avec lesquels nous sommes en relation depuis plusieurs années, il nous est plaisant d’accueillir des citoyens des Etats Unis partageant notre inquiétude sur la gouvernance de leur pays et la marche du monde aujourd’hui… Bienvenue parmi nous.
Merci à vous toutes et tous qui avez répondu à notre invitation et qui manifestez par votre présence l’attachement que vous portez à notre action.
Merci à la municipalité de Châtel de Neuvre et à son maire qui nous accueille et nous fera partager tout-à l’heure le verre de l’amitié. Merci Jacques.


Pour conclure,

Si « Le passé doit conseiller l’avenir. » comme disait Sénèque…
Alors, Attention Danger : aujourd’hui un journal d’extrême droite fait la promotion d’un séjour touristique dans l’Algérie d’avant 1962… voyage accompagné avec un ex-parachutiste… Ils vont voyager entre les hologrammes de Bigeard et de Le Pen et ils n’en ont pas honte ! Il reste encore quelques nostalgiques de Pétain locataires des salles des coffres…
Alors, si le passé doit nous conseiller, Il nous faut veiller obstinément à ce qu’on y puise le respect scrupuleux des valeurs fondamentales de notre idéal républicain : la liberté, l’égalité, la fraternité, la justice et la laïcité… tout ce qui fait l’avenir démocratique que nous devons aux générations futures. Et c’est difficile…
« Ce n’est pas parce que les choses nous paraissent difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles nous paraissent difficiles. »
C’est aussi Sénèque qui l’écrivait ! Aussi je vous invite à oser revendiquer la liberté, l’égalité, la fraternité, la justice et la paix, à oser lutter pour oser vivre.
Merci
Daniel Levieux

Outiller pour instruire

10 janvier 2020
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La documentation des sites

Les lieux de mémoire de la Résistance jalonnent les routes et les chemins de nos campagnes. Stèles et plaques sont autant de petits cailloux blancs qui les bornent. Mais le plus souvent un nom et une date sont les seuls signes délivrés au passant. Il nous a semblé qu’il était important de documenter plus amplement ces lieux de façon à ce que le regard curieux du passant s’accroche à une véritable morceau d’histoire, qu’il replace les acteurs et les événements dans un contexte historique qui lui donne sens et l’attache à l’ensemble plus vaste du patrimoine mémoriel de la Résistance sur le territoire du Bocage Bourbonnais.

C’est ce qui a poussé le Comité local de l’ANACR Meillard – Le Montet à équiper tous ses sites d’un panneau d’information qui en est aussi le signe de reconnaissance.

ASCII 2 images, Taille: 8928 x 2980, FOV: 111.77 x 37.31, RMS: 3.86, Lentille: Standard, Projection: Sphérique, Couleur: LDR

A l’origine, notre itinéraire de Résistance devait s’articuler avec un projet beaucoup plus vaste et plus ambitieux d’itinéraire de la Résistance du Mont Mouchet à la Mal Coiffée, passant par Châtel de Neuvre, mais qui, lui, n’a jamais vu le jour…

Panneau d’entrée sur l’itinéraire…


Pour l’instant seul le site du Tunnel ferroviaire des Cerisiers, à Noyant, n’est pas équipé, faute d’être accessible… Dès qu’un cheminement aura pu être aménagé c’est la curiosité des traces gravées dans la pierre des parois par l’acier des trains déraillés que les visiteurs pourront observer…

Monument de Villars – Noyant d’Allier

Officiellement, mais…

10 janvier 2020
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Extraits du fascicule « Historique des unités combattantes de la Résistance (1940-1944) ALLIER & accompagnement cartographique.

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Dans ce document qui atteste de l’organisation précoce de la résistance dans le bocage bourbonnais, le camp Hoche est identifié sous le nom de « maquis de Saint-Pourçain ».

Edition du service historique du Ministère de la Défense, Etat-Major de l’Armée de Terre, Château de Vincennes (1984)

Général de la Barre de Nanteuil – ISBN2.86 323-029-8

Comme d’autres sources, les archives peuvent être faillibles… Leur constitution en est naturellement la cause, mais pour autant leur valeur n’en est pas entamée dès lors que leur étude les confronte à d’autres sources.

A la lecture, l’ouvrage « HISTORIQUE DES UNITES COMBATTANTES DE LA RESISTANCE (1940 – 1944) ALLIER, fascicule édité en 1984 par le service historique du Ministère de la Défense, Etat-Major de l’Armée de Terre sous la signature du Général de la Barre de Nanteuil propose des informations qui méritent d’être confrontées avec ce que la mémoire de la Résistance dans le secteur de notre comité local a porté jusqu’à nous aujourd’hui.

Des différences notables portent sur l’organisation des mouvements et l’historique de leurs actions. Pour autant l’auteur ne saurait en être tenu pour fautif puisque son travail s’appuie exclusivement sur les dossiers d’homologation établis par les responsables des maquis quelques années après la fin des opérations en France.

Pour ce qui concerne le secteur du Comité local Meillard -le Montet le plus surprenant pourait être l’absence de référence au Camp HOCHE. Ce maquis qui occupe une place importante dans notre mémorial local existe cependant, mais on le trouve sous un autre nom : « Maquis de Saint-Pourçain ». Ce nom avait été rejeté car la référence géographique pouvait se révéler dangereuse. Et, dans un clin d’oeil amusé ceux qui avaient choisi le nom d’un officier de la Révolution Française s’amusaient à l’idée que collabos ou allemands le découvrant seraient obligés de faire un peu d’histoire pour s’y retrouver !

De la même façon le maquis « Danièle Casanova » est dit créé en mai 1943 par le Commandant Ameurlain… ce dernier a bien participé à sa création, mais plus d’un an plus tard, en juin 1944 ! Alors qu’une unité combattante avait bien été formée en mai 1943, mais sans Jean Ameurlain ! … avec Louis Bavay, Georges GAVELLE, Lucien DEPRESLE, et quelques autres, c’était justement le Camp Hoche ! Encore une fois les faits sont justes, mais pour ce qui est des actions qui précèdent le 6 juin 1944, ils doivent être affectés à d’autres groupes opérant dans le secteur moulinois et dont certains se retrouveront ensuite au Camp Casanova.

De même toutes les unités ayant existé sur le terrain ne sont pas répertoriées, en Montagne Bourbonnaise; et partout ailleurs.

Un tel constat ne peut qu’inviter à approfondir le travail de recherche sans négliger la moindre source pour écrire un fil de l’histoire le plus juste possible et sur lequel peuvent s’accrocher les récits particuliers de la mémoire des acteurs.

Le fascicule écrit par le Général de la Barre de Nanteuil comporte des cartes intéressantes à exploiter et qu’il sera utile de confronter avec la mémoire des Résistants survivants (une carte pour la période 40-43, une pour janvier à juin 44, une pour juin et juillet 44 et une pour août et septembre 44).

Premiers jours de maquis

10 janvier 2020
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Le maquis Danièle CASANOVA

Témoignage de Jean-Marie LIVERNAIS, lieutenant F.T.P.

Début juin 1944, l’organisation militaire du Front National pour la libération de la France avait, dans la région de Besson, de nombreux FTP sédentaires.

Voilà comment cela s’est passé :

Le 6 juin, lorsque fut connu le débarquement allié, un nommé LOGIS, responsable militaire de ces groupes sédentaires, n’a rien trouvé de mieux que de dire : « tout le monde au maquis !».

On se retrouve dans la forêt, autour de la ferme de Moladier, avec 185 « pipes » d’un coup. Mais cet innocent-là n’avait pas prévu que, au bout de 6 heures, tout ce monde-là, ça a faim ; et il n’y avait pas d’armes pour tout le monde.

Il n’y avait rien de prévu. Jean AMEURLAIN et moi nous trouvions là. Il a dit : « tu dois connaître tout le coin comme ta poche, la forêt et tous les recoins, j’ai besoin de toi. Je te réquisitionne. »

La première des choses qu’on a faites a été de dire aux gars : « tous ceux qui ne sont pas grillés, vous rentrez chez vous ! ». Mais il en est resté près de 80.

Pour le ravitaillement, on a alerté GUITTON, le père CHALMIN, tous les gars du coin.

Par la suite, ces maquisards restants furent répartis dans la région, dans les forêts avoisinantes, installés sous des toiles de tente.

Jean AMEURLAIN ayant pris contact avec le prince de BOURBON PARME, les maquisards sont regroupés à Bost.

Ils vont y rester quelques jours pour s’organiser avant de repartir pour les bois de Chapillière, à Meillard.

Pendant ce temps, avec Jean AMEURLAIN, on s’était rendu à Messarges, à Grosbois. On recherchait des lieux où le maquis pourrait trouver refuge en cas d’attaque. Pour ma part, j’étais chargé de prendre des contacts auprès des paysans.

Ces responsables paysans devaient, après avoir reçu le mot d’ordre donné la veille, prévoir le ravitaillement. J’avais contacté les responsables : MALTER, au Gouet de Bagnolet, ainsi qu’à Meillers, je ne me souviens plus du nom du contact. A la libération du département, le maquis Danielle CASANOVA était installé à Meillers.

Je suis revenu au camp, à Meillard et, vers le 15 juin, j’ai été rappelé à Montluçon.

Le maquis demeure à Meillard jusqu’au 16 juillet. Ils se font attaquer mais je ne sais pas ce qui s’est passé, plutôt que se déplacer, soit sur Bagnolet, soit sur Messarges, soit sur Grosbois, ils sont revenus se planquer à Bost et le 18, ils sont de nouveau attaqués par la police de Vichy (G.M.R. et milice).

Pendant cette première période, s’organisent le camp de base et l’organisation du maquis ainsi que la surveillance des routes R9 et de la 125.

Le 18 juin, sous la conduite d’AMEURLAIN, un groupe de maquisards attaque un convoi allemand sur la route de Châtillon à Souvigny, avec succès, aucune perte n’est à déplorer du côté français.

Témoignage de Lucien DEPRESLE, Lieutenant FTP

« Le 10 juillet, je quitte Saint Plaisir pour rentrer au maquis Danielle CASANOVA qui a établi son camp dans les bois de Renaudière, sur la commune de Meillard.

Lorsque je suis arrivé au camp, le 13 juillet 1944, il était commandé par Roger DAUPHIN, dit « Rigal », Chef de camp Henri VENIAT, dit « Jean », Commissaire aux effectifs, Charles LEGER, dit « La Pipe », Commissaire technique, et FRIEDLER, dit « Lamarque », Commissaire militaire.

« Le 14 juillet, je reste au camp assurer la garde avec une vingtaine de camarades pendant que les autres partent pour un périple à travers la région, Treban, Cressanges, Souvigny, Besson, Meillard, afin de montrer la présence des maquisards aux abords de Moulins. Le soir, ils regagnent notre camp. C’est là que nous étions cantonnés, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, lors de l’attaque de l’armée allemande stationnée à Saint-Pourçain-sur-Sioule.

« Devant la supériorité numérique de l’ennemi (hommes et matériel) nous devons nous disperser. Nous décrochons. Je suis avec un groupe d’au moins 40 camarades. Ceux-ci veulent remonter vers les Champs. Je leur dis « il ne faut pas aller par-là ». Avec ma connaissance du terrain, je les entraîne par les bois. Nous traversons la route Treban Saint-Pourçain-sur-Sioule, au-dessus du château d’eau, entre le Latais et Ménilchamp. Ce groupe va se cacher à 2 kilomètres, dans les bois de Peuron, à 400 mètres de la route Bresnay Saint-Pourçain-sur-Sioule, pendant la journée du 16.

« Dans la nuit du 16 au 17 juillet, nos camarades Georges et Louis AUREMBOUT, qui connaissent cette région, prennent la direction du groupe et nous partons par les champs et les petits chemins à Bost, sur la commune de Besson. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons beaucoup marché et nous avons le ventre vide. »

Pendant la journée du 16 juillet, les Allemands ont arrêté Emilien DENIS, Alexandre MORET, Albert BATISSE et Louis DETERNES. Ils seront renvoyés chez eux après interrogatoire.

André TAUVERON et Louis BARDON seront envoyés en Allemagne, au titre du S.T.O.

Charles AUGUSTE et Robert THEVENET seront torturés et emprisonnés à la Mal Coiffée. Ils auront la chance d’être parmi les 300 qui furent libérés lors de l’évacuation de la prison par les Allemands, les 64 prisonniers restants étant déportés à Buchenwald.

André FERNAND, malade et alité chez Emilien DENIS à la Renaudière, est également arrêté et depuis, porté disparu.

« Le 18 juillet, vers une heure du matin, un fort convoi de camions passe, menant grand bruit, sur la route Besson Cressanges, ce n’est donc pas pour nous ! Vers 11 heures, les camions reviennent. Ce sont les G.M.R. et les miliciens. Ils nous encerclent : bataille, décrochage à nouveau, dispersion. Au cours du décrochage nous avons eu deux tués : Marc BONNOT et Roger BELIEN. Un maquisard, CUISSINAT, fut blessé au pied par une chevrotine. Il fut caché et soigné chez CHALMIN au village de Cressanges. Un autre, Roger MAGNIERE, fut blessé grièvement par des miliciens qui l’abandonnent dans un fossé pour qu’il crève (déclaration de Roger MAGNIERE après son rétablissement). Les G.M.R. le trouveront dans le fossé et le conduiront à l’hôpital de Moulins où il sera soigné et amputé d’une jambe.

Retombées de la répression par les miliciens et les G.M.R.

le 18 juillet 1944, Robert RONDET, réfractaire au S.T.O., échappe à l’arrestation par la milice.

Suite à l’attaque du camp Danielle CASANOVA, les miliciens et G.M.R. prennent la relève des Allemands et vont attaquer le maquis CASANOVA réfugié à Bost, à Besson.

Le matin, les forces de police de PETAIN avaient encerclé et attaqué la ferme de Villars à Meillers. Dans cette ferme avait séjourné le maquis VILLECHENON.

Seuls, trois maquisards qui y étaient encore, ont pu s’échapper. Il s’agissait de GOMEZ, BETRET et VILLATTE.

Mais les miliciens et G.M.R. arrêtent Joseph LAFAY et son frère Jean, (cultivateurs à Villars), MARCUS Jean (mineur), ZUNINO Antonio (bûcheron) et RONDET René (cafetier). Ils sont conduits à Besson, mis face au mur de l’église. Ils furent rejoints par 6 ou 7 jeunes : Marcel VIRLOGEUX, Jean Marie AUCLAIR de Besson, Jean GALLAND, Henri DAUBINET et René AUBERT de Souvigny, François BALHA de Noyant.

Selon Jean VILLATTE, les G.M.R. ont laissé s’échapper le groupe de maquisards alors qu’ils auraient pu facilement les abattre dans leur fuite et en arrêtant leurs recherches à une vingtaine de mètres du fossé où ils s’étaient cachés.

D’après les propos de René RONDET, le soir même, le commandant du G.M.R. s’oppose fermement aux miliciens qui voulaient exécuter les prisonniers, debout devant le mur de l’église et évite ainsi un bain de sang.

Le soir, ils sont amenés, à Vichy, par les miliciens, pour interrogatoire, puis à Bellerive sur Allier, au château des Brosses, lieu d’internement placé sous l’autorité de la milice.

Témoignage de Lucien DEPRESLE (suite)

« Dans les derniers jours de juillet 1944, notre petit groupe séjournait aux Cailles de Chemilly, dans une maison abandonnée, couchant sur la paille. QUENISSET et VENIAT sont venus nous dire de partir car les BERTHON (Jules et son fils Albert) exploitants le domaine des Bruyères et les deux maquisards qui étaient chez eux avaient été arrêtés. Parmi ces maquisards se trouvait le responsable qui nous ravitaillait et qui tentait de réunir à nouveau les groupes, comme nous étions avant les attaques des Allemands, des G.M.R. et des miliciens.

« Le responsable n’a pas parlé car les groupes dont il s’occupait ne furent pas inquiétés. Les BERTHON et les deux maquisards furent massacrés, le 7 août, avec 7 autres hommes, dont plusieurs faisaient partie du camp CASANOVA, au champ de tir de Saint-Yorre.

« Nous revenons à notre point de départ, dans les bois des Champs, à Meillard, ce qui nous permet de trouver à manger, ce qui est important, pouvoir se nourrir.

« Vers le 15 août, nous sommes un groupe d’une dizaine de maquisards. Nous avons récupéré une voiture, à Soupaize. Nos chefs, SAPIN et BURLOT, ont réquisitionné un camion à la fabrique de bière « la Meuse » (à Moulins).

Après le 15 août, la direction du maquis est donnée à WATTEAU, dit « Lionel », comme chef de camp.

Le responsable militaire est : BERTHELOT Etienne, dit « Hérisson »,

Responsable technique : RAMOS Emmanuel, dit « Fabre »,

Commissaire aux effectifs : moi-même, dit « Balard ».

« Nous avons commencé de rouler sur les routes du coin, Souvigny, Coulandon, etc. Nous nous approchons de Moulins. Puis, un jour, nous avons raflé la garde allemande du pont de Moulins pour montrer notre présence aux abords de Moulins et récupérer les armes.

« Petit Pierre » sort le fusil, mitraille et dirige le feu sur la guérite. Deux des assaillants jettent leurs grenades mais elles rebondissent sur le rebord de la fenêtre et ils ont le temps de se cacher derrière le mur pour se protéger. Les 8 Allemands sortent, les mains en l’air. Faits prisonniers, nous les amenons à la carrière de Meillers. Le lendemain, nous les conduirons à Saint Hilaire où ils rejoindront d’autres prisonniers.

« L’opération nous a permis de récolter des armes et des munitions.

« Un autre jour, nous nous sommes engagés sur la passerelle qui est entre Bagneux et Villeneuve. Elle remplace le pont qui a sauté lors de la débâcle. Elle a la largeur du camion. Nous sommes une vingtaine de gars dans le camion, précédés par la voiture du commandant SAPIN, dans laquelle il a pris place avec trois maquisards. Sur la plage, des gens qui se baignent nous font de grands signes. Il ne faut pas aller plus loin car nous allons tomber dans la gueule du loup. En effet, un fort contingent de soldats allemands (estimé à 800) se trouve bloqué à la gare de Villeneuve. Arrivés à l’autre extrémité, nous faisons demi-tour. Revenus sur la 9, nous attaquons et réquisitionnons un car et un chargement de Gasoil et nous rentrons à Meillers, au château des Salles.

« Le 26 août, une colonne forte d’environ 2 000 soldats allemands, précédée et suivie par 300 miliciens accompagnés de leurs familles, se replie de Bourganeuf sur Montluçon. Elle est attaquée, à Estivareilles, par les maquisards et modifie son itinéraire. Les forces allemandes qu’elle doit rejoindre, à Montluçon, ont évacué la ville depuis plusieurs jours pour se replier sur Moulins. La colonne se dirige vers Huriel, Audes, Vallon, Le Brethon. Elle passe la nuit à la Croix Cornat, commune de Saint-Caprais. Elle atteint Ygrande vers 8 Heures 30. Elle y stationne, se restaure puis poursuit sa route vers Moulins en passant par Bourbon l’Archambault où elle fait deux victimes, COPET et MARCHAND puis Saint-Menoux.

« A l’entrée de la forêt de Bagnolet, sur la commune de Marigny, notre groupe allume la colonne (c’est-à-dire que nous tirons quelques coups de feu pour tenir les soldats en alerte). Les soldats ripostent et nous arrosent de balles. Ils ne manquent pas de munitions. Ils tirent depuis les camions qui continuent à rouler. Leur tir, un peu haut, permet à notre groupe de se replier. Notre groupe n’a pas eu de blessé ce jour-là.

« Des paysans, occupés à la batteuse dans la ferme proche, entendent tous ces coups de feu, s’avancent pour voir ce qui se passe. Ils sont capturés par les miliciens qui forment l’arrière-garde de la colonne allemande. Les miliciens les torturent et les fusillent à l’endroit où s’élève, aujourd’hui, le monument qui rappelle ce douloureux événement. Nous revenons à Meillers et continuons de sillonner les routes de la région. »

Je termine mon engagement dans le camp Danielle CASANOVA comme lieutenant C.E. (commissaire aux effectifs). L’effectif est de 80 maquisards. Revenu dans l’armée régulière, j’obtiens le grade de sergent-chef. Je suis affecté au centre de perfectionnement de Châtel-Guyon que je quitte à la suite de graves ennuis de santé. Après une convalescence de six semaines, je rejoins la caserne de Montluçon, en mai 1945. Je pars avec mon bataillon en Alsace où je suis affecté à la garde des prisonniers.

Démobilisé début décembre 1945, je reviens à Meillard.

Témoignage de Robert JOYON, Aspirant F.T.P.

« En janvier-février 1944, nous avons reçu la consigne de la Résistance de créer des comités d’aide aux réfractaires au S.T.O. Il nous fallait trouver un certain nombre de personnes, si possible assez influentes dans chaque secteur, pour solliciter des fermiers afin de cacher et héberger des réfractaires pour les empêcher de partir en Allemagne et éventuellement les faire passer au maquis.

« A Besson, nous savions que le curé, Léon VIRLAT, était anti-pétainiste et qu’il cachait chez lui son neveu, réfractaire au S.T.O.

« C’est tout naturellement que nous sommes allés le contacter. Nous sommes très bien accueillis. Il nous répond qu’il était de tout cœur avec nous mais qu’il lui était difficile, dans sa situation, de travailler avec nous. Par contre, il nous conseilla de contacter le prince Xavier DE BOURBON-PARME en lui disant que nous venions de sa part.

« Ce dernier accepta sans difficulté et participa activement à ce comité d’aide aux réfractaires.

« Plus tard, en juin-juillet 1944, Jean AMEURLAIN, qui recherchait des emplacements pour les maquis et après étude du site, alla informer le prince qu’il avait l’intention d’installer, pour quelques jours, le maquis Danielle CASANOVA dans son immense parc et les bois qui l’entourent et lui demander d’observer une bienveillante neutralité.

« Jean AMEURLAIN, ignorant tout de son activité antérieure, fut surpris par la rapidité de son accord et de l’aide qu’il apporta au camp Danielle CASANOVA : fourniture de couvertures, mise à la disposition de la bibliothèque du château pour servir d’infirmerie, etc.

Les maquisards arrêtés le 18 qui étaient internés au château des Brosses à Bellerive furent libérés suite à l’intervention du comte. Celui-ci se rendit en vélo (n’ayant plus d’essence pour sa voiture), à Vichy auprès de PETAIN, où il fit passer ces jeunes maquisards pour les enfants de ses métayers. Leur libération intervient le 27 juillet en même temps que celle des frères LAFAY. »

Les prisonniers de Meillers ne furent libérés qu’après un mois de détention, vers le 17 août.

Suite à ces douloureux événements, le Prince De BOURBON PARME, de nationalité italienne, né à Casamore en Italie en 1889, est arrêté ainsi que Monseigneur PIGUET, évêque de Clermont-Ferrand. Ils sont internés à la prison du 92ème RI. Ils quittent Clermont le 20 août 1944, avec les 239 détenus de la prison, pour le camp du Struthof. Tandis que les autres détenus sont entassés dans les wagons de marchandises, ils font le voyage dans un wagon de voyageurs de 3ème classe gardé. Ils arrivent au camp le 30 août. A partir du 4 septembre, le camp du Struthof est évacué vers celui de Dachau. Les deux otages resteront à Dachau jusqu’à la libération du camp par les Américains, le 29 avril 1945.

Le Camp Casanova

10 janvier 2020
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Danièle Casanova, une naissance anticipée.

La mémoire locale de la Résistance et les éléments relevés dans l’Historique des Unités Combattantes de la Résistance (1940-1944) publié en 1984 sur la base des travaux du Service Historique du Ministère de la Défense divergent à propos du Maquis Danièle Casanova.

Tous les témoignages locaux font état du débarquement du 6 juin 1944 comme élément déclencheur de cette mobilisation dans une région acquise à la cause de la Résistance. L’appel lancé au rassemblement en for^et de Moladier avait eu un tel succès que les responsables avaient dû renvoyer chez eux la moitié des volontaires, tous ceux pour qui la vie de « légal » ne posait pas problème.

Extrait du récit de Jean Marie LIVERNAIS :

« …On se retrouve dans la forêt, autour de la ferme de Moladier, avec 185 « pipes » d’un coup. Mais cet innocent-là n’avait pas prévu que, au bout de 6 heures, tout ce monde-là, ça a faim ; et il n’y avait pas d’armes pour tout le monde. Il n’y avait rien de prévu. Jean AMEURLAIN et moi nous trouvions là.
Il a dit : « tu dois connaître tout le coin comme ta poche, la forêt et tousles recoins, j’ai besoin de toi. Je te réquisitionne. »
La première des choses qu’on a faites a été de dire aux gars : « tous ceux qui nesont pas grillés, vous rentrez chez vous ! ». Mais il en est resté près de 80. »

Lire les récits de Jean Marie LIVERNAIS, Lucien DEPRESLE et Robert JOYON à propos de la création du Camp Casanova

60 ans après

10 janvier 2020
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Robert FALLUT (Résistant déporté) s’entretient avec Georges GAVELLE (responsable militaire du maquis HOCHE)

Robert FALLUT et Georges GAVELLE

Actif dès 1940 dans la clandestinité après son interdiction, le parti communiste, la jeunesse communiste et le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France de la région de Montluçon ont repris leur activité de propagande malgré les arrestations de janvier 1942. Georges MARRANE, responsable national du Front National vient, en avril-mai, à Montluçon pour rencontrer Louis Auguste BAVAY et Jean MATHE, les responsables de ces organisations.

Il leur demande de faire ce que font leurs camarades de la zone occupée, c’est-à-dire ajouter à la propagande la lutte armée. Louis BAVAY prend la responsabilité de l’organiser. Il va créer la première formation F.T.P.F. de l’Allier qui est appelée « Groupe armé de Montluçon-Ville ».

Les animateurs de ce groupe sont : Louis BAVAY, dit Tilou, Marcel ZWILLING et Pierre KATZ.

Robert FALLUT. :

Comment as-tu rejoint la résistance ?

Georges GAVELLE. :

Je suis né en 1922, dans une famille qui a toujours lutté pour une amélioration de la condition ouvrière, tant dans le milieu politique que syndical.

J’ai grandi dans cette rue de Chambon qui était un modèle de la résistance populaire à Montluçon, on y recense une trentaine de communistes et une dizaine de socialistes.

Toutes les conditions étaient réunies pour que j’entre à la J.C., puis dans la Résistance, c’est la voie que j’ai choisie.

R. F. :

Qu’as-tu fait après la sortie de l’école primaire ?

G. G. :

J’ai continué, ainsi que mon frère, à l’école professionnelle jusqu’au CAP-Brevet. Je suis entré à l’usine « Saint Jacques », par réquisition, pour être employé au service de l’entretien. Ce service me mettait en contact avec les ouvriers des différents services, et me permettait des déplacements incontrôlés.

R. F. :

Il semble, d’après ce que tu me dis, que les ouvriers étaient étroitement surveillés par la direction de l’usine, ce qui devait gêner le développement de la Résistance ?

G. G

A l’usine Saint Jacques, Roger VARRIERAS y avait le syndicat ouvrier C.G.T.U. a une forte implanté. Mon emploi à l’entretien me permettait d’assurer la liaison entre les employés et les ouvriers des différents services. Très souvent, je transportais des paquets et plis qui devaient être constitué de tracts bien sûr et de journaux. J’étais animé par Marcel GUETONY un de grande connaissance familiale, ainsi que BERBICHIER et DESGRANGES qui m’aidèrent avec une fraternité remarquable à faire mes premiers pas clandestins que je considérais à l’époque un peu comme de la broutille et qui furent décisives pour ma vie entière tant les enseignements tirés de la fidélité à la cause des travailleurs, me fut une obligation en toute circonstance et surtout en vie professionnelle, si drôle que cela puisse paraître.

R. F. :

Comment es-tu entré dans l’armée d’Armistice ?

G. G. :

En février 1941, recensement des jeunes nés en1922.

S’offre à moi : partir aux chantiers de jeunesse d’où revient mon frère (qui fut soumis à une propagande pétainiste effrénée) ou partir travailler en Allemagne, ce que nous refusions tous les deux.

Suivre les conseils des dirigeants de la J.C. : Léo FIGUIERE, Maurice BERLEMONT, René ROUCAUTE, pour m’engager dans l’armée d’Armistice. (Une appréciation bien différente de la fuite par rapport au savoir de l’utilisation des armes). En ce qui me concerne, partir de l’état de F.T.P. de base et achever au grade de colonel donne une réponse positive à la solution que j’ai prise. Sans pour autant avoir une attirance particulière mais la J.C. y trouvait une solution partielle à la Résistance, ce fut vrai en tout cas pour un certain nombre.

R.F. :

Cette solution a-t-elle été approuvée par tes camarades ?

G. G. :

Pas par tous, mon engagement dans l’armée donna lieu à beaucoup de discutions et même à l’opposition de certains. Mais la vie a montré que la direction de la J.C. a eu raison de me conseiller de rentrer dans l’Armée. Certains de ceux qui ont reçu une formation militaire de base ont formé les cadres des F.T.P. Il reste de fameux exemples : Les brigadistes de la guerre d’Espagne, ROL, SIRCA (qui a été responsable en Allier), m’a montré et enseigné de la meilleure manière le combat de guérilla et la pratique de la responsabilité militaire.

Nous nous sommes rencontrés à Lalizolle pour envisager un déplacement vers la forêt de Tronçais dans un premier temps, mais nous n’en avons pas eu le temps : la capture de notre camp, près de Bouénat, le 25 septembre, le cœur de notre dispositif ne l’a pas permis.

R. F. :

A ton départ, qu’est devenue la ronéo récupérée?

G. G. :

La ronéo provenait des deux prises le 13 février 1941 par les F.T.P. ????, est alors prise en charge par Marcel ZWILLING, puis par les frères BOURNAUD. Après l’entrée des Allemands dans la zone non occupée, je suis démobilisé. Je reprends la ronéo pour quelques temps, puis la repasse aux frères BOURNAUD lorsque Tilou BAVAY me confie la direction militaire du groupe armé de Montluçon-Ville (dirigé à l’époque avec deux autres : KATZ et ZWILLING).

R.F. :

Comment s’est développé ce groupe ?

G. G. :

Ce groupe est rejoint, volontairement et sur recommandation, par un certain pourcentage de francs-tireurs du P.C-F.N. de l’Allier et du Cher de la zone sud.

L’armement du groupe se limite à 2 revolvers à Montluçon ; nous sommes donc relativement peu efficaces ce qui nous contraint à des expédients de toutes sortes : pavés comme projectiles, explosifs fabriqués avec les moyens du bord et qui n’explosent pas.

Cela n’a pas empêché de participer à de multiples actions, dites non conventionnelles, telles l’attaque du bureau de placement allemand et de la maison du Maréchal et lorsque Hoche, pour une part capturé, nous devions harceler le poste de DCA allemand des Guinebert.

Pour sa sécurité, une partie de ce groupe quitte Montluçon. Ces clandestins sont hébergés dans des familles communistes de Marmignoles, (quartier de Désertines) avec, comme position de repli, la famille SALVERT, à Villefranche d’Allier. En somme, le pré maquis a été constitué en ce lieu avec l’aide surtout de la famille GUETONY.

R. F. :

Le 11 novembre 1942, l’armée allemande entre dans la zone non occupée

G. G. :

L’armée allemande entre à Montluçon s’installe à la caserne Richemont, en lieu et place du 152ème Régiment d’infanterie, appelé le 15/2 dont nous aurons l’occasion de reparler, tant il y a de faux. Le drapeau du régiment est caché au dos des armoires du bureau de la S.N.C.F., place de l’Hôtel de Ville, sous la responsabilité de Monsieur TABOULOT, chef de ce bureau. Il sera remis, à la libération, au lieutenant-colonel COLLIOU, qui commande ce régiment. Il n’a jamais daigné en accuser réception et remercier les cheminots gardiens. COLLIOU, personnage étrange, qui n’a pas été le seul, au rôle épurateur des F.T.P., comme il le fit, avec l’aide du lieutenant « Michel » à la reconstitution du régiment.

Mais l’installation des Allemands en zone sud, -en nous mettant au même sort que la zone nord- a littéralement affermi les résolutions individuelles et fouetté notre résistance, la préparation et l’exécution du 6 janvier 1943 en est la preuve.

R. F. :

Comment l’entrée des Allemands fut-il ressenti par le groupe Montluçon Ville ?

G. G. :

Ce même jour, le groupe doit faire un galop d’essai en vue des actions futures. Il doit assister et protéger la manifestation prévue au monument aux morts de Montluçon, mais la présence des soldats allemands à Montluçon bouleverse le programme. Quelques camarades s’y sont rendus. Cet abandon du programme montre le manque de maîtrise fait d’hésitations de la part du groupe de francs tireurs. Il est évident que ne s’entreprend pas si facilement l’acte armé lorsqu’on est pacifiste et inexpérimenté.

R. F. :

Pourquoi, à cette époque, envisager la création d’un maquis ?

G. G. :

Au mois de décembre 1942, le groupe Montluçon-Ville, qui s’est installé à Désertines, est devenu trop important. Il est décidé de le remplacer par un camp qui s’installera en campagne. A cette époque le terme maquis était peu employé : le camp Hoche, le camp « Woldi ». Comme, je possède une formation militaire de base, je suis chargé de sa réalisation. C’était très lourd de responsabilités et je doutais beaucoup de ma capacité mais l’accentuation de la « déportation » des travailleurs en Allemagne nous fit penser à les recueillir par rapport au 6 janvier, en gare de Montluçon. Les choses envisagées ne se passent pas forcément comme il est envisagé et si nombreux furent les « déserteurs » du S.T.O., il y en eut bien d’autres sur la base de leur patriotisme.

Ainsi, un camp installé à la campagne nous permettait de prendre en charge ceux qui refusaient le S.T.O. et aussi et surtout pour passer à une lutte armée inexpérimentée.

R. F. :

Par qui as-tu été appelé à ces responsabilités ?

G. G. :

Il existait un Etat Major de zone sud,

                  Un Etat Major interrégional,

                  Un Etat Major régional qui est en cours de préparation et n'est pas installé. Au triangle de direction militaire, il n'y a que le commissaire à l'organisation, LAURENT, dit Edmond, qui soit nommé. Mais un grand rôle est tenu par le parti communiste, ses jeunesses et le F.N. qui me désignèrent. C'est par la personne de Tilou BAVAY que ma mise en place fut faite, sur instruction, BAVAY, Auguste BAVAY et la direction du groupe armé.

R. F. :

Quels étaient les principaux sujets de conversation ?

G. G. :

Nous discutions de tout : de l’opérationnel et de la politique, comme il se doit, et que font les militaires actuels tout en affirmant qu’ils ne s’occupent pas de politique. (Mon œil ! car ils savent que c’est la politique qui conditionne l’action militaire, sinon l’action militaire ne peut naître et exister par le seul fait (à part le fascisme). L’enseignement militaire est démonstratif à ce sujet. Une bonne connaissance et expérience politique ne pouvaient que faire des militaires d’une certaine compétence en nos rangs ; elles étaient indispensables.

R. F. :

Quel fut le résultat de la présence allemande à Montluçon et comment va évoluer le groupe Montluçon-Ville ?

G. G. :

Décupler le besoin d’agir : les « décideurs » politiques décident :

  • création d’un Etat-major militaire,
  • création d’une formation maquisarde.

Au mois de décembre 1942 le groupe est devenu trop important. Il est décidé de le remplacer par un camp qui s’installera en campagne. Je débute l’organisation de ce pré maquis à Marmignole avec mes traditionnels camarades de l’usine Saint-Jacques: Marcel GUETONY et BERBICHIER, DESGRANGES. Rien n’est simple il faut trouver un emplacement et les moyens de commandement et d’action (ce qui a constitué un des éléments[1] des enseignements tirés à l’issue du 6 janvier 1943 car on ne peut oublier qu’une compagnie allemande fut dépêchée aux cotés des forces policières françaises. l’occupation allemande fouettait les résolutions individuelles et les analyses de situations. Pour l’essentiel, le groupe armé de ville a constitué les éléments premiers de pré maquis et maquis mais il fut laissé un groupe d’action (équipe spéciale) constitué de francs tireurs de qualité recevant des missions délicates ; un membre demeure à Verneuil encore actuellement.

R. F. :

Sa réalisation n’a pas dû être de tout repos ?

G. G. :

En effet, nous avions tout à apprendre : Combien d’échecs ont marqué la vie de ce premier maquis de l’Allier ? J’ai la liste, certes incomplète, des actions prises en compte par la Commission d’homologation de la Résistance de l’Allier, constituée de résistants F.F.I. (C.F.L. des M.U.R. et A.S. très majoritaires). Comme fait de résistance, elle n’a pas voulu imputer à l’actif de Hoche les pavés dans les vitrines des locaux au Maréchal et de l’office allemand parce qu’un pavé ne peut être considéré comme résultant d’une arme, ce qui montre le degré de méconnaissance des moyens de la Résistance populaire ; pas plus que la destruction des gerbiers et de l’ensemble de l’appareil de battage chez les collabos actifs ne fut pas prise en compte et cependant c’était une atteinte à l’économie de l’ennemi et au moral des collabos car les instructions reçues – ce qui fut notre fait était, en premier ennemi, de viser le maréchalisme (Vichy) avec une part importante d’activités « explicatives » (tracts et journaux). C’est ce qui se fit comme l’effort constant organisationnel pour nous-mêmes et en aidant les légaux à se servir des armes notamment, se garder et donc se surveiller et agir…

En bref, ce fut certes difficile mais combien stimulant même s’il fallut déplorer outre les loupés de combat de rares défections (pas de désertion) mais des oublis de rejoindre après avoir fait part de sa venue….

R. F. :

Peu de temps après ta prise de fonction est survenu un événement capital qui a, me semble-t-il, tout bouleversé ?

G. G. :

En effet, le 6 janvier, la population de Montluçon s’est opposée au départ d’ouvriers pour l’Allemagne. Cet apport de combattants au groupe Montluçon-Ville oblige l’Etat Major en formation de la R2 à hâter leur départ à la campagne. D’après les archives de l’armée, en mars 1943 fut créé le maquis Hoche dont l’effectif total est, à ce moment, de 31 francs-tireurs contrôlés par l’appareil militaire. Cela n’exclut pas l’existence de groupes de quartiers, d’usines et de chantiers qui se sont révélés avoir opéré, bien avant cette date, sans contrôle officiel. Le recrutement parmi les réfractaires du S.T.O. offre un vaste champ d’action de la résistance des autres et de nous.

R. F. :

Comment fut choisi le camp ?

G. G. :

La recherche d’un lieu pour y installer un maquis, en fait dès fin 1942, ne fut pas chose facile. La région est vallonnée, les taillis et les forêts sont les seuls endroits où un maquis peut le mieux se dissimuler mais ils ont, la plupart, des bûcherons.

Un maquis, pour survivre, doit bénéficier d’un environnement favorable et de sécurité, c’est-à-dire une population à dominante, si possible, acquise à la Résistance (mais des francs tireurs pouvaient donner peur), susceptible de le ravitailler, de le renseigner. Pour cela, une infrastructure de F.T.P. légaux ou de sympathisants est nécessaire. A l’époque, il faut compter au moins 2 légaux pour un maquisard.

Ces légaux continuent d’exercer leur métier, ils connaissent la région et sont toujours disponibles pour le renseignement, le guidage, le ravitaillement négocié du maquis, l’aide diverse aux maquisards sans pour autant savoir où ils sont souvent.

Deux régions, pas trop éloignées de Montluçon, semblent pouvoir fournir les légaux nécessaires : le triangle formé par les communes Treban, Meillard, Besson, Cressanges et celui, plus éloigné, formé par les communes d’Ygrande, Saint-Plaisir, Theneuille. Ce sont des villages où, dans chaque maison, les résistants peuvent trouver, à une ou deux exceptions bien connues, aide et assistance comme, dans son livre « Résistance Rouge et Milice Noire » Roland PASSEVANT les a appelés « les triangles de fer ».

Grâce à un environnement favorable à la Résistance, la commune de Meillard est choisie. Cette commune va abriter, en 1943, le camp Hoche, et en 1944, le camp Danielle CASANOVA. [2]

Meillard est préféré à Saint-Plaisir pour abriter le camp. Sa localisation, au plus près de Vichy, capitale de la collaboration, se veut un symbole de la détermination de la Résistance dans la lutte contre le nazisme et ses complices. Démontrer aussi que se battre les armes à la main près du siége du gouvernement de traîtres était possible. C’était nécessaire de payer d’exemple pour les combats à venir qui ne pouvaient qu’aller en s’emplifiant..

Meillard dans la Résistance

R. F. :

Comment s’est créé l’environnement qui devait entourer le maquis ?

G. G. :

C’est d’abord à la suite d’une rencontre entre Gaston PLISSONNIER et Francis MITTON de Bresnay, pendant l’hiver 1941-1942, que s’est développé dans la région le Front National. Francis MITTON et Emile PARNIERE d’Ygrande, ont créé, dans l’Allier non occupée, la C.G.P.T. (Confédération Générale des Paysans Travailleurs). C’est parmi les membres de ce syndicat illégal que vont se recruter des F.T.P. sédentaires ou légaux qui vont aider, le moment venu, le camp à s’installer et se structurer.

Edmond PETIT, qui a remplacé Armand BERTHOMIER, après son arrestation, à la tête du Parti Communiste clandestin, charge Edmond CIVADE, son adjoint, de contacter Lucien DEPRESLES pour qu’il guide vers le lieu-dit « La Pièce Plate » les responsables qui recherchent un emplacement pour le camp C’est un taillis situé à la limite des communes de Meillard, Verneuil, Lafeline, on y accède, aujourd’hui, à travers prés, à partir du hameau des Champs. Ce taillis présente l’avantage d’avoir plusieurs issues de sorties.

Le responsable régional des F.T.P. Tilou BAVAY, pseudo « le grand Robert », se présente, un soir à Lucien dont il partage le repas puis va dormir dans la fameuse chambre du grenier, chambre réservée aux responsables de passage. Vers 5 heures et demie du matin, Lucien avale sa tasse d’ersatz de café, puis réveille BAVAY. Ils descendent, à travers prés, visiter l’emplacement proposé. Tilou qui a toujours défendu l’idée de l’implantation d’un maquis près de Vichy, capitale de l’Etat français, y fixe l’emplacement du futur camp F.T.P.

R. F. :

Une fois choisi l’emplacement du camp, il a fallu l’installer. Comment cela s’est-il fait ?

G. G. :

L’installation du camp pose de nombreux problèmes, que ne peut prendre ou résoudre à cette époque, l’appareil de direction régional des F.T.P. qui vient de se créer dans l’Allier, ce fut mon lot et l’on devine les démarches multiples qui ont du être effectuées pour disposer d’un minimum de matériel de campement, de ???? à construire, etc. parmi les premiers venus, outre le déplacement des combattants de Désertines, HUGUET, dit « Le Feu » (connu à Montluçon, puis à Moulins pour la diffusion du journal ayant beaucoup aidé les résistants).

R. F. :

En fait, la création du maquis Hoche a précédé celle de l’Etat Major régional F.T.P. ?

G. G. :

Effectivement, ce sont les communistes de la région de Montluçon qui ont pris la lourde responsabilité de la création de ce camp. Dans un premier temps, il fut appelé camp de « Saint-Pourçain », nom abandonné, par nécessité de sécurité. La création de celui des C.F.L.-M.U.R. Leur réalisation prêtait à confusion. Il était nécessaire de taire la localisation du lieu de vie d’une telle formation, formation qui fut le premier maquis de l’Allier F.T.P. découlant des éléments francs tireurs de 1942 à Montluçon. Car les initiateurs avaient la volonté de démontrer qu’il était possible de mener la lutte armée, surtout à proximité de la capitale de l’Etat Français (raison pour laquelle a été minimisée la capture de ce maquis comme si n’existait qu’un simple fait banal par les tribunaux vichystes).

R. F. :

Après la décision d’installer le camp à Meillard, les communistes ont dû faire face à de nombreux problèmes ?

G. G. :

En effet, une fois choisi le lieu de ce premier camp, il faut penser à son installation rapide et au déplacement du groupe de Marmignoles.

L’installation, qui avait été envisagée pour début mars, ne put être réalisée qu’au mois de mai car il fallut résoudre de multiples problèmes et les discussions furent nombreuses avec des arguments des contre et des pour, une fois le sort fixé, il fallait agir.

R. F. :

En tant que responsable, tu as dû rencontrer et résoudre de nombreux problèmes ?

G. G :

C’est au fur et à mesure des venues constituant toute une équipe que les problèmes de l’installation furent résolus car seul, on ne pèse pas lourd. En effet, il falut donner à ces combattants volontaires un minimum de moyens leur permettant de faire face à des conditions de vie qu’ils ne connaissent pas.

  • trouver des fournisseurs pour les vivres, certes et
  • trouver des moyens financiers, (quelle pauvreté quand j’y songe !)
  • acquérir des ustensiles de cuisine collectifs,
  • trouver les moyens de déplacement (récupérer des vélos), ce qui fut une opération,
  • trouver la solution au problème de l’habillement, pour demeurer convenable,
  • rechercher des armes et des explosifs, (les complications furent grandes)
  • prendre contacts avec les F.T.P. légaux pour le renseignement, les aider et nous faire aider
  • établir avec eux le calendrier des visites opérationnelles, surtout pour apprendre l’utilisation des armes.

R. F. :

Comment furent résolus tous ces problèmes ?

G. G. :

Pour la construction des cabanes, je suis mis à contribution, comme tous les autres (un militaire encore non stratège et tacticien sait faire cela). Pendant le temps de la construction, je suis hébergé dans la famille DEPRESLES aux Champs (la fameuse chambre des passagers au grenier).

Le problème du ravitaillement est résolu avec la participation des paysans [d’évidence ce que la Résistance –surtout armée- doit aux paysans, c’est simple : sans eux ils n’auraient pas existé. Contrairement au fameux article du journal « le Monde » selon lequel « ils n’avaient que très peu fait de résistance » (au Monde sans doute puisqu’il n’existait pas mais en Auvergne et Bourbonnais…) Cher Allier] du coin, des boulangers, avec mention spéciale pour CABANNE, boulanger à Buxières-les-Mines et les mineurs de Saint-Hilaire Buxières-les-Mines qui collectent des vivres et les transportent dans une remorque de vélo en un lieu désigné situé hors du camp. Ces mineurs qui avaient été les initiateurs de la Résistance dans l’Allier n’avaient pas baissé les bras face à la répression.

L’argent est remis avec une certaine régularité. Il provient de l’organisation militaire du P.C., des communistes organisés de la région de Bellenaves, Commentry, Gannat, des collectes faites auprès des malades du sanatorium François. MERCIER par un médecin communiste. L’argent était remis à Armand CIVADE, puis à Lucien DEPRESLES qui le confiait au chef de maquis. Il m’est parvenu aussi le produit de quêtes faites par des prisonniers détenus en Allemagne et par les ouvriers des usines de Montluçon, notamment des usines Saint Jacques et de la Côte Rouge. (venant d’Allemagne de la part de Jean Baptiste BIDET).

Les ustensiles de cuisine ont été recueillis auprès des sympathisants, fabriqués ou achetés dans le commerce, principalement à Cosne d’Allier et au Montet. Mais les ouvriers des usines Saint Jacques, Dunlop et la Cote Rouge, nous ont pourvus en divers matériels.

Les déplacements se faisaient avec des vélos de récupération.

Le tailleur de Saint-Pourçain-sur-Sioule, CAMPRON, veille à l’entretien des vêtements. Arrêté, il sera déporté et en mourra.

Veiller à ne pas se faire repérer en se déplaçant, avec ou sans arme, dans des régions inconnues, à se servir de faux papiers d’identité en se créant de faux parents, de faux lieux de naissance, de travail, etc.

Le problème des armes trouve une solution différente de celle envisagée : prendre possession des armes récupérées à la débâcle au lieu de les prendre à l’ennemi. Il y en avait notablement de récupérées, entreposées et entretenues chez madame BIDET, à Treban.

Pour les sabotages, il faut rechercher des explosifs, les mineurs sont alors mis à contribution, naturellement ceux de Noyant, Saint-Hilaire et Buxières-les-Mines et même des carrières de Montluçon.

Il faut que les combattants, qui ignorent tout des armes, apprennent à les entretenir, à s’en servir, à prendre grand soin des munitions très rares, je détiens encore le sac qui avait servi au transport des premiers explosifs et munitions en 1943. La grande majorité des maquisards sont des jeunes qui n’ont aucune formation militaire. Ils doivent apprendre à se servir des explosifs. Combien de sabotages manqués par manque de connaissance pour les confectionner artisanalement : tout s’apprend et tout ne fonctionne pas bien ou convenablement, hélas !

Il y a tout à apprendre !

R. F. :

Comment fut dénommé le Camp Hoche ?

G. G. :

Dans un premier temps, le camp est appelé camp de Saint-Pourçain. Pour des raisons de sécurité, il est recommandé, sauf après le 6 juin 1944, de ne pas donner à un camp le nom du lieu où il est situé. SIRCA, ancien combattant de la guerre d’Espagne, inter régional militaire a dit, en proposant le nom de Hoche : « en donnant au maquis le nom d’un militaire de la révolution française, cela obligera les répressifs à faire de l’histoire s’il nous arrive malheur. » [3]

R. F. :

Comment s’est fait l’installation du camp ?

G. G. :

Tous ceux du groupe de Désertines se sont retrouvés au camp à Meillard, à l’exception de ZWILLING, KATZ et d’une équipe spéciale appelés à d’autres responsabilités. Je suis le responsable de ce camp avec pour adjoint, Roger ESTORGUE, maquisard venu du Cher non occupé, fuyant le S.T.O., qui a suivi une formation militaire poussée et avec un coté pratique excellent. Notre hiérarchie est : Tilou BAVAY, et le triangle régional qui se met en place conduit par « Edmond » puis FOMBONNE « Loulou », puis SIRCA dit « Berger ».

R. F. :

Comment était organisé le service de santé, dans ces dures conditions de vie, il devait y avoir des malades ?

G. G. :

Il y eut peu de malades mais des blessés et des handicapés. C’est le docteur LHEURY, du Theil, qui assure les soins. C’est lui qui m’a soigné avec HUGUET lorsque nous fûmes blessés en opération. L’hébergement des malades et des blessés est assuré par les familles DEPRESLES, CHALMIN, LACARIN, MITTON, BLANCHARD et BOUCHARD, entre autres. Nous avions, à l’arrière, le docteur Michel ROUSSEAU, de Montluçon, qui nous a soigné des malades de la gale et autres saloperies du même genre. Ce fut un gros et grand problème.

R. F. :

Comment vous êtes-vous procurés les armes ?

G. G. :

Après notre installation à Meillard, nous prenons en charge celles qui avaient été récupérées après la débâcle. Celles que Fernand THEVENET et les DEPRESLES avait ramassées à la débâcle du pays. Après sa démobilisation de l’armée, Fernand s’était caché chez lui, puis chez Madame BIDET, (dont le mari est prisonnier en Allemagne), puis chez. les frères THEVENET. C’est dans un vieux chêne, un « têtard » creux comme il en existe à cette époque et l’appelle le monde paysan. Elles furent, en plusieurs temps, rapprochées du camp.

R. F. :

Quelles furent vos activités ?

G. G. :

L’historique, remis à l’autorité militaire (signé par Tilou BAVAY), donne des indications précises. Nous devions avoir réalisé de l’ordre d’une cinquantaine d’opérations en 4 mois, bien plus que les autres organisations réunies (raisons sans doute pour lesquelles on ne parle pas de Hoche) !

Les actions du maquis Hoche revêtirent la forme de guérilla et de sabotages : Sabotages de lignes électriques, de transformateurs, de voies ferrées, destruction de dépôts allemands, engagement contre la milice et indirectement l’armée d’occupation, avec des difficultés de toutes sortes. La guérilla se pratique pour bien s’apprendre. ZWILLING et KATZ balançaient régulièrement des tracts par-dessus les murs de la caserne en déjouant les patrouilles allemandes (écrits allemand qu’ils pratiquaient).

R. F. :

Le maquis s’est-il développé après son installation ?

G. G. :

Avec le refus des jeunes de partir travailler en Allemagne, nos effectifs en maquisards et légaux, des communistes surtout des J.C. car le pourcentage fixé par ces organisations ?????? dès juillet les non communistes étaient les plus nombreux et de beaucoup au mois d’août 1943 est devenu important. Ce qui oblige, pour sa sécurité et surtout tactique le camp Hoche à se diviser en quatre groupes, dont principalement :

  • Un détachement, avec Edmond PETIT, rejoint le groupe de Besson-Bresnay, il est fort de 12 hommes. Edmond PETIT, dit Bébé Rose, deviendra corégional F.T.P. de l’Allier. Ce fut un combattant des plus valeureux
  • Un détachement, avec Maurice RAYNAUD, dans la région de Bransat compte 15 hommes. Maurice est arrêté le 22 janvier, sera déporté à Buchenwald par le convoi n° 211, du 12 mai 1944. Il fera parti de la brigade libératrice de ce camp.
  • Le détachement central, le plus important,17 hommes, rejoint la forêt des Colettes où Etienne PEIGUE a trouvé un emplacement, près de Boénat, pour établir le camp. Il bénéficie de l’aide de la gendarmerie de Bellenaves, plus que favorable à la Résistance et à laquelle est due une reconnaissance infinie (Chef BOUYET, le gendarme CAPILLON et ses collègues). Cette brigade, comme à Bourbon l’Archambault, mériterait un écrit particulier du fait de leur mépris pour l’anticommunisme et l’anti-F.T.P. si tenace encore…

R. F. :

Comment s’est effectué votre déplacement ?

G. G. :

Le déménagement du maquis vers la forêt des Colettes s’est fait à vélo. Bonhommes et vélos sont chargés au maximum et subissent de multiples crevaisons tant, à l’époque, les voies routières étaient dans un état lamentable et les pneus de même. Mais l’usage par véhicule était encore ignoré, c’est-à-dire pas possible alors qu’il se pratiquait en Puy de Dôme (camp Péri).

R. F. :

Êtes-vous resté longtemps dans la forêt des Colettes ?

G. G. :

Relativement peu, suite, vraisemblablement, à la dénonciation par l’aspirant TEILLIERE des chantiers de jeunesse (son père était un policier d’un certain rang à Vichy), le maquis est attaqué le 25 septembre 1943, au matin, par 120 gardes armés venus de Riom. Ils sont accompagnés d’une brigade spéciale, chargée de la répression contre la Résistance. Heureusement, tous les maquisards, à l’exception des 2 gardiens du camp, étaient en opération à Montluçon pour une double mission :

  • premièrement, encadrer un rassemblement de la population, (enterrement dans le carré militaire du cimetière de l’Est de MOntluçon des aviateurs anglais, victimes de la « flag » lors du bombardement de Dunlop). Cette mission est annulée par le responsable régional LAURENT, dit Edmond : le détachement de renfort du camp « 14 Juillet » n’a pu être acheminé ainsi que l’équipe spéciale en mission.
  • deuxièmement, attaquer le poste de D.C.A. allemand des Guineberts. L’attaque ne put avoir lieu : un détachement de l’armée allemande est en manœuvre de nuit, dans cette zone. Peut-être aurions-nous dû le faire ? (Mon adjoint et les responsables de groupes n’y étaient pas favorables ! Et pourtant il faut décider !)

Pendant notre déplacement à Montluçon, nous étions logés dans un hangar appartenant à Louis BAVAY qui lui servait, avant son arrestation, d’entrepôt pour son commerce, au lieu-dit le Pont Vert, route d’Argenty.

A notre retour, avec l’adjoint ESTORGUE, nous ne pouvons que constater la destruction du campement et nous replier. Heureusement, les forces de l’ordre sont reparties sans laisser de surveillance sur les lieux. Seuls les 2 gardiens, HUGUET et BONNET, ont été arrêtés, ainsi que BOUCULAT, un jeune de la région, qui se trouve dans le coin et n’appartient pas au maquis.

R. F. :

Dans les jours qui ont suivi, n’y a t-il pas eu d’autres arrestations ?

G. G. :

COURROUX Félix est arrêté le 26 septembre 1943, au matin, par les gendarmes de Gannat qui arrêteront, quelques heures plus tard, Tilou BAVAY, responsable régional F.T.P, près de la gare de Gannat et ensuite Jacques GUILLIEN.

R. F. :

Que sont-ils devenus ?

G. G. :

BOUCULAT, HUGUET, BONNET, COURROUX, GUILLIEN, BAVAY, après des interrogatoires musclés par la police française, sont internés à la prison de Clermont-Ferrand. BOUCULAT est relâché par manque de preuves, tandis que les cinq autres sont transférés à Riom. Ils sont jugés et condamnés à un an de prison courant décembre, par le tribunal de Riom. (G. G. aux travaux forcés par contumace).

Le 30 décembre, ils sont transférés à la centrale d’Eysses. Le 19 février, ils participent à la tentative d’évasion collective pour rejoindre le maquis et reprendre l’action. Cette tentative échoue. 14 détenus passent devant la Cour martiale. Le 23 février, 12 sont condamnés à mort. La sentence est rendue à 10 heures, ils sont fusillés à 11 heures. Le 30 mai, les 1 200 détenus de la centrale sont remis aux Allemands par le gouvernement PETAIN. Les Allemands les transfèrent, dans des conditions très dures, au camp de Royallieu, près de Compiègne. De là, ils sont déportés, le 18 juin 1944, au camp de concentration de Dachau où ils arrivent, le 20 juin 1944. Ils sont mis en quarantaine au block 17 avant d’être répartis dans des Kommandos de travail.

BAVAY, BONNET, HUGUET sont affectés au commando d’Haslach, GUILLIEN à celui de Blaichach, COURROUX est affecté au camp de Flossenburg où il décède.

R. F. :

Qu’avez-vous fait après avoir constaté que tout était détruit ?

G. G. :

Avec ESTORGUE, nous avons fait un premier constat, effectivement :

  • Perte des vivres et du matériel de lutte amassés au prix de sacrifices immenses, mais notre lot de munitions ne fut pas découvert (récupéré par la suite).
  • Prévenir ceux qui nous aident et notre Etat Major afin de prendre les décisions qui s’imposèrent.

Compte tenu des difficultés de la proximité de l’hivernage des maquisards, (l’insécurité que présentent, en hiver, les forêts de notre région = présence de bûcherons, des chantiers de jeunesse), il est décidé, avec l’Etat Major interrégional et régional, la dissolution du maquis et l’affectation hors Allier du maximum de personnels (craignant les repérages policier et même des indications, involontaires, des captifs).

Cette dissolution permit une restructuration afin d’être efficace et de libérer les F.T.P. légaux de la charge du maquis et de les engager dans d’autres actions de Résistance. Ce qui fut bénéfique pour 1944 lorsque l’on songe au développement des formations. (cf Historique de l’autorité militaire : 29 formations F.T.P. en 1944)

R. F. :

Il te reste encore d’autres tâches avant de penser au repos ?

G. G. :

Il faut, en premier, affecter les maquisards dans d’autres unités.

Puis assurer, ainsi qui avait été prévu, l’accompagnement de sécurité et le placement des évadés des prisons de Saint-Étienne et du Puy en Velay (un lot important pour l’Allier).

Ces missions terminées, nous nous sommes repliés sur le Cher où habite la sœur de ESTORGUE. Nous avons eu l’impression d’être suivis depuis Bellenaves par une traction. Nous allons la semer à la Racherie (route de Moulins Saint-Pourçain-sur-Sioule) en empruntant des voies secondaires.

Nous passons chez les DEPRESLES, à Meillard, chez les CHALMIN, les LACARIN à Cressanges, GUETONY à Marmignoles. Arrivés chez la sœur d’ESTORGUE, à Saint-Amand-Montrond, nous devons quitter précipitamment la maison, en passant par le jardin, car une traction-avant vient de s’arrêter devant la demeure. Deux policiers en descendent et pénètrent à l’intérieur (pour interroger la sœur d’ESTORGUE, nous saurons plus tard).

Nous nous séparons. Je continue sur Issoudun, où je vais me planquer chez Monsieur CHERAMY, chef de gare à Reuilly (Indre). Par la suite, je suis affecté, après l’enquête de circonstance, à la direction militaire des F.N.-F.T.P. à Clermont, à Saint-Étienne, puis à Lyon.

R. F. :

Comment fut relaté cet événement dans la presse ?

G. G. :

Le communiqué remis à la presse mérite attention. « Ils furent condamnés » comme « des individus détenteurs d’armes volées. » Les termes de ce communiqué ont dû être bien soupesé afin de ne pas dire « un maquis où des F.T.P. menaient la lutte armée. » En fait, une affaire banale.

R. F. :

Que sont devenus les maquisards ?

G. G. :

Le 29 septembre, les éléments rescapés du maquis HOCHE reçoivent une nouvelle affectation dans d’autres camps F.T.P. : Gabriel PERI dans le Puy de Dôme, WOLDI dans la Loire et la Haute Loire. Seule donc une équipe dite spéciale, chargée de la sécurité et de la protection de l’organisation, reste à Montluçon, et fera son chemin de formation maquisarde, au 6 juin 1944, des éléments donneront lieu à un complément d’effectifs :

  • au camp (maquis) « 14 Juillet » du capitaine « Gaby » DAGOURET, qui est né aussi pour une part des mineurs résistants de Buxières-les-Mines
  • la mise sur pied d’une compagnie de milices patriotiques qui prirent part à la libération de Montluçon.

30 SEPTEMBRE, REGROUPEMENT DES ELEMENTS RESCAPES ET REAFFECTATIONS APRES LA DISSOLUTION DU MAQUIS

PREMIER GROUPE STATIONNE PRES DE BOENAT

Nom et prénomPseudoAppartenance
Du —————- au
Observations
COURTADON HenriPierre  20/06/43        10/09/43Muté dans la Creuse au maquis de Paltin
GAUME HenriRiri  18/06/43        18/09/43Envoyé pour soins, n’a jamais rejoint
ROYER AntoineMaton  17/06/43        20/09/43Muté à Limoges le 30/09/43
BOURGEOIS JosephJojo  30/03/43        20/09/43Muté à Limoges le 30/09/43
CECLIER Marc
Couturier
Filoche  20/08/43        30/09/43    Muté ————
FERNANDEZPedro  17/07/43        30/09/43Muté sur le département de l’Allier
LESPILLETTEDédé   –/11/42         30/09/43Mis à disposition CTIR Limoges
MARCHELIDONLulu   –/11/42          –/10/43Arrêté

DEUXIEME GROUPE STATIONNE PRES DE VEAUCE

Nom et prénomPseudoAppartenance
Du —————- au
Observations
ESTORGUE RenéBibi  25/05/43        20/09/43Muté PDD – arrêté à Clermont Ferrand
BARDON JacquesBoris  20/08/43        30/09/43Malade n’a pas rejoint, resté sur le Cher
Venus de Saint AmandPolonais
Zizi & Zuzu
  18/08/43        20/08/43Déserteurs du camp
CALAME AndréBicot  05/11/42        17/08/43Remis à la disposition E.X. SUR
CIVADE Edmond         ?               30/09/43S/les ordres du recruteur
BOURNET PaulPopol  27/03/43        12/09/43Chargé de mission – a disparu

TROISIEME GROUPE STATIONNE PRES DE BRANSAT

Nom et prénomPseudoAppartenance
Du ————— au
Observations
AMEURLAIN LouisJean Louis  20/03/43        27/09/43Muté en Haute Loire, camp Woldi
ANTOINE GeorgesAntoine  01/07/43       30/09/43Muté dans la Loire, Roanne
GEORGESGendarme  18/06/43       30/09/43Reste sur département Haute Loire
GAILLARD PaulJouet  12/07/43       30/09/43Reste sur département Haute Loire
BERTHELOT ArmandPinson  29/06/43       30/09/43Reste sur département Haute Loire
LIVERNAIS Jean MarieJean Marie  20/03/43       30/09/43Devenu recruteur pour l’Allier
DEPRESLE LucienLucien  20/03/43       30/09/43Passe au camp Henri BARBUSSE
DEPRESLE LucienneJeanine  20/03/43      30/09/43Arrêtée début 1944

On notera que Simone DEPRESLES, fille de Lucienne, capturée et emprisonnée à la Mal Coiffée (prison militaire de l’occupant) n’a pas reçu le titre d’internée parce qu’il lui manquait quelques jours d’emprisonnement de temps légal !

CORPS-FRANC SOUS LA RESPONSABILITE DE LEGER

Nom et prénomPseudoAppartenance
Du ————— au
Observations
CUSSINET André   –/11/43         30/09/44 
COURE JeanJean  –/11/43         30/09/44 
FOUGIER AiméMémé  –/11/43         30/09/44 
COLLIN RogerCoco  –/11/43         30/09/44 
FAYOLLE LouisP. Louis  –/12/42         30/09/44 
DUGUIET Alphonse   –/01/43         30/09/44 
ROUX RenéPaulus  15/08/43       30/09/44 
DONJON Antonin          ?             30/09/44 
RENANT L.p Louis  –/11/42         30/09/44 
 Le Mitron  –/12/43         30/09/44 
BARTHONEYE EdmondMormon         ?             30/09/44 
DEPRESLE JeanJeannot  20/05/43       30/09/44Affecté à Saint Etienne, en mai 1944
RENAUD FrançoisLoiseau  10/09/43       30/09/44Equipes Allier
BIDET Jean   20/05/43       30/09/44Passé au camp CASANOVA à sa formation

R. F. :

Comment s’est manifestée la solidarité envers les camarades emprisonnés ?

G. G. :

On sait, même, si cela est dissimulé, que la IIIème République avait pris des dispositions pour enfermer les communistes, surtout dans les prisons et les camps d’internement. C’est le cas de Jean RIEU, arrêté le 20 mars 1940, condamné à 20 ans de travaux forcés par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand et emprisonné longuement ; de la sorte l’Etat français n’avait qu’à mettre en application les mesures de répression décidées sous la troisième république.

En dehors de son combat contre l’occupant et la collaboration agissante, le camp Hoche participe à la libération de leurs camarades emprisonnés dans les prisons du Puy en Velay et de Saint-Étienne.

La prison du Puy était considérée, à juste raison, par son régime extrême, comme une prison d’où l’on ne s’évade pas.

Le gouvernement PETAIN l’avait choisie pour y enfermer, en premier lieu, les 27 députés communistes, avant leur déportation en mars 1941, au pénitencier de Maison Carrée à Alger. Il ajouta à eux d’autres victimes.

Le 18 décembre 1942, à la prison du Puy, arrivent soixante résistants condamnés aux travaux forcés, seize viennent de la prison de Nontron, les autres en majorité de celle de Lodève.

Organisée par le commandant F.T.P. RAVEL, dit OLLIER, responsable F.T.P. de la Loire, la première évasion de la prison du Puy eut lieu dans la nuit du 24 au 25 avril 1943. Les 26 évadés, escortés d’une dizaine de F.T.P., devaient être rassemblés à Saint Christophe d’Allier. Dix-sept, ainsi que quelques-uns de leurs libérateurs, dont OLLIER, victime d’une mauvaise chute et blessé à la hanche, sont repris. 1 500 policiers, miliciens et G.M.R. étaient mobilisés pour les retrouver.

André LECOURT, qui fait partie de cette première évasion, réussit à passer, avec 3 autres camarades, à travers l’encerclement, 2 mois après, consigne lui est donné de reprendre son activité résistante dans l’Allier. Il fut un des responsables très influents auprès de la jeunesse et un responsable de très grande qualité.

R. F. :

Quels enseignements peut-on tirer de cette première évasion ?

G. G. :

Tirant les leçons de cette évasion dont le bilan n’est pas aussi positif que souhaité, il est décidé que la prise en charge des évadés doit les porter loin de la prison. A cette fin, les F.T.P. doivent les escorter sur de longues distances.

Comme les prisons du Puy et de Saint-Étienne sont sur le territoire d’action de l’inter région A et R2, le camp Hoche est engagé et associé aux diverses opérations pour l’escorte et la mise en sécurité d’un certain nombre d’évadés des deux évasions. Celle de la prison de Saint-Étienne a lieu le 25 septembre 1943, la seconde évasion de la prison du Puy en Velay le 1er octobre 1943.

L’évasion de quatre-vingt détenus (eux qui sont les véritables 80 de l’honneur) de la prison de Saint-Étienne fut minutieusement préparée à l’intérieur des prisons et à l’extérieur par les différents échelons de la région et inter région.

La prise en charge des évadés à l’extérieur de la prison nécessite une préparation très minutieuse et d’autant plus difficile que le nombre des évadés est important et qu’ils doivent être mis en sécurité, puis conduits par étape et par groupe. La présence de plusieurs groupes d’escorteurs armés est nécessaire. Ces escorteurs doivent connaître les itinéraires, les lieux de réception et d’hébergement, chose d’autant moins compliquée en Allier que le militantisme bourbonnais est une grande tradition.

L’expérience et la générosité bourbonnaise ne sont plus à faire (guerre d’Espagne 1936-1938, la débâcle.) Cette générosité va continuer pendant l’occupation et se manifester à nouveau pour les évadés des prisons.

Malgré la destruction importante du camp, les maquisards vont remplir la mission qui était confiée : Escorter, par voies routières, des évadés des prisons de Saint-Etienne et du Puy en Velay: Robert MARCHADIER, membre du comité central (il fut chargé de la mise sur pied de la clandestinité de la fédération de l’Allier-Cher de la zone non occupée), Marcel LEMOINE, député de l’Indre, GUDICELLI député de Marseille et Jean RIEU et Jean BURLES, membres de la direction nationale de la J.C.

MARCHADIER est hébergé au château des Garennes, commune de Verneuil-en-Bourbonnais, LEMOINE, GUDICELLI le sont dans des fermes de la région de Meillard et du Theil (conduits et protégés par G. G.).

Pour Jean RIEU et Jean BURLES, ils sont dirigés sur des fermes dans la région d’Ygrande. Ils y arrivent par le car venant de Bourbon l’Archambault. Ils sont pris en charge par Robert FALLUT.

Jean BURLES est hébergé une ferme à Theneuille, à Buxières-les-Mines puis à Meillard, rejoint Toulouse, où il doit reprendre son action résistante. Coupé de l’organisation par des chutes, inconnu des responsables locaux, il doit être récupéré. La direction de la J.C. demande à Yolande LECOURT (Evelyne dans la résistance), qui le connaît depuis son séjour à Meillard, de se rendre à Toulouse pour le récupérer. Ce qu’elle fit avec succès. De Toulouse, il rejoindra Lyon où il reprendra sa place comme interrégional.

La venue de Jean RIEU à Ygrande n’était pas préparée. Quelques années plus tard, lors d’un entretien avec André LECOURT, celui-ci dit qu’il s’était fait disputer pour l’hébergement de Jean RIEU. Celui-ci ne devait pas venir dans l’Allier, par mesure de sécurité car ils se connaissaient bien, avaient milité tous les deux en Gironde et avaient été condamnés, dans une même affaire de Résistance, en 1940.

Il n’aurait pas dû rester chez l’auteur, responsable des jeunes pour la région d’Ygrande, mais il n’est pas resté plus de 2 mois, considéré par ceux qui viennent à la ferme comme un parent réfractaire au S.T.O. Il ira terminer sa convalescence chez CHALMIN, à Cressanges. Il reprendra le combat dans un maquis de la région lyonnaise. Il sera de nouveau arrêté, sur dénonciation, sous le nom de Georges DUBOIS. Interné à la prison Saint Paul à Lyon, il sera déporté à Dachau puis à Buchenwald. Rentré en France, il sera élu député. [4]

Pour les escorteurs, ce sont de grosses responsabilités (très grosses) et des sueurs froides, même en se croyant un franc-tireur aguerri. Mais quelle joie intense en ayant réussi, ce qui explique que Robert MARCHADIER et Marcel LEMOINE sont venue spécialement en 1954 (dix ans écoulés et pourtant qui semblait la veille) pour me remercier ainsi que les anciens F.T.P. de l’escorte de sécurité de 1943. PACOT, dit Sylvain en a fait de même pour le P.C.

R. F. :

L’expérience acquise par ce premier maquis a-t-elle servi la résistance ?

G. G. :

Partant de résistants « ordinaires », en progressant dans l’action, les Francs Tireurs légaux deviennent, avec l’expérience acquise, des maquisards expérimentés qui préparent l’année 1944. Ils atteignent le stade armé que n’auraient pu atteindre ceux qui suivaient les conseils de KOENIG : attendre le jour J. pour agir alors que le général JOINVILLE (MALLERET) avait un autre conseil.

C’est pour laisser le mérite de la libération de l’Allier aux formations militaires, dites nobles, que la vie de ce premier maquis est passée sous silence par certains écrivains inattendus, ainsi que par des historiens, pas moins inattendus.

R. F. :

Les maquis qui se multiplient en 1944 ne bénéficient-ils pas de l’expérience acquise par ceux de 1943 ?

G. G. :

La plupart des résistants sont longtemps restés discrets sur ce que fut leur vie dans ces années 1940-1945. Cela a permis à certains écrivains de s’éloigner de la réalité.

Or, l’action est contagieuse. Elle entraîne le développement quantitatif des détachements mis sur pied et la participation, de plus en plus importante, de la population. Après la défaite des Allemands à Stalingrad, l’ambiance générale est favorable à la Résistance et à ceux qui luttent, les armes à la main. Même pour l’intérieur de nos organisations, cette valeur d’exemple fut utile.

Avec la participation accrue de la population à la vie du camp, utilisée en 1942-1943, il a été possible de tisser un maillage de cette population et d’atteindre 1944 où l’imbrication F.T.P. légaux et maquis a embrasé la population entière dans l’Allier, comme dans toute la France.

Les problèmes auxquels les maquisards ont dû faire face étaient considérables. La vie menée par les maquisards du camp Hoche, dont on ne parle pas ou si peu, est bien différente de celle menée par les maquisards d’août 1944, plus ou moins acceptés mais avec une ambiance toute autre. Oublier ce qui se fit avant 1944 et le démarrage de la Résistance 1939-1940, fait que la Résistance est faussée et amputée de faits essentiels (une manière de la malmener).

Pour moi, partant de mon expérience acquise avec le maquis Hoche, je suis devenu régional puis inter régional à Saint-Étienne, puis à Lyon, où je fus affecté après la capture de l’État-major F.F.I. de zone sud. Je fus spécialisé dans le domaine du Combat Armé puis chargé des problèmes militaires, un sort bien nouveau.

Pour ESTORGUE, affecté à la direction régionale du Puy de Dôme, il fut arrêté et interné à la prison du 92ème RI. Celle-ci est évacuée le 20 août 1944 par le convoi n° 275 sur le camp de concentration du Struthof où il arrivera le 30 août. Devant l’avance des troupes alliées en France, les Allemands évacuent ce camp le 4 septembre sur celui de Dachau. Après quelques jours au camp, il est affecté au Kommando de travail d’Haslach. Affaibli, il est transféré au Kommando de Vaihingen où il décède le 25 mars 1945. je dois dire qu’il fut un adjoint excellent et que nous avons beaucoup opéré ensemble.

R. F. :

Hoche et les communistes de la région ont joué un rôle déterminant dans la montée de la résistance et la libération du département ?

G. G. :

Oui, dès l’origine de la résistance dans l’Allier les communistes y furent pour une part importante, ce qui n’enlève rien aux autres.

Ils furent à l’origine de la Résistance armée, sans laquelle le département n’aurait pu se libérer par lui-même, en 1944. Cette évolution de la Résistance était le stade nécessaire pour atteindre la libération. HOCHE y fut pour quelque chose en donnant la marche à suivre comme les mineurs de Buxières-les-Mines surent donner la voie de ce qu’il fallait faire collectivement.

Pour être plus complet, après ce brossage sommaire des débuts la Résistance dans la région montluçonnaise, nous pouvons dire que Hoche en fut une partie animatrice importante de l’action armée par une voie inhabituelle et c’est probablement ce qui manquait aux autres, ce qui explique que le commandant ROGER (COURTEAU), C.F.L. des M.U.R. ait pu écrire au général commandant la région, immédiatement à la libération, que les F.T.P. étaient inexistants et n’avaient pas fait grand-chose. C’est probablement ce que pensait le général LEVY comme aussi le déclarant COLLIOU qui expurgea les F.T.P. de ses unités avec assurément une préférence parquée pour la garde de PETAIN, ce dont il n’a jamais voulu beaucoup parler et qui, en fait, constituait et remplaçait les maquisards des bois noirs soit disant accourus en très grand nombre à lui…

R. F. :

Pourquoi parle-t-on si peu de ce premier maquis et de la Résistance civile ?

G. G. :

Le général LEVY (histoire de résistance d’Auvergne) n’en parle pas, on le sait,

L’historien Eugène MARTRES (L’Auvergne dans la tourmente, 1939-1945) n’en parle pas lui non plus et c’est d’autant plus dommage qu’il est un grand et sérieux historien,

Georges ROUGERON n’en a donné qu’un aperçu en en faussant les noms des responsables.

Il est ignoré des historiens et écrivains montluçonnais. Des Montluçonnais sont pourtant à la création de ce maquis (et l’on fait de l’histoire montluçonnaise !).

Il aura fallu attendre les travaux d’André SEREZAT pour qu’il soit évoqué.

On peut se demander, 60 ans après, s’il n’a pas été considéré comme un mauvais exemple de Résistance bourbonnaise qu’il faudrait taire ?

R. F. :

Ceci dit, il a été tiré des enseignements de cette expérience, partagée également par le maquis de Châtel Montagne, auquel pourtant un grand nombre se rattachent de plus en plus maintenant ?

Légion d’Honneur

29 décembre 2019
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Cérémonie de remise des Insignes de Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur à Lucien DEPRESLE

La cérémonie de remise des Insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur à Lucien DEPRESLE s’est déroulée à Meillard, le 1er avril 2017.

Son organisation en trois temps a été ponctuée d’intermèdes musicaux avec Alain HIVER interprétant « Nuit et Brouillard », puis le Chant des Partisans et Ma France.

En préambule à la cérémonie, tous les invités rassemblés dans la cour de la ferme Depresle ont écouté Jeannine Dufour, Vice-présidente du comité local de l’ANACR retracer les grands moments de la guerre au village des Champs avec en particulier le sort tragique de Lucienne Depresle -mère de Lucien- arrêtées, emprisonnée, déportée et décédée peu après sa libération de Ravensbruck.

C’est ensuite que la cérémonie protocolaire se déroula dans la grange de la ferme où le père de Lucien, François Depresle, reçut lui aussi les insignes de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur plus de vingt ans auparavant.

C’est des mains de Jean-Claude MAIRAL, ancien président du Conseil Général, que Lucien DEPRESLE reçoit ses insignes de Chevalier dans l’Ordre e la Légion d’Honneur.

 

A la suite de la cérémonie protocolaire, c’est à Meillard, salle Lucienne Depresle, que tous les participants étaient invités à se retrouver pour partager le verre de l’amitié offert par la municipalité en l’honneur de Lucien Depresle qui fut aussi élu municipal pendant 36 ans dont 26 ans aux fonctions de maire. C’st dans ce temps de la convivialité que se sont partagées les félicitations au nouveau membre du plus prestigieux Ordre de la République.

Composition

28 décembre 2019
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Comité départemental de l’Allier

Elu au Congrès départemental de Prémilhat (7 mai 2022)

NOM Prénom FonctionCourriel
BARATHON DanielMembredanielbarathon@orange.fr
BLANC FrédéricMembrefrederic.blanc@resistance.allier.fr
BLANCHARD Jean-PierreMembrejeanpierre.blanchard92@sfr.fr
BLETHON JosephMembrejblethon@orange.fr
BOUDET RégisMembreregisboudet@orange.fr
CARTOUX JackyMembre jacky.cartoux123@orange.fr
COSTA DanielMembredanieletlydie.costa@free.fr
COULPIED BernardMembrebernard.coulpier@gmail.com
DAVIET HélèneMembrehdaviet23@gmail.com
DEPRESLES MichelMembremichel.depresles@wanadoo.fr
DIOT HenriCo-présidenthenri.diot@wanadoo.fr
DUFOUR DanielMembredufour.genevieve03@gmail.com
GUILLAUMIN ThierryMembrethierry.guillaumin04@orange.fr
HENRY MichelTrésorierm-henry@orange.fr 
JONIN JacquesVice-Présidentjacquesjonin@orange.fr
LABEAUNE SylvieMembrelabeaunesylvie@orange.fr
LAPLUME JackyCo-Présidentjacky.laplume@wanadoo.fr 
LAPLUME JosselineSecrétairejacky.laplume@wanadoo.fr
LAURENT MickaëlSecrétaire généralmickaellaurent03@gmail.com 
LEVIEUX DanielCo-Présidentdlevieux@wanadoo.fr
MOUROUX CélineMembreanacrmontlucon@gmail.com
MOUROUX ElianeMembreeliane.mouroux@wanadoo.fr
PERICHON Jean LouisCo-Présidentjeanlouis.perichon@wanadoo.fr
RAFFESTIN Jean Paul Membreraffestin.jean-paul@wanadoo.fr
SOUCHE ClaudetteMembrejpcsouche@hotmail.fr
VACHER Jean-MarcMembremichelle.vacher-fayol@orange.fr

Monument aux Morts – Meillard

26 décembre 2019
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Outre la plaque apposée en hommage aux déportés Morts pour la France sur le Monument aux Morts au cœur du cimetière de Meillard, une autre plaque fustige la guerre et renvoie au message pacifiste d’autres monuments, tout près à Rocles, à Commentry ou Saint-Martin d’Estreaux, ou à Gentioux Pigerolles…

Mairie – Meillard

26 décembre 2019
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Plaque à la mémoire des Résistants déportés Lucienne Depresle et Gilbert Bidet, Morts pour la France.

Lors du ravalement de la façade de la mairie, la plaque a été déplacée sous le débord de toit, en haut et à gauche.
Découvrir le parcours de Lucienne Depresle (source : site de l’AFMD de l’Allier)
Découvrir le parcours de Gilbert Bidet (source : site de l’AFMD de l’Allier)